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Chroniques de la place carrée

Série de 4 livres (En cours). Écrite par Tristan Saule (4),

Mathilde ne dit rien par Saule
tome : 1
Héroïne par Saule
Tristan Saule
4.12★ (168)
tome : 2

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Jour encore, nuit à nouveau

Retour sur la place carrée avec le troisième opus de ces chroniques qui en comptent quatre, pour l'instant tout au moins.



Changement de tome, changement de protagoniste, changement d'histoire, c’est le principe de cette ‘série'.



Après Mathilde, Laura où Tonio, c’est au tour de Loïc d’être mis sous le feu aveuglant des projecteurs introspectifs de l'auteur qui continue ici son étude ethnologique dont la cité en est le théâtre.



De théâtre, justement, il va en être question puisque c’est la nouvelle passion exclusive de Loïc, une passion dévorante qui va aller jusqu’à lui faire perdre pied à la sortie du confinement instauré à cause de la Covid qui aura exacerbé ses ressentis.



On devine Loïc singulier, à part, en marge, un peu comme une espèce de Forrest Gump qui aurait troqué la course à pied contre la course des mots. Autonome, certes, mais légèrement déficient, il vit dans une sphère parallèle, une bulle dont il ne regarde l’extérieur qu’à travers la lunette optique de sa 22 long rifle. Étrange prisme vers la réalité et on pressent rapidement que ce média n'en restera pas au seul visuel de sa fonction.



Nouvellement et par hasard, il se passionne pour le théâtre, y plonge en apnée et se découvre un don inné pour l’écriture qui ne sera malheureusement partagé par personne d'autre que lui, faisant ainsi naître une violente frustration qui va finir par l’envahir, l’étouffer, le dévorer, le couper encore plus du monde environnant et de la réalité dont il va s’éloigner toujours plus, englué dans son esprit dérangé aux parois déformantes.



Les attitudes de la population autochtone entraperçues au travers de l’étroit système de visée de son arme et qu'il considère comme inappropriées en cette période de pandémie galopante vont radicaliser son aversion pour le laxisme ambiant, sentiment exacerbé par l’échec cuisant de sa tentative de création théâtrale et le ressentiment qu'il nourrit à l’égard de ses partenaires qui ne lui ont pas apporté leur soutien, les traitres.



L’enfermement, la phobie, ses échecs successifs (artistique, relationnels, amoureux…) vont alimenter une névrose qui couvait, latente, tapie obscurément et qui n’attendait qu’un catalyseur pour exploser à la face du monde qu’il estime délétère. Les personnages fantasmagoriques qu'il invente se mêlent à ceux, réels, qui ont envahi sa lunette en une espèce de bal lugubre où règne une violence verbale et physique.

Tout se distend. Se fond.



Il coule, Loïc, se perd, se noie!



Saura-t-il refaire surface où restera-t-il une victime collatérale du confinement sanitaire ?

Est-ce cet enfermement obligatoire qui détruit son psychisme fragile ou n’est-il que le catalyseur d'un noir dessin qui se devait d'arriver ?



Qui est Loïc ?



Est-ce le fait d’avoir enchaîné les trois premiers tomes de cette saga qui a créé une sorte de lassitude en moi, probablement. Cet opus m'a moins emballé que les précédents. Les tourments du principal protagoniste m'ont bien sûr touché, mais moins, bien moins (combien même j’écris également du théâtre) comme m'a ennuyé sa création trop naïvement puérile et peu enthousiasmé l'histoire de Jean Walter évoquée ici au hasard d'un atelier théâtral sans lien véritable avec le reste du roman.



Beaucoup de redondance également dans le récit, sûrement un effet de style pour illustrer les états d’âme et l’enfermement du personnage mais qui porte préjudice à la limpidité de la lecture et alourdit le propos déjà anxiogène.



Je lirai le dernier livre de la série, c’est certain (tout de suite, je ne sais pas), l'auteur sait si bien raconter ses personnages en appuyant sur des détails infimes du tous les jours qui rendent tellement vrai leur quotidien, quotidien à la fois d’une grande banalité et d'une singulière humanité, dans toutes ses composantes.



Petite déception quand même !!

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Héroïne

Où l'on retrouve la place carré du troublant « Mathilde ne dit rien", normal, cet ouvrage est le deuxième tome de la saga « chroniques de la place carrée" qui, à ce jour, en compte quatre.



