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Émile Copfermann (Préfacier, etc.)
EAN : 9782012789135
190 pages
Hachette Littératures (20/05/1998)
4.06/5   41 notes
Résumé :
Rescapé du camp de Buchenwald, David Rousset présente les camps de la mort comme le produit d'une industrie, reposant sur une logique absurde, qui ne prendra fin qu'avec l'arrivée des Alliés. Écrit pendant sa convalescence, il s'agit d'un ouvrage de référence sur cette sombre période de l'histoire.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il existe une multitude d'ouvrages sur les camps de concentration de la Seconde Guerre Mondiale mais celui-ci a la particularité d'avoir été écrit dès 1946. Ce n'est donc pas un livre de souvenirs sur lesquels le temps pourrait avoir fait son oeuvre mais bien un témoignage " à chaud " sans concession.


David Rousset nous raconte son vécu de la déportation de manière très directe, sans épargner personne, pas même le lecteur, mais sans en rajouter dans l'horreur, ni éprouver le besoin de romancer, ce qui donne encore plus de force à son récit.

En plus d'être une description ainsi qu'une dénonciation de cet univers des camps nazis, il cherche à expliquer comment et pourquoi tout ceci a pu exister.

Comment un peuple dit civilisé, a t-il pu imaginer la solution finale ? Comment a t-il pu asservir d'autres hommes au point de leur avoir fait perdre parfois toute humanité ? de les avoir réduits en esclavage ?
Comment et pourquoi une administration a t-elle pu concevoir un tel système ?
Pourquoi toute une industrie s'est elle alliée à ce système ?

Ce livre remarquable, propose donc plus qu'un "simple témoignage" , il est aussi une analyse qui tente d'apporter des explications à l'incompréhensible.



Davis Rousset est aussi l'auteur du livre " Les jours de notre mort " paru en 1947 dans lequel il a recueilli des témoignages sur les camps nazis.
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Qu'apporte l'univers concentrationnaire de David Rousset de plus sur les camps de concentration que nous ignorons? Ou que tous les autres récits sur le même thème ne nous apprennent déjà? Rien.

Probablement la raison pour laquelle l'ouvrage est aujourd'hui méconnu malgré ce prix Renaudot obtenu en 1946, qui récompensait alors un récit précurseur car un des premiers paru après-guerre, écrit à chaud, et qui relate la triste réalité des camps.

Il n'a qu'une seule tare mais de taille: avoir été effacé et relégué au second plan par la parution du prestigieux témoignage de Primo Levi l'année suivante.
Et il a malheureusement la malchance d'être aujourd'hui noyé dans la masse de ces multiples romans, essais, récits sur le nazisme parus depuis les 70 dernières années.

Pourtant il me paraît indispensable de ne pas l'enterrer définitivement, de le remettre sur le devant de la scène. Ne serait-ce que par souci de mémoire et de respect pour son auteur.
Rousset a connu les camps de l'intérieur, témoin impuissant de la détermination nazie à exterminer et déshumaniser, et retranscrit ici la redoutable industrie et machine de destruction que sont les camps.

Sans colère. Sans haine. Sans animosité ni ressentiment.
Simplement un regard résigné, certes parfois ironique devant l'absurdité de cette magistrale organisation mécanique, comparée tout au long du récit à l'univers d'Ubu et de Kafka, mais étonnament toujours sans malveillance.

Ecrit quelques mois après sa libération, ce récit semble un exutoire à ce trop-plein de silence emmagasiné pendant deux ans. Et un besoin de transmission aux générations futures afin que le pire ne se reproduise pas. Un devoir de mémoire.

Ok ce n'est pas de la grande littérature, le style est parfois lourd, difficile à suivre ponctuellement, mais qu'importe.
Comme devant tout témoignage des horreurs de la guerre, le respect et l'humilité s'imposent.
Toujours une belle leçon d'humanité et de courage que ces rescapés.
Une nécessaire pierre à cet édifice de la tolérance si instable en ces temps-ci.
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_ L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer.
_René Char.

Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible.
Même si les témoignages forcent leur intelligence à admettre, leurs muscles ne croient pas. Les concentrationnaires savent. le combattant qui a été des mois durant dans la zone de feu a fait connaissance de la mort. La mort habitait parmi les concentrationnaires toutes les heures de leur existence. Elle leur a montré tous ses visages. Ils ont touché tous ses dépouillements. Ils ont vécu l'inquiétude comme une obsession partout présente. Ils ont su l'humiliation des coups, la faiblesse du corps sous le fouet. Ils ont jugé les ravages de la faim. Ils ont cheminé des années durant dans le fantastique décor de toutes les dignités ruinées.
Ils sont séparés des autres par une expérience impossible à transmettre.
_David Rousset.

