Première impression en refermant la BD : l'auteur s'est bien amusé, il s'est fait plaisir en empruntant l'univers de Gosciny et
Uderzo. Oui, il s'amuse à dessiner le village gaulois, son décor et ses habitants. Oui, on retrouve tout ce qui fait les codes d'un album d'Astérix, le cahier des charges pourrait-on dire : une chasse aux sangliers, une bagarre entre Gaulois, un camp romain, des jeux de mots « à la pelle » pour en reprendre un donné dans le texte, des chansons d'Assurancetourix, et, surtout, un banquet final sous les étoiles...
Oui, tout pourrait être pareil, sauf que
Lewis Trondheim ne dessine pas Astérix, non, celui-ci a les traits de son propre héros, Lapinot. D'ailleurs, c'est Lapinot – que je ne connaissais pas, cela me donne envie de découvrir. L'intrigue est plutôt accessoire, il n'y a pas un rythme trépidant, le méchant n'est une caricature. Nous aussi, lecteurs, on s'amuse, et on s'amuse aussi des décalages et des anachronismes par rapport à ce qu'on connaît, les références comiques à notre actualité contemporaine – le COVID, les restrictions de circulation, les réseaux sociaux..., mais aussi des allusions aux films d'Astérix et à
Gérard Depardieu, Lapinot pensant que c'est l'acteur devant lui. J'ai particulièrement été intéressée par l'usage de la violence : chez Goscinny et
Uderzo, la violence fait sourire, les Romains reçoivent des baffes qui les assomment. Ici, c'est "la vraie vie", il y a donc du sang, des morts. de même, dans une optique plus actuelle, les Gaulois sont présentés comme des chasseurs qui pillent les ressources, la forêt n'est pas inépuisable en sangliers. Je regrette cependant que Lapinot s'allie à Assurancetourix, certes peu présent dans l'oeuvre -mère ce qui permet de le mettre en avant, mais on perd le duo avec Obélix, réduit à un gros benêt, plus que ça même. La série s'appelle "les Aventures d'Astérix le Gaulois", certes, mais Obélix apporte la poésie, la gentillesse et l'amitié - je pense à Porthos dans les Trois Mousquetaires.
A la fois un hommage de fan et une légère irrévérence qui amène le côté humoristique, sans que ce soit un album pour enfants, ils ne comprendraient pas tout, et cette lecture "casse le mythe". Un meilleur Astérix que les albums repris de façon « officielle » ?