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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ayant lu bien longtemps "Ainsi, parlait Zarathoustra", j 'ai essayé de me frotter au "Le Gai savoir"du grand philosophe allemand, Nietzsche. Pour ce qui ont lu ce philosophe savent en quoi se résume son système philosophique. Faire table rase de toutes les doctrines et les religions du passé et fonder de nouvelles bases et de vivre le réel tel qu 'il se présente à nous et ne pas fonder des espoirs sur l'au-delà .Le Gai Savoir est un essai où l' on retrouve à la fois de la poésie et de la philosophie.
On note le nouveau souffle qu 'apporte cet essai à l'oeuvre du philosophe .
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Après le sobre et abrasif « Humain...trop humain » que Nietzsche dicte à Peter Gast au cours des sombres jours qui suivent sa rupture avec son idole Wagner et au cours desquels il est particulièrement atteint par le mal qui le rongera désormais, l'espérance d'une rémission a bien fini par se faire sentir et, de son esprit convalescent, l'« Aurore » fragile a surgie avec légèreté, esquissant d'une manière encore indéterminée de sublimes possibilités à développer.
Et nous voilà soudain devant « le gai savoir »! Nous pénétrons, attirés par les rythmes mystérieux et gracieusement dansants des poèmes d'introduction, dans un monde où l'eau plate du savoir nous est présentée sous la jolie forme d'un pétillant Champagne. Quel esprit saura en jouir sans y perdre sa sobriété? Voilà le défi qui nous y est lancé!

13 Pour les danseurs
Glace lisse
Un paradis
Pour qui sait danser

35 Glace
Oui, parfois je fais de la glace :
La glace est utile pour digérer!
Si vous aviez beaucoup à digérer,
Oh, comme vous aimeriez ma glace!

Le moment est venu de prendre du recul devant les folies qui nous entraînent d'une main de fer. La religion, la morale, l'art, la science ne valent pour nous que si nous le voulons bien. Aucune voie ne saurait en imposer à notre joyeuse envie de nous esclaffer. Rien n'est exempt de travers ridicules, d'absurdités, d'erreurs de calcul dans l'économie des fins et des moyens. Et pourtant, l'intention demeure toujours de viser la vérité la plus sérieuse et la plus dure. La santé, c'est l'état de liberté qui découle de cette prise de distance à la fois lucide et ironique par rapport à la vérité, car cette dernière n'est rien d'autre que la mort.
Alors apprenons à nous baigner librement de sublimes illusions. Non pas pour en faire notre état permanent et sombrer ainsi dans la médiocrité ambiante, mais pour s'éclater dans l'enthousiasme le plus pur, dans l'instant fugace d'un spasme d'existence inoubliable, avant de retourner toujours, de plus en plus profondément, à l'implacable vérité. Voilà ce qu'est Nietzsche pour moi, mes amis. Ecce Homo!
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C'est en passant dans une librairie champenoise cet été et voyant que le livre était inscrit au programme des étudiants du bac sciences de même que Les Contemplations d'Hugo, que je me suis dit, si un étudiant de dix-sept ans peut le lire, pourquoi pas moi ?

Et me voilà embarquée, avec ravissement, dans ce livre composé d'autant d'aphorismes ou de paragraphes plus ou moins longs, qui tous interpellent ou font réfléchir.

J'adore, j'adore lorsqu'un grand nom de la philosophie me fait croire intelligente juste parce qu'il a eu le bon goût de rendre intelligible et à la portée de tous des notions et idées que d'autres ont exprimées de manière nettement plus alambiquées.

Cela donne juste envie de lire ou relire le reste de son oeuvre. Et prônons la gaité, qui fait du bien et rend vivant !

