Les femmes ont été en première ligne des révolutions arabes. Mais quel a été l'impact, l'apport de ces soulèvements populaires sur leurs luttes, leur statut, sur les rapports de genre ?
Mediapart en débat avec la féministe égyptienne Shahinaz Abdel Salam et les chercheuses Abir Kréfa et Florie Bavard.
Voir l'émission intégrale : https://www.mediapart.fr/journal/international/290121/dans-le-monde-arabe-le-genre-en-revolutionhttps://www.mediapart.fr/journal/international/290121/dans-le-monde-arabe-le-genre-en-revolution#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Pour les 13 ans de Mediapart, abonnez-vous 3 mois pour 11 euros
https://www.mediapart.fr/abo/abonnement/anniversaire#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart
+ Lire la suite
L’institution scolaire a également été, pour certain.es, un espace de politisation de la révolte et de début de l’engagement. En Tunisie, Nesrine a été sensibilisée aux idées féministes à l’école primaire, sous l’effet des autodictées des œuvres de deux intellectuelles militant pour les droits des femmes au Moyen-Orient, alors inscrites au programme : May Ziadé et Nawal el-Saadawi. Au lycée, elle fait la découverte du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, qu’une de ses enseignantes, alors militante féministe, fait lire à la classe.
Les révolutions au Moyen-Orient et au Maghreb ont souvent été réduites à la contestation des autoritarismes des régimes politiques entendus dans un sens institutionnel et légitimiste. L'attention des journalistes, des sociologues et des politiques a été presque entièrement tournée vers les exigences de libéralisation démocratique (du jeu électoral, du champ partisan, de l'expression publique, etc.)
Les processus d’autonomisation des femmes sont certes menacés par la détérioration des conditions matérielles et les restaurations autoritaires, mais il importe de ne pas réduire le cours de l’histoire à deux séquences uniques et schématiques, où une restauration autoritaire, succédant à une situation révolutionnaire, refermerait définitivement les possibles que cette dernière avait ouverts
Les femmes n’ont pas été seulement des enjeux de luttes et des objets de fantasmes collectifs. Résistant aux assignations, sujets des mobilisations dans un contexte politique effervescent et violent, elles ont tenté de se frayer des voies plus ou moins indépendantes mais déterminées par diverses contraintes, de se faire entendre à travers des textes intervenant dans ces débats
les rapports entre hommes et femmes, les définitions des féminités et masculinités respectables ou déviantes, sont imbriquées avec l’histoire de la colonisation, de l’impérialisme et du capitalisme. Les transformations des rapports de genre sont liées aux colonisations, aux bouleversements du travail, à l’impact des guerres, mais aussi à différentes formes de luttes
Au nom de la priorité d’une seule lutte, antiraciste ou anti-impérialiste, des mouvements et des militant·e·s disqualifient les revendications de celles-ci lorsqu’elles dénoncent par exemple des violences perpétrées par des hommes perçus comme musulmans ou des régimes ayant constitué l’islam en religion d’Etat
La prétention à une application plus littérale de l’islam, qui devient l’idéologie nationale servant à établir des frontières de nationalité et de classe, repose sur des modèles genrés de différenciation entre les citoyen·ne·s, « femme » et « homme », essentialisé·e·s et les étranger·e·s
Le genre tient une place centrale dans les discours qui, en France, stigmatisent l’islam et les populations musulmanes, les associent au « terrorisme » et à la violence », les décrivent comme une « menace » pour la démocratie et la République
L’instrumentalisation de la question des femmes musulmanes à des fins impérialistes complique considérablement la tâche aux féministes du Moyen-Orient et du Maghreb ». En conclusion, « Genre et sexualité en circulations
L’anti-impérialisme peut alors être détourné pour discréditer les aspirations des femmes à la liberté, à l’autonomie corporelle et/ou matérielle, ou à l’accès aux mêmes positions sociales que les hommes