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3,82

sur 395 notes
Cette nouvelle est une claque magistrale, bouleversante.
Est-ce sous la plume cinglante et rêche d'Annie Proulx , ou parce que le cadre grandiose et hostile des montagnes du Wyoming donne une emphase tragique à l'histoire ? Toujours est-il que je n'avais encore jamais ressenti dans un livre avec une telle force la souffrance d'un amour contrarié.
Brodeback Mountain, c'est l'histoire d'une passion brute et désespérée, belle à pleurer, entre deux jeunes gars du grand Ouest, qui s'enflamment comme des torches l'un pour l'autre à l'aube de leurs vingt ans, se rentrant dans la peau l'un de l'autre sans rien y pouvoir, et ne se reverront qu'à peine au cours de leurs vies au pays des cow-boys, passées à brûler de douleur et du désir de l'un de l'autre.

Cette histoire pire que l'enfer m'a fait un mal de chien. Une nouvelle magnifique, plus forte que le film.
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Un jour dans un cadre professionnel , je lisais un recueil sur les cas chroniques , véritablement récurrents de dissuasions violentes , mortelles et très scénarisées contre des personnes sociologiquement variées pour le panel , tentant de vivre leur identité gays dans le Wyoming , ceci après avoir examiné les modes de vie clandestins de minorités plus ou moins clandestines, au travers des âges , mais également celle de communautés très contemporaines, ceci , dans le cadre d'une formation professionnelle. Je tombe ensuite sur ce bouquin après avoir vu le film et ce fut pour moi, une émouvante leçon sur l'identité et la mémoire.
C'est avant tout un récit de qualité ( qui se passe au début des années 70) avec de bons exemples variés et de toutes natures . Un récit assez bref mais définitivement émouvant et éloquent , sur les affects des personnages et sur leur univers aussi splendide que potentiellement tragique. le lecteur est sans cesse balloté et il va sans arrêt de la beauté des paysages à de celle des sentiments avec la beauté émouvante de certains souvenirs , à quelque chose de mortifère et de pathétique du passé ou du présent situé dans la vie de ces mêmes personnages .Une vie de naufrage nuancée et marquée par un souvenir de persécution redoutable et traumatique mais fondateur qui s'égrène et génère du réel au fil du temps qui passe , sur une base de souvenirs éblouissants et flamboyants ,aussi nourrissants que les haricots en sauce sur les feux des camp en forêt bivouac de bergers ou de campeurs nostalgiques.
Le malheur prend sa source dans le passé comme le présent et le passé alimentent le futur . C'est selon moi le sujet universel sous-jacent de ce court roman flamboyant d'affects scintillants au soleil du printemps et du dégel du ciel immense du Wyoming , un cycle saisonnier cyclique où s'enracine une mémoire où le temps est linéaire tourné vers le futur et où le passé est donc perdu ou révolu , du moins le croit-on , par erreur et illusion d'optique !
Ce texte est dans la thématique de la clandestinité et de la survivance de l'être , de même que sur la vie dans isolement absolu et sclérosant, du replis total et impérieux sur soi ,de même que sur la force de la mémoire et des souvenirs , qui sont aussi une nourriture créatrice inépuisable.
Ne rien laisser paraitre et la rigidité rigoureuse exigeante avec la rigueur ontologique qui l'anime , est un ressort principale qui bande l'être clandestin . Il y a une réplique dans le livre où dans le film je ne sais plus , un souvenir d'une phrase forte pour moi mais indéterminée , qui perdure entre le livre et le film , que je citerais ici comme je le fais régulièrement ailleurs : « quand t-y peut rien ,faut-y faire « , se dit un des deux personnages principaux devant les concrètes reliques / tangibles de sa mémoire encore ,vive , vivace et à vif . Malgré tout le temps qui passe , celui-ci n'apaise rien , mais il régule néanmoins et fait donc une oeuvre élaboratrice de mémoire incarnée dans le tangible .
Peut-on contrarier l'amour sans brimer et déformer profondément l'être qui l'anime ? Pour moi la réponse est non et elle se tient dans la nature qui nous environne , regardez les arbres tordus par le vent , dans l'observation de leurs formes variées se tient la réponse . En même temps c'est un processus naturel et nos expériences sont le souffle qui nous façonnent et qui génèrent aussi de l'identité individuelle et culturelle ainsi que des lois secrètes qui perdurent en héritage, au travers de la clandestinité codée , ritualisée souvent et de processus initiatiques variés et structurés enracinés dans une mémoire aussi inviolable que agissante . Ce court roman est au coeur de tous ces processus et de toutes ces problématiques des identités contrariées et minoritaires façonnées par le danger et les ruses. Il est également, aussi riche que émouvant , percutant et éloquent tout en dressant les codes qui autorisent la perpétuation de l'identité homosexuelle, dans l'ouest américain impitoyable et pour ceux qui existent sans être visibles. .
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Annie Proulx nous offre un texte très court. Elle va droit à l'essentiel, ses personnages sont peu bavards, l'histoire une succession d'ellipses qui renforcent les non-dits. Nous oblige à lire entre les lignes. le texte est brut, à l'image de ces deux hommes rustres qui se sont rencontrés durant un été à Brokeback Mountain, vont se revoir de loin en loin et ne jamais cesser de s'aimer. Rien de romantique ici. Mais les histoires d'amour le sont-elles toujours. Comment s'aimer lorsqu'on est deux hommes dans l'Amérique puritaine de l'Ouest, et que tout pousse à se conformer rapidement aux normes en usage si l'on ne veut pas finir assassiné à coups de démonte-pneu. Une grande histoire d'amour bouleversante.