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Certains livres sont de plain-pied avec le lecteur, qui s'y retrouve. C'est sans grand intérêt. D'autres condescendent au lecteur, le caressent dans le sens du poil, le font se sentir bien et meilleur qu'il n'est : ce sont des mensonges feel-good, souvent moralisateurs ; c'est déjà le romantisme hugolien, le socialisme déclamatoire de Zola, et Wagner qui cumule tous ces vices. D'autres livres enfin ne lui demandent rien : ils sont là comme des montagnes. En fera l'ascension qui voudra, ou pourra. Pour faire l'ascension du Gai Savoir, il faut laisser toute la vulgarité contemporaine, à commencer par ce qui s'attache désormais, dans notre langue que Nietzsche aimait tant, à l'adjectif "gai".

Cette gaieté ne résulte pas de l'absence de souci, de l'innocence juvénile, de l'enfance pleine de vie : elle n'est pas donnée naturellement puisque le temps et la vie nous en dépouillent sans pitié. Cette gaieté se gagne et se conquiert : c'est ça, la montagne nietzschéenne. Au début, le lecteur risque de se demander comment il pourra être jamais gai : une ascèse impitoyable est nécessaire, qui exige qu'il se défasse de toutes les illusions morales, de tous les grands "principes", et de toute l'expérience amère de la désillusion. Perdre ses illusions et aussi, perdre le chagrin de les avoir perdues ! A ce stade, le lecteur est arrivé au refuge de montagne nommé Cioran. Mais Nietzsche l'attend plus loin et plus haut : Dieu est mort, il ne te reste plus rien à quoi t'accrocher, c'est donc maintenant que tu as le devoir d'être gai, une fois débarrassé de tout ce qui t'encombrait. C'est une enfance retrouvée au-delà de la désillusion, une enfance supérieure à la première qui l'ignorait.

Une petite remarque, placée en fin de préface de ce livre de textes brefs et percutants, illustrera le propos. " ... on aura de la peine à nous retrouver sur les traces de ces jeunes Egyptiens qui ... veulent absolument dévoiler, découvrir, mettre en pleine lumière ce qui, pour de bonnes raisons, est tenu caché. Non, nous ne trouvons plus de plaisir à cette chose de mauvais goût, la volonté de vérité, de la 'vérité à tout prix' ... Peut-être la vérité est-elle une femme qui a des raisons de ne pas vouloir montrer ses raisons ! Peut-être son nom est-il Baubô, pour parler grec ! ... Ah ces Grecs, ils s'entendaient à vivre : pour cela il importe de rester bravement à la surface, au pli, de s'en tenir à l'épiderme, d'adorer l'apparence, de croire à la forme, aux sons, aux paroles, à tout l'Olympe des apparences ! Ces Grecs étaient superficiels - par profondeur !" Si l'on parvient à l'ultime désenchantement, qu'entraîne "la mort de Dieu", on ne porte pas le deuil, on n'est pas orphelin de son Père, on ne désespère nullement : on devient gai, de la gaieté grecque si bien décrite ici, la gaieté de ceux qui, ayant su et compris, savent vivre quand même ...

"Le Gai Savoir" traduit le titre original "La Gaya Scienza" : ce n'est pas de l'allemand, c'est du provençal du Moyen-Age, langue des troubadours, tant admirés de Dante, d'Eliot et d'Ezra Pound. Ce savoir appartient aux "casse-cous de l'esprit, qui [ont] gravi le sommet le plus élevé et le plus dangereux des idées actuelles" : une élite, une aristocratie, qui s'exprime par le "nous" souverain de ce philosophe qui fut le plus seul des hommes. Chacun peut tenter l'ascension s'il le veut, à condition de se séparer des autres et de supporter de s'en distinguer. Aucun aristocrate de l'esprit ne l'empêchera de grimper, et ce livre l'aidera peut-être à aller plus haut. Pour moi, j'ai bien peur d'être resté dans le Piémont, avec une carte des sentiers de montagne, mais sans le courage de les arpenter.
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Nietzsche a toujours été pour moi une image obscure, lointaine et aussi mystique et imprononçable que l écriture de son nom.
L image probable d un amateur qui a un lien avec la philosophie aussi bien attirant que repoussant. le résumé de l expression usitée mais tellement géniale de "Je t aime moi non plus".

Alors j ai repoussé, repoussé, le temps que l âge et les rides prennent le devant, me toquent sur l épaule et me disent : "bon, il est temps maintenant..."

