Je suis végan, mon père est végétalien, le père de mon père était végétarien. Il s’était donné la mort parce que son voisin camerounais avait tué son chat et l’avait mangé dans un rôti de mbongo tchobi avec, comme garniture, la banane plantain mûre à la vapeur. C’est un triste souvenir que je n’arrive pas à effacer de ma mémoire, ni à comprendre. Comment le père de mon père avait-il pu se soustraire à la vie pour un motif pareil ? Je ne dis pas qu’il était dépourvu d’intelligence, mais c’est mon ami Leroy qui avait trouvé son suicide ridicule et s’était longuement esclaffé quand je le lui avais raconté. Je ferai l’effort d’oublier cette sombre histoire.
«La ‘‘situation d’exil’’ est une expression aussi oxymorique
qu’absurde. L’exilé est en quête d’un pays qu’il n’habitera
jamais. Peut-être est-il le seul à savoir que l’exil n’est pas une
situation mais une condition, c’est-à-dire une circonstance à
laquelle il faut se plier. Être exilé n’est pas un statut social.»
« Un refuge autre que l’exil », Cygne, 2023, p. 31
‘‘Ils disent que l’exil se définit par son contraire. Et son contraire, c’est le pays natal. Moi, depuis l’âge de seize ans, j’avais le sentiment d’être exilé dans mon propre pays.’’
« Un refuge autre que l’exil », Cygne, 2023, p. 31.
Le père de mon père disait qu’il n’y a pas de différence entre manger un pangolin et manger un veau, entre manger une chauve-souris et manger un poulet, entre manger un serpent et manger un agneau ; la seule différence qu’il percevait était culturelle.
Demain ne viendra jamais. C'est dans l'aujourd'hui que tout est possible.