Innocent, tome 5

Dans ce cinquième tome, c'est la fille cadette de la famille Sanson, Marie-Josèphe, qui est mise en lumière. Son destin atypique de jeune femme voulant devenir bourreau à l'image de ses frères, est mise en parallèle avec le destin d'une célèbre princesse de la maison des Hasbourg : la princesse Marie-Antoinnette.
Leur prénom rappelle celui de la Vierge que l'on met sur les armes royales pour se parer de probité ou se protéger en temps de guerre. On voit bien l'hypocrisie de cette image avec l'idéal de la femme non souillée et qui pour les femmes du 18° se traduit par un devoir aveugle d'obéissance au patriarche.
Et en parallèle, un personnage déjà vue refait surface : Marie-Jeanne Bécu (future Madame du Barry) , qui elle incarne l'image "obscure" de la Vierge : la Putain.

La démarche était intéressante et permet au mangaka de parler de sujets graves comme la pédophilie. Et on a toujours le jeu habile de la mise en scène de l'ombre et l'obscurité et autres contradictions inhérentes à l'être humain.
Mais je ressors tout de même assez mitigée de cette lecture. A mon goût ces sujets sont suffisamment effleurés pour garder l'intérêt du lecteur , mais on se trouve trop dans le "sensationnel" à mon goût.
Le choix des formes au profit du fond ne m'a donc pas tellement séduite ici.

Pour son audace d'être montée sur l'échafaud, Marie-Josèphe, la petite soeur de Charles-Henri est sévèrement punie par sa grand-mère qui n'a d'autre souhait de rappeler à sa petite-fille qu'elle ne sera jamais qu'une femme et qu'une femme doit rester sa place. Charles-Henri sait sa soeur studieuse et douée pour l'anatomie. Il ne doute pas un instant qu'elle ferait un bourreau (l'auteur utilisé le nom vieilli de « bourrelle » mais ce nom celui réservé à l'épouse du bourreau, au mettre titre que pharmacien/pharmacienne). Marie-Josèphe, enfant ou adolescente, possède une beauté fascinante. Quand Charles-Henri demande l'appui d'un officier de Louis XV pour que sa soeur obtienne le poste d'exécuteur de Versailles, ce dernier en profitera pour abuser de la jeune fille. L'officier, devenu général de France, après avoir avec ses troupes, perdu une bataille contre les anglais, est condamner à être décapité. Or, son bourreau sera sa victime, Marie-Josèphe…

Cet épisode marque un tournant dans la série. La soeur du héros devient pratiquement l'égalel de son frère. On sent une prise de position résolument féministe dans cet opus. Une femme qui revendique le droit de s'habiller comme un homme et de pratiquer un métier masculin. L'histoire de France n'est pas non plus laissée pour compte. Marie-Antoinette, dressée à devenir la première dame de France et mariée pour raison d'état à 14 ans un parfait inconnu, le futur dauphin et roi de France. Charles-Henri, quant à lui, ayant dans le tome précédent, goûté aux plaisir de la chair, s'affirme en tant qu'homme de la famille et commence à reproduire le modèle que fut son père. le caractère et la psychologie des personnages gagnent en intensité. La série est relancée et redevient vraiment passionnante, toujours agrémentée par un graphisme extraordinaire.

Après l'exécution de Damiens et l'aide de sa soeur Marie-Joseph, Charles-Henri s'impose comme le successeur de son père. Une fois rentrer chez eux, leur grand-mère aux mains de fer essaie de corriger Marie-Joseph pour être intervenue pendant l'exécution et être monter sur l'échafaud ce qu'aucune femme n'est autorisée à faire. Mais le frère et la soeur se rebelle et mate l'autorité de leur aïeule.

Un tome plus accès sur le personnage de Marie-Joseph, de son accession a son rôle d'exécuteur et à sa vengeance.

Tome 2 à 9 :
Après un premier tome qui m'a vraiment emballé, il a fallu patienter pour avoir la suite car je souhaitai tout lire d'une seule traite.
Et je ne sais pas trop quoi en penser finalement.

Dans un premier temps, les dessins sont somptueux, ca fourmille de détails, de mise en scène avec de très bonnes idées de construction et surtout de découpage des cases.
Mais le scénario est complètement inégal et surtout le développement des personnages qui alterne entre bonnes idées et ridicule par moment.

Il y a une fracture entre les époques également, je pense notamment à Marie-Josèphe qui semble avoir 5 ans quand elle en a 8 et 10 ans quand elle en a 11-12.
Cela semble anodin, mais le tout fait perdre beaucoup en crédibilité pour certaines scènes et personnellement je décroche par moment à cause de ce côté grotesque de l'histoire.

Pour autant, le fond historique est très intéressant et Sakamoto s'est très bien adapté pour faire ressortir l'Histoire de France. Il y a un très bon travail sur l'atmosphère et l'ambiance de l'époque.

Je suis mi-figue mi-raisin pour ce titre. J'ai même l'envie de lire la seconde série consacrée à la famille Sanson avec Innocent Rouge, mais il est difficile de faire abstraction de certaines absurdités.

Le cinquième tome commence par un résumé de l'histoire et la guerre qui oppose la France à l'Angleterre et la Prusse. le mangaka est fidèle à lui-même et montre des scènes de batailles violentes. Ensuite nous retrouvons Marie-Joseph qui a bien grandi et est à l'image du manga : belle mais effrayante.

Nous retournons 2 ans auparavant, lorsque Charles-Henri le frère de Marie-Joseph plaide la cause de sa soeur pour qu'elle devienne un bourreau. Pour lui, elle est faite pour cela. Malheureusement, cette place, Marie-Joseph ne l'a pas eu sans contre-partie et a du donner son corps en échange.

J'ai beaucoup aimé le fait que Marie-Joseph soit représentée en poupée livrée à un homme, ce qui accentue son sacrifice. Mais la jeune femme à l'occasion de se venger quelques années plus tard en exécutant elle-même l'homme qui l'a forcée à partager son lit.

Marie-Joseph s'en donne à coeur joie dans un défoulement de violence qui échappe totalement au contrôle de son frère qui veut tout faire pour l'arrêter. Leur père qui ne supporte pas cette torture barbare monte sur l'estrade pour abréger les souffrances du condamné.

Le mangaka montre le destin de deux femmes : Marie-Joseph et Marie Antoinette qui seront réunies au Château de Versailles. Alors qu'elle est engagée dans un combat Marie rencontre Marie-Jeanne Bécu qui sera plus tard la célèbre Madame du Barry, maîtresse du roi Louis XIV.

Le manga se finit avec la découverte de la sexualité par Charles-Henri, qui au début vit cela comme un viol puis y prend plaisir et change de visage et devient plus masculin.

J'ai beaucoup aimé ce tome car il met en lumière une femme : Marie-Joseph qui va devoir faire beaucoup de sacrifices pour faire ce qu'elle désire mais montre qu'une femme peut faire autre chose que d'être obéissante et belle. Nous découvrons de nombreux personnages de l'Histoire et c'est un réel plaisir de lier la fiction à la réalité.
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