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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Face à Nietzsche, qui suis-je pour me prononcer, pour juger, pour comprendre seulement l'essence même de la philosophie qu'il défend ? Si rien n'est Bien et, tout en même temps, rien n'est Mal, comment dois-je me sentir au terme de cette lecture? Par-delà le Bien et le Mal, puis-je m'autoriser à être envieux de ce pouvoir qui appartient à la caste des êtres avides de puissances que Nietzche décrit comme moteur du monde ou dois-je plutôt accepter de me reconnaître oppressé par ces derniers, ces aristocratiques, et me ranger du côté des esclaves ?
‘Libre penseur', je peux aussi refuser de suivre Nietzche dans sa définition d'une philosophie qui refuse toute morale classant et structurant la vie en un affrontement permanent de ces forces du Bien qu'on appellerait vertus et celles du Mal qui ne seraient que défauts. Néanmoins, je découvre un Nietzche qui m'invite à poursuivre inlassablement ma quête de vérité en posant la question de l'origine de la réalité et celle des fondements du pouvoir, le tout sans a priori. Entrer dans le monde des esprits libres, c'est refuser la catégorisation dichotomique proposée par les morales teintées de religiosité ou d'enseignements civiques qui portent à croire que le Bien est du côté de la vertu, non du péché, que la force s'oppose à la faiblesse, que la solitude est le déni de l'altruisme ou que l'ignorance est de l'anti savoir. En toute chose, le philosophe, digne de ce nom, le nouveau philosophe veillera toujours à se poser la question de savoir qui définit les valeurs comme positives ou non, et pourquoi.
Fort de cette idée, il remet en cause le principe de démocratie qui semble vouloir mettre tout le monde sur un même pied et donc empêcher les puissants de se réaliser au bénéfice des plus faibles qui freinent le développement du Monde. Il égratigne aussi la notion même de vérité scientifique, rien n'étant définitif, tout étant lié à l'instant, il ne peut y avoir de vérité établie !
Si cette philosophie joyeuse du doute permanent est séduisante, Nietzche n'en est pas moins parfois imbuvable dans sa critique des autres philosophes dont aucun ne trouve grâce à ses yeux et qu'il traite de vieux Kant, de crétin de Schopenhauer ou encore de Spinoza menteur. Sa propension à dénigrer ce qui n'est pas lui, au plus profond de sa recherche, le porte aussi à se montrer très dur pour une série de peuple, dont le sien, dont il dresse un tableau critique à coups – le mot est faible – de caricatures réductrices et peu flatteuses. Mais la cible de prédilection de Nietzche m'apparaît, dans ce livre, être la femme à qui il ne reconnaît pas le droit de se revendiquer à l'égal de l'homme.
Quelques positions prises par l'auteur dans ce livre écrit en 1885 :
« La femme veut s'émanciper … c'est là un des progrès les plus déplorables de l'enlaidissement général de l'Europe. Car que peuvent produire ces gauches essais d'érudition féminine et de dépouillement de soi ! La femme a tant de motifs d'être pudique. Elle cache tant de choses pédantes, superficielles, scolastiques, tant de présomption mesquine, de petitesse immodeste et effrénée… Malheur à nous si jamais les qualités ‘éternellement ennuyeuses de la femme' – dont elle est si riche – osent se donner carrière ! »
« N'est-ce pas une preuve de suprême mauvais goût que cette furie de la femme à vouloir devenir scientifique ! Jusqu'à présent, Dieu merci, l'explication était l'affaire des hommes, un don masculin… »
« Mais elle (la femme) ne veut pas la vérité. Qu'importe la vérité à la femme ? Rien n'est dès l'origine plus étranger, plus antipathique, plus odieux à la femme que la vérité. Son grand art est le mensonge, sa plus haute préoccupation est l'apparence et la beauté. »
« Il (l'Homme) devra considérer la femme comme propriété, comme objet qu'on peut enfermer, comme quelque chose de prédestiné à la domesticité et qui y accomplit sa mission. »
« … la femme dégénère. C'est ce qui arrive aujourd'hui, ne nous y trompons pas ! »
« En comparant, dans leur ensemble, l'homme et la femme, on peut dire : la femme n'aurait pas le génie de la parure, si elle ne savait pas par instinct qu'elle joue le second rôle. »
Et je pourrais encore en citer maintes fois. Même si l'auteur, dès l'entame de son jugement de la femme, prend la précaution de demander la permission au lecteur et de fixer la limite de ses propos : « … on me permettra peut-être ici de formuler ici quelques vérités sur ‘la femme en soi' : en admettant que l'on sache au préalable jusqu'à quel point ce ne sont là que mes propres vérités. », ses propos restent, pour moi inacceptables et réducteurs tant pour la femme que pour l'homme capable de penser ainsi.

