Carcajou

Je lis peu de bandes dessinées, mon esprit rêveur préfère les mots aux images. Pourtant depuis quelques temps, j'essaie de sortir de ma réserve et de donner sa chance à ce genre littéraire.
Lors de la dernière masse critique Graphique, j'ai sélectionné uniquement « Carcajou », attirée par la couverture aux superbes nuances bleutées et ce titre lapidaire. Je remercie Babelio et les éditions Sarbacane pour ce très beau cadeau.

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L'histoire se déroule dans la petite ville canadienne de Sinnergulch à la fin du XIXème siècle.
Gus Carcajou s'installe sur les terres héritées de son père en plein territoire indien.

L'homme est un vieil ermite, rustre et peu loquace, un ivrogne cinglé habillé d'une peau de carcajou. Pour s'offrir de l'alcool, il cherche un peu d'or dans la rivière qui passe sur sa propriété. En raison de son caractère agressif et du sang indien dans ses veines, il a mauvaise réputation. On raconte beaucoup d'histoires à son propos, des histoires de wendigos, d'esprits, de malédiction et tout le monde le craint…

Sauf Jay Foxton, un entrepreneur peu scrupuleux qui détient de nombreux commerces dans la ville et achète les terrains aux alentours à bas prix dans le but de prospecter et extraire du pétrole. Vous l'aurez déjà compris, attiré par l'or noir, il veut coûte que coûte la colline du vieux Carcajou et pour cela il est près aux coups les plus bas.

« La terre ne t'appartient pas… C'est nous qui lui appartenons. »

La violence appelant la violence, on le devine aisément, on imagine un récit parsemé de drames.

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« Carcajou » est une histoire qui m'a tenu en haleine. Une fois commencée, je n'ai pu poser le livre.
On pourrait penser que la violence enveloppe le récit, mais ce serait réducteur. En effet, au milieu de la tragédie se glissent des scènes humoristiques et des planches où la nature sauvage est reine, n'appartient à personne.
Par ailleurs, le récit va sombrer après la première moitié de la bd dans quelque chose de plus fantastique autour des superstitions populaires et des croyances en un esprit vengeur.

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Le style graphique est très agréable, le choix des couleurs est une vraie réussite et participe aux émotions. J'ai aussi aimé la mise en page très dynamique, l'alternance entre des grands plans de paysage, des séquences plus contemplatives et des scènes d'action et de combats captivantes.

J'ai souvent un peu de mal avec les personnages des BD, je les confonds bien souvent. Ici, je n'ai eu aucun mal, les dessins de Djilian Deroche sont soignés et précis, il parvient à incarner toutes les personnalités par des traits vifs et nerveux.

Cette BD nous amène à réfléchir aux notions de choix de vie, du sens de la propriété, de l'exploitation de la nature, de l'usage de la violence et de sa justification.

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Un superbe roman graphique avec un scénario parfaitement maîtrisé et passionnant, du suspense, des rebondissements, des émotions, des personnages hauts en couleur, attachants ou ignobles, tout ce qu'il faut pour passer un agréable moment de lecture.

A force de lire de l'excellente BD, je vais y prendre goût, "Carcajou" a été un vrai plaisir de lecture !

A découvrir, bien entendu ! Impossible que ce magnifique western vous laisse indifférent !

Si le nom Eldiablo me semblait inconnu, son blaze m'a tout de suite fait penser au luchador du même nom, tout droit venu des Mutafukaz et Puta Madre que je venais de lire. Bien sûr, rien à voir, mais le nom est quand même parlant quand on s'y intéresse un peu. Eldiablo, c'est un vieux de la vieille, il a commencé avec des BD hip hop début 90 et il est surtout connu pour la série Les Lascars ! En fait il touche un peu à tout : scénariste pour le cinéma, la télé, les BD mais aussi dessinateur et coloriste, rien que ça ! Côté bande dessinée, on le retrouve par exemple sur les Monkeys Bizness ou les Doggybags du label 619.

Avec sa BD Carcajou aux éditions Sarbacane (auxquelles on doit par exemple le dieu Vagabond ou le voyage de Shuna), il concrétise un projet de longue date, porté par sa migration au Québec, où il vit depuis une dizaine d'années.

Le carcajou (ou wolverine), c'est un animal qui pourrait se situer entre le furet et l'ours, il est en tout cas qualifié au Canada d'animal le plus féroce d'Amérique du Nord. Et c'est bien là que décors et action se posent, aux alentours des années 1890.

Cette BD, je l'ai lu d'une traite, profitant d'un moment béni où les 2 kids faisaient une sieste. Ça a été un vrai plaisir de suivre les péripéties des divers protagonistes. C'est dur, violent, fort; une vraie ambiance western rural avec des personnages remarquables, assez riches et bien construits.

Le tout est magnifié par les dessins de Djilian Deroche, dont la gestion des ambiances, des émotions et des actions est vraiment réussie. 3 ans de boulot de son côté pour arriver à un tel résultat, ça peut laisser admiratif. Un dessinateur qui connait là sa première BD et qu'il s'agira de suivre dans les années à venir.

