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3,9

sur 395 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance.
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion."
(Voltaire)

Olga, Macha et Irina. Les trois soeurs de la pièce - peut-être la plus célèbre - de Tchekhov.
Les proses d'Anton Pavlovitch sont amusantes ou douces-amères, faciles et agréables à lire. Mais "lire une pièce de Tchekhov" me paraît presque aussi incongru que lire Marx pour le plaisir dans un hamac. Il n'est jamais aisé de lire une pièce de théâtre, mais chez Tchekhov, de surcroît, il ne se passe en apparence rien du tout, ce qui peut vite devenir décourageant.
Son théâtre manque d'action et de toute cette impulsivité héroïque qui a poussé Antigone à enterrer le corps de son frère, ou Juliette à se transpercer le coeur avec le poignard de Roméo.
Tout se passe à l'intérieur; les personnages souffrent, mais ils n'ont pas la force d'agir ni d'avancer, et ils se laissent faucher par le destin. Ils veulent s'échapper de leur cercle vicieux, mais ils ne peuvent pas, car ils ne savent pas faire. On peut apprendre quelque chose sur eux que grâce aux dialogues, petits signes... et ce n'est peut-être pas pour rien que souvent les conversations éclatent, et tombent en morceaux faits des longs monologues plaintifs.

"Les trois soeurs" est probablement ma pièce préférée de Tchekhov. C'est vrai que parfois on a du mal à comprendre comment un homme aurait pu s'emparer de l'âme féminine et de ses états avec une telle précision, mais Anton Pavlovitch était de toute évidence un génie.
Ses trois héroïnes sont un merveilleux emblème de l'ancien monde de l'aristocratie russe; monde fait de beauté, de foi, de fragilité et de rêves.
Tout comme dans "La cerisaie", ce monde se heurte aux inévitables changements dans la société, et entre en conflit avec le milieu populaire, représenté ici par Natacha, épouse d'Andreï, l'unique frère de nos trois soeurs. Son manque de jugement esthétique, mode vulgaire, enfants bruyants, et envie de tout accommoder selon ses goûts détruisent la personnalité d'Andreï et repoussent au coin le vieux monde d'Olga, Macha et Irina.

Certes, il y a un espoir : le voyage à Moscou ! "Moscou" sonne comme une promesse de purification et d'un nouveau départ, mais ce voyage est comme le Godot de Beckett : on l'espère et on en parle sans arrêt, tout en perdant peu à peu l'espoir. En attendant le bonheur, les soeurs s'engagent dans divers impasses. Macha tombe amoureuse de Verchinine en espérant une relation de valeur, mais cela n'arrive pas et Verchinine s'en va. le fiancé faute-de-mieux d'Irina meurt en duel. La vie avec Natacha pousse Andreï à la frontière (au-delà ?) de la folie, et il perd la maison familiale aux cartes.

