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sur 5071 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est terrible quand la légende, quand la vie rêvée de quelqu'un dont on aimerait faire une idole, se voit contredite, mise à mal, voire mise en pièces par les éléments patents de la réalité. Plus j'explore les arcanes sombres des archives théâtrales, plus je vogue dans l'histoire dramatique mondiale, plus je lis à droite et à gauche, et plus je découvre de petits faits qui viennent entacher la belle aura de mon Molière.
Dès le collège, j'ai rencontré Molière et ai de suite aimé, emportée par son ton, sa plume, son traitement scénique.
J'ai adoré le Bourgeois Gentilhomme puis vint le moment, peu de temps après, de ma rencontre avec Les Fourberies de Scapin.
Je crois que j'avais encore mieux aimé cette dernière, j'avais fait des pieds et des mains pour que nous montions la pièce avec notre prof de français qui s'était laissée vaincre par mes élans d'enthousiasme, si rares (déjà pour l'époque nous disait-elle) chez les collégiens moyens que nous étions.
J'ai relu récemment un certain nombre de pièces de Molière ; certaines m'ayant fort déçues, d'autres, c'est le cas du Malade Imaginaire ou des Fourberies de Scapin, ayant tenu toutes leurs promesses.
Me voilà rassurée, le talent de mon idole du collège n'a pas tant terni que cela. Mais dans le même temps, je découvre beaucoup de pièces antiques, de Plaute ou Térence, notamment, je lis des auteurs français moins connus du XVIIème siècle et là, je me rends compte, que beaucoup de ce que je crois être du Molière est un repompage quasi intégral d'autres auteurs. Je me rends compte également que nombreuses sont les thèses de doctorat, les études, les critiques et les analyses sur la paternité réelle de Molière sur « ses » pièces.
Les bras m'en tombent, il faut que j'aille voir ça moi-même. Pas Scapin, tout de même, pas lui que j'aime tant, non, ce n'est pas possible à la fin !
Et si, ma grande, encore une désillusion, encore un mensonge dans la liste si longue des histoires qui te répugnent et que tu ne voudrais pas connaître...
L'ossature des Fourberies est en fait la pièce de Térence intitulée Phormion. le traitement de la pièce est une recopie intégrale des fameuses farces de la Commedia Dell'Arte. Et enfin, le coup de grâce, la scène, non !, pas la scène, LA scène, le fameux « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ! », même celle-là n'est pas de lui. C'est un authentique plagiat de Cyrano de Bergerac dans sa pièce le Pédant Joué de 1654.
Le talent de Molière ne serait-il que d'être un génial compilateur ? Aïe ! que j'ai mal à ma légende, que son image se brise et s'effrite ! Sans compter que l'analyse académique très pointue réalisée en 2008 sur le lexique de sa pièce en vers le Tartuffe révèle avec une quasi certitude qu'elle aurait été écrite par Corneille, et PAN ! encore une vitrine qui s'effondre.
Je découvre que dès l'époque on lui reproche ses plagiats et que c'est même la principale critique à son talent, tant d'écrivain que d'acteur que de metteur en scène (de nos jours il ne nous reste que les textes, mais il semble bien que sur le jeu d'acteur, les costumes et la mise en scène, c'était pareil). On lui reproche de copier tout ce qui marche ou qui a du succès et de le faire sien puis de se l'attribuer en propre.
Aïe ! ma légende, que je souffre tout d'un coup à vouloir te conserver. Il me reste soit le choix de te piétiner, soit celui de fermer mes écoutilles et de ne rien entendre, de continuer à te vénérer comme dans n'importe quelle croyance divine quelles que soient les preuves matérielles irréfutables. Je ne sais encore que choisir. Et la langue de Molière, alors ? Ne parlerais-je que le tissu plagiaire d'une bordée d'anonymes ?! C'est bien possible.
Ah ! Les Fourberies de Poquelin ! Un faquin ce Molière, en somme. On sait qu'il aurait beaucoup souhaité s'adonner au drame satyrique, voire à la tragédie plutôt qu'à la comédie. Et il est vrai que sa soif d'exprimer des messages sociaux ou politiques forts fut parfois muselée tant par la férule du roi soleil et de sa cour que par le style auquel il fut, un peu contre son gré, cantonné. Est-ce la raison intime pour laquelle Molière se serait adonné ainsi à la comédie, en faisant "ce qu'on lui demande" ou bien "ce qui marche auprès du public" et en s'y investissant personnellement assez peu pour ne pas répugner de voler de la matière à d'autres ? C'est ce que j'ai envie de croire. On a du mal à se figurer le réseau de contraintes qui s'exerçaient sur un artiste tel que lui à l'époque et c'est l'excuse que je veux lui donner.

