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EAN : 9782218959059
128 pages
Hatier (30/11/2011)
3.92/5   83 notes
Résumé :
La clé de lecture de cet ouvrage consiste à distinguer les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. Epictète recommande de ne s’occuper que des premières. Quant aux secondes, étant hors de notre portée, il suffit de les accepter.

– Les choses dépendantes de nous sont : nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos passions.

– Les choses indépendantes de nous sont : notre corps, notre réputation, notre pouvoir... >Voir plus
Que lire après Classiques & Cie - Philo : Manuel d'ÉpictèteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Conçu comme un guide visant à l'éducation du profane en recherche de progrès, le Manuel d'Epictète s'emploie à permettre l'acquisition de la faculté de discernement qui permet de reconnaître la nécessité rétroactive des événements. Il s'agit d'arriver à vouloir que les événements surviennent tels qu'ils sont, en se détachant des opinions qui leur sont habituellement associées.


Cette acceptation suppose de reconnaître que l'événement ne dépend pas uniquement de soi-même dans sa cause mais qu'il dépend de soi-même dans l'accueil qui est fait de l'événement ou encore, comme l'écrit Laurent Jaffro dans l'introduction : « L'oeuvre du dieu en moi est de reconnaître que l'événement est l'oeuvre du dieu hors de moi. »


