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EAN : 9781250030320
448 pages
Macmillan (05/07/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
The Untold Story of Britain's First Female Special Agent of World War II

In June 1952, a woman was murdered by an obsessed colleague in a hotel in the South Kensington district of London. Her name was Christine Granville. That she died young was perhaps unsurprising; that she had survived the Second World War was remarkable.

The daughter of a feckless Polish aristocrat and his wealthy Jewish wife, Granville would become one of Britain's... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++ L'ESPIONNE QUI AIMAIT : LES SECRETS ET VIES DE CHRISTINE GRANVILLE +++

Avoir risqué tant de périls comme top espionne britannique chez les nazis et être tuée 7 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale bêtement à Londres par un admirateur éconduit, cela a été le sort extraordinaire d'une héroïne exceptionnelle ! Sa faute : être très belle et avoir un rire des plus séduisants (voire la photo de Christine Granville en 1942, 10 ans donc avant sa strangulation, que j'ai ajoutée au fichier de Babelio). Dans la presse britannique elle fût qualifiée de la "Polish beauty queen" (la reine de beauté polonaise). Selon les témoins et auteurs William Stanley Moss et Kurt D. Singer, Christine était l'espionne favorite de Sir Winston Churchill. Je n'ai pas pu résister à la tentation d'ajouter aussi une photo des deux.

Notre espionne naît le 1er mai 1908 comme Krystyna à Varsovie dans la famille noble des Skarbek. Sa mère, Stefania Goldfeder, est la fille d'un riche banquier juif. Lorsque son père, le comte Jerzy Skarbek, meurt de TBC, pour manifester son indépendance, elle commence à travailler chez FIAT. En 1930, elle épousa un homme d'affaires (Gustav Karol Getlich), mais c'est un mariage de courte durée. Huit ans après, elle se marie avec le diplomate et écrivain Jerzy Gizycki, de 20 ans son sénior, et le couple part pour Nairobi, Kenya, où son mari est nommé consul.

C'est pendant leur séjour en Afrique que Hitler lance le 1er septembre 1939 ses troupes à l'assaut de leur patrie et le couple part sur-le-champ pour Londres, où Krystyna se porte volontaire pour la lutte clandestine auprès du précurseur du "Special Operations Executive" (SOE - Direction des opérations spéciales ).

En février 1940, Krystyna Skarbek devenue Christine Granville (un nom qui sonnait chic et presque noble), traversait déjà les montagnes Tatras de la Hongrie et de la Slovaquie à Zakopane, le célèbre lieu de ski polonais, en sens contraire donc de ses compatriotes réfugiés et par un froid de canard (jusqu'à moins 30 degrés Celsius).
Tout au long de l'année, Christine a franchi illégalement la frontière polonaise 6 fois, celle de la Slovaquie 8 fois. Pour l'effort de guerre des alliés elle a fait de la contrebande d'informations, de devises et documents, de pièces radio, et même d'armes. Elle a joué également un rôle important dans l'exfiltration de soldats et surtout pilotes polonais, qui eux ont mené une guerre exemplaire lors de la Bataille d'Angleterre (juillet 1940-mai 1941). Christine et ses compagnons Andrzej Kowerski à la jambe de bois et le comte Wlodzimierz Ledóchowski ont risqué à plusieurs reprises leur vie, surtout depuis que la police hongroise était de plus en plus infiltrée par la Gestapo. Les 2 hommes se partageaient le charme de la belle espionne, parfois non sans heurts.

Heureusement, que Sir Owen O'Malley, chef de la légation britannique à Budapest et plus tard ambassadeur auprès du gouvernement polonais en exil de Wladyslaw Sikorski (1881-1943), ainsi que sa jeune fille Kate de 18 ans, venaient efficacement en aide au trio. Sir Owen trouvait que Christine était jeune, "beautiful" et bourré de talents, mais extrêmement têtue. À Londres, son engagement, ses efforts et évidemment ses résultats étaient hautement appréciés.

Le 23 janvier 1941, l'équipe fût arrêtée par la police hongroise et Christine, avec un sang froid effarant simulait une crise de TBC et ils furent relâchés sous conditions. Avec l'aide des O'Malley, Kowerski, devenu Andrew Kennedy (bien qu'il ne parlait pas 2 mots d'Anglais), sortait sa veille Opel Olympia du garage, et avec l'appui du SOE (argent, adresses...) Christine et Andrew voyagèrent en bagnole jusqu'au Caire, en passant par la Bulgarie, la Turquie, la Syrie, le Liban et la Palestine. Un périple qui a duré 3 bons mois (de fin janvier au début mai 1941). Moi- même, j'ai traverse la Turquie de par en par en bagnole en 1971, mais j'avais des papiers en ordre, il y avait la paix et j'avais une bien meilleure voiture... mais cela me permet de mieux me rendre compte de leur exploit.

