Tout d’abord un grand merci aux éditions Kurokawa pour ce beau partenariat et à Guillaume pour cette proposition de service-presse, ainsi que sa continuelle gentillesse et disponibilité.
Ce manga est classé en tant que shonen, mais on me l’a proposé en tant que shojo, genre dont il est assez proche par son côté très romance (même si oui, on est d’accord, le shojo ne s’arrête pas à la romance). Cependant, l’histoire est foncièrement aussi originale qu’inattendue et casse pas mal des codes habituels du shojo-romance, du moins, dans ce premier tome. Ce qui lui pense lui vaut d’être classé en shonen, qui ne correspond pas vraiment plus que le shojo au style de l’histoire ;-) Un inclassable donc, que je définirais surtout comme une « tranche de vie ».
D’abord, le héros de l’histoire, comme nous le montre la très jolie couverture de ce premier opus, est un garçon, Taichi. On le voit sur cette première illustration au premier plan, avec derrière, les deux principaux protagonistes, à savoir Tôma, ami d’enfance de Taichi, et Futaba, une jeune fille de la classe de Taichi, qu’il fuit sans bien savoir pourquoi.
On remarque immédiatement, sur cette couverture, que Taichi est l’élément central, et que ce triangle ne va pas suivre une route habituelle. En suivant les regards, on s’aperçoit que Futaba regarde Tôma, dont elle est amoureuse, tandis que Tôma, lui… suivez son regard ;-)
J’aime beaucoup cette couverture aux couleurs et illustrations très douces. Les fleurs de sakura, le ciel bleu de printemps, trois étudiants aux airs nonchalants, mais aussi un peu perdus, nous avons tout de suite le ton de l’histoire, qui se déroule sur un tapis de délicatesse.
Les dessins sont vraiment très chouettes, parfois très beaux, parfois plus légers, annonciateurs d’une ambiance drôle, lycéenne, remplie d’émotions mais aussi de situations comiques, d’incompréhension, d’humour. Je les ai vraiment beaucoup appréciés, ils m’ont énormément aidée à me plonger dans l’histoire.
Les personnages sont bien faits, très différenciés les uns des autres, et ils ont chacun leurs caractéristiques. Tôma est le beau gosse immense, sûr de lui, souriant et classe, Futaba et Taichi sont un peu ses opposés : manque d’assurance, petite taille, maladroits et plus agités émotionnellement.
Les caractères des personnages sont très différents des clichés du shojo, ou alors, au contraire, jouent avec ces clichés pour se les approprier. Clairement, Futaba est l’héroïne habituelle d’un shojo, petite, mignonne, remplie de bonne volonté et malhabile, pourtant ce n’est pas elle l’héroïne. Certes, on suit sa romance page après page, mais l’histoire reste presque à 100% centrée sur Taichi, sauf dans les dernières pages, dont je ne vous révèlerai bien sûr pas le contenu, mais qui changent de point de vue pour nous proposer un cliffhanger des plus intéressants.
Taichi pourrait être l’héroïne de shojo par excellence aussi, d’ailleurs ;-) Même si son rôle, au début de l’histoire, est celui d’intermédiaire pour aider Futaba dans sa quête d’attention de la part de Tôma, le récit se concentre sur ses émotions, alors qu’elles évoluent au cours du récit, tandis qu’il se rapproche à la fois de Futaba et de Tôma. Se crée alors un étrange trio, auquel va bientôt être intégré un quatrième personnage encore un peu mystérieux. Le récit reste centré sur ces personnages-là pour l’instant, même si quelques autres sont introduits.
Taichi m’a beaucoup touchée par son caractère peu malléable et très grognon, sa maladresse émouvante, son apparence si frêle qui donne envie de le protéger, même s’il est fier et se veut très masculin. Il a pourtant un faible pour les choses mignonnes et son amitié avec Futaba porte beaucoup à confusion notamment pour Tôma, qui va bientôt être persuadé qu’en fait, ces deux-là sortent ensemble.
Entre cette donnée et le fait que Taichi est persuadé que Tôma est amoureux d’une femme aux cheveux noirs, les quiproquos ne vont aller qu’en grandissant, alors que la confusion gagne non seulement les esprits, mais aussi les cœurs. Au fond, pourquoi Taichi aide-t-il Futaba ? Est-ce une bonne idée de se rapprocher d’elle de cette manière-là ? Et ne devrait-il pas la décourager dans son amour à sens unique pour Tôma qui, s’il se montre sympathique avec elle, semble plus enclin à passer du temps avec Taichi qu’autre chose ? Quels secrets se dissimulent dans les cœurs de ces adolescents qui se découvrent, et découvrent à quel point les relations humaines peuvent être complexes et, éventuellement, blessantes ?
J’ai énormément aimé le personnage de Tôma, qui, sous ses sourires, cache tout un monde intérieur. S’il est assuré au premier abord, son secret le rend profondément touchant et sensible, émouvant, en fait, même. Il parait si sûr de lui, alors qu’il renferme ses sentiments pour cette personne qu’il aime depuis longtemps, et à qui il n’ose pas l’avouer.
Quant à Futaba, elle n’est que fraicheur et bienveillance, elle apporte énormément de dynamisme à l’histoire, particulièrement quand elle est avec Taichi, avec qui elle forme un drôle de duo amical, touchant et marrant. Leur complicité m’a fait souvent sourire, même s’il semble qu’entre eux, peu à peu, les choses risquent de se compliquer…
Et j’ai hâte d’en savoir davantage sur Itachi, la meilleure amie de Futaba, qui semble avoir beaucoup à nous révéler. C’est un personnage un peu sombre, un peu mystérieux, mais dont la présence, dès qu’elle apparait, est très forte. Se rapprochera-t-elle de Tôma, maintenant qu’un même secret les lie ? Difficile à dire, il me tarde de le découvrir dans le second opus !
Blue Flag est très loin d’être une simple romance shojo, ou une simple romance tout court. C’est une tranche de vie adolescente, qui met en scène un petit groupe qui se cherche, qui s’apprivoise, qui se découvre des sentiments, et qui tente de les refouler, de les cacher ou bien de les avouer. C’est une belle plongée dans le monde adolescent, avec ses bégaiements, ses hésitations et ses quiproquos, ses émotions trop fortes, un peu incontrôlables, et la magie de l’amour et de l’amitié. C’est une histoire qui, sous couvert d’un début de romance tout ce qu’il y a de plus « normal », traite en paysage de fond de sujets LGBT qui, je l’espère, seront plus développés dans les prochains tomes, puisqu’ici, ils n’en sont encore qu’à leurs débuts…
Aurélie, pour le blog d'Amabooksaddict
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