Le philosophe, selon Epictète, n'est pas celui qui discourt sans cesse pour ériger les normes de la vertu mais celui qui agit en conformité à ces préceptes et qui parvient donc à appréhender les événements toujours déroutants de l'existence dans la responsabilité et l'engagement symbolique. La philosophie n'est donc pas dogme érigé une fois pour toutes mais ouvrage à remettre vingt fois sur le métier.
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Dix ans après avoir lu Marc-Aurèle (comme le temps passe quand on s'amuse !), me voilà en train de considérer les notes prises par Arrien pendant les cours de son maître Épictète qui, comme Socrate, n'a rien écrit lui-même.
La différence saute aux yeux : nous avons ici affaire aux propos d'un homme que la philosophie a élevé à tous points de vue, dans sa pensée elle-même et dans l'estime des hommes. On sent une position contraire à celle de Marc-Aurèle qui, lui, parle de sa responsabilité d'homme de pouvoir entre les lignes, dans la responsabilité qu'un ancien esclave (son nom le dit) phrygien a dans sa destinée. C'est la première chose qu'Épictète s'avise de délimiter, afin d'écarter une bonne fois et de bonne foi toutes les "raisons" qu'un humain malmené par la vie a de se plaindre. La thèse principale me paraît être qu'il ne faut pas s'investir ni s'engager dans des "choses qui ne dépendent pas de nous. Ainsi, par une opération qui, pour moi, tient de l'excès de confiance en soi, voire du sophisme, aucun échec ne serait jamais à craindre, on serait toujours libre...
Épictète veut que nous combattions la tentation de comparer, de jalouser en proposant de nous recentrer sur ce que l'on a déjà, ne serait-ce que l'observance de nos principes, notre propre ascèse stoïcienne - à l'origine parfois du fait qu'on n'ait pas obtenu ce qui nous faisait envie...
J'ai eu la surprise de voir qu'Épictète rejoint la posture épicurienne de l'éloignement du trouble (Mario Meunier traduit "l'impassibilité, la liberté, le calme"), en s'éloignant des engagements, notamment publics. Ce n'est évidemment pas le choix d'un Sénèque, d'un Cicéron ou même d'un Marc-Aurèle qui intègrent leurs charges et leurs combats dans cette ascèse.
J'ai trouvé très moderne la façon dont il pose des principes qu'on retrouve dans la Communication Non-Violente (ou la CNV s'inspire du stoïcisme !), comme dissocier la souffrance de l'idée qu'on souffre, qu'on doit souffrir : "Ainsi donc, à toute idée pénible, prends soin de dire : "Tu es idée, et tu n'es pas du tout ce que tu représentes" (I-5) ; "Souviens-toi que ce n'est pas celui qui t'injurie ou celui qui te frappe, qui t'outrage, mais le jugement que ces hommes t'outragent. Lorsque donc quelqu'un te met en colère, sache que c'est ton jugement qui te met en colère". L'attitude non-judgmental de ces nouvelles pratiques est déjà dans la recommandation du Manuel de ne pas juger bonne ou mauvaise l'action d'autrui mais toujours s'en tenir à son constat objectif.
Ainsi, suivant la même doctrine, il refuse (paradoxalement, finalement, quand on admet qu'il existe une nécessité) une lecture tragique de la vie dans la section XXXIII, dédiée à la divination. Arrien rapporte : "Quelque chose [qui te soit prédite], il te sera possible d'en tirer bon parti, sans que personne puisse t'en empêcher". L'acceptation de la fatalité et la capacité à y discerner un événement neutre, à gérer, "désactive" toute l'horreur et le pathos d'un oracle. La citation du Criton qui clôt le Manuel, qui faire dire à Socrate qu'Anytos et Mélétos pouvaient bien le tuer, mais pas lui nuire, ne peut pas mieux illustrer une telle alchimie.
J'ai mesuré plusieurs fois la parenté morale du stoïcisme et du christianisme et leur contemporanéité avec Épictète et Arrien accentue peut-être celles que j'ai vues dans ce Manuel. Que Paul de Tarse ait été qualifié de "plus cultivé des Apôtres" par ethnocentrisme (c'était certainement le plus hellénisé) me fait penser que ses mots venaient bien des moralistes de son temps, n'en déplaise aux tenants de l'écriture inspirée par la divinité.
Parfois, les conseils donnés relèvent de l'élémentaire savoir-vivre, et la dignité, mais je ne dirais pas qu'être Stoïcien rendrait particulièrement urbain : d'autres conseils sur le comportement feront de vous des ours patibulaires et pleins d'affectation sous prétexte de retenue philosophique.
Mon sourcil s'est parfois soulevé : il m'a semblé que ce qui rendait son écriture bien plus agréable que son comparse était ce qui lui faisait perdre à la comparaison. Comme meilleur pédagogue, il s'essaie à des comparaisons, qui éclairent le texte mais un petit nombre ne m'ont pas paru rigoureuses. L'aphorisme du XXVI m'a également laissée dubitative : "Comme un but n'est pas placé pour n'être pas atteint, le mal, de même n'existe pas dans le monde." Je pense qu'il y a un rapport avec le fait que le mal existe sous notre responsabilité (d'accord), mais je ne vois pas le lien avec la citation. Si quelqu'un peut m'expliquer en quoi c'est correct...?
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N°1644 – Mai 2022

Manuel d'Epictète

Epictète (50-125 ou 130) fut un philosophe grec à la vie assez méconnue . Né dans l'actuelle Turquie, il meurt en Grèce après avoir été esclave à Rome et y avoir été affranchi. Après qu'il a été libre, il a mené une vie pauvre voire ascétique en accord avec son enseignement. Il n'a laissé aucune trace écrite (comme Socrate et Jésus), cet ouvrage, fut en effet rédigé par un de ses disciples, Arrien, qui publia ses notes prises au cours des leçons de son maître à penser. Cet ouvrage porte d'ailleurs le nom de « manuel » en ce sens qu'il doit être disponible à tout moment et qu'on peut le transporter avec soi, dans sa main . Un second ouvrage dénommé « Entretiens » a été également rédigé par ce disciple.

