Lucas n'est pas à la fête. Sa mère a décidé qu'il passerait une semaine des vacances de printemps avec son père, dans un vieux chalet familial coupé du monde. Pas d'électricité, pas de réseau, et pour seule compagnie cet homme de quarante-six ans auquel Lucas ne parle plus vraiment. Ils ne sont pas fâchés, mais le père est un taiseux, un grand pudique, et le gamin ('petit con' comme il se doit à seize ans et même au-delà) méprise vaguement ce type qui n'a jamais su faire mieux que bosser en usine.
On imagine les phases par lesquelles va passer Lucas là-haut, sur la montagne : mauvaise humeur, ennui, décision de rentrer, résignation...
Mais père et fils se ré-apprivoisent, réalisent que le temps a passé vite, trop vite, et qu'ils ont laissé s'effilocher des liens. Il n'est jamais trop tard pour en tisser d'autres : à la veille de sa vie d'adulte, Lucas a encore des choses à apprendre de son père. Bricoler, faire un feu, éplucher artistiquement une orange, respecter les choix de vie des autres... Et ça, notamment :
« Il faut apprendre à vivre avec une femme, et puis après il faut apprendre à vivre à trois, et encore après, on se rend compte que c'est avec soi qu'il faut vivre, avant tout. »
Belle histoire, simple et douce. Pas trop mon genre habituellement (l'évocation de Thoreau dans le récit est intéressante, à ce titre, pour les lecteurs hermétiques au nature writing), mais le récit est suffisamment bref pour toucher sans ennuyer.
Dans ce registre, j'avais été plus émue par 'L'Echelle de Glasgow' (Marcus Malte).
Cadeau à tou(te)s les petit(e)s con(ne)s 😉, cette réflexion de Lucas :
« Y avait rien qui m'obligeait à faire pareil [que mon père], à être pareil, y avait rien non plus qui me disait de faire le contraire. »
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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=CfCxItPlidc
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Huis clos d'une semaine entre un père et un fils de seize ans dans le chalet familial à la montagne, conté à double voix, même si c'est surtout celle du fils qui dit l'essentiel.
Cela m'a surtout paru trop court et trop dépouillé, même si cette économie de mots est sans doute volontaire pour installer le lecteur dans un dialogue presque impossible entre père et fils.
Quand même, on est dans la montagne, et presque rien sur la nature qui entoure les deux isolés loin du monde que finalement chacun d'eux rejette bien que le père ait dû faire avec et mener une existence que le fils ne peut comprendre et qu'il voudrait surtout éviter, et surtout pas de sudoku si jamais il devient vieux.
Donc, un peu de frustration d'une lecture que personnellement j'aurais souhaitée plus étoffée. Ce texte m'a un peu fait penser à Sukkwan Island sans, heureusement, le meurtre du fils par le père.
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♬ Là-haut sur la montagne, était un vieux chalet... ♬
Là-haut sur la montagne, un père et son fils ont l'occasion de se retrouver en tête-à-tête, eux qui ne se parlent plus depuis longtemps, eux qui ne savent plus.
Le sujet est attirant : l'absence de communication et l'isolement comme élément déclencheur à un nouveau départ.
Coincés à deux, au milieu de la nature, deux personnes éloignées vont se rapprocher, apprendre à se connaître... et à s'aimer.
C'est séduisant, oui, mais ce n'est pas original du tout. Ce thème a déjà été traité sous des formes diverses et variées en littérature ou au cinéma.
Alors, pour que ce soit intéressant, il faut un petit quelque chose en plus.
Voilà ce qui m'a manqué au cours de cette brève lecture.
Je n'ai pas trouvé dans ce livre le petit peu d'originalité, le brin de fantaisie, la touche de poésie, le soupçon d'humour... bref, le petit "truc" différent qui m'aurait émue.
Cette histoire m'a donc laissée de marbre.
L'écriture aurait pu rattraper le contenu, mais je ne l'ai pas appréciée.
Je l'ai trouvée inutilement lourde et pas agréable à lire. Par exemple, lorsque Lucas trouve dans le grenier de vieilles choses que sa mère aime conserver et entasser, et qu'il se plaint : "Jeter, ça n'enlève rien à ce qui a été vécu. On a de la place pour ça, non, dans le coeur ? Pourquoi on garderait des traces ? C'est plein de poussière. Ça a été vécu, c'était hier. C'est en nous, maintenant. Pas forcé de construire un musée."
J'ai accroché au début de l'histoire, mais me suis vite lassée.
Je suis manifestement passée à côté de cette lecture, ou bien ce roman n'était pas fait pour moi.
D'autres l'apprécieront, les critiques élogieuses sur Babelio en témoignent.
Je remercie Babelio et son opération masse critique, ainsi que les éditions du rouergue pour leur envoi, et je regrette de ne pouvoir en toute honnêteté écrire quelques lignes plus positives.
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Lucas, âgé de seize ans, accompagne son père pour une semaine dans un petit chalet familial, sans eau courante - hormis celle qui s'écoule de la montagne dans un bassin sur le terrain - ni électricité, ni réseau. Sa seule compagnie sera donc celle de ce père peu expansif, qui depuis longtemps laisse son épouse gérer l'éducation du fiston.
