Comme l'écrit Allison Yarrow dans 90s Bitch: Media, Culture, and the Failed Promise of Gender Equality, "faute d'une nouvelle guerre, ces chaînes se sont vite aperçues que les scandales politiques, les crimes et les potins de Hollywood étaient bien moins chers à couvrir et souvent encore plus populaires que les bombes sur Bagdad".
Cela tombe bien ; les années qui précèdent la disparition de Chandra ne sont pas avares en scandales à suivre sous forme de séries. […]
Les femmes et le sexe sont intrinsèquement liés, et l'Amérique est alors obsédée par les deux.
Allison Yarrow résume : "Dans un contexte d'éducation sexuelle inexistante, de violence et de honte entourant le sexe, les scandales sexuels remplacent le base-ball en tant que passe-temps national." (p. 52-54)
Chandra, malgré sa liaison exceptionnelle avec un député, est devenue au moment de sa disparition la girl next door de l’Amérique, l’amie de la fac, la voisine, la jeune collègue… On l’a décrite – surtout avant la révélation de la liaison – comme une jeune femme drôle, passionnée, révoltée contre l’injustice et promise à un brillant avenir. On a dit d’elle qu’elle était sérieuse, prudente, bien élevée. On a parlé de ses études, de sa future carrière. Des caractéristiques correspondant aux descriptions généralement associées aux femmes blanches disparues, vues comme les sœurs, les filles, les mères de quelqu’un. A contrario, quand une femme racisée disparait aux États-Unis, l’accent est surtout mis sur les dysfonctionnements de sa vie ayant pu entrainer un drame et rarement sur ses réussites.
Dans l'annuaire de fin d'année de 1995, celle de son bac, elle choisit d'écrire : "Always have dreams, always make them reality."