Ce tome contient les épisodes 6 à 10 de la série, parus initialement en 2013, tous écrits par
Dan Slott. Les épisodes 6 à 8 sont dessinés par
Humberto Ramos et encrés par Victor Olzaba. Les épisodes 9 & 10 sont dessinés et encrés par
Ryan Stegman.
Norah Winters et Phil Urich couvrent l'allocution du maire J. Jonah Jameson sur les marches de la mairie. Alors qu'il déclare qu'il souhaite fermer la prison "The Raft" pour supercriminels, il est victime d'une blague potache. Jester et Screwball lui mettent une tarte à la crème en plein visage et lui baisse son pantalon, découvrant son caleçon. Tous les reporters présents filment et photographient l'événement et les images font le tour de la toile mondiale, faisant de Jameson la risée du monde entier à la vitesse des électrons. Jameson convoque Spider-Man dans les salons de la mairie pour lui demander d'attraper ces 2 insolents.
Par la suite, Superior Spider-Man va se retrouver à se battre contre Cardiac (Elias Wirtham) pour la possession d'une invention d'Otto Octavius, puis à se défendre de son identité devant les Avengers, et enfin l'esprit de Peter Parker sera le lieu d'une lutte à la vie à la mort entre son propriétaire légitime et l'individu qui a usurpé la place, s'emparant de sa vie privée et publique. Parker continue également d'essayer d'obtenir sa thèse malgré son inimitié avec docteur Don Lamaze, son directeur de thèse, mais avec l'aide de la séduisante Anna Maria Marconi.
Évidemment quand
Dan Slott a viré l'esprit de Peter Parker pour y substituer celui d'Otto Octavius, les lecteurs les plus blasés se sont dit que cela ne durerait pas longtemps. À une ou deux reprises dans ces épisodes, il peut même avoir l'impression que Slott est déjà arrivé au bout de ses idées, resservant à plusieurs reprises la réaction horrifiée de Parker devant les actions brutales d'Octavius pour régler ses problèmes, et la manière dont il s'est emparé de sa vie. D'un autre côté, Slott ne perd pas de temps et il proscrit toute décompression.
Le chemin parcouru en seulement 5 épisodes est très impressionnant. Slott applique la maxime "Chassez le naturel, il revient au galop" : la personnalité naturelle d'Octavius reprend le dessus avec des conséquences aussi effroyables que l'on pouvait s'y attendre (pas de pitié pour les ennemis, âmes sensibles s'abstenir, Jester et Screwball en prennent pour leur grade). Pourtant cette nouvelle version de Spider-Man continue de rester supérieure à la précédente en matière d'efficacité.
Le succès rencontré par ces épisodes en parution mensuelle permet à Slott d'avoir les coudées franches et pousser la situation de départ jusqu'au bout. En particulier, le lecteur finit par se rendre compte qu'il ne sait plus très bien s'il préfère que Parker l'emporte ou que Octavius puisse profiter de la situation, pour entamer une rédemption qui semble de plus en plus possible, enfin presque. Slott réalise un numéro d'équilibriste impressionnant : au fur et à mesure qu'Octavius prend ses aises et s'installe confortablement, le lecteur ne sait plus trop s'il doit s'en offusquer ou pas.
Alors qu'il apparaît que cette série n'est plus celle de Pete Parker (sacrilège !), il reste comme un goût authentique de Spider-Man, en particulier contre les supercriminels, et dans la vie civile bien remplie, partagée entre le travail aux laboratoire Horizons, le dîner avec Tante May et les 2 Jameson, le travail sur la thèse, la relation avec Anna Maria Marconi, une ou deux rencontres fortuites avec Mary Jane Watson, etc. Si certains aspects de ces relations manquent un peu de maturité, l'ensemble emporte le lecteur dans un voyage rapide plein de sensations diverses, dans lequel les personnages évoluent de manière significative. Avec ce dispositif, Slott a trouvé le moyen d'envoyer promener l'immobilisme du statu quo, au profit de changements (même si l'on sait bien que tout reviendra au statu quo, tôt ou tard), avec une bonne implication émotionnelle du lecteur dans les situations des personnages. Cette implication prend de l'ampleur au fur et à mesure que le lecteur se rend compte qu'il finit par souhaiter que les 2 personnages en opposition puissent ressortir gagnant du combat qui les oppose. Comme dans les tomes précédents, la connaissance approfondie des personnages secondaires par Slott transparaît dans le choix des seconds rôles et leurs réactions. Seuls quelques supercriminels sont réduits à une caricature d'eux-mêmes pour servir uniquement de faire valoir au Superior Spider-Man capable de les anéantir en 2 temps, 3 mouvements, avec un bras attaché dans le dos (c'est une image).
Pour les 3 premiers épisodes,
Humberto Ramos est égal à lui-même, dessins plein d'énergie, personnages parfois un peu juvéniles pour des résultats disparates (dérangeant quand il s'agit de la jeunesse de Peter habité par un Octavius âgé, ridicule quand Black Widow donne l'impression d'avoir 14 ans), avec des muscles aux formes parfois bizarres (ceux des cuisses de Spider-Man par exemple), et un langage corporel très vivant. Ramos a l'art et la manière de trouver la posture naturelle qui fera ressortir l'état d'esprit du personnage (Cardiac et Spider-Man assis sur un banc en train de papoter en sirotant leur café).
Ryan Stegman a un peu diminué la densité de son encrage pour une apparence un peu moins sombre. Il est toujours possible de distinguer certaines de ses influences (
Todd McFarlane,
J. Scott Campbell), sans qu'il ne s'agisse de plagiat. Là encore le résultat est très vivant, avec une bonne densité de décors. Il utilise lui aussi des visages juvéniles avec des expressions exagérées pour mieux susciter l'empathie du lecteur, avec un résultat satisfaisant.
Ramos et Stegman savent mettre en scène les personnages pour que le lecteur se sente proche d'eux, à leur côté, et qu'il puisse percevoir facilement leurs émotions. Il en va ainsi pour Ramos dessinant Cardiac, et faisant apparaître son investissement et son implication dans l'amélioration de la santé de ses patients. Stegman n'est pas en reste en dessinant une prise de bec touchante entre Jameson père et fils.
Avec ces épisodes,
Dan Slott montre qu'i n'a nul intention de s'endormir sur un nouveau statu quo confortable et tiède et qu'il veut aller au bout de la logique de cette situation. Son intrigue recèle énormément de surprises (bien plus que le résumé ci-avant) dont plusieurs qu'il n'est pas possible d'anticiper. La force de son récit tient également au fait qu'il a réussi le pari osé de rendre Otto Octavius ambivalent, au point de déstabiliser le lecteur quant à l'issue qu'il souhaite pour cette confrontation. Les 2 dessinateurs disposent chacun d'une identité graphique affirmée qui colle bien à l'esprit de la série, rapide, nerveuse, refusant de jouer sur une dramatisation exacerbée.