C'est certain, il écrit en 1885 et même si, à plus d'un point de vue, il se montre en avance sur son temps, sa perception de la femme me heurte, me révolte, me crispe et m'empêche probablement, de tirer toute la substantifique moelle de se enseignements.
Il me restera l'invitation à quitter le confort d'une classification Bien/Mal trop souvent issue du ‘politiquement correct' inculqué au nom d'une éducation partisane et à m'aventurer dans une recherche de vérité qui me convienne après moult réflexions, analyses, expérimentations et lecture de la vie… Tout un programme pour lequel je ne dispose sans doute pas de toutes les compétences nécessaires. Capter et m'approprier le Monde avec ma vision filtrante, prudente et réinitialisée à tout moment pour tenter de capter la vérité in situ … et en vivre !
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Dans ses "Textes sur les Représentations sociales", Nietzsche écrivait : "Pour élever la lecture à la hauteur d'un art, il faut posséder avant tout une faculté qu'on a précisément le mieux oubliée aujourd'hui et c'est pourquoi il s'écoulera encore du temps avant que mes écrits soient "lisibles" -, une faculté qui exigerait presque que l'on ait la nature d'une vache et non point, en tous les cas celle d'un "homme moderne" ; j'entends la faculté de ruminer ...". Je crains que ce soit un processus encore à utiliser si on veut tirer tout le sel de cet ouvrage !
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« Par-delà le bien et mal », est un ouvrage difficile d'accès en raison de ses multiples références philosophiques, historiques et religieuses.

Atypique, volontairement iconoclaste et à contre courant, la pensée de Nietzsche se développe, fier de sa force et de son indépendance farouche.

Sur le fond, rien n'a dire, il s'agit d'une philosophie d'un petit groupe de forts prenant l'ascendant sur les masses de faibles par un ensemble de qualité n'ayant rien de commun avec la morale et l'amour de son prochain, mais plutôt une farouche volonté animale de domination brutale qui se justifie avec les lois incontournables de la Nature.

Si les exemples dans l'histoire de ces personnages charismatiques (dictateurs ?) prenant l'ascendant par des moyens détournés, abondent, ceci ne relèvent pas d'une vision progressiste de l'humanité mais plutôt d'une vision brutale, individuelle et bestiale de l'existence.

Vous avez aussi du à une moindre échelle rencontrer ce type d'hommes dits « carriéristes » ou « ambitieux » prêts à tuer père et mère pour prendre un poste assurant un accroissement de leur pouvoir.

S'élevant souvent par une absence de scrupule patente, ils parviennent souvent à leurs fins alors que la majorité d'entre nous aurait très certainement renoncé ou se serait écarté en chemin par simple manque de cran.

Il se trouve que au risque de décevoir les adeptes de Nietzsche je trouve cette philosophie dangereuse et terriblement contre productive pour l'humanité.

J'aime croire en l'homme et penser qu'il vaut mieux qu'un être agressif, sournois et insensible.

Tout en respectant l'énergie insurpassable des forts, des promoteurs insatiables, une vie pacifiée, simple et équilibrée en accord avec quelques valeurs fortes, me parait plus rentable pour développer une harmonie intérieure et d'apaisement.

Nietzsche devait certainement avoir des raisons personnelles de développer cette vision agressive de l'existence.

Les relents d'antisémitisme et de nazisme qu'elle peut introduire, me semblent dangereux.

Un mot sur la forme enfin, avec beaucoup de redite et une pensée finalement assez chaotique, difficile à suivre, ce qui fait pâtir la lecture de ce recueil néanmoins instructive.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Nietzsche offre au sein de cette oeuvre une critique extrêmement acerbe d'une part de la société qui l'environne, sous plusieurs aspects: la morale, l'art, la religion, etc. et d'autre part des textes philosophiques classiques.
Vraiment très intéressant à lire, car cela donne à réfléchir (comme tout texte philosophique par définition). de plus, la plume de l'auteur est souvent soignée, agréable, voire poétique.
Ce qui est moins positif selon moi: certains propos sont extrêmement courts (parfois une seule phrase), par conséquent la thèse exprimée n'est pas expliquée, ce qui peut rendre le texte difficile à comprendre (même si certains propos longs sont aussi difficiles à comprendre). J'ai moins aimé également les pages à propos des femmes, au cours desquelles se fait jour toute la misogynie de l'auteur.
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"Par delà le bien et le mal" de Nietzsche, une plongée dans l'effervescent bouillon des idées du 19e siècle, car il s'aventure là où la morale conventionnelle hésite à mettre le pied. C'est un joyeux cocktail de pensées qui peut secouer et désorienter autant qu'il peut éclairer.

