« Manger de la chair » de Plutarque : le premier plaidoyer pour le végétarisme ?
Sophie nous présente ce court et lumineux texte de Plutarque dans une nouvelle traduction de Jean-François Pradeau sur les conséquences morales de l'alimentation carnée.
Plutarque (45-125). Philosophe grec formé au platonisme à Athènes, il fut également prêtre de Delphes, conférencier, historien de la philosophie et biographe. Il a mené dans son oeuvre un combat pour la reconnaissance de l'intelligence animale et pour l'obligation de justice qui lie les hommes à tous les vivants.
Jean-François Pradeau. Professeur de philosophie antique à l'université de Lyon, il dirige la revue Études platoniciennes ; il a traduit et commenté plusieurs dialogues de Platon. Il a notamment publié, aux Puf, Platon et la cité (2010) ; sous sa direction, Philosophie antique (2010) ; et avec Luc Brisson, Les Lois de Platon (2007). En 2019, il a traduit et présenté d'Aristote la "Métaphysique, Livre Alpha" (2019), "Bêta" (2021), "Gamma" (2022) et "Delta" (2023).
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Aucune bête n’est plus sauvage qu’un homme possédé par la puissance de sa rage.
Tu ne serais jamais à côté d'Aristophane ni de quelque autre farceur bien décidé à rire, mais tu auras tout fait pour avoir comme voisin le plus beau garçon de la soirée !
(Acibiade s'adressant à Socrate dans banquet de platon )
Il ensuit apres de parler touchant la maniere de les alimenter et nourrir apres qu'ils sont nez. Je dis doncques, qu'il est besoing que les meres nourrissent de laict leurs enfans, et qu'elles mesmes leur donnent la mammelle : car elles les nourriront avec plus d'affection, plus de soing et de diligence, comme celles qui les aimeront plus du dedans, et comme lon dit en commun proverbe, dés les tendres ongles : Là où les nourrisses et gouvernantes n'ont qu'une amour supposee et non naturelle, comme celles qui aiment pour un loyer mercenaire. La nature mesme nous monstre que les meres sont tenues d'allaicter et nourrir elles mesmes ce qu'elles ont enfanté : car à ceste fin a elle donné à toute sorte de beste qui fait des petits, la nourriture du laict : et la sage Providence divine a donné deux tetins à la femme, à fin que si d'adventure elle vient à faire deux enfans jumeaux, elle ait deux fontaines de laict pour pouvoir fournir à les nourrir tous deux.
La plupart des gens s'imaginent que la philosophie consiste à discuter du haut d'une chaire et à faire des cours sur des textes. Mais ce qui échappe totalement à ces gens-là, c'est la philosophie ininterrompue que l'on voit s'exercer chaque jour d'une manière parfaitement égale à elle-même.
L'esprit n'est pas comme un vase qui a besoin d'être rempli ;
c'est plutôt une substance qu'il s'agit seulement d'échauffer;
il faut inspirer à cet esprit une ardeur d'investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité.
Si tu veux t’obstiner à soutenir que la nature t’a fait pour manger telle viande, tue-la donc toi-même le premier, je dis toi-même, sans user de couperet ni de couteau ni de cognée, mais comme font les loups, les ours et les lions qui, à mesure qu’ils mangent, tuent la bête aussi toi, tue-moi un bœuf à force de le mordre à belles dents, ou de la bouche un sanglier, déchire-moi un agneau ou un lièvre à belles griffes, et mange-le encore tout vif ainsi que font ces bêtes-là.
Messieurs bonsoir !Saoul comme je suis . C'est à dire, plus que complètement,m'accepterez-vous encore pour convive ?
(Alcibiade dans Le banquet de PLaton)
Celui qui affecte de dire toujours comme vous dites, et de faire toujours comme vous faites, ce n'est pas votre ami, mais votre ombre.
Parler est le privilège de la connaissance, écouter est le privilège de la sagesse.
Si tu veux manger un animal, tue-le toi-même.