Peut être aussi arnaché de mon arc (esprit) et de mes flèches (éléments d intelligence acquises le long d une existence humaine), ce qui m a rendu un moins nerveux et plus serein. Et puis surtout parce que je le voulais.

Je ne vous raconterai pas l histoire de ce livre, pour trois raisons :
1/ Je laisse aux amis lecteurs ceux beaucoup plus doués et qui s en sentent les épaules pour remplir ce paragraphe
2/ pour moi, cela ne se résume pas ; difficilement équivalent à un roman
3/ ce n est donc pas un roman, c est un océan d idées, de concepts, de réflexions et de thématiques, construit et élaboré en plusieurs tomes dont celui-ci en fait partie.

Et pourtant, avec tous ces handicaps que je traine dans mes vieilles chaussures, je suis heureux d avoir ouvert ce livre, de l avoir manipulé, malmené, écrit de toute part dedans (parfois gribouillé) - ce qui veut dire pour moi lui donner une vie plus extraordinaire que beaucoup de ses congénères qui, beaux, bien portants et fiers de leurs pages soigneusement repassées, se nourrissent de poussières et de solitude.

Et j ai aimé. J ai même adoré. En expliquer la raison reste pour moi un phénomène qui pourrait peut être friser le mystique ou un pathos délirant. J ai aimé pas parce qu à l issue de cette lecture j ai eu le sentiment de me sentir plus intelligent que je pourrais paraître, mais chaque paragraphe, chaque mot, chaque vision imagée de cet homme m ont interpellé et ouvert des écueils que je ne connaissais pas vraiment. Bon, bien sûr, sans fanfaronner, parfois après plusieurs relectures de quelques uns d entre eux. Preuve que je suis tenace dans ma démarche. d'ailleurs, je pense qu il faut l être un tout petit peu dans la philosophie.

Je pourrais citer des centaines d exemples, mais je n en citerai aucun. Après tout, peu vous en importe, la multiplicité des regards font que chacun à la curiosité de sa vision, chacun à ses beautés a entendre et à concevoir, chacun à sa croix à porter, lire et écrire.

Je suis celui qui a voulu magnifier ma vie de poésies, de mots enjolivés à dessiner et de peintures lumineuses à écrire. J ai trouvé avec ravissement un Nietzsche seul capable de "poétiser" une philosophie, de rendre accessible des idiomes et des thématiques par la joliesse des mots et des phrases sculptées avec culot et force pénétrante, le tout scalpelisé par une intelligence hors norme.

Je ne chercherai nullement à défendre ou encenser la profondeur des réflexions de Nietzsche. Chacun se l approprie comme il veut et comme il le juge. En tout cas, cet homme a cette faculté de rendre clair ce qui peut paraître obscur avec une écriture frôlant parfois l obscurité.

J écris cette critique le dos à l envers car il s agit surtout d un ressenti qui fait suite à une belle aventure qui ne demande maintenant qu à se poursuivre. J irai bientôt parler avec Zarathoustra. C est la beauté et la majestuosité du livre, de la lecture et de l union entre un auteur et son lecteur, qu il s agisse d un roman, d une poésie, d un essai ou d une philosophie.

Essayez.
Essayez ce qui peut paraître l inconnu ou la crainte. Vous serez seul(e) maître à bord pour continuer à voguer ou rentrer au port.
Nietzsche disait qu il faut vivre dangereusement pour apprécier la vie.
Derrière un livre, cela me va bien...