Dans ce contexte, il va être difficile pour chacun d'éviter l'autre...
Ces retrouvailles entre un père et son fils permettent au premier de prendre conscience de ce qu'il a pu rater, tandis qu'elles prennent un caractère initiatique pour le second.
En guise de morale, l'histoire montre que leurs rejetons n'ont pas nécessairement vocation à mener la vie dont les adultes rêvent pour eux, ou celle dont eux-mêmes ont pu rêver mais qu'ils n'ont pas réussi à mener...
Parents et adolescents devraient apprécier.
Merci à Babelio et au Rouergue.
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Ça n'a pas toujours été comme ça, froid entre lui [mon père] et moi. Quand j'étais petit, je sais que c'est lui qui m'a appris à faire du vélo et on jouait au foot dans la rue, devant la maison. Parfois il m'emmenait au cinéma et on achetait du pop-corn. Et puis je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ignore de quand ça date, je ne me souviens pas d'un moment précis qui aurait basculé. Un jour je me suis rendu compte qu'on ne faisait presque plus rien ensemble, et qu'on se parlait de moins en moins. Mais comme on est trois, et que je parle beaucoup avec ma mère, les repas, la vie à la maison, tout ça ne m'a jamais semblé compliqué. Là c'est différent. On est lui et moi. On n'est pas fâchés, j'ai plutôt le sentiment qu'on est gênés. A un moment donné, j'ai dû grandir. Peut-être que c'est juste à cause de ça.
Et puis parfois je me dis qu’il te suffirait d’une main posée sur moi, comme ce que tu as fait, là, avec mes cheveux. Même pas tellement des mots, amis sentir que tu es là. Comme une sécurité. Comme quand tu me rattrapais si je sautais du petit mur. Tes bras à l’arrivée. Je voudrais pouvoir me dire que tu es là. Que tu seras toujours là. Que tu es là, c’est tout.
Dans cette famille, on ne s'engueule pas. On ne sait pas faire. Le conflit nous donne des boutons. Tout le monde garde ses répliques pour soi. Hop, dans le ventre. Combien de fois j'ai refermé la porte de ma chambre avec des mots qui en tremblaient de ne pas pouvoir être hurlés.
Les choses qu'on ne dit pas, ça fait un bruit d'orage. Celles qu'on vit, comme celles qu'on vivait là, juste maintenant, ça faisait un bruit de feu qui brûle, ça éclairait la nuit, nos deux ombres, à lui et à moi.
Un jour on jouait aux petites voitures, le lendemain il avait seize ans. Je me demandais où étaient passées toutes ces années.
La rentrée littéraire d'hiver vue par @Jacques Lindecker
493 romans ont été publiés en janvier/février. Des premiers romans aux têtes d'affiche, suivez le guide pour vous y retrouver. En avant-première la liste des livres présentés :
« Les indésirables », Kiku Hughes, éditions Rue de Sèvres
« le smartphone et le balayeur », Emmanuel Guibert, éditions Les Arènes BD
Littérature française
« Serge », Yasmina Reza, éd. Flammarion
« On était des poissons », Nathalie Kuperman, éditions Flammarion
« Les jours voyous », Philippe Mezescaze, éd. du Mercure de France
« le dernier enfant », Philippe Besson, éd. Julliard
« L'odeur d'un père », Catherine Weinzaepflen, éd. des femmes
« Aller aux fraises », Eric Plamondon, éd. Quidam
« La brûlure », Christophe Bataille, éd. Grasset
« Avant le jour », Madeline Roth, éd. de la fosse aux ours
« Les orages », Sylvain Prudhomme, éd. L'arbalète Gallimard
« le démon de la colline aux loups », Dimitri Rouchon-Borie, éd. du Tripode
« Danse avec la foudre », Jérémy Bracone, éd. de L'Iconoclaste
« Des diables et des saints », Jean-Baptiste Andrea, éd. de L'Iconoclaste
« Presqu'îles », Yann Lespoux, éd. Agullo
« Certains coeurs lâchent pour trois fois rien », Gilles Paris, éd. Flammarion
« Un dimanche à Ville-d'Avray » Dominique Barvéris, éd. folio (en poche)
Littérature étrangère
(« Ce genre de petites choses », Claire Keegan, éd. Sabine Wespieser)
« Jane, un meurtre », Maggie Nelson, éd. du Sous-sol (parution le 4 mars)
« Dans la ville provisoire », Bruno Pellegrino, éd. Zoé
« Tu auras dû t'en aller », Daniel Kehlmann, éd. Actes sud
« C'était le jour des morts », Natalia Sylvester, éd. de L'Aube
« Jolies filles », Robert Bryndza, éd. Belfond Noir
Sur les mers
« Mauvaise étoile », Christophe Migeon, éd. Paulsen
« Tout l'or des braves », Clifford Jackman », éd. Paulsen
Diffusion lundi 22 février 18h30 (durée 40 mn)
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#colmarandyou
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