On peut toujours trouver quelque chose de neuf, dans "Les trois soeurs". La pièce reflète avec une dangereuse lucidité les différentes étapes de la vie d'une femme. Quand je l'ai vue pour la première fois, il y a bien des années, avec ma copine P. on s'était mis d'accord que la plus "réaliste" et sympathique est incontestablement Irina. Jeune, sans expérience, naïve, mais pleine d'élan, car la vie n'avait pas encore le temps de lui botter le derrière. Après quelques années, la gagnante est maintenant Macha. Elle a suffisamment vécu pour comprendre que tout ne sera pas toujours comme elle l'imagine, et que parfois il faut savoir renoncer à l'impossible, pour ne pas se morfondre encore davantage. J'ai juste un peu peur du jour où Macha sera éventuellement remplacée par Olga, vieillissante et résignée, usée par la vie et terriblement seule.
Mais d'ici-là, je veux en profiter pour voir et revoir encore plein de pièces de Tchekhov. 4,5/5, мастер.
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Un classique du théâtre de Tcheckhov
Une capacité immense de l'auteur russe de montrer des personnages dans la plus grande vérité possible [et] combien il [pouvait] être magnifique et absurde de voir des gens occupés en scène à parler des choses quotidiennes. Comme nous, comme tout le monde, les personnages parlent aussi bien de choses profondes que de futilités, avec une authenticité réelle.
Du grand art!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Olga, Macha et Irina trois soeurs végètent dans un trou de province et rêvent d'aller à Moscou. Irina, la plus jeune est encore pleine d'espoirs au début de la pièce.
Comme souvent dans Tchekhov, peu d'action mais des illusions perdues, des rêves inaccessibles, des rêves d'absolu qui se brisent sur la réalité, sur la médiocrité du quotidien et des êtres.
Puisque leur vie n'est pas aussi remplie de promesses qu'ils l'imaginaient, les personnages rêvent d'un avenir radieux pour l'humanité future.
Le temps passe, les illusions s'évanouissent. Les amours sont malheureuses, décevantes, se défont ou n'aboutissent pas. Les actions avortent également de même.
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Chronique de la vie d'une petite ville de garnison à la fin du XIXe siècle, elle montre l'existence quasi sans horizon de trois jeunes femmes qui rêvent de retourner là où elles ont passé leur enfance : à Moscou. Mais l'élan vers l'avenir paraît définitivement enlisé, et le rêve du retour est marqué du sceau de l'illusion pour une jeunesse qui se perçoit sans avenir et échouée dans un monde trop vieux.
De toutes les grandes pièces de Tchekhov, Les Trois Soeurs est certainement la plus romanesque.
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De même qu'il y a une douceur, mais légère, dans la peinture de Raphaël, cette langueur discrète, passagère, et moins d'ailleurs dans ces mains caressantes, ces paupières démesurément baissées, que dans quelque chose autour de presque fade, ces arbres plutôt grêles, ces ciels plutôt pâles, de même encore qu'il existe une douceur, mais sèche un peu, dans l'art japonais, et qui paraît beaucoup devoir au souci de ne pas l'être trop, et comme de se refuser, cette pénombre sur les objets, ce silence sur les sentiments, et jusqu'à ces murs dévêtus et sévères, il y a un certain doux-amer dans le théâtre de Tchekhov, et moins que doux d'abord, mais sobre, mais réservé, de sorte que l'on ne sait si c'est lentement ou précipitamment qu'il mène ses personnages à la déception, car on le dirait délicat ici, ému peut-être, lorsqu'il les laisse s'épancher devant nous, lointain ailleurs, impartial alors, lorsqu'il les replonge dans ce gris déchirant, ces belles heures jamais très belles, ces mauvais jours jamais tout à fait mauvais.
Lien : https://une-phrase.blogspot...
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La pièce est publiée en 1901, et Anton Tchékhov maîtrise de mieux en mieux la construction de l'intrigue, vraiment solide, qui soutient bien l'analyse des caractères et l'instauration des ambiances. Les évocations de scènes d'action sont captivantes, et l'ensemble de la pièce donne un aperçu très complet de la société provinciale russe : l'enseignement, l'administration, le mariage et les enfants, les fêtes, et même des « accidents » plus grands que nature ; alors que, en raison du genre dramatique, elles se déroulent presque toutes hors scène, et l'on en voit surtout les conséquences.

Pour autant, Tchékhov dépeint aussi à merveille la vie insipide d'une ville de province, manquant d'animation, de culture, voire d'intelligence, ville où s'étiolent les trois soeurs, qui tentent de garder courage en projetant de déménager pour repartir à Moscou, où la vie sera forcément plus palpitante et où leur mérite sera récompensé…

Pour entrer dans le détail sans trop dévoiler l'intrigue, disons que j'ai beaucoup aimé les relations évoquées entre les personnages, à travers le quotidien de la vie domestique d'une famille russe.

Le point de vue est alterné selon les personnages à qui Tchékhov confie des tirades importantes ; c'est encore un médecin qui interprète la lucidité désespérée et une forme de conscience collective. En effet, Ivan Tcheboutykine, sous l'effet de l'alcool, finit par révéler certaines vérités dans les derniers actes, au moment où les personnages font le point sur l'évolution de leur vie par rapport à leurs rêves du début de la pièce. C'est ici que l'on peut se faire la réflexion que Tchékhov devient le chroniqueur d'une société finissante, rattrapée par l'inutilité, voire le parasitisme de la bourgeoisie. On est toutefois moins dans la critique « fin de siècle », que dans l'espoir d'une nouvelle société à venir, pour laquelle il faudrait travailler dès aujourd'hui.
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C'est avec Les trois soeurs que j'ai découvert Anton Tchékhov dont je connaissais déjà la réputation, et qu'elle surprise ce fut! Voilà une autre preuve que le théâtre peut être aussi bien savouré par un lecteur que par spectateur. Dans une maison située au coeur de la province russe, Olga, Macha et Irina se languissent de retourner à Moscou mais n'osent pas mettre leur projet à exécution. Lorsque j'ai découvert la pièce, j'ai été quelque peu déconcerté par le manque d'action, l'intrigue m'a paru figée. Même si les personnages nourrissent des espoirs, aucun ne tente de défier la fatalité qui pèse sur l'atmosphère générale de la pièce. le désenchantement marque beaucoup les personnages qui se livrent à un questionnement métaphysique. Ils redoutent la fuite du temps et l'anonymat à bien des égards : "Et dans mille ans, l'homme soupirera encore: Oh, qu'il est dur de vivre!"

Les soeurs s'aperçoivent que les plus belles années de leur jeunesse ne sont plus que de lointains souvenirs qu'elles oublieront tôt ou tard.

Les Trois Soeurs seraient-elles une ode à l'ennui? "Qu'il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs !" ajoute Macha en citant Gogol. Pourquoi pas. C'est une quête de la raison d'être que renferme cette pièce : "A mon avis, il faut que l'homme soit croyant, ou alors qu'il soit à la recherche d'une foi, autrement la vie est vide, vide... Vivre sans savoir pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles dans le ciel... Il fait savoir pourquoi on vit, ou alors tout ça n'est que sornette et ne vaut pas pipette."