Côté ressenti, j'ai vraiment adoré le début de la BD, portée par son ambiance indo/trappeur et nous livrant un joli choc dès l'introduction (suspens !). La dernière partie m'a elle moins emballé tout en restant de bonne facture. Très bonnes impressions donc pour ce western sauvage et haletant, qui m'aura en plus fait connaître son auteur et découvrir son dessinateur. Eldiablo laisse d'ailleurs une superbe dédicace à celui-ci en début de livre "A Djilian, coauteur stakhanoviste dont le talent graphique n'a d'égal que la mise en scène au cordeau, et qui a su insuffler dans mon sordide drame rural cette dimension graphiquement lyrique et incroyablement fascinante".

Waouh ! Une lecture que j'ai dévorée avec l'appétit d'un glouton, autre nom du carcajou. Cet animal, réputé extrêmement féroce, est le surnom d'un vieux chercheur d'or vivant à l'écart d'une petite ville dans le Grand Nord canadien. Lorsqu'un entrepreneur véreux commence à s'intéresser à la prospection de l'ermite, non pas pour l'or mais pour le pétrole, c'est le début d'une sale histoire qui va bouleverser la vie des habitants et réveiller les fantômes du passé. Cette bande dessinée de plus de 200 pages mêle habilement western et polar, se déroule en pleine ruée vers l'or noir à la fin du 19ème siècle. Ici pas de duels entre chasseurs de primes et hors-la-loi sous le soleil texan, pas d'héroïsme, bien au contraire. Cette histoire nous parle d'avarice, de jalousie, de vengeance, de rumeurs et de mesquineries… tout le sel qui enflamme les plaies d'une petite communauté isolée. L'ambiance m'a rappelé celle de la série "Deadwood". le scénario est prenant, un véritable page turner qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière case, jusqu'aux dernières révélations. La narration est fluide, cinématographique même. Côté dessin, j'avoue que j'aurais préféré un trait plus réaliste et plus sombre, mais sa singularité lui donne un véritable charme. Les personnages sont très expressifs et charismatiques. "Carcajou" est pour moi un véritable coup de coeur qui propose un western qui sort véritablement du lot lui permettant de s'adresser à un public plus large.

Un western atypique, foisonnant qui nous raconte l'histoire d'une petite ville au confins du Canada qui est née de la ruée vers l'or, qui périclite doucement en attendant la découverte de l'or noir, le pétrole. Jay Foxton, riche propriétaire, possède quasiment tous les terrains de la ville hormis celui de Gus Carcajou, ermite et misanthrope. Situé sur une colline, il refuse de quitter ses terres même s'il y vit chichement. Héritier d'une tribu indienne, il refuse toute concession. Foxton va chercher à récupérer cette colline, au début juste pour avoir l'entièreté de la ville, ensuite par avidité, quand il découvre qu'il regorge de pétrole. Mais Carcajou est têtu et il finira par perdre la vie en s'opposant une fois de trop, après avoir été accusé d'un crime atroce. Rassurez vous, le divulgachage s'arrete la, et l'histoire est a peine entamée, nous poursuivrons avec une histoire de fantôme, différents meurtres ponctuent l'intrigue .... Les personnages sont nombreux et finement caractérisés : en dehors des antagonistes, nous avons Linus le shérif déprimé, Aleister le frère limité de Jay, la tenancière de saloon. Tous en dehors de Carcajou se connaissent depuis l'enfance.
L'histoire de Carcajou reste centrale, mais nous découvrirons aussi celles des frères Foxton, de l'emprise de celui ci sur Linus, sur la petite ville et les multiples catastrophes engendrées par l'entêtement de Jay.
Le dessin est particulier, pas forcément attractif initialement mais il est expressif et foisonne de détails parfois humoristiques.
Brefi c'est une excellente histoire, foisonnante, mi western, mi étude sociale...A lire absolument.

À Sinnergulch la ruée vers l'or est terminée depuis quelque temps. À la fin du 19e siècle c'est l'or noir qui tourner les têtes. Dans cette ville, c'est Jay Foxton, le boss. Tout le monde lui obéit car il emploie la majorité de la population pour extraire le pétrole des parcelles qu'il détient. Parcelles qu'il a acquis parfois au détriment de familles qui n'ont eu d'autre choix que de céder. Toutefois un irréductible résiste face à l'envahisseur ! Gus Carcajou ! Un vieil ermite qui ne descend en ville que pour se ravitailler. On le dit descendant d'une tribus de "Peaux-Rouges" qui aurait vécu sur la colline qui lui appartient. Les rumeurs sont nombreuses à son sujet. Attiré par l'appât du gain comme une mouche sur un caca, Foxton va essayer de s'emparer de la parcelle…

Pour faire simple, Carcajou est certainement l'un des meilleurs albums de cette année 2024 . L'intrigue est prenante et très bien huilée. Malgré une belle brique de plus de 200 pages je ne me suis jamais ennuyé car les personnages sont détaillés avec soin. Ils ont chacun un rôle dans le récit. le final en surprendra plus d'un ! 

Graphiquement j'ai bien aimé les paysages canadiens qui sont bien fournis et détaillés avec un mise en couleur irréprochable. le sens de mouvement des scènes d'action sont maîtrisées ce qui permet d'être au coeur de l'histoire. 

Carcajou est une histoire sans foi ni loi dans une contrée mystérieuse où rode le Wendigo.