Si le premier s’apparentait plutôt à un roman qui s’intéressait essentiellement a la protagoniste principale s’appelant Mathilde, celui-ci porte mieux l’appellation de chroniques, tant le plan narratif est différent et balaye plus de personnages.



L'ayant ouvert dès la fermeture du premier tome, j’ai eu un peu de mal à me faire au changement de forme de l’écriture beaucoup plus serrée ici, composée de très courts paragraphes, qui, comme dans un film choral, passent d'un personnage à l'autre, dans une unité de temps et de lieu.



Tout se bouscule et se meut en même temps.



L’idée de film choral prend tout son sens ici tant les descriptions sont détaillées et très visuelles, nous permettant aisément d’en projeter les images mouvantes sur l’écran blanc de nos paupières ouvertes.



Le découpage est extrêmement rapide, la mise en scène virtuose nous donnant à voir, en temps réel, les événements se dérouler frontalement qui vont, irrémédiablement  mener les principaux protagonistes vers le destin qu'ils se sont tracé depuis un passé qui nous est évoqué par flashbacks égrenés au moment opportun.



Deux personnages centraux ici :

- Laura, une jeune infirmière directement impactée par l’arrivée inopinée d'un virus inconnu qui allait devenir le Covid.

- Tonio, un jeune dealer qu'une proposition improbable va pousser à tenter de s’émanciper du Caïd qui règne sans partage sur la sinistre cité.



Autour d'eux, une galerie de portraits bien tirés va enrichir un récit tracé au cordeau, qui, on s'en doute, fera se rencontrer les deux ‘héros', qui vont, chacun à sa façon illustrer le titre « héroïne».



Il sera question d'amour, beaucoup, de trahison, de coopération, de solidarité, de violence, forcément, de confinement, de mort, de choix de vie…toute une palette de sentiments que le quotidien nous expose au gré de ses fantaisies.



Une excellente lecture qui m'incite à ouvrir directement le troisième tome de ces chroniques que je… chroniquerai très prochainement.



…à suivre.

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Mathilde ne dit rien

Mathilde, puisque te v'la !!!



Une vie, une vie âpre, une vie maussade, une vie ordinaire quoi. Presque ordinaire en fait. Parce que…



La vie de bien des gens que nous croisons au quotidien, peut-être, dont le visage, fermé, ne permet pas de deviner l'histoire qui a été la leur, même quand on croit les connaître ne serait-ce qu'un tout petit peu et qui déambulent dans la ville, anonymes.



Ultra moderne solitude.



Elle a une silhouette singulière, Mathilde, reconnaissable entre toutes, des traits qui laissent imaginé que la vie n'a pas été très généreuse avec elle, elle qui ne dit quasi jamais rien.

Surtout rien de son passé.



Elle travaille dans le social, Mathilde,  dans le service départemental qui gère les allocations d'urgence, vit seule, en HLM (putain qu'il est blême), se rend à pied au travail, en survêtement (Nike le week-end) et n'a surtout pas de smartphone.



Peu d’échanges avec les collègues, non plus, si ce n’est avec Sophie sauf que c’est essentiellement cette dernière qui s’exprime, beaucoup.

Comme Mathilde ne dit rien.



Alors Mathilde angoisse, craint que le soleil ne s’éteigne, est terrorisée à l’idée qu'on mettrait huit minutes à s'en apercevoir, et puis…



Il est mort, il est mort le soleil…



Mathilde ne dit rien, alors le roman va s’exprimer pour elle, par flashbacks, par fenêtres successives à s’ouvrir sur une terrible histoire, dans une construction déstructurée qui entretient le suspens comme une brise légère un feu qui couve.



Un conte à rebours pour une princesse qui porte un grand poids dont le prince charmant s'est pris les pieds dans le tapis…d'une Audi A4.



Sa vie ne sera pas adaptée en série sur Disney +



Par touches successives, comme le ferait un peintre impressionniste, l'auteur dessine le portrait de son héroïne dont l'histoire à tourné court. La bobine a cassé.



Des espoirs douchés, des amours toxiques, un quotidien morose, des engagements dangereux : c’est tout Mathilde.



Aujourd’hui elle reçoit les gens en difficulté qui quémande une aide, hier elle était un espoir du judo féminin avant de jouer la Bonnie d’un Clyde de province et faire voler en éclat toute possibilité de médaille.



Mais demain ?

Qu’est-ce que sera demain ?



Mathilde a la poisse, la scoumoune, la guigne alors son futur saura-t-il la rabibocher avec la vie et vaudra-t-elle d’être vécue ?



