AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 4006 notes
En finir avec Eddy Bellegueule, le premier roman de celui qui a désormais choisi le nom d'Edouard Louis, se lit d'une traite, c'est certain. Poignant, direct et vraiment horrible, on peut dire que ce roman autobiographique tape là où ça fait mal.

Et il y a sûrement de quoi c'est certain. Même s'il est surmonté de l'indication « fiction », ce roman est clairement autobiographique et Edouard Louis tente de nous raconter l'enfer de sa jeunesse. Sa vie de jeune garçon confronté au regard des autres qui le juge parce qu'il a parfois des « manières de fille » et qu'il n'aime pas ce que les autres garçons font « habituellement ». Dans une extrême misère sociale, le petit Eddy subit encore et encore les brimades de son père violent, de sa mère pas très futée et de ses frères et soeurs trop coulés dans le moule. Et c'est bien de cela qu'il s'agit ici surtout : se couler dans un moule préfabriqué ou non. La Picardie qui nous est dépeinte ici est bien loin d'être reluisante et l'auteur dénonce, tour à tour, les débordements liés à l'alcool, le manque d'éducation de la population locale et la xénophobie latente (envers les étrangers non français, comme envers ceux non locaux d'ailleurs). C'est moche, c'est glauque et nous pouvons avoir peine à enchaîner les péripéties de ce jeune Eddy tant il cumule en quelques pages des situations consternantes.

Malgré tout, il y a de quoi être constamment gêné de voir ce jeune auteur déblatérer sur sa famille et les atrocités qu'il a déjà pues rencontrer. En effet, il semblerait que ce soit bien son histoire ou une partie qu'il ait fini par raconter dans son premier roman. le but pour lui est sûrement de tourner la page d'une jeunesse meurtrie, mais pour cela il va particulièrement fort dans la critique de son entourage, de son environnement d'alors. Aucune excuse pour la bêtise ambiante, aucun pardon pour les brimades subies : l'heure est à la dénonciation simple et gratuite qui peut lasser, même si cet ouvrage tourne seulement autour des deux cents pages. Les raccourcis pris dans l'accumulation de scènes parfois horribles donnent aussi l'impression d'un condensé qui écrase la réalité, sûrement déjà bien assez horrible comme ça. Même des lieux comme l'école, qui pourrait, et devrait, être un refuge pour lui, ne sont propices qu'à des comparaisons douloureuses avec les autres.

Comme aborder ces deux aspects à la fois très lourds et fort gênants à lire ? Avec du recul, sûrement. En essayant de se départir de l'aspect horrible de ces scènes et en comprenant que l'auteur est avant tout dans la rancoeur et la dénonciation. C'est vraiment le manque de recul de celui-ci qui gêne la lecture. Comme par exemple quand il parle de sa mère au point d'excuser, de manière plutôt condescendante, son manque d'éducation et sa bêtise vis-à-vis de lui. Bien sûr, il ne s'agit pas de tendre l'autre joue, bien au contraire, mais l'auteur, si c'est bien son histoire exacte ici, a pu se sortir de cette situation et faire des études supérieures depuis. le fait qu'il ne semble pas que ce soit le cas généralement dans sa région natale crée déjà un décalage non négligeable. Pour autant, bien sûr, bien des préjugés dénoncés dans cet ouvrage sont à mettre en avant tant ils sont encore particulièrement prenants dans notre société : l'auteur parle surtout ici « des pédales, des gouinasses et des précieux », mais rien que la condition de la femme pourrait également un axe de lecture tristement intéressant.

En finir avec Eddy Bellegueule est donc un cri du coeur de ce jeune Edouard Louis, poignant au possible, mais qui pêche par un énorme manque de recul sur sa situation et son environnement. Qu'il est difficile de donner un avis tranché sur ce récit dérangeant !