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Les challenges me mènent pour la deuxième fois vers le western, alors que mes inclinations ne m'y poussent pas naturellement. J'avais choisi True Grit la première fois, western "classique" et reconnu même si assez moderne. C'est vers un autre livre adapté au cinéma que je me suis dirigé, pour un livre beaucoup moins classique dans le genre, la romance entre deux cow-boys.

Au delà de la provocation qui consiste à jouer d'un symbole ultime de virilité comme le cow-boy et en y instillant l'homosexualité, le choix de l'auteure est particulièrement judicieux. Comment mieux rendre la difficulté de vivre une identité que dans des Etats où assumer ses penchants, c'est risquer tout simplement sa vie ? Annie Proulx parvient parfaitement à rendre l'élan premier de l'attirance, rapide, fugace, qui se poursuit ensuite par des longues périodes d'éloignement car cet amour ne peut pas être vécu pleinement. Et pourtant, comme deux aimants aux pôles opposés, les deux héros ne peuvent lutter contre ce qui les soude, au point de prendre certains risques inconsidérés.

Cette romance contrariée est touchante dans ses maladresses, dans un effet "Romeo et Juliette" de l'amour impossible à vivre à cause du contexte sociétal. La forme raccourcie de la nouvelle est forcément un peu frustrante quand on en a vu l'adaptation en long métrage, mais l'auteure parvient à tirer partie de la brièveté du récit en ne s'embarrassant pas d'atermoiements de romantismes, ce qui permet de mieux rendre cette homosexualité virile qui refuse de se dire tel le premier dialogue d'après l'étreinte entre les deux costauds " - Suis pas pédé - Moi non plus. C'est parti comme un boulet. Regarde personne que nous."

