♥ Jusqu'au bout de l'inimaginable, de l'indicible… Un livre déchirant mais qui devrait être lu par tout le monde ! ♥
Sa tête mise à prix, obligé de rester caché, Antoine ne chôme pas. Mais malgré tout ce qu'il apporte au réseau de Gustave dans le Loiret, il se désole car pour lui rien ne vaut le terrain. Il cherche plus que jamais la rédemption. Non seulement il ne parvient pas à se pardonner ses fautes anciennes mais il se sent de plus responsable de la mort des êtres aimés. Il se pose également beaucoup de questions et cherche à comprendre pourquoi les nazis continuent à traquer et arrêter les Juifs alors qu'ils sont vainqueurs et pourquoi les femmes et les enfants… et sa quête de vérité l'entraînera loin, très loin, jusqu'aux portes de l'enfer.
Dans ce troisième tome, Antoine est de plus en plus fou au sens de téméraire, rien ne l'arrête ni ne le fait reculer. Il a toutes les audaces. Et plus que jamais, il prend toutes les responsabilités sur lui et s'accuse des morts de ceux qui l'entourent. Il a perdu son innocence, désormais il ne recule pas devant une exécution et lorsqu'il le fait, il montre une froideur, un détachement glaçants. Il se montre absolument impitoyable. La deuxième version des Larmes de Satan est encore plus dure que la première et les sentiments qu'il éprouve sont poussés à leur paroxysme. Antoine est d'une grande humilité, il n'a aucune conscience d'être devenu un héros, il s'en veut plus que jamais et pour trouver une réponse à ses questions, il décide d'aller à Auschwitz pour savoir ce qui s'y cache. (Il a également d'autres raisons mais ce sera à vous de les découvrir en lisant le livre.) Et il a un plan complètement dingue !
Gilles Milo-Vacéri ne le ménage pas et nous non plus par la même occasion. Il nous offre un suspense diabolique. À partir du moment où Antoine part pour Auschwitz, la situation se détériore encore plus, j'en ai perdu le souffle et j'ai tremblé pour lui tout du long, même si je connaissais déjà l'histoire, tant c'est intense. Antoine se montre d'un sang-froid à toute épreuve, ce que je traduirai par complètement cinglé ! Il est bluffant. Mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher de le plaindre, il était tellement loin de s'imaginer la réalité des camps. Et sa réaction lorsqu'il découvre ce qu'est réellement Auschwitz est déchirante. L'auteur arrive à nous faire ressentir sa douleur et c'est vraiment atroce. Il nous fait basculer au plus profond de l'horreur. Mais il y a également quelques pépites, des témoignages d'amitié, de soutien, admirables. de plus, Antoine, quelles que soient ses souffrances, reste un homme d'honneur. Il reste fidèle à lui-même, n'hésitant pas à désobéir aux ordres pour sauver un blessé.
Ce dernier tome a été le plus dur, le plus éprouvant à lire tant on bascule dans l'horreur des camps, de la Shoah, tant la barbarie des hommes est insoutenable et la souffrance ressentie intense ; et puis j'ai senti comme jamais la solitude de l'homme face au Mal, à l'inimaginable. La prière d'Antoine m'a fait verser des larmes et m'a broyé le coeur, je me suis sentie impuissante comme jamais. Et ce d'autant plus, qu'aujourd'hui encore, la barbarie, l'horreur, règnent en maître dans tellement de pays. On aurait pu croire que l'expérience nous aurait servi de leçon, mais non, les génocides continuent, les guerres aussi et l'humanité déborde d'imagination lorsqu'il s'agit de faire souffrir, de torturer, d'assassiner…
Le retour d'Antoine à Paris est bouleversant. le contraste est tellement énorme avec la violence des combats, la barbarie et ses retrouvailles avec un Paris libéré. J'ai eu l'impression d'avoir du mal physiquement, émotionnellement, à m'habituer. La transition était trop brutale et c'est tout le talent de
Gilles Milo-Vacéri de nous faire vivre les émotions de ses personnages et de nous faire changer quelque part. Il nous a relaté les quatre années de l'Occupation et des combats d'Antoine et j'ai eu l'impression qu'une éternité s'était écoulée. Je ne vois plus les choses de la même façon qu'avant, quelque part il m'a fait grandir. Il y aurait encore énormément à dire et je me sens incapable de rendre réellement justice à ce roman. Je ne peux que vous engager à le lire.
Gilles, tu es un grand auteur. Tu nous offres des personnages inoubliables et tellement humains qu'ils en sont bouleversants et qu'ils nous transforment. Tu donnes vie à ce que tu écris. «
Les Larmes de Satan » sont un témoignage. Bien que ce soit une fiction, c'est de l'Histoire à l'état pur. Ce livre nous rappelle tous ces morts oubliés, ces héros anonymes, à qui nous devons notre liberté. Il fait mémoire de cette abomination qu'a été la Shoah, ces cinq à six millions de Juifs qui ont été exterminés uniquement parce qu'ils étaient juifs et ce, au mieux dans l'indifférence générale, au pire avec notre complicité. « Soit les deux tiers des Juifs d'Europe et environ 40 % des Juifs du monde ». Rien que pour cela et malgré la dureté des faits, il devrait être lu par tous.
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