Il distingue les choses sur lesquelles nous ne pouvons intervenir (la mort) et celles qui dépendent de nous. Son enseignement qui est de nature essentiellement pratique qui vise à obtenir une meilleure qualité de vie , peut se résumer dans la manière dont il faut mener sa propre existence. Il tient dans la discussion et la remise en question des choses du quotidien, est de nature stoïcienne c'est à dire prône la soumission de l'homme à son destin, à une suite d'évènements qui ne doivent rien au hasard mais qui s'inscrivent dans l'ordre inéluctable de l'univers et contre lesquels l'homme ne peut rien. En revanche son action peut s'exercer sur ses opinions, ses jugements, ses choix, ses désirs, ses aversions. Ainsi, être libre c'est se concentrer sur ces actions qui sont à notre portée. Par exemple nous ne pouvons éviter de mourir mais nous pouvons donner un sens à notre vie. de même nous ne devons pas être angoissés par notre future mort mais voir en elle une sorte de délivrance, la fin de nos souffrances et de la vieillesse. Il suffit de peser sur nos jugements pour faire échec à la souffrance et nous rendre invincibles. Ainsi prône-t-il la discipline du désir, de l'action et la maîtrise du jugement, le détachement des biens de ce monde, ce qui mène, selon lui au bonheur (ataraxie). C'est évidemment un travail spirituel, silencieux et humble.
Son enseignement se décline en maximes essentiellement pratiques, loin de la théorie éthérée de la philosophie et la connaissance des choses est avant tout pragmatique.
Son message a influencé la pensée de Marc Aurèle, l'empereur philosophe, en partie la pensée de Pascal et le message chrétien mais je ne suis pas sûr d'adhérer complètement au message d'Épictète
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Le « Manuel d'Épictète » peut être considéré comme un condensé de la philosophie stoïcienne d'une extrême austérité qui pourra sembler parfois bien difficile à appliquer pour le commun des mortels.

Il a pour lui sa brièveté, sa simplicité et sa clarté, ce qui allié à la portée quasi universelle de ses préceptes a grandement contribué à son fort succès dans les milieux philosophiques ou religieux.

Pour autant sa concision fait que je n'ai pas été séduit outre mesure par la beauté de la langue contrairement aux ouvrages plus littéraires de Sénèque ou de Marc Aurèle.
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'N'explique pas ta philosophie. Incarne-la.
Dis-toi d'abord ce que tu sferais ; puis fais ce que tu as à faire.
e me moque de ceux qui pensent qu'ils peuvent me faire du mal. Ils ne savent pas qui je suis, ils ne savent pas ce que je pense, ils ne peuvent même pas toucher aux choses qui sont vraiment à moi et avec lesquelles je vis.
Nul n'est libre s'il n'est maître de lui-même."
Toute chose a deux poignées, l'une par laquelle elle peut être portée, l'autre par laquelle elle ne peut pas l'être. Si ton frère agit injustement envers toi, ne t'empare pas du fait qu'il agit injustement ; tiens plutôt compte du fait qu'il est ton frère qui a été élevé avec toi.'

L'Enchiridion (ou Manuel) d'Epictète a été compilé par son élève Arrien et se veut un manuel de vie, et en tant que tel, il évite la métaphysique et se concentre sur la pratique. Il a été l'un des textes philosophiques les plus lus jusqu'au XVIIe siècle et a eu sa place dans de nombreuses bibliothèques, puis sous une forme christianisée plus tard, il a été utilisé dans de nombreux ordres monastiques. L'Enchiridion est peut-être la plus courte introduction au stoïcisme.

Les oeuvres d'Épictète comptent depuis l'Antiquité parmi les textes stoïciens les plus influents. Ses idées sont étonnamment fraîches : pratiques et parlant avec éloquence au lecteur moderne. Un point de départ de sa philosophie est une compréhension de ce qui est, et de ce qui n'est pas, sous notre contrôle. Cependant, Épictète ne prône pas une acceptation passive du destin, mais conseille la clairvoyance et le but pour nous guider à travers la vie et ses revers inévitables.

Comme Socrate, Epictète n'a rien écrit. Ses conférences informelles ont été transcrites par son élève Arrien.