Grande était alors ma consternation de lire que le "Deuxième Bureau" polonais les soupçonnait de connivence avec l'ennemi et exerça pression sur le SOE à ne plus leur confier des missions et informations secrètes. Les raisons étaient essentiellement doubles : une guerre à l'intérieur des services secrets polonais, entre autres avec les "mousquetaires" du capitaine Stefan Witkowski, qui sera sacrifié (à mon avis, injustement) en septembre 1942 et la jalousie des liens trop serrés entre le duo et les "British". Cette affaire a causé de graves torts immérités aux deux, d'autant plus que les Anglais avaient besoin des Polonais sur l'échiquier politique et militaire et adoptaient une attitude de prudente réserve. N'empêche que Christine en a été désespérée.

C'est finalement l'invasion nazie de la Russie qui a changé les données sur l'échiquier et l'intervention en leur faveur du nouveau chef SOE au Caire, Patrick Howarth (1916-2004), l'auteur d'entre autres "Undercover : Men and Women of SOE". Dans ce remarquable ouvrage, il note avec un humour tout anglais : "the most useful thing I did in WW II was to reinstate Christine Granville" (la chose la plus utile que j'ai fait pendant la 2e guerre mondiale a été de rétablir Christine Granville dans ses fonctions - page 37).
Elle a bénéficié également de l'appui du grand chef du SOE, le général Colin Gubbins (1896-1976), qui après leur rencontre en Égypte en 1943 a déclaré être fort impressionné du courage de sa jeune collaboratrice.

C'est grâce à Howarth que Christine a suivi une formation d'opératrice radio et, après que sa nomination à Istanbul fut annulée de peur qu'elle y était trop connue, qu'elle fût dirigée vers la base britannique de Guyotville près d'Alger, pour suivre une espèce de "finishing school" d'agent secret avant d'être parachutée dans le midi de la France, le théâtre le plus dangereux pour ces "missionnaires". Trois mois y fut la durée maximale pour un agent SOE et pour un opérateur radio 6 semaines.

C'est le 7 juillet 1944 que Christine sera parachutée dans le Vercors pour devenir la main droite d'un des grands as du SOE, le lieutenant-colonel Francis Cammaerts (1916-2006), fils d'une actrice shakespearienne anglaise et du poète belge Émile Cammaerts. Pour Gubbins un des plus efficaces officiers du SOE, en dépit de sa taille et ses "Grands Pieds" - devenu son surnom - pour lesquels il ne trouvait pas de chaussures françaises et craignait que ses pompes anglaises allassent le trahir à la Gestapo, qui avait mis 3 millions de francs sur sa tête. Les 2 formaient une équipe de rêve ou de tonnerre. Elle respecta son courage et intelligence et lui la trouva intrépide et une actrice parfaite qui était "structurally very beautiful" !

Au cours de son passage dans le Vercors, Christine s'est fait remarquer par ses prouesses aussi bien qu'elle fut proclamée une héroïne de cette région hautement stratégique. de là, elle s'est aussi rendue en Italie, où elle a réussi à persuader 150 officiers polonais, capturés par les Boches, à joindre les alliés.

Après la guerre, devenue officiellement Christine Granville et Britannique, elle travaille comme hôtesse à bord de bateaux de croisière jusqu'à ce que son drame final arrive, le 15 juin 1952, dans la personne de Dennis Muldowney, un ancien collègue des bateaux qu'elle s'efforça d'éviter, qui la tue au couteau. Elle est décédée au bout de quelques secondes et n'avait que 44 ans. Lui a été pendu à la prison de Pentonville, 3 mois et demi plus tard après un des plus courts procès de l'histoire anglaise.

À son enterrement ont assisté Gubbins, Cammaerts et plein d'autres officiers SOE ... plus 40 vétérans du maquis français, qui ont entrepris le voyage du sud-est de la France pour un dernier hommage. En 1988 après sa mort d'un cancer Kowerski-Kennedy, qu'elle avait décidé de marier, a été enterré près d'elle. Il y a tout juste 2 ans, une statue de bronze fut inaugurée à Kensington en son honneur.

Ce sera probablement mon plus long billet et je m'en excuse, mais cet ouvrage est sorti il y a 7 ans et les chances qu'il soit traduit sont minimes. C'est pourquoi j'ai été un peu plus détaillé et puis c'est aussi partiellement la faute à Clare Mulley, qui a écrit un livre passionnant sur une dame passionnante, mais assez volumineux avec ses 426 pages. Et pourquoi pas l'avouer : comme tant d'autres, j'ai succombé à son charme, personnalité et courage.

Christine Granville ne laissait, en effet, personne (H, F) indifférent. Une instructrice SOE, a nommé - des années plus tard - sa fille Christine et Bill Stanley Moss, le héros d'une mission SOE sur Crète avait noté dans son journal intime : "Jamais je n'aurais commencé une liaison avec elle, ça aurait été comme m'acheter une Hispano-Suiza," (page 167). Note étonnante si l'on considère qu'il s'est marié avec la meilleure copine de Christine, une autre beauté polonaise, la comtesse Zofia Tarnowska (1917-2009), une descendante directe de l'impératrice Catherine la Grande de Russie et que leur fille aînée s'appelait... Christine Moss.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans les hautes sphères du travail des services secrets, les faits dans de nombreux cas étaient à tout point de vue pareils aux inventions les plus fantastiques de romance et mélodrame.

Sir Winston Churchill
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