Cette Géo fait débat
Attention, avec cet ouvrage, on est proche de l'arnaque. le titre "
L'incroyable histoire de la géographie" et son sous-titre "200 ans d'exploration du monde", laissent courir les imaginations et on s'attend à parcourir le monde sur les pas des grands aventuriers et savants : frissonner avec Brazza, trembler avec Caillié, chercher le bon Dr Livingstone avec Stanley, fouler le Tibet avec
Alexandra David-Néel...
Mais au final, si on retrouve la plupart des ces grands explorateurs, ils n'apparaissent que sacrifiés sur l'autel consacré à l'histoire de la Société de Géographie, qui fête son centenaire. Ce livre est donc avant tout, un monument à sa gloire.
Dès lors, nous sommes noyés dans les détails de cette institution, ses présidents, ses établissements, ses congrès...Chaque expédition, chaque exploit est ramené à sa prise en compte administrative et le charme est rompu.
Pire, à la fin, on ne sait même plus au fond ce qu'est vraiment la géographie. L'interdisciplinarité est en effet telle, qu'au fond, tout semble la constituer : la topographie bien sûr, mais aussi la culture, l'économie, la sociologie, l'histoire...ou pour reprendre certains termes du livre, "la gémorphologie, la géocryologie, la paléoclimatologie, la chronobiologie, l'anthropogéographie, l'ethnophotographie...". le comble du ridicule (souligné par les auteurs quand même) intervient avec des discours tels que celui d'Henry Reymond, spécialiste de géographie urbaine qui " argumente pour une transformation du regard géographique qui ouvre l'écoumène à l'élection raisonnée d'un arrangement multistrates. Cette chronotaxie tridistratique appliquée ici au mode d'émergence des compositions intraurbaines, quant au maintien processuel d'une cohérence géographique..." . C'est sûr qu'on est loin de l'apprentissage des préfectures et des sources de la Loire !
Enfin, on pourra aussi s'étonner de trouver 2 pages consacrées à
Sylvain Tesson (que j'aime bien par ailleurs), et rien sur
Nicolas Bouvet.
Le dessin de
Bercovici et les quelques traits d'humour ne suffisent pas à rendre ce pavé digeste.
Une grosse déception.