Cette révolution industrielle se produisit d'abord dans le secteur du textile, où une succession rapprochée d'inventions (au premier chef celle de la machine à vapeur de James Watt et de machines à filer et à tisser le coton) enterra en quelques années les méthodes artisanales qui avaient eu cours depuis des siècles et du même coup les anciens rapports sociaux notamment les solidarités de corporation longtemps préservées par les guildes de métier. Le fil ou le tissu produit par un homme en une journée pouvait désormais être produit par une machine en une demi-heure ou moins, incitant les propriétaires de capitaux à remplacer le travail à domicile par la concentration d'un maximum de bras à l'intérieur d'une manufacture...
La nécessité poussa bientôt l'artisan trop indigent pour s'acheter des machines à aller se faire embaucher à la fabrique où son savoir-faire ne valait plus rien.
Ce processus s'étala sur des décennies gagnant petit à petit l'ensemble des métiers. Il n'en fut pas moins violent.
Le berceau de la révolution industrielle fut le coeur d'un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, englobant à son apogée près d'un quart des terres émergées et de la population mondiale. Et cela se traduisit bien sûr, au cours du XIXe siècle, par une intense circulation des hommes et des idées, migrants et déportés emportant souvent dans leurs poches les graines de la subversion.