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Expert littérature tchèque

Si la République tchèque est un pays très récemment créé, sa littérature compte, de Vaclav Havel à Bohumil Hrabal, de nombreux écrivains particulièrement appréciés par les détenteurs de cet insigne.
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Lettres à Doubenka

Un genre dans l’œuvre en prose de Bohumil Hrabal est la forme épistolaire.

Ses « Lettres à Dubenka », Hrabal les écrit à April Gifford, qui était venue à Prague pour un cours d’été en 1988, en tant qu’étudiante slaviste américaine de l’Université de Stanford.

Elle avait rencontré Hrabal à la célèbre brasserie pragoise « Le Tigre d’Or » (le pub préféré de Hrabal). Elle avait eu l’idée de lui organiser une tournée dans plusieurs universités américaines.

Hrabal l'appelle Dubenka (« Duben » signifie « avril » en tchèque). Il est immédiatement tombé amoureux d’elle, mais elle est partie au bout de six jours.

La tournée prévue a bien eu lieu en 1989, ( Hrabal avait alors 75 ans), quelques mois avant la Révolution de Velours en Tchécoslovaquie, mais après son voyage en Amérique, il n’a plus jamais revu Doubenka.



Bohumil Hrabal décide d’aller de NYC à San Francisco comme Jack Kerouac, par la route, en autocar. Cela lui permettait de découvrir l’Amérique profonde. Son voyage a été rempli de conférences, de conversations, de réunions, de visites et de beuveries !

Hrabal fait aussi escale chez les minorités de Tchèques immigrés qui l’applaudissent, lui, l'enfant du pays !



Aux USA, les étudiants pouvaient l’interroger sur sa vie, ses opinions sur le monde, sa littérature et celle des autres … On découvre les nombreux auteurs qu’il aime : Kafka, Hašek, Werfel, Rilke, Essénine, Dostoïevski, Vyssotski, Nietsche, Choukchine…

Il dit son attachement pour la littérature française. Il aime notamment Rabelais.

Il est aussi un grand admirateur de Socrate. Pour Hrabal, mieux vaut obéir aux lois de sa patrie qu’émigrer, le statu quo est un mal nécessaire. L’attachement à son pays, à ses amis, à son quartier, étaient forts et il a décidé de ne pas émigrer. Il murmurera à Doubenka : « Je ne suis venu au monde que pour écrire "Une trop bruyante solitude" ». Et il voulait que ce livre hautement important pour lui, puisse être édité au plus vite !



Quand un étudiant lui demande s’il se considère lui-même comme un dissident, sa réponse fuse : « C'est cela mon devoir, ainsi que me l'a enseigné Jaroslav Hašek, le plus grand soulographe et écrivain de mon pays natal... ». Bohumil Hrabal boit et parle de lui à n'en plus finir. En Amérique comme à Prague.

De bar en bar, nul besoin de le pousser à lever le coude : la Budweiser est « tout à fait bonne quand il s'agit juste d'étancher une petite soif... ». Le périple a commencé déjà bien arrosé.

« Lorsque nous sommes montés dans l'avion de la Lufthansa […] j'ai confondu les uniformes et en montant à bord, j'ai crié Heil Hitler ! ... ». Son accompagnatrice doit l'excuser ! C'est la boisson qui lui fait faire « des bêtises ». Boire l’aide à supporter les chocs des événements politiques qui se déroulent en Tchécoslovaquie : « Je l'avoue, ce qui se passe me rend fou, je bois des quantités de bière rien que pour oublier ce qui est arrivé et ce qui pourrait encore arriver... ». Contraste total : à Kersko, son chalet, sa cabane dans la forêt, douze chats l’attendent pour qu’il leur verse du lait contre des caresses !

On l'aura compris, cet ouvrage vaut pour les anecdotes et les souvenirs.



Après son retour, il écrivit de nombreuses lettres à Doubenka, mais ne les envoya jamais. Celles-ci constituent une sorte de journal intime dans lequel alternent les descriptions détaillées de son voyage à travers les USA qu’il appelle les « États Bénis » avec des réactions émotionnellement colorées aux événements qui ont conduit à la Révolution de velours et au rétablissement de la démocratie dans son pays en 1989. Depuis les manifestations de janvier à l'occasion du 20e anniversaire du suicide de l'étudiant Jan Palach, qui s’était immolé par le feu sur la place Venceslas en 1969, jusqu'à l'élection de Václav Havel à la présidence fin décembre 1989.