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Un Gai savoir ? le titre est déjà évocateur de la philosophie nietzschéenne. Contre une tradition, qui associe le savoir à un bien désintéressé, en corrélation avec la morale ascétique, Nietzsche lève l'étendard du gai savoir. La question se pose au lecteur : existe-il un « gai » savoir, et au juste qu'est ce qu'un « gai savoir » ?
La tradition de la pensée philosophique a pris trop au sérieux l'objet de connaissance, la vérité. Elle a relégué la connaissance dans une forme immuable, rigide, niant par là l'élasticité même de la vie. Nietzsche nous dit qu'il faut préférer la légèreté, à l'image de la vie qui ne sait pas se figer.
La connaissance désintéressée nie purement la vie d'où le fait « qu'il est impossible de vivre avec la vérité ».
le Gai savoir est un savoir au caractère vivant, non réductible à des propositions vraies. Il est gaieté d'esprit par opposition au nihilisme que Nietzsche voit dans la tradition platonicienne. Comme on le voit aisément dans la préface de ce gai savoir, le gai savoir est une « victoire sur l'hiver », une guérison, une justification de la vie. Nietzsche invite ainsi à entrer dans l'univers du Gai savoir. Un univers complexe, poétique, dionysien qui joue avec les formes.
Entrer dans le gai savoir ? Il n'y a pas de guide, pas de sud, pas de nord. Nietzsche laisse déployer par fragments, sa pensée. le lecteur est seul face à cette désorientation de la pensée, face à ce qu'il pensait, de la vérité avec tant de fermeté. C'est que la philosophie authentique pour Nietzsche est un questionnement radical. La pensée traditionnelle était jusque là superficielle, n'osant pas remettre en cause l'absolu délégué de la tradition dès Platon.
le Gai savoir postule qu'il n'y a que des interprétations produites par nos pulsions. La réalité n'est qu'apparence et ne peut être qu'interprétée. Son interprétation est perspectiviste : elle est restreinte par des valeurs qui conditionnent à un nombre limité de points de vue. Autrement dit, la vie est jeu d'apparence et d'interprétations, et par là, la vie est art. Car l'art modèle les formes, les transforment. La vie est au coeur même d'un jeu de métamorphose.
Lire le Gai savoir aujourd'hui ? A ceux qui trouvent le savoir ennuyeux, inutile, osez donc ouvrir ce livre célèbre de Nietzsche qui vous désillusionnera de l'inertie perçue dans la connaissance. Non la connaissance n'est pas inutile, non la connaissance n'est pas rigide, la connaissance permet au contraire un approfondissement de la joie, une justification de la vie.
A ceux qui veulent aller au-delà des « on dit » sur Nietzsche, bien des préjugés peuvent tomber comme celui d'un philosophe à coup de marteau, critiquant la tradition, voulant se distinguer. le prototype de l'aristocrate. Mais c'est que Nietzsche avait compris que l'audace est affirmation de soi. Car l'audace nietzschéenne est justement une affirmation de la vie. Une vie légère, riante, dansante, chantante, comme le printemps s'annonçant après « une victoire sur l'hiver. »
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On découvre ici plus précisément le Nietzsche poète, puis le philosophe qui se laisse aller à des fulgurances, ou des pensées plus précises, des analyses. Il est question des réalistes, du remord, de l'amour, de la conscience, de la physique et de la connaissance, pour ne citer que quelques-uns des centaines de sujets abordés. Une lecture agréable et appréciable pour qui veut avancer vers une vérité.
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Ma pensée en terminant le livre :
"À étudier de toute urgence"
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Bonne lecture... 🌻
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Quand est-ce que ce gars va se faire canceliser ?
Ses propos sur les femmes sont quand même très moyens.
Je suis comme Cioran : en vieillissant, je préfère l'empereur fatigué (Marc Aurèle) à ce prophète kitch.
Ici, il est en pleine santé et te le fait savoir.
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La gaya sensa ... la Provence, le soleil du midi, la méditerranée, l'azur, la chaleur du sud et Nietzsche de Rocken se sent chez lui ... il revient chez lui ... Savoir et gaïté, deux mots qui sont rarement associés ... le savoir est la maison des gens sérieux, le visage grave, la langue lourde et desséchée ... Nietzsche aspire à danser, à rire ... à vivre ... au grand air, pendant les bonnes heures de la journée ... pour cela, il sera incompris, solitaire, posthume ...
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Le Gai savoir comme pré-requis avant d'entamer le déclin de Zarathoustra pour finir par delà Bien et Mal.
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