Commenter  J’apprécie          17316
Bienvenue en enfer. "En finir avec Eddy Bellegueule" c'est une plongée sans oxygène dans la misère sociale, intellectuelle, morale. C'est l'interdiction d'être différent sous peine d'en payer le prix fort. C'est aussi comment dire non à un fatalisme ambiant ou l'avenir semble s'arrêter à la sortie du village.
Comment se construire dans un tel environnement ou chômage, violences, alcoolisme, brimades sont le pain quotidien d'Eddy ? On vit au jour le jour, l'argent manque, on reste devant la télé, on picole jusqu'à la syncope, on s'insulte, on profère des injures de toutes sortes (de préférence raciale ou homophobe). Et lorsqu'on s'aperçoit qu'on est différent de ces gens là, une seule échappatoire, la fuite.
On ne peut rester insensible à tant d'horreurs. le récit d'Edouard Louis n'épargne pas le lecteur, du cru, du cul, du malsain, de la bêtise humaine, ces pages en sont remplies, jusqu'à la nausée. On se dit que c'est pas possible, pas autant, le calvaire d'Eddy est impensable. Et pourtant.
Un premier roman coup de poing, dérangeant et malsain qui se lit d'une traite.
Commenter  J’apprécie          1335
Vu le nombre de critiques éditées, je ne les lirai pas pour ne pas influencer ma propre critique.
Perturbée par ce livre dès le début de ma lecture, voici mon état une fois la dernière page lue.
Perturbée par l'époque... 1990-2000 ?!!! J'ai du revenir en arrière pour être sure de l'éqoque. J'avais l'impression d'être au début du 20ème siècle...
Une fois que j'ai bien compris que l'histoire se déroulait au début du 21ème siècle, je me suis demandée si nous étions vraiment en France...??? Confirmation, cela se déroule en Picardie !
Comment une telle histoire peut-elle encore arriver de nos jours, dans nos campagnes (la Picardie n'est pas la région la plus recluse en France !!) ?
Ce livre est un retour en arrière... et pas des plus beaux !
Comment peut on juger les gens de cette façon ? Chacun est différent et cela devrait suffire à s'aimer, s'accepter, au pire, se supporter les uns les autres, et il faut apprendre à s'accepter tel que l'on est soi-même...
Effectivement, ce livre ne laisse pas indifférent. Il est dur. Et en même temps, beau car Eddy s'est enfin trouvé.
Une belle découverte que ce roman.
Commenter  J’apprécie          1316
On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre.
Le narrateur relate son enfance dans un milieu très défavorisé, en Picardie.
Au-delà des souvenirs d'enfance qui sont plutôt malheureux, c'est la peinture d'une catégorie sociale qui vit très mal. Les habitants du petit village dans lequel grandit le jeune Eddy vivent très mal le chômage, les difficultés financières, les conditions de vie plus que difficiles dans des logements insalubres, la promiscuité, le manque de culture, l'ennui qui mène vite à l'alcoolisme, au trafic de stupéfiants, à la violence domestique.
Cela pourrait passer pour une version XIXème siècle de Zola mais cela va plus loin à mon sens: ce qui est intéressant ici c'est la révolte du jeune Eddy contre son milieu d'origine.
Une révolte qui n'exclut pas les sentiments; on voit bien que la mère a bien du mérite à boucler les fins de mois, tout en supportant un mari alcoolique et un travail ingrat (aide à domicile).
Le héros va se sentir rejeté par sa différence: il est dans ce milieu comme le vilain canard d'Andersen: il a des goûts féminins, n'aime pas le foot, les manières rudes.. Tout cela va aboutir à son exclusion: il est toléré mais critiqué.
Son parcours va être difficile mais porteur d'espérance: à l'image de l'auteur, le jeune Eddy va réussir de brillantes études, dans le domaine du théâtre puis des lettres, qui vont le mener jusqu'à Normale Sup.
Ce livre est un livre qui fait réfléchir: nous sommes au début du 21ème siècle, dans un pays encore relativement "riche" et pourtant des poches de misère subsistent.
Cela se lit comme un témoignage courageux.
L'auteur, Edouard Louis; est très jeune (21 ans); il a été élève de l'Ecole Normale Supérieure et a déjà écrit un livre sur Pierre Bourdieu, dont on peut voir l'influence dans cette oeuvre empreinte de "déterminisme social".
A lire absolument même si le sujet est un peu difficile.
Commenter  J’apprécie          1006
J 'en ai aussi fini avec Eddy Bellegueule...Ouf!

