Il étouffait. Le moindre des gestes qu'il accomplissait sans y penser d'habitude lui coûtait tant il paraissait vide de sens.
Éplucher une pomme de terre, trier les couverts, balayer le sol du réfectoire. Mais à quoi bon ? À quoi bon faire tourner un monde dans lequel son père s'était volatilisé ? Pourquoi fallait-il donc qu'il use ses jeunesmains et l'énergie de ses quinze ans dans cette industrie qui ne faisait que nourrir cette interminable, cette ingrate guerre qui lui enlevait, malgré tous ses efforts, ce qu'il avait de plus précieux ?