Jean Frémon de quelques rencontres (Paul Otchakovsky-Laurens,
Pierre Morhange,
Jacques Dupin, etc.) - : où
Jean Frémon, -à l'occasion de la parution de son livre "
le Miroir magique"-, se souvient notamment de sa rencontre avec Paul Otchakovsky-Laurens et de ses deux mères, de la revue Strophes et de
Pierre Morhange, de
Bernard Noël et de
Jean Cayrol, de
Jacques Dupin et d'
Aimé Maeght, de
Samuel Beckett et de
Maurice Blanchot et où il est question d'édition, de poésie et de prose.
+ Lire la suite
Écrire, c'est rester sur le qui-vive.
J'avance à pas d'herbe,
dans ce haut remuement des rêves,
dans ce sous-bois orange et noir
où se lève
un vent géant plus faible
que ce faux soir
dans la grande pause du Verbe.
"On ne peut tout réussir et sa vie privée n'était encore qu'à l'état de maquette, dans ses cartons.Les manigances de l'âme le laissaient de glace : on ne peut traquer Dieu comme un concurrent .Aussi gardait- il un endroit sauvage à désherber en lui- même au cas où cet intimidant Chasseur le prendrait au sérieux .Mais son cœur ressemblait à un clapier : la paille y pourrissait ...."
Tristan la croit sûrement égarée par la passion, incapable de se ressaisir, perdu dans un amour aux mains percées,. Non, elle ne peut pas se tromper, la dernière phrase est un appel voilé, mais insistant, contre quelqque danger encore lointain dont il soupçonne la venue, un danger qui viendrait d'elle ?
Armande commence à ne plus rien distinguer ni dans la lettre ni autour d'elle. La nuit tombe brutealment ; elle n'attend pas ; elle se saisit de chaque objet, de chaque retraite avec pacacité ; derrière elle, on pressent un lac délicat, indifférent. Parbleu Armande devient la confidente, la confidente qu'on déteste et qu'on recherche, à laquelle on ractonte ses déboires et ses incertitudes. C'est cela, elle était capable d'être une femme à qui l'on peut tout dire, tout exprimer, même l'inavouable. Peut-être même pourrait-elle, un jour, être présentée à la femme que Tristan aurait choisie publiquement aux fins de mariage.
A chaque jour suffit sa nuit,
à chaque plaie suffit sa lance,
à chaque dent suffit son fruit,
à chaque mort notre silence.
Rappel 9 mai 1968 (extrait 5)
…Dans la courbure d'un passé qui ne me plaisait pas,
je donnais à chacune de mes ombres une voix fraîche
et je laissais en gage
une danse de morts sur des parquets cirés.
Mais je ne savais pas qu'on allait tirer de force
tant de larmes des yeux,
mais je ne savais pas que notre espoir était de mèche
dans ce matin laiteux, poudré et souriant
aux anges des plafonds,
mais je ne savais pas que la colère des autres
était la mienne,
et que dans les miettes d'une pâtisserie royale
je n'enseignais que mon malheur
je n'apprenais par cœur que mon propre journal.
p.8-9
Un camp de concentration se construit comme un stade ou un grand hôtel... avec des entrepreneurs, des devis, de la concurrence, sans doute des pots-de-vins.
Mais par tous les temps un grain de raisin
un peu de lilas blanc.
Mais par tous les temps, un pas de facteur
un air raisonneur, la douce impatience.
Mais par tous les temps le droit de me dire
je peux bien en rire
c'est l'AFFAIRE DU VENT.
Mais par tous les temps et sans savoir quand.
Je partais avec mon père vers les châtaignes ,
le vin blanc nous attendait et les grattons.
Nous revenions en zigzaguant, en sifflottant,
de cette randonnée au pays de Montaigne.
Un poème a besoin des autres ; il se soumet à leurs habitudes, à leur intransigeance, à leur espérance aussi.