On ne peut se détacher des incarnations d'Heath Ledger et Jake Gyllenhall mais cette lecture est au moins un rappel nostalgique agréable de ce film touchant et utile pour faire avancer les mentalités dans une Amérique refusant trop facilement de voir certaines réalités.
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Après avoir revu "le secret de Brokeback Mountain", j'ai eu envie de relire la nouvelle qui a inspiré Ang Lee.
Et j'ai été sidérée par le style sec et direct d'Annie Proulx, son extrême dénuement qui extrait de façon brutale l'essence pure de l'amour et du désir qui animent ces deux ranchers. J'ai beaucoup aimé l'absence de circonvolutions autour de cette passion ; inutile de perdre du temps en noyant cette histoire sous la chantilly et la guimauve.
Car on est dans un contexte aride, en plein Wyoming rural et conservateur, où il vaut mieux garder secret ce type de liaison -d'ailleurs, "ça regarde personne que nous" dit Jack, et il a bien raison. Ce que j'ai adoré, c'est la façon dont ces deux hommes acceptent ce qu'ils ressentent l'un envers l'autre : pas de tergiversations, ni d'états d'âme. Leur passion s'impose à eux, alors autant l'accueillir en eux. Reste la douleur des rencontres sporadiques et finalement frustrantes, entre obligations familiales et professionnelles, et les rêves de fuite avortés -car où aller quand on est un cow-boy fauché, un plouc qui n'a jamais quitté son coin perdu ?
Annie Proulx dresse le portrait incisif de deux rednecks auxquels l'existence n'a pas fait de cadeaux, hormis cette passion magnifique et démesurée qu'ils peinent à vivre au Pays de la Liberté. Et ça m'émeut fortement.
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Je ne connaissais pas cette autrice avant d'attaquer cette nouvelle et je ne suis pas fan des nouvelles non plus, celle-ci s'est retrouvée dans ma PAL suite à la lecture d'une entrevue avec Philippe Besson qui l'avait citée dans ses livres incontournables. Il s'agit d'une histoire d'amour impossible entre deux cow-boys dans le rude Wyoming des années 1960. Je suis impressionnée du talent avec lequel Annie Proulx réussit en aussi peu de pages (94!), avec une langue parfois très directe, âpre même, mais aussi pleine de finesse, d'allusions en ellipses, à dérouler un drame aussi puissant, qui nous laisse bouche bée et le coeur en miettes.
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Une lecture intéressante mais qui ne m'a pas enthousiasmée. le sujet est bien choisi, passionnant, mais je n'ai pas été emportée par les personnages, trop frustres à mon goût. Leur relation comme l'écriture est brute de décoffrage, elle manque d'émotions même si l'histoire en véhicule. Ce n'est pas qu'une question de mots, ils auraient pu être deux taiseux un peu plus chaleureux, les non-dits peuvent aussi véhiculer de la tendresse, mais dans ce roman cela relève de l'extrême rareté.
Je m'attendais aussi à être fascinée par le cadre, mais je n'ai guère senti le paysage des montagnes du Wyoming. Plus que l'hostilité ou l'âpreté du décor, j'ai senti celles de leur entourage et de leur milieu, celles des hommes au bout du compte. Et de ce point de vue ce récit est très réussi : l'Amérique rurale du début des années 60 est terriblement hostile à tout ce qui n'est pas dans la norme. Et il ne fait pas bon être un cow-boy homosexuel à cet endroit et à cette époque. J'aurais aimé éprouver plus d'empathie pour Ennis et Jack, mais à part dans de très brefs moments (dont, bien sûr, celui où Ennis retrouve leurs chemises ), je suis restée assez loin d'eux. Un bon livre sur l'intolérance, mais pas sûr qu'il soit de ceux qui fassent progresser la tolérance et la diversité.
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C'est le cinéma qui a fait connaitre cette nouvelle d'Annie Proulx et j'ai bien fait de ne pas avoir vu le film que j'imagine plutôt mélodramatique, pour mieux apprécier le texte.
"Brokeback Mountain" c'est d'abord un lieu où se focalise des souvenirs heureux pour deux hommes, Jack et Ennis.
Ils ont passé un été sur cette montagne du Wyoming à travailler ensemble pour protéger un troupeau de moutons mais ils ont vite été attirés physiquement l'un par l'autre. Quand on a vingt ans et que l'on est un cow-boy de l'ouest des États-Unis on n'est pas pédé comme ils disent surtout quand on vit dans un pays homophobe. Un amour interdit et pourtant intense et qui le restera au fil des années.
Ils vont donc se quitter et, chacun de leur côté, se marier avec une femme et avoir des enfants sans pour autant s'oublier. Ils s'arrangeront pour se voir occasionnellement et leurs retrouvailles resteront toujours inoubliables même si leur passion frustrée bouleverse leurs vies.
L'histoire est poignante bien qu'un peu courte car on a parfois du mal à cerner ces deux hommes passés à côté du bonheur.