Pourtant il faut bien que je vous parle de cette pièce. Ici, on peut dire que Molière fait si bien ce pourquoi on l'attend, réalise une pièce si réussie de bout en bout que cette comédie est devenue un archétype, que dis-je, LA comédie par excellence. Pas de message fort, pas de grande dénonciation (même si l'on voit poindre deci-delà des piques envers qui vous savez), par contre, un jeu scénique réglé au millimètre (même si le millimètre n'existait pas encore !), des gags et des dialogues qui font mouche, notamment, la fameuse scène 7 de l'acte II entre Géronte et Scapin et sa sublime récurrence « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » qui est passée dans le langage courant (et ça, c'est bien à Molière qu'on le doit et non à Cyrano de Bergerac).
J'oserais presque, si vous me le permettiez, tenter une comparaison entre Molière et René Goscinny, qui lui aussi aurait tant souhaité se faire remarquer autrement que par des sujets légers et qui lui aussi nous a légué de ces récurrences géniales du genre : « les derniers irréductibles », « être tombé dedans quand on était petit », « vouloir être calife à la place du calife », « tirer plus vite que son ombre », etc., etc. En somme, la prochaine fois que vous direz « Pouah ! quelle galère ! », sachez que Monsieur Molière y est peut-être pour quelque chose, même s'il n'en est pas le géniteur véritable et authentifié.
L'histoire, c'est à peine si j'ose tellement elle est connue de tous. Deux fils de bourgeois tombés amoureux, contre la volonté de leur père avare respectif, de deux filles belles comme l'aube mais dont le mariage est impossible. Par l'entremise de Scapin et de sa roublardise, il faudra arriver à arranger tout ça et, si possible, rogner quelques écus au passage aux deux vieux radins. Tout s'arrangera bien vraisemblablement, mais au fait, j'y pense, qui sont-elles ces deux beautés féminines ?
Et malgré tout ce que j'ai écrit plus haut, malgré toutes les limitations qu'on peut faire, quel bonheur quand Molière fait s'agiter les personnages autour de nous comme une volée de moineaux en cage, c'est drôle, c'est plaisant, c'est vivant, c'est du grand théâtre et ça se mange sans faim, du moins c'est mon avis, mon tout petit avis, plus petit et piteux aujourd'hui que jamais, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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C'est avec Scapin que j'ai fait connaissance avec la comédie made by Molière (oui, c'est terrible d'utiliser de l'anglais pour parler de notre cher dramaturge national mais c'est fait exprès, je sentais que vous aviez les mâchoires crispées, les faire grincer vous fera sans doute du bien).

Revenons à notre cher Jean-Bapt.
J'ai aimé Molière parce que j'ai aimé Scapin. C'est Scapin, sa ruse, son humanité et ses facéties qui m'ont charmée et donné envie d'en découvrir encore plus sur l'oeuvre du Maître.

Allez, ma critique sera courte, je vous épargnerai la galère !
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Les fourberies de Scapin” est certainement la pièce la plus drôle de Molière, une farce vive et enlevée sans temps mort.
Rappelons très vite l'argument: Scapin, repris de justice et serviteur roué doit aider deux jeunes godelureaux à échapper au mariage arrangés que leur imposent leurs père.
Belle occasion pour lui de manipuler ces deux jeunes hommes bien-nés et de se moquer des vieux barbons.
Dans les bas-fonds du port de Naples, Scapin se joue du monde d'en haut, Scapin c'est Guignol, c'est la revanche des moins que rien sur les nantis.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mon livre préféré de Molière.

