AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de migdal


Un « accident du travail » brise la carrière prometteuse de deux trafiquants de drogue albanais implantés dans le quartier de Planoise au sud de Besançon … les voisins de palier raflent le cash et repèrent (avant l'arrivée de la police) la planque astucieuse où sont armes et stupéfiants.

C'est ainsi que Thibault Morel et Myriam Ramla, locataires dans la même cage d'escalier, héritent d'un joli capital. Généreux et désintéressés, ils aident leur entourage, épongent les dettes les plus criantes et constatent rapidement que la pauvreté des familles vivant dans cette ZUS exige des mesures concrètes et non des annonces ou des discours sur « la politique de la ville ».

Pragmatiques et soucieux du bien-être de leur entourage, Thibault et Myriam, à l'insu de leur plein gré, mettent le doigt dans un engrenage qui les conduit à devenir chefs d'entreprise, à recruter, à importer, à déployer une supply chain amont et aval, aussi discrète que sure. Créatifs et doués en marketing ils innovent et proposent de nouveaux services (livraison à domicile) et offrent une carte de fidélité. Ils incarnent la dynamique entrepreneuriale de la France en marche.

Un tel succès ne laisse pas indifférentes la police et la concurrence, et oblige Thibault à brouiller les cartes et muscler son dispositif pour survivre dans ce monde de brutes et offrir au lecteur un dénouement aussi imprévu que mérité !

Cette intrigue sous-titrée « Un breaking Bad hilarant à Besançon » pourrait être promue comme « devenir narcotrafiquant pour les nuls » car SHIT est très didactique et ce n'est pas un hasard si Thibault Morel est un CPE (Conseiller d'Education) apprécié par l'éducation nationale.

A mi-chemin entre Frédéric Dard et Olivier Norek, Jacky Schwartzmann réussit un polar cocasse, passionnant, original, avec une fin particulièrement réussie.

C'est aussi un reportage au coeur d'un quartier sensible habité par plus de cinquante nationalités, une plongée dans un établissement scolaire accueillant des élèves qui ne maitrisent ni la langue, ni la culture française, une immersion dans le monde associatif investi dans le soutien scolaire et l'aide à des familles souvent éclatées. L'auteur a vécu dans cet environnement dont il possède les codes et les mots car c'est un observateur attentif et objectif.

C'est enfin une excursion en Franche Comté, à Besançon, au coeur de ma région, dont Jacky Schwartzmann parle le dialecte et décrit l'accent sans glottophobie.
Alors, certes, tout ceci n'est pas très légal, et la fin ne justifie pas les moyens, mais ce roman met en scène des personnages, astucieux, charitables, dynamiques, généreux, optimistes, pro actifs, sympathiques et çà fait du bien en ce contexte anxiogène et sinistre que l'actualité déverse quotidiennement sur nos têtes.
Le style très oral de l'auteur ne sera probablement pas honoré d'un prix décerné par L Académie Française mais pourrait lui valoir un prochain Prix Nobel de Littérature.

SHIT m'a stupéfait et est meilleur (à mes yeux) que KASSO que j'avais beaucoup apprécié. Merci à SEUIL et BABELIO de m'en offrir la primeur.

PS : ma lecture de KASSO
Commenter  J’apprécie          1106



Ont apprécié cette critique (108)voir plus




{* *}