Qu’adviendra-t-il du méchant loulou du quartier qui lui cherche des poux, la mettra-t-il à genoux quand hululera le hibou ? Finira-t-elle dans les choux ?



On s’interroge avec compassion car est pris de tendresse pour cette invisible qui a dérapé, comme tant d'autres avant elle, pour avoir mal aimé, fait des mauvais choix par amour, mal réagi par passion, comme prise dans un piège dont elle était pourtant furieusement consciente.



Autour de ce personnage central, magnifique, des seconds rôles très touchants tellement on peut les côtoyer : la bonne copine, ex-midinette, qui rêve sa vie sans réussir à vivre ses rêves, le vieux couple d’émigrés algériens qui n'arrivera jamais à s’intégrer malgré ses vaines volontés, l’épouse modèle du connard type patenté, les gilets jaunes, la collègue corrompue, celle qui trahit…comme un instantané d'une certaine France désabusée.



Un beau roman, une espèce de polar social, qui m'a cueilli, vraiment, et dont je suis heureux de savoir qu'il est suivi d'autres opus que je me promets d’ouvrir rapidement, très rapidement.



PS : Merci Chrystèle ;-)

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Et puis, on aura vu la mer

Ce roman m’a captivée par son écriture limpide et son pouvoir d’évocation, qu’il s’agisse de parler d’une journée en maternelle ou des réflexions des différents personnages (une mère monoparentale, un jeune de banlieue vif et attentif, et bien d’autres).

Le cadre social est un personnage à part entière, une réalité qui motive (sans excuser) les prises de position. Se déroulant pendant les élections présidentielles françaises de 2022, le roman évoque des réalités telles que la pandémie de Covid ou la guerre en Ukraine.

Enfin, on sent la tendresse de l’auteur envers chaque personnage. Un bon divertissement ancré dans la réalité contemporaine.
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Mathilde ne dit rien

Ben justement ce roman ne me dit rien. Je lisais tranquillement, curieux devant ce personnage de femme, une grande costaude, taiseuse et placide, qui s’en fiche un peu d’être malmenée, et puis je me suis rendu compte que je m’ennuyais ferme. Ce sont des conversations à rallonge et sans intérêt – pour moi – qui m’ont fait lâcher prise, alors que l’auteur ouvre des pistes qu’il sous-traite par la suite, comme les malversations d’une collègue de Mathilde. Et faire intervenir un passé épouvantable pour justifier ce détachement sans illusions de Mathilde, ça ne m’a pas non plus convaincu. Et parler de polar social parce que Mathilde est une travailleuse sociale, ça n’a guère de sens tellement son job n’apparaît qu’en filigrane.
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Mathilde ne dit rien

Je suis vraiment mitigée par cette lecture.



L’auteur nous offre une belle description sociétale, celle des exclus, des combines, des petits boulots, des aides sociales. Il fait le portrait d’une femme droite , solitaire puis épouse et mère. Un très beau portrait.



Et puis, il y a le thriller invraisemblable, long, descriptif, sanglant, auquel je n’ai pas adhéré



Une rencontre ratée
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Mathilde ne dit rien

Devant le portail d'une grande maison, une femme, grande et robuste, observe une autre femme. Cette dernière commence à paniquer en voyant que cette femme ne bouge pas et continue de la fixer. Mais voilà que la sonnette se fait entendre, et cette femme se tient devant sa porte. Que doit-elle faire ? La laisser rentrer… ?

Voici comment commence le roman Mathilde ne dit rien. Nous allons suivre pendant quelques jours, Mathilde, cette travailleuse sociale très intrigante, dans son quotidien et comprendre l'origine de cette scène d'ouverture.

C'est un roman que j'ai beaucoup apprécié, on suit des personnages qui sont délaissés par le système, dont certaines personnes abusent à cause de leur statut précaire, d'autres qui profitent de ce système d'aide sans en avoir réellement besoin. Mathilde se bat pour aider du mieux qu'elle peut ces personnes, mais elle est aussi malmenée par ceux qui tentent de s'en sortir en écrasant les autres.

C'est un récit sans jugement moral qui happe le lecteur dans le quotidien des habitants de la Place Carrée.

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Mathilde ne dit rien

Polar social en pleine cité HLM : une claque !