Force est de constater que la pièce rayonne par ses dialogues, par les méditations des personnages qui prennent conscience que leur existence et ce qu'ils en font n'est qu'un château de cartes pouvant être balayé en un éclair par un infime courant d'air. Une pièce de Tchékhov par après midi, c'est la garantie de philosopher en savourant un bon moment.
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D'après moi et avant toute chose, Tchekhov est un dramaturge exceptionnel et fantastique ! Les personnages des Trois Soeurs sont tellement bien dépeints et tellement réalistes qu'à certains moment cela pouvait être effrayant. C'est pour cela que j'estime que Tchekhov est une génie ! Bien d'autres auteurs ont réussi avant et après lui à dépeindre d'aussi beaux portraits mais de ce que j'ai lu, il est l'un des meilleurs. Bien sûr il y a des côtés des Trois Soeurs que je n'ai pas aimés mais globalement, cette pièce m'a vraiment plu. Je l'avais vue au théâtre avant de la lire et c'est ce qui m'avait donné envie d'ouvrir ce livre et de me plonger dans la tragique histoire de Macha, Irina et Olga. Lorsque j'étais devant cette scène où des acteurs jouaient, le décor était merveilleux et j'étais plongé dans l'univers de la pièce mais j'avais très envie d'avoir la version d'origine sous les yeux pour faire des comparaisons entre l'adaptation et la version de Tchekhov. Je n'ai pas une très bonne mémoire alors même si j'essaye de faire la comparaison, elle ne sera aussi sensationnelle et juste qu'elle aurait pu l'être sur le moment. Assez parlé des points positifs même si j'y reviendrai après, passons aux points négatifs. J'ai trouvé qu'il y avait trop de personnages dans cette pièce même si c'est cela qui en fait le charme. Parfois, en lisant, je ne me souvenais pas ou ne comprenais pas les liens qu'avaient les personnages entre eux et même parfois, je me demandais ce qu'il faisait dans cette pièce. Par exemple, Soliony, ce capitaine très bizarre je l'avoue, n'avait pas une grande place dans l'histoire globalement mais sans lui, la pièce aurait été complètement différente et je ne l'aurais peut-être même pas lue à l'heure qu'il est. En parlant de Soliony, j'ai deux personnages préférés, lui et Touzenbach. Ils sont merveilleux chacun à leur manière. Touzenbach est malheureux car Irina ne l'aime pas mais lui l'aime d'un amour sans bornes. Il décide donc de mettre fin à ses jours par un coup de feu dans sa poitrine. J'ai interprété ce coup de feu comme un suicide mais il peut tout aussi bien être un acte de jalousie de Soliony. J'ai trouvé ce geste merveilleux et décisif dans la tournure que prend la pièce à la fin. Ce suicide / meurtre marque le début de la fin. Parlons maintenant de Soliony, il est bizarre. Je ne trouverai pas d'autres adjectifs pour le décrire à part merveilleux car trop d'adjectifs le décrivent. J'ai beaucoup aimé ce personnage car il a un fort caractère que tout les personnages de la pièce ne comprennent pas forcément et il sort un peu de nulle part, il n'a pas de rôle crucial dans le déroulement de l'histoire. Il est amoureux d'Irina mais c'est peut-être seulement pour “embêter” Touzenbach. Passons maintenant au dénouement que j'ai vraiment adoré. Cette histoire se finit très mal mais à un degré juste en-dessous de la catastrophe pas très réaliste aux yeux de certains. Tout va mal comme je l'ai dit une bonne centaine de fois. J'adore les histoires qui se finissent mal car cela me surprend à chaque fois et en refermant le livre, je me dis que la suite des évènements pour ces personnages envers qui je portais de l'affection durant ma lecture ne pourra être que meilleure alors que lorsque l'histoire se finit bien, j'éprouve une sorte de déception.

Note : 4,5/5

Conseil lecture : Je serai incapable de donner un roman, une nouvelle ou une pièce de théâtre ressemblant aux Trois Soeurs. J'arrive souvent à faire des rapprochements mais ici, j'en suis incapable.
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Ecartelés entre province et capitale, entre travail et oisiveté, entre amour et mariage, entre aspirations et réalité, entre rire et larmes, quelques êtres cherchent simplement le bonheur. Beau et déchirant.
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L'univers des soeurs se joue entre l'impuissance et la frustration. Elles ont la sensation qu'elles appartiennent à un monde qui meurt et qu'elles ne pourront pas changer. Elles ne savent pas à quels idéaux se vouer.
C'est le rêve de retourner un jour à Moscou, la ville de leur enfance qui les maintient en vie. Illusion vaine qui m'a particulièrement intéressé dans cette pièce...
Plus proche de nous qu'elle n'y parait, "Les Trois Soeurs nous montre une jeunesse qui se perçoit sans avenir dans un monde qui n'est pas fait pour elle.
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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