Puisque impossible à transmettre, David Rousset, lui qui a été déporté et connu plusieurs camps, va de l'intérieur analyser cette machine concentrationnaire pour nous en témoigner toute l'horreur, tenter de comprendre... l'incompréhensible, son fonctionnement, son pourquoi.
Décrypter cette organisation diaboliquement pensé, ses fonctionnements multiples selon les différents types de camps ; la rentabilité que l'extermination génère, la hiérarchie intérieure, les postes convoités et donc les avantages qu'ils procurent aux prisonniers (une clef essentielle au bon fonctionnement d'un camp). Puis la peur, la terreur instaurée à tous (prisonniers, peuple Allemand, ennemis politiques du Reich, pays voisins...)

_" Les camps n'étaient pas un secret bien gardé, ils étaient connus de tous, et chacun pouvait, devait craindre d'y être envoyé a tout moment. Ils étaient l'endroit idéal où expédier des millions d'hommes et de femmes, pour terroriser les restants".

L'ombre de la mort omniprésente, comme une promesse ; les matraques qui tombent régulièrement sur les corps mous, les bottes qui cognent, les chiens qui grognent, les jeux sadiques, les tortures à vous rendre fou, à vous retourner le cerveau, à faire de chaque victime un potentiel bourreau.
Sans oublier cette odeur infecte, celle de la sueur, de la mort, de la merde. le froid bien sûr, pluie, neige, vêtements mouillés ; et cette faim qui creuse les corps, les âmes, poussant certains par instinct de survie, à des pratiques extrêmes.
Les camps sont eux aussi passés au crible...de travail, de représailles, d'extermination ou même dit de"sport"... puis toute cette bureaucratie, complexe, ordonnée, pierre fondamentale à la bonne marche du plan nazi.

Un essai/docu Capital, un témoignage au combien précieux, enfin un avertissement, un rappel nécessaire à prendre en ces jours pour le moins "troubles", avec la plus grande attention...

_C'est toujours un grand mystère, un secret pesant
Tout ce que l'homme peut faire, tout l'acharnement
Pour éliminer ses frères, radical et sanguinaire
Il a besoin de tout son talent.
_B. Lavilliers.

(comme pour la poésie, j'ai décidé de ne pas le noter).
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David Rousset est arrêté le 12 octobre 1943 par la Gestapo, torturé puis déporté dans plusieurs camps de concentration tels que : Buchenwald, Neuengamme, etc., pour finir par être libéré par les troupes américaines en avril 1945.

Par ce poignant témoignage publié dès 1946, David Rousset décrit l'effroyable organisation du système concentrationnaire nazi, à travers une foultitude d'immondes méthodes de répressions et d'exterminations d'êtres humains INNOCENTS :
– Déshumanisation des prisonniers ;
– Humiliations ;
– Tortures à mort ;
– Fusillades ;
– Pendaisons ;
– Gazages ;
– Morts de faim, de froid, d'épuisement, de maladies ;
– Etc..

Un livre pour la MEMOIRE et l'espoir, malheureusement improbable, que ces monstruosités servent un jour de leçons à l'Humanité tout entière.
Car en effet, pour l'instant, il s'agit d'un voeu pieux, puisqu'il y a eu des FOUS (tyrans sanguinaires) CONSCIENTS (fanatiques idéologisés et déterminés) avant, pendant et après le régime totalitaire Nazi… et toujours en ce 3ème millénaire…

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
Alexandre Soljénitsyne (L'archipel du Goulag) ;
Alexandre Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) ;
Jacques Rossi (Qu'elle était belle cette utopie !) ;
Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
Iouri Tchirkov (C'était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
Gustaw Herling (Un monde à part) ;
Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
Claire Ly (Revenue de l'enfer) ;
Primo Levi (Si c'est un homme) ;
Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz) ;
Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d'une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L'île de l'enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
François Bizot (Le Portail) ;
Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d'être né là-bas : Corée du Nord : l'enfer et l'exil) ;
Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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"L'existence des camps est un avertissement."

Dirigeant du POI (Parti ouvrier internationaliste) clandestin, David Rousset est arrêté en octobre 1943 puis déporté successivement à Buchenwald, Porta Westphalica, Neuengamme et enfin Helmstedt. Son calvaire prendra fin, après une "marche de la mort" à Webbelin en mai 1945.