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Lorsque j'avais vu le film, il y a un sacré bout de temps, j'avais trouvé que c'était une belle histoire d'amour entre deux hommes.

Deux hommes qui ne peuvent vivre ensemble, parce que dans les années 80, on tabasse les homosexuels à coup de démonte-pneu…

La discrétion est donc de mise lorsque deux hommes ressentent des penchants l'un pour l'autre et veulent les assouvir.

Pourtant, dans ce court roman, j'ai dû chercher les émotions, l'amour, tant ça ressemblait plus à du sexe entre deux mecs qui se disent l'un à l'autre qu'ils ne sont pas des pédés.

Effectivement, le terme est barbare, mais les gars, faut pas vous leurrer, vous êtes attiré l'un par l'autre et si au départ, il n'y avait que du cul entre vous (et de la bite), on dirait bien qu'ensuite, l'amour s'est déclaré, mais que vous ne vouliez pas vous l'avouer.

Rien à déclarer, messieurs ? Si, moi, Jack Twist, j'ai aimé Ennis del Mar, même si je me suis marié et que j'ai un enfant. Ne pas le voir aussi souvent que j'aurais voulu me détruisait à petit feu. Sans doute n'a-t-il jamais compris à quel point je l'aimais…

Quant à moi, Ennis del Mar, je ne veux pas le dire, mais Jack m'a manqué durant les 4 années où je ne l'ai pas revu et malgré mon mariage, mes deux gamines que j'aimais plus que tout, je n'ai pas hésité à les abandonner sans trop de remords, mais je n'ai jamais osé avouer à Jack mon amour pour lui. Il aurait dû lire entre les lignes, comme vous, chères lectrices.

Effectivement, il faut lire entre les lignes pour voir l'histoire d'amour derrière celle du sexe brutal. Il faut se mettre dans leur peau, dans leur tête, dans l'époque afin de ressentir la peur que pouvait éprouver les hommes qui étaient homosexuels.

Cela permet aussi de comprendre leur mensonge, leurs non-dits, leur virilité affichée, leur déni, leur cachoterie et leur mariage, dans le but de montrer à tout le monde qu'ils étaient "normaux" (attention, je ne dis pas que l'homosexualité est anormale, je parle de la vision que la majorité des gens avaient de l'homosexualité, à cette époque-là).

Maintenant, dans nos sociétés, dans nos pays, il est plus facile de vivre avec une personne du même sexe que vous, qu'ailleurs, à d'autres époques.

Il est donc facile, de nos jours, de les traiter de couards, de dire qu'Ennis a manqué de courage en ne voulant pas s'installer dans un ranch avec Jack, mais en fait, il avait tout simplement trop à perdre. Ne jugeons pas.

Les dialogues entre nos deux hommes sont comme eux, assez bruts, des courtes phrases, avec peu de mots, peu d'adverbes, bref, limités au strict minimum, ce qui donne parfois l'impression d'être avec des cow-boys bouseux de chez bouseux. C'est assez âpre.

De plus, dans le film, nos deux hommes sont sexy, dans la nouvelle, ils puent, ont les jambes arquées, les dents de travers, bref, ils sont plus réalistes, mais moins glamour.

Malgré tout, le film est plus émouvant que le roman et, pour une fois, j'ose dire que l'adaptation est mieux réussie que le support littéraire (ce qui est très rare).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Si j'ai voulu lire cette nouvelle, c'est parce que j'ai adoré le film. Cette belle histoire d'amour pleine de sensualité qui a surpris et uni les deux cow-boys m'a bouleversée.

Dans ce court récit sans fioritures, l'auteure a su transmettre toute la force et la profondeur d'une passion, d'un amour sans avenir dans un milieu hostile et sans pitié.
"La vieille Brokeback nous a accrochés pour de bon et c'est sûr que c'est pas fini".
Le livre m'a moins émue mais la prose d'Annie Proulx m'a forcément rappelé certaines scènes et les beaux paysages du film qui m'a beaucoup marquée.

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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