Contextuellement, imaginez l'Europe de la fin du 19e siècle, une époque de bouleversements sociaux et intellectuels. Nietzsche, un penseur iconoclaste, se lève dans ce tumulte, remettant en question les fondements mêmes de la morale, de la religion et de la vérité. L'ombre de la montée des idéologies, les questionnements sur la science, tout cela forme le fond sur lequel Nietzsche peint ses visions audacieuses. Bien que je n'adhère pas vraiment et ne comprends certainement pas toujours où il veut en venir. Je m'admet bien coupable d'être mauvais lecteur ici.

L'oeuvre elle-même, avec son style non conventionnel, évoque un voyage intellectuel. Imaginez-vous sur un radeau philosophique naviguant dans des eaux agitées. Les maximes cinglantes de Nietzsche sont comme des vagues provocatrices, parfois vous propulsant vers de nouvelles perspectives, parfois menaçant de vous submerger.

La structure chaotique du livre reflète probablement le tumulte de l'époque. Les sections courtes et percutantes semblent être des éclats de pensées qui fusent dans toutes les directions. C'est une exploration intellectuelle, mais parfois, on se demande si on a pris un virage trop brusque.

L'impact de Nietzsche réside dans sa capacité à défier le statu quo. Son rejet de la morale traditionnelle et sa recherche d'un surhomme font écho aux bouleversements de son temps. Les idées émergentes sur la volonté de puissance s'inscrivent dans la transformation sociale en cours.

En résumé, "Par delà le bien et le mal" est un produit de son temps, une fusée philosophique dans une époque de changements. Bien que je donne un 3/5 en raison des secousses intellectuelles parfois turbulentes, il reste une fenêtre fascinante sur une période où les certitudes vacillaient et où Nietzsche cherchait à donner un nouvel élan à la pensée humaine.
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Nietzsche, j'en ai entendu parlé lors de mes cours de philosophie au lycée. J'avais envie de découvrir cet auteur par l'un de ces textes et Par-delà le bien et le mal est donc le premier de ses ouvrages que je découvre.

Je l'ai découvert en livre audio et je pense finalement que ce format n'était pas très bien adapté dans mon cas. En effet, le rythme imposé du lecteur n'était pas forcément celui dont j'avais besoin : j'aurais aimé par moment revenir quelques passages en arrière, relire une phrase ou passer plus de temps sur un passage - chose que l'on peut aisément faire avec un livre papier mais pas tellement avec un livre audio -.
De plus la version audio ne présente que le texte du chapitre I au chapitre IV si bien que le texte fini très abruptement (je ne sais pas combien de chapitres composent le texte papier).

Concernant le contenu de cet essai, je suis un peu déçue. En effet, l'ensemble me donne l'impression de gros fouilli. Les thèmes abordés sont nombreux (point positif si on ne s'intéresse pas à un thème particulier) mais ceux-ci le sont trop à mon goût, ne permettant pas un développement clair et profond des idées (but principal selon moi d'un texte philosophique...).

Rien n'a de grâce aux yeux de Nietzsche et il critique un grand panel d'auteurs tout au long de cet ouvrage. Sa vision de la femme, très misogyne, m'a particulièrement dérangée, me laissant un goût amer à la fin de mon écoute.
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Alors là nous sommes sur du lourd, puisque l'oeuvre philosophique de Nietzche nous demande de méditer sur la morale, ses principes et ses entraves.

Un texte qui, à mon sens, est à replacer dans le contexte de l'époque (l'essai est paru en 1886). En effet, par exemple, on trouve des passages d'une grand misogynie, tout du moins lu avec le recul de notre temps...

Concernant la lecture... et bien il faut s'accrocher et se débattre avec le vocabulaire poussé et tortueux de l'auteur !

Celui-ci tente de pousser au maximum les mots pour que le lecteur saisisse le fond de sa pensée ; ce qui nécessite lecture et relecture... et réflexion sur certains passages.

Un livre qui se mérite, donc !
Lien : http://jeanmarc06.wixsite.co..
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