Le prix du savoir •
Brittney Morris
“Joy in the midst of oppression is its own kind of bravery.”
4☆|5
Avant de commencer cet avis, je tiens à remercier les éditions Young Novels et Babelio pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'opération masse critique.
La dédicace de ce livre est “To all the Black boys who had to grow up too early.” (traduit ici en "À tous les garçons noirs qui ont du grandir trop vite"). Et cela se ressent tellement dans ce roman, et résume fort bien ma pensée.
Brittney Morris nous conte ici l'histoire d'Alex Rufus, un adolescent noir Afro-américain vivant à Chicago. Il a 16 ans, et depuis la mort de ses parents, il y a 4 ans, il vit avec des visions. Il suffit qu'il touche un objet, pour savoir ce qu'il va arriver à celui-ci. Ce pouvoir, ou plutôt cette malédiction, lui provoque au quotidien une anxiété considérable, il n'arrive pas à vivre dans le présent, trop préoccupé par l'avenir. Et tout cela va s'empirer lorsque une de ses visions va lui montrer la tombe de son petit frère, Isaiah, 12 ans.
Je connaissais déjà cette autrice, ayant lu
Slay l'année dernière, son premier roman. Par conséquent, je m'attendais à énormément apprécier celui-ci, et ce fut en effet le cas. Si me plonger dedans prit quelques dizaines de pages, c'est simplement parce que je ne suis plus habituée à lire en français, mais après 50 pages au grand maximum, j'étais totalement dedans. La plume de l'autrice, que je savais déjà être fascinante, m'a totalement emportée, et s'est révélée une fois encore comme fabuleuse. le texte est par conséquent fluide et agréable, elle nous ammène au plus proche de ses personnages et elle le fait très bien !
Je l'ai dit juste au-dessus, Morris raconte ici l'histoire de garçons noirs qui ont dû grandir trop tôt. En effet, si sa plume traite avec merveille les thèmes de l'anxiété - au point que le texte m'a rendu anxieuse à plusieurs moments - de la fraternité et du deuil, ce roman et l'histoire sont entrelacés avec les thèmes de racisme et des violences policières. Isaiah et Alex ont dû grandir trop tôt, ils n'ont pas eu d'innocence, car la société - blanche - leur a enlevée. Car ils sont vus en adultes, en "menace" même par certains. Et cela est montré parfaitement dans le texte avec l'une de leur voisine, et certains propos qu'elle tient durant le roman. Mais je n'en dis pas plus, j'ai déjà l'impression d'en dire trop.
Ce roman m'a touché très fort, il m'a fait rire par moment, m'a fait pleurer, m'a rempli d'anxiété (Une fois encore celle-ci fût aidée par mes examens qui sont imminents (Oui, vous allez pouvoir savoir quelle review a été écrit quand, car je parle de cette session d'examen dans toutes celles que j'écris en ce moment…)), parce que comme Alex, on sait ce qui va arriver, on a cette malédiction de la connaissance, mais pourtant, on ne sait pas comment ça va arriver, ni quand cela arrivera, et on ne sait pas l'empêcher. Et aussi, ce roman m'a mise en colère. Terriblement. Cependant, comme l'a dit Izan (@iz4n) avant moi dans sa chronique, ce livre n'est pas une leçon de vie et ne doit pas l'être. Je n'ai pas envie qu'il finisse par être traité par bookstagram - qui est, on ne va pas se mentir, un milieu qui tend à rester fort blanc* - comme d'autres romans avant lui - par exemple the hate u give. À savoir comme un roman qui vous apprend que "oui le racisme, c'est mal, et puis les violences policières, et ce roman m'a fait grandir". Non. Arrêtez. Déjà, car si vous avez besoin d'un livre pour savoir qu'il y a un problème avec les violences policières et que regarder ce qui se passe dans le monde - aux Etats-Unis, mais aussi en France, en Belgique, etc… - ne vous suffit pas, et bien, je n'ai pas vraiment envie de vous faire confiance ? Et aussi, car purée, ce livre est plus que ça, c'était une palette d'émotions et de thèmes et tout, ils en valent tous la chandelle.
Ce roman est, par conséquent, à mes yeux totalement incroyable. Les thèmes abordés par l'autrice sont terriblement bien écrits et traités, avec sa plume qui nous emporte et ensorcelle. L'histoire était très prenante, au point que je me suis retrouvée une fois encore, accablée par la malédiction de l'étudiant lecteurice (incapable de lâcher mon livre quand je devrais ouvrir mes cahiers à la place). Et puis également, bien que ce roman soit un contemporain, il y a ces petites touches de réalisme magique qui sont chères à mon coeur et ont embelli ma lecture.
En somme, une très bonne lecture que je recommande fortement, de même que je vous recommande
Slay, qui lui parle de racisme, jeux vidéo, sexisme et amitié, si vous ne l'avez pas encore lu. Il avait également été pour moi un coup de coeur.
*je parle ici de la partie francophone, en effet, je ne connais pas la situation du côté anglophone, mais ce dernier est également plus grand.