Toujours avec son style palabreur, Bohumil Hrabal nous donne aussi un compte-rendu humoristique et parfois émouvant de la vie à Prague sous l’occupation nazie, le communisme et la brève euphorie qui a suivi la révolution de 1989 lorsque tout semblait possible, même des chars roses ! Entrecoupés de souvenirs fragmentés de voyages effectués en Grande-Bretagne - alors qu’il tentait de retrouver tous les lieux mentionnés dans The Waste Land d’Eliot - et aux États-Unis, où il se retrouve dans l’un des repaires de Dylan Thomas comparant les serveuses à celles qu’il connaissait à Prague.



Le résultat est un mélange magistral de son histoire personnelle. Son écriture est rapide, décousue, parlée, mais déterminée. Sa prose est aussi puissante que poétique.

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Nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk

Je retrouve avec gourmandise le brave soldat Chveïk en compagnie de son officier, le dilettante et joli coeur lieutenant Lukach, dans un compartiment de deuxième classe du rapide Prague-Budeiovitzle qui les conduit vers le front. le lieutenant aimerait bien se débarrasser de son « tampon » tant il lui colle la poisse et il peste après lui au sujet du vol d'une valise. Et voilà que Chveik se moque du crâne chauve du voyageur d'en face qu'il attribue à "Monsieur Purkrabek, le fondé de pouvoir de la Banque Slavia". Il s'avère que c'est celui du général de brigade von Schwarzburg en tournée d'inspection. Un fondu du règlement, sadique et borné. "Après chacune des tournées d'inspection du général, çà et là, l'un ou l'autre des officiers se faisait sauter la cervelle". Placé dans le couloir dans l'attente de sa sanction, Chveïk tire presque sans faire exprès sur le signal d'alarme. le train s'arrête immédiatement. Chveïk encourt une amende de 200 couronnes. Il n'a pas la moindre sou. le contrôleur le fait descendre à la gare suivante. Arrêt buffet, extrêmement bien arrosé. C'est le début d'une odyssée désopilante .

Dans ce deuxième tome de la trilogie, notre héros est moins ambigu. C'est un saboteur génial, qui dézingue l'ordre austro hongrois, militaire et bourgeois ainsi que l'absurdité totale de cette guerre pour le peuple tchèque. La charge est féroce. Chveïk agit toujours de manière respectueuse et goguenarde. Et, grâce à sa tchatche intarissable et à son grand sourire candide, il se sort de situations pour le moins compliquées. On comprend que les Tchèques se soient pris de passion pour ce petit soldat rusé.

Vivement le troisième tome !
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La belle de Joza

Tchécoslovaquie, Seconde Guerre Mondiale.

Eliska est traquée par la Gestapo, alors son ami Richard, dont elle est amoureuse, la cache dans un petit village de montagne où elle épouse Joza, un homme qu'on dirait handicapé mental aujourd'hui, bâti comme une armoire à glace mais avec une candeur et une douceur qui apaisent la jeune femme. Loin de ses études d'infirmières, elle découvre dans ce petit village une vie rustique, simple, avec les histoires de villages et le bon sens "des grands-mères".



J'ai apprécié la première partie qui décrit la résistance dans ce territoire annexé par l'Allemagne nazie et l'arrivée d'Eliska dans le village où elle perd tous ses repères et se laisse peu à peu apprivoisée par la simplicité et l'humilité de sa nouvelle vie.

J'ai moins aimé la fin qui était trop bâclée à mon goût, avec l'arrivée des soldats dans le village, que j'aurais aimé voir beaucoup plus développée - au lieu de la sensation que l'auteure voulait se débarrasser de ses personnages.



Malgré ce dernier point ça reste une lecture agréable, une ode à un Eden perdu qui se trouverait parmi les gens simples, au même titre que la cruauté "innée" de l'humain. Et ça change de lire un roman qui se déroule pendant la guerre qui se passe ailleurs qu'en France.
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    Les insignes experts sont attribués aux spécialistes ou amoureux d'une thématique littéraire, en fonction de la qualité et de la diversité de leurs critiques sur cette thématique

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