Splendeur et misère du travail
Marque-page 01-04-2011
La maison semble prendre plaisir à sa solitude temporaire. Elle se rajuste après la nuit, désengorgeant ses conduits et faisant craquer ses articulations. Cette digne et mûre créature, avec ses veines de cuivre et ses pieds de bois enfouis dans un lit d'argile, a beaucoup enduré: ballons rebondissant sur ses flancs, portes furieusement claquées, enfants essayant de faire le poirier dans ses couloirs, le poids et les soupirs des appareils ménagers et les mains de plombiers inexpérimentés dans ses entrailles.
C'est dans un dialogue avec la souffrance que beaucoup de belles choses acquièrent leur valeur. Une certaine expérience du chagrin s'avère être une des conditions les plus insolites de l'appréciation de l'architecture. Nous pouvons, en dehors de tout autre condition requise, avoir besoin d'être un peu tristes pour que des bâtiments nous touchent vraiment.
Mon identité s’était depuis si longtemps concentrée autour d'un "nous" que le retour à un "je" impliquait une réinvention presque totale de mon moi.Il me fallut beaucoup de temps avant de voir s'estomper les centaines d'associations accumulées entre nous deux.
Peu de choses peuvent à la fois être réconfortantes et terrifiantes que la constatation de l'amour qu'on inspire à quelqu'un d'autre car,à partir du moment où l'on n'est pas soi-même totalement convaincu de son aptitude à être aimé,les marques d'affection vous donnent à penser que l'on vous fait un grand honneur sans que l'on discerne très bien pourquoi.
Qualifier de "belle" une œuvre architecturale ou de design, c'est reconnaître en elle une expression de valeurs essentielles à notre épanouissement, une incarnation de nos idéaux personnels dans un support matériel.
Le problème avec le bonheur,c'est qu'en raison de sa rareté même il apparaît comme immensément terrifiant et angoissant d'en accepter l'offrande.
Pour acquérir des connaissances, il faut peut-être se résigner à, et s’accommoder de, sa propre ignorance, attitude qui nécessite de comprendre que cette ignorance n’est pas forcément permanente et, d’ailleurs, ne doit pas être considérée comme un échec personnel, comme un reflet de ses propres capacités fondamentales.
Sur toute histoire d'amour plane la pensée,aussi horrible qu’impénétrable,de la façon dont elle se terminera.
L'un des pires inconvénients de l'amour est que,un certain temps du moins,il risque de nous rendre heureux.
L'amour avait beau être voué à la douleur et manquer à coup sûr de sagesse,on ne pouvait en faire fi.Il était aussi inévitable qu'irrationnel,mais son irrationalité ne suffisait malheureusement pas à vous en protéger.