Premier volume des Chroniques de la Place Carrée, ce roman social, d’une troublante noirceur, m’a conquise, me replongeant sur les lieux de ma propre enfance, à savoir les méandres d’une cité HLM dans l’Est de la France, avec ses codes, ses rituels, son lot de misères humaines traversées par quelques fulgurances lumineuses teintant la promiscuité d’une ondée soudaine de poésie. Tristan Saule a-t-il vécu lui aussi dans une telle cité pour avoir su ainsi s’en approcher avec autant de justesse ?



Le cœur névralgique de la cité c’est la Place Carrée ceinte de sa résidence en forme de U formant comme un cœur au milieu des hautes tours. Les immeubles ici ne dépassent pas trois étages. On y trouve une annexe de la bibliothèque, la mission locale et la maison de quartier et surtout son marché hebdomadaire du dimanche matin qui attire toute la ville, aimantant « des gens qui cherchent ici un peu de Maghreb et d’Afrique, des épices rares, des mélanges de condiments, des pâtisseries orientales ». Cette place grouille de monde quelle que soit la saison. C’est ainsi la vitrine de ce quartier populaire, cette place en sandwich entre la Mosquée et le Leader Price. Mais au-delà de la vitrine et des apparences, c’est un quartier qui a sa propre police, à savoir la tutelle d’un voyou dénommé Salim qui fait régner la terreur, ses propres codes, sa façon bien à elle de régler ses comptes, son commerce notamment de shit, son économie souterraine et ses laissés pour compte.



« La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d’une même pièce dans un quartier où personne n’a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c’est du pareil au même. La morale n’a pas de gosses à nourrir ».



Mathilde, la grande et mystérieuse Mathilde, ancienne ceinture noire de judo, femme célibataire de 46 ans toujours vêtue de son indécrottable jogging, qui cache si bien ses émotions au point de la croire toujours impassible et froide, habite dans l’immeuble situé coté est de la Place Carrée. Elle est voisine d’un couple d’un certain âge, grands-parents du petit Idriss auquel elle s’est attachée. Elle travaille sinon comme assistante sociale à aider les plus démunis, à leur trouver des solutions d’urgence et, à la collectivité territoriale où elle officie, y travaille sa seule amie, Sophie. Nous sommes en pleine période du mouvement des Gilets Jaunes, phénomène social face auquel Mathilde n’arrive pas trop à se positionner. L’impassibilité pour armure pour atteindre l’invisibilité.





Le premier chapitre nous cueille immédiatement tant cette entrée en matière est totalement flippante : nous y découvrons Mathilde s’introduire chez une inconnue, une certaine Gaëlle, vivant dans une maison bourgeoise pour la menacer de payer ce que son mari doit à son voisin. En effet, le vieil homme a refait toute la terrasse, avançant même le prix des matériaux, le fameux comblanchien étincelant, mais le mari, Jean-Philippe, prétextant que le travail a été mal fait, ne lui jamais remboursé les matériaux et n’a jamais payé le travail réalisé. Suite à cette arnaque, les loyers impayés placent le vieux couple en situation d’expulsion. Face à leur détresse, Mathilde a décidé de les aider de façon disons non conventionnelle. En faisant peur à cette femme bourgeoise fragile.

Dans sa façon de faire, dans sa capacité à mettre une distance entre son acte et elle-même, on sent que Mathilde a vécu un jour quelque chose de très marquant, qu’elle expie un passé traumatique qui va se révéler au fur et à mesure du livre.



Voilà un superbe portrait, un portrait noir et sans concession, d’une femme puissante qui a un jour tout perdu et qui est désormais seule au milieu de cette jungle péri-urbaine où règne la loi du plus fort, sans plus rien à perdre, juste obnubilée par l’extinction du soleil.

Mathilde va me marquer durablement. Tristan Saule maîtrise à la perfection ce premier tome percutant et efficace, tant dans sa manière de nous maintenir en haleine, que dans la façon de camper ses personnages, ou encore dans ses descriptions de la cité HLM et des pavillons de banlieue à proximité, lisières qui ont le don de me fasciner, entre-deux ni urbains ni campagnards.

Je referme ce livre avec le regret de quitter Mathilde, de la quitter dans un triste état qui plus est, et j’ai déjà hâte d’aller errer, de nouveau, à la Place Carrée avec les autres tomes de ces Chroniques dans lesquels un personnage secondaire de ce tome deviendra le héros du suivant, fresque sociale développée sur plusieurs années avec sa galerie de personnages pittoresques. J’espère que les autres tomes seront tout autant addictifs !



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