Épictète est né esclave dans la Turquie actuelle de l'Empire romain. Cependant, son maître lui a permis d'étudier la philosophie stoïcienne et il est devenu l'un des philosophes les plus respectés de son temps, étant largement lu et cité par les stoïciens ultérieurs. C'était un orateur puissant qui pouvait induire toutes les émotions qu'il voulait chez son auditeur, et de nombreuses personnalités éminentes, dont l'empereur Hadrien, recherchaient sa conversation. Il boîtait était en mauvaise santé, son style de vie simple – conforme à ses idées lui a permis de vivre au moins jusqu'à 80 ans.
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui trouble des hommes, ce n'est point les choses mais les jugements qu'ils portent sur ces choses.  (...[Exemple des jugements sur la mort]) Lorsque nous sommes traversés, troublés, chagrinés, ne nous en prenons jamais à un autre, mais à nous-mêmes, c'est-à-dire à nos jugements propres. Accuser les autres de ses malheurs est le fait d'un ignorant, s'en prendre à soi-même est d'un homme qui commence à s'instruire ; n'en accuser ni un autre ni soi-même est d'un homme parfaitement instruit. (V)
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Quand, ayant reconnu que tu dois agir, tu agis, ne crains pas d'être vu agissant, même si la goule devait défavorablement en juger. Si, en effet, cette action est mauvaise, évite de la faire ; si elle est bonne, pourquoi crains-tu ceux qui ont tort de te blâmer ? (XXXV)
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Si quelqu'un livrait ton corps au premier venu, tu en serais indigné. Et, quand tu livres ton âme au premier rencontré pour qu'il la trouble et la bouleverse, s'il t'injurie, tu n'as pas honte pour cela ? (XXVII)
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Les dogmata ne sont pas des propositions, mais des représentations.
La portée de cette conception est considérable. Tout d’abord, découvrir que des évaluations implicites nous asservissent, c’est, du même coup, trouver la possibilité de notre libération. Achille souffre, non à cause de cet événement qu’est la mort de Patrocle, mais à cause de l’évaluation implicite selon laquelle cet événement est un grand malheur. Ce n’est pas seulement que le dogma asservit, mais que seul le dogma asservit. Nous avons trouvé le lieu unique du pouvoir.
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Mais combien se vendent les laitues ? Une obole, peut-être. Si donc, en abandonnant l’obole, on reçoit les laitues, mais si toi, qui n’as rien abandonné, tu n’as rien reçu, ne pense pas avoir moins que celui qui a reçu. De même en effet qu’il a des laitues, de même toi, tu as l’obole que tu n’as pas donnée. Or c’est le même cas ici aussi. Tu n’as pas été convié au banquet d’un personnage ? C’est qu’en effet tu n’as pas donné à l’hôte le prix auquel il vend son repas. Il le vend pour un éloge, il le vend pour une marque de prévenance. Donne donc la différence d’avec le prix de sa vente, si cela t’est utile. Mais si tu veux en même temps ne rien abandonner et recevoir quelque chose, tu es insatiable et stupide. Tu n’as donc rien à la place du repas ? Mais si : tu as de ne pas avoir prononcé l’éloge de celui que tu ne voulais pas louer, de ne pas avoir souffert de ses portiers.
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Videos de Épictète (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Épictète
Dans la collection "sagesses du monde" . Textes d'Epictète Musique de Pierre Diaz Lu par Isabelle Wlodarczyk Editions Babouche à oreille www.baboucheaoreille.com

Nous sommes une maison d'édition et produisons des livres en musique; Roman, albums. Nous produisons aussi des livres audio téléchargeables sur notre site www.baboucheaoreille.com ou sur les plateformes Audible, Book d'oreille, Kobo et Munki. Nous réalisons des lectures concerts, vidéo, musique et textes, issues de nos livres ou de grands classiques.
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