Ce livre qui a fait le buzz à sa parution me laisse partagée entre gêne diffuse et étonnement admiratif. Cette autofiction affirmée et assumée est à la fois fascinante à lire et malsaine par ce coté voyeur imposé au lecteur.
J'ai toujours un peu de mal avec les livres "règlements de comptes familiaux". Ils me placent dans un statut ambigü, entre attirance et répulsion.

Et ici, on oublie poésie et élégance!
Le récit du parcours familial et scolaire d'un jeune homosexuel dans un village de Picardie montre une société inculte, raciste et violente, gangrénée par le chômage et l'alcoolisme, par une pauvreté matérielle et intellectuelle. La "beaufitude" décrite dans ses moindres recoins: agressivité familiale, indigence de langage, attitudes inconvenantes, brutalité sexuelle, brimades scolaires.
C'est une oeuvre romanesque revendiquée comme telle, qui se veut dénoncer une réalité sociale de prolétariat, quitte à en accentuer le trait.

Edouard Louis se roule dans le "trash" avec une certaine complaisance et, toute pudibonderie mise à part, j'ai un peu saturé. Mais je salue néanmoins un premier livre spontané, sans concession, brutal et impudique, rageur et provocateur, toutes qualités d'une oeuvre de jeunesse. Etre capable de mettre en mots ce qui sort des tripes augure du potentiel de l'écrivain que j'espère recroiser dans le futur.
Et un coup de chapeau pour une réussite personnelle méritante.

Une chose me titille quand même: comment peut-on, à l'adolescence, avoir conscience de son milieu social sans jamais en être sorti, et sans en avoir de point de comparaison. Tout ce roman s'apparenterait alors à un canular?

Ce brulot est donc un beau coup de poing et sans doute un beau coup d'édition.
J'imagine aisément la réaction étranglée de la famille concernée!

Commenter  J’apprécie          856
Pour en finir avec le harcèlement, la pauvreté et la misère affective, un témoignage-choc dont on a peine à croire que cette histoire a lieu au tournant du vingt-et-unième siècle.

C'est la vie d'un garçon qui se découvre homosexuel, dans un village isolé où masculinité rime avec violence et où l'avenir des jeunes se limite à suivre les traces de leurs parents à l'usine ou le petit commerce, à moins d'être rattrapé par le chômage. On y boit beaucoup, on gueule devant la télé et surtout, on ne montre pas beaucoup d'affection ou de solidarité.

Ce n'est pas de la grande littérature, c'est du brutal, des émotions crues, un portrait très sombre. le jeune Eddy est sans pitié pour sa famille et son milieu, mais comme il le dit « la souffrance est totalitaire : tout ce qui n'entre pas dans son système, elle le fait disparaître ».

Un roman à lire pour l'intensité des sentiments, pour se rappeler que la misère existe encore…
Commenter  J’apprécie          744
Eddy Bellegueule, c'est à coups de brimades qu'il sortira tant bien que mal d'une enfance pourrie jusqu'à la moelle. C'est pas possible une telle misère même 20 ans derrière. Les parents d'Eddy semblent tous deux complètement aliénés, dépravés et aux abonnés absents de l'éducation et de l'amour.
Eddy c'est aussi et surtout ce gosse aux manières efféminées, aux gestes de grande folle, à la voix anormalement aiguë. Avec une telle figure, Eddy va toutes se les ramasser, insultes, violence, harcèlement. La différence coûte cher. La misère sociale se nourrit d'abjection, d'absurdité. Ça tourne comme un disque rayé, ça fait mal à la tête. Eddy, va voir ailleurs, fuis la, ta misère, c'est sûrement mieux loin de chez toi.
Commenter  J’apprécie          730
J'ai découvert Edouard Louis lors de son passage dans l'émission de télévision, la grande librairie et pousser par la curiosité, j'ai immédiatement commandé son livre. Il faut dire que l'auteur est a peine plus jeune que moi et surtout que l'on est originaire de la même région et du même département. Et oui moi aussi je suis Picarde ! (Bon je ne m'en vante pas souvent car quand on parle de la Picardie c'est souvent en mal, et après avoir lu ce livre vous n'aurez pas forcément envie d'aller y passer vos vacances)