Qu'est-ce que j'ai pu rire à cette réplique du père: "Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère!... "
Comme souvent, les jeunes gens ne peuvent s'épouser car leurs parents n'approuvent pas cette union. En particulier le père.
Ici, Scapin recourt à un stratagème pour leur permettre d'arriver à leurs fins...

Une pièce de théâtre extrêmement drôle, bien écrite et toujours accessible de nos jours. Celle que je relirais volontiers ... une lecture émaillée à l'avance d'éclats de rire.
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Les fourberies de Scapin est une pièce qui m'avait beaucoup plu lorsque je l'avais lue au collège. C'est probablement l'une de mes « lectures obligatoires » les plus plaisantes.

Chaque fois que je lis cette pièce, j'éprouve beaucoup de plaisir. Je la trouve extrêmement jubilatoire. Scapin est un personnage virevoltant, drôle, espiègle et fourbe : du bonheur en barre. Ses répliques me font toujours rire.

Et j'aime beaucoup voir Octave et Léandre nager dans la semoule et mettre leurs destins dans les mains d'un... valet. Car les puissants sont incapables de se sortir de l'embarras sans leurs subordonnés. J'aime beaucoup cette morale où les biens-nés en prennent pour leur grade.

En bref c'est une pièce que j'adore et dont je ne me lasse pas.
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Avec "Les fourberies de Scapin", Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, nous livre l'un de ses chefs-d'oeuvre !
J'estime que cette pièce, est l'une des plus réussies, du grand dramaturge. Molière nous livre ici une pièce fraîche, séduisante, bondissante, pleine d'idées, avec des dialogues réjouissants.
Les personnages haut en couleurs, et les scènes qui ne le sont pas moins, se succèdent, avec rythme, et sans incohérences aucune. Molière, sait, avec art, agencer les scènes, créer des personnages comiques, tout en étant crédibles, et invente, avec intelligence, les situations nécessaires, à donner des scènes intéressantes. Toutes les péripéties, sont plaisantes.
La lecture de Molière est toujours enrichissante, et "Les fourberies de Scapin", ne font pas exception à cette règle.
"Les fourberies de Scapin", est aussi, une satire sociale, du genre "revanche des dominés sur les dominants", et c'est assez jouissif, de voir les ( insupportables ) dominants, malmenés par les dominés, contraints de s'humilier, etc., et, même si "Les fourberies de Scapin", n'est pas la pièce la plus profonde, de Molière, c'est, sans nul doute, l'une des plus plaisantes, des plus jouissives, l'une de celles que j'ai eu le plus de plaisir, à lire.

[...]

J'ai le souvenir d'avoir vu Les Fourberies de Scapin au théâtre-à la Comédie Française, pour être précis. j'avais aimé la voir, mais sans plus. Et comme souvent avec le théâtre, je préfère lire Les Fourberies plutôt que les voir. Sans doute parce que j'ai ainsi accès au texte brut, sans les réinterprétations liées au jeu des acteurs.
Cette pièce est sans doute, l'une des plus agréables pièces de Molière, que j'ait lu. Un véritable chef-d'oeuvre, un chef-d'oeuvre exquis, un chef-d'oeuvre, de par sa composition, sa couleur, ses personnages… Une très grande pièce, où je ne m'y connais pas ( ce qui n'est pas impossible, d'ailleurs… ) !

