[BIOGRAPHIE] LA CHRONIQUE DE GERARD COLLARD - CLEMENTINE CHURCHILL
Antonin est un pur enfant de Paris. Il aime les fêtes. Les marionnettes de la place Louis XV. Les cotillons du dimanche sur les boulevards. Le cirque où galope l'écuyer Franconi dans son habit rouge et or. La foire Saint-Germain, paradis des bateleurs, des farceurs et des montreurs d'ours. Les boutiques de charcuteries qui à Noël, restent allumées toute la nuit.
Et la semaine Sainte, la grande fête aux jambons sur le parvis de Notre-Dame, avec ses paysans dont les paniers remplis de saucissons, de boudins et de jambons décorés de laurier annoncent la fin du maigre.
Il aime la foule qui engloutit les gaufres au gros sucre, les beignets et les crêpes des jours de carnaval.
" L'année1793 et suivantes nous avaient réduits à la ration d'un pain noir et dégoûtant dont les chiens de l'ancien régime n'auraient pas voulu. " dira Grimot dans son almanach de 1807. A la vitrine d'un libraire du Palais- Egalité, un ouvrage est recommandé, "Le bonheur du pauvre " dont la première maxime est de ne jamais manquer de pain.
C'est pourtant ce service à la russe qui sera adopté dans le monde entier parce qu'il permet aux convives de manger chaud. Antonin veut bien admettre que cette manière de passer les plats à chaque convive avec rapidité est " favorable à la bonne chère" . Mais quel travail supplémentaire en cuisine !
A son habitude dès l'aube , il est à la Halle et , chaque soir, avant de se coucher, il note sur un cahier un menu du jour, une nouvelle recette, les temps de cuisson, la température idéale du four, le mouvement du poignet qui lui permettra le lendemain de rendre sa sauce plus onctueuse encore. C'est cette précision doublée d'une curiosité insatiable qui est à l'origine de ses succès.
« Si mon grand - Père n’avait pas eu Clémentine,
Il n’aurait été que la moitié de l’homme qu’il fut » ..
Sir Nicholas Soames , membre du Parlement .
(Aux auteurs , le 8 juin 2015 ) .
La majorité gouvernementale est constituée par le parti gaulliste et par un groupe moins important : celui des Républicains indépendants animé par Valéry Giscard d'Estaing. Qu'une seule voix « indépendante » manque à Georges Pompidou et c'est – théoriquement – la chute. En 1968, Giscard est la bête noire du premier ministre. Il a été, jusqu'en 1966, le plus jeune ministre des Finances depuis Poincaré en 1894. C'est un aristocrate gourmé, au crâne en forme d’œuf, fasciné par l'Amérique et par Kennedy. Il a été écarté du gouvernement pour avoir affiché, avec une insolente candeur, ses ambitions présidentielles. Depuis, les écrans de la télévision sont pratiquement fermés au benjamin des « grands premiers rôles » de la politique française. Mais, élu président de la commission des Finances de l'Assemblée, il darde un œil vigilant sur Pompidou.
2900 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 113]
Et, depuis près de trois ans, Victoria n'a qu'un seigneur et maître: son bon vouloir. Son caractère impétueux et obstiné ne la porte pas aux concessions. Elle raffole toujours de son Premier ministre et n'entend se soumettre au plus adoré des maris que dans ses appartements privés. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce couple explose en de très ordinaires scènes de ménage.
Écrire ? C’est publier qu’il faut lire. Les politiques estiment que toute carrière d’un tant soit peu d’envergure exige la signature d’un livre qui fera briller le nom de l’auteur dans les librairies. Mais ils ne poussent pas le zèle jusqu’à s’asseoir tous les matins, à l’aube, devant une page blanche. Les écrivains font rarement de bons politiques : Maurice Druon et Max Gallo n’ont pas été des ministres particulièrement efficaces et se sont bien gardés de confier à la postérité le récit de leurs passages respectifs au gouvernement.
Mais dans notre République, sans une œuvre pour orner votre curriculum vitae, comme la cerise sur le gâteau, vous serez considéré comme un butor, un plouc, et ne mériterez pas la considération de vos électeurs. Donc il faut publier, et peu importe le jugement de la critique : on comptera le nombre de vos bouquins vendus comme préfigurant celui des suffrages que vous obtiendrez
Si mon grand-père n'avait pas eu Clémentine, il n'aurait été que la moitié de l'homme qu'il fut.
[Pompidou] exhume le plan « Stentor » de protection de l'O.R.T.F. qui, permet au gouvernement de faire fonctionner la radio et la télévision avec l'aide de quelques techniciens indispensables – plan qui avait été établi au moment du « putsch » des généraux d'Alger, lorsqu'on craignait de voir Paris envahi par les parachutistes.
2896 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 94]
Jusqu'en 1967, il n'y a pas de parti gaulliste : le seul mot ferait frémir le Général. Il y a une cohorte de vieux briscards blanchis sous le harnais gaulliste de Londres et d'Alger, du R.P.F. de 1950 ou de mai 1958. La porte est ouverte à tout le monde : aux libéraux, aux jacobins, aux maurrassiens et aux socialistes. De Gaulle lui-même s'accommode de ces contractions. Chemin faisant, des compagnons s'égarent, d'autres rejoignent le cortège. La petite troupe n'a pas de chef ; seulement un guide.
2905 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 116]