Son témoignage, parce qu'il est l'un des tout premiers (L'Univers concentrationnaire parait au printemps 46) et que Rousset n'y fait pas acte de littérature, nous est donné brut et brutal. Dans de courts chapitres oppressants, il délivre d'abord, par flashes, les éléments disparates d'une mémoire profanée avant d'apaiser le flot des souvenirs et essayer de décrire le complexe système concentrationnaire. En appelant aux mânes prémonitoires de Jarry (Ubu-Dieu) et Kafka, Rousset démonte la mécanique viciée à l'oeuvre dans l'administration des camps, "sombres et hautes cités solitaires de l'expiation" où "le travail est entendu moyen de châtiment". En dressant les prisonniers (les verts contre les rouges) et les peuples entre eux, cette bureaucratie de la haine et de la peur nie toute humanité et précipite raison, espoir et foi dans une géhenne glacée.

C'est bien évidemment terrifiant et, David Rousset, même s'il ose un épilogue optimiste, apparaît souvent prophétique et parle à notre époque. Il est des partis, des mouvements d'opinion, des groupuscules qui élèvent, actuellement ou récemment, "au niveau des mythes toutes les bassesses libérées par les tremblements de terre " de notre monde, profitant de "l'effrayante nullité intellectuelle que (cette) mystification impose".

"Ce serait une duperie, et criminelle, que de prétendre qu'il (nous) est impossible de faire une expérience analogue pour des raisons d'opposition de nature. (...) Sous une figuration nouvelle, des effets analogues peuvent demain encore apparaître". Demain c'est aujourd'hui.

Vigilance !
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"Silhouettes noires et menues à la lisière du plateau, courbées sous les rafales de neige qui les ensevelissent et les découvrent tour à tour, des portent, traînent, poussent des caisses, des tonneaux, des brouettes de merde. La merde est pompée dans de grands bassins et répandue sur les jardins des S.S., à quatre cent mètres de là. Le chemin est un étroit sentier raboteux et gelé, là où les pieds dérapent. Les muscles sont tendus de fatigue. Les visages et les mains brûlent de froid. Les Vorarbeiter aboient et cognent. Sans répit, déportées par les bourrasques, les colonnes se croisent douze heures de rang." (pp. 18-19)
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La haine insensée qui préside et commande toutes ces entreprises est faite du spectre de toutes les rancœurs, de toutes les ambitions mesquines déçues, de toutes les envies, de tous les désespoirs engendrés par l'extraordinaire décomposition des classes moyennes Allemandes dans cet entre deux guerres. Prétendre y découvrir les atavismes d'une race, c'est précisément faire écho à la mentalité SS.
Chaque catastrophe économique, chaque effondrement financier, et des pans entiers de la société allemande s'écroulent. Des dizaines de milliers d'êtres sont arrachés aux formes d'existence traditionnelles qui sont physiquement les leurs et condamnés à une mort sociale qui est avilissement et torture pour eux.
Le cadavre des croyances, la hantise des conforts défunts, les horizons intellectuels les plus stables basculés, il ne reste qu'une extraordinaire nudité faite de rage impuissante, de hargne criminelle affamée de vengeance et de revanches.
Le national-socialisme a élevé au niveau des mythes toutes les bassesses libérées par le tremblement de terre de la société allemande. Sa propagande a génialement asphyxié les cerveaux et mobilisé les haines exaspérées. La nécessité de mystifier les masses pour servir les maîtres a conduit la propagande à créer d'étonnants personnages incarnant tous les désespoirs, se nourrissant de tous les crimes : le communiste, le Juif, le démocrate.
C'est une fabuleuse mise en scène d'images d'Épinal qui monte le décor de la mentalité SS. Dans l'effrayante nullité intellectuelle que la mystification impose, les appétits se sont jetés comme des orages sans regards sur ces mannequins dressés dans les ruines et qui avaient au moins l'avantage d'être à la portée de la main.
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La vie mentale de la plupart des détenus était entièrement absorbé par la hantise des nourritures.

C'est précisément cette asphyxie mentale, multipliée encore par les violences des criminels, qui était le mal le plus dangereux des camps.
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Les bourreaux des camps de concentration appartiennent-ils encore à l'espèce humaine ?

Les esclaves déportés sont-ils demeurés des êtres humains ?
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Le peuple des camps, c'est un monde à la Céline avec des hantises kafkéennes.
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David Rousset
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