Seconde critique collée par un administrateur.
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Les fourberies de Scapin de Molière ont traversées les siècles.
Il est encore plaisant de lire ces pièces de théâtre ! Un génie auquel, le lecteur entre immédiatement dans le récit…Même si c'est en vieux français ; le texte reste compréhensible et possède un certain charme. Il y a aussi dans ce volume, 2 autres pièces moins connues que la première qui donne son titre au livre. Les deux suivantes sont intitulées : La jalousie de Barbouillé et le médecin volant. La deuxième pièce est pour ma part moins drôle…Le Mari qui pense est être trompé et ivrogne de surcroît et le médecin qui étale tout son savoir qu'il en soûle même son entourage. le médecin volant est une pièce dont les facéties du valet Sganarelle permettent de déjouer le plan de mariage de Gorgibus pour sa fille…On retrouve encore dans cette pièce, le valet fourbe qui joue un tour de passe-passe à son interlocuteur. le fil conducteur de toutes ces pièces est l'avarice, les fourberies des valets aidant les jeunes gens pour vivre leur amour mais également le « savoir » du médecin qui est tourné en ridicule…Tiens, cela annonce une autre pièce qui a rendu célèbre Molière.
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Les Fourberies de Scapin est ma première pièce de théâtre et comme on dit : "Il y a toujours un début pour tout. " et pour moi ça a été pour le genre théâtrale.
Au début, je n'aimais pas le genre théâtrale mais après avoir lu et joué Les Fourberies de Scapin j'ai changé d'avis. A certains passages des grands moments de fous rires avec ma classe. le fait de l'avoir joué m'a fait aimer ce genre littéraire. Il n'y a qu'une chose à dire : "Lisez-le!!!"

P.S.: Je remercie ma professeur de m'avoir fait lire ce livre.
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Dans cette comédie en 3 actes , très proche de la commedia dell'arte (et d'ailleurs, tiens, cela se passe à Naples!), Molière renoue avec les farces de ses débuts où l'intrigue est menée par un valet riche en ressources. Mais aux bouffonneries s'ajoutent des traits d'observation d'un réalisme puissant. Sa facilité à être mise en scène avec un décor sommaire vient de la nécessité pour Molière de la créer dans un théâtre en pleine rénovation et donc avec des possibilités limitées. Et cette simplicité apparente contraste remarquablement avec le rythme endiablé de cette pièce. Au final, Scapin extorque de l'argent aux deux pères de l'histoire, mène sa barque et met en valeur les défauts de tout le monde : l'avarice et l'égoïsme des vieillards, l'insouciance et l'imprévoyance des jeunes. C'est une pièce populaire dans le bon sens du terme et toujours d'un accès facile de nos jours, tout ce qu'il faut pour faire un grand classique!
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Les journaux, la télévision, la radio : tous ces merveilleux outils qui seconde après seconde nous informent des moindres indispositions de notre planète en folie me devenaient insupportables. Petit accès d'allergie au monde contemporain.
Chère et douce Thalie (muse de la comédie) je te remercie de m'avoir offert une petite fugue hors de notre époque. Ainsi par l'intercession de Scapin je me suis enfui dans une époque heureuse et inconséquente : sans doute celle de Louis XIV. Cependant rien n'est moins sûr, si l'on en croit tous les emprunts que Monsieur Poquelin a fait pour composer sa comédie. Tous les spécialistes s'accordent pour affirmer que l'univers de cette pièce est riche d'un héritage textuel issu d'époques et de siècles bien reculés. Si vous voulez vous faire une idée précise de tous les emprunts que Molière a faits dans l'écriture de sa comédie je vous invite à lire l'excellente étude de Natasia-B que l'on trouve dans Babelio parmi les critiques sur les Fourberies de Scapin.
Dans ce texte rien n'a réellement de conséquence. Oh bien sûr les amoureux risquent d'être séparés à cause de l'avarice des deux vieux barbons paternels. Néanmoins il apparaît que même sans l'intervention de Scapin les deux brus seraient devenues recommandables, car reconnues comme les fruits de péchés de jeunesse. Mais sans Scapin, la pièce n'aurait pas d'existence : personnage indispensable d'une histoire inconsistante. Scapin définitivement déraisonnable refuse tous les conseils de prudence, et non seulement il les refuse, mais il surenchérit en poussant encore plus loin la plaisanterie. Il ne prend rien ni personne au sérieux, il tourne tout en dérision, jusqu'à la mort qu'il attend de fourchette ferme dans le festin final (Molière aurait-t-il lu Astérix?).

Voilà du vieux théâtre et même du très vieux théâtre si l'on tient compte de tous les emprunts qui constituent ce texte. Et pourtant, ce Scapin ne nous serait-il pas toujours contemporain ?
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