J'ai donc dévoré ce livre a peine deux jours et comme la plupart des lecteurs, j'en ressors profondément touchée et émue. Je réalise a qu'elle point j'ai eu de la chance de naître dans un petit village tout près d'Amiens, la ville pleine de noirs et d'arabes pour reprendre la phrase du papa d'Édouard Louis. La chance d'avoir eu des parents cultivés et aimant a l'opposé de ceux décrient dans le livre. La violence que nous présente l'auteur, je n'en ai jamais été victime, comme je le dis plus haut, je vivais dans un village ou tout le monde se connaissait. On allés a l'école de la maternelle jusqu'en troisième tous ensemble, toujours dans la même classe et donc on voyait toujours les mêmes têtes. Et puis ensuite, est venue l'heure d'aller au lycée, a Amiens et puis j'ai quitte mon village pour aller vivre en ville.

Cette violence, cette précarité, elle fait partie du quotidien et je ne l'a voyait pas vraiment mais depuis que j'ai quitté la France pour l'Irlande c'est toujours un choc énorme de revenir en Picardie. Je me pose très souvent la question suis-je devenue snob? Après avoir lu "En finir avec Eddy Bellegueule", j'ai enfin ma réponse : non, je suis simplement passée de l'autre coté, du coté des bourges comme le disent si bien les parents de l'auteur.
Je me rends compte de tous les préjugés que peuvent avoir la population picardes ; aujourd'hui je suis la fille bizarre, qui est partie vivre en Irlande (oui les picards sont loin d'être de grands voyageurs et ne quittent que très rarement leur régions), j'ai 26 ans et toujours pas d'enfants (chose très rare car généralement les filles les font très jeunes), j'ai envie d'évoluer dans ma carrière (le mot carrière n'existe pas en Picardie), je voyage, je visite des musées, je vais voir des expositions et chose incompréhensible pour les Picards : je lis beaucoup. Vous allez me dire que je suis tout a fait normal mais ce n'est pas le cas pour la plupart des gens que je côtoie dans ma région natale.

Autre exemple de cette précarité, le mère de mon fiancé est professeur d'anglais dans un lycée d'une petit ville rurale. Quand elle demande a ses élèves d'étudier, elle n'obtient que des réponses comme : "a quoi ça sert d'étudier, m'dame, après le lycée on fera comme nos parents, on sera au chômage" et bien sur eux ne voient aucun problème a rester toute une vie sans travailler. Les filles n'aspirent qu'a être femme au foyer et a élever une ribambelle d'enfant.....

Je vais m'arrêtais ici avec mes exemples et mon expérience mais tout ça pour vous dire que je me suis beaucoup retrouvée dans ce récit. Dans l'émission, la grande librairie, Édouard Louis disait que son manuscrit avait été refusait par certaines maisons d'édition car elles pensaient que tout été exagère et bien non, la vie en Picardie est vraiment comme cela, malheureusement. J'ai envie de dire que j'espère que ce livre fera changer les mentalités et les préjugés sur les différences (l'homosexualité notamment) mais je doute sincèrement que les populations rurales picardes ou d'autres régions liront ce livre.....

Ce récit autobiographique est en tout cas très poignant, très dur, mais relativement bien écrit. L'auteur quand il quitte la campagne pour aller au lycée a Amiens, semble renaître et j'espère que ce livre aura été comme un libération. Comme une page que l'on essaie de tourner pour se reconstruire, pour prendre un nouvel envol. C'est tout ce que l'on peut souhaiter a Édouard Louis et puis je vais être égoïste mais j'espère qu'il poursuivra dans l'écriture car ce premier roman est une réussite et je lirai avec plaisir les suivants.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          5811
Bien en évidence sur la page de garde : roman. Certes, mais roman autobiographique ou autofiction, les personnages, les évènements ne sont pas créés de toutes pièces, peut-être sont-ils présentés sous leur plus mauvais jour, ou sur le meilleur (aucun personnage présenté sous son meilleur jour dans En finir avec Eddy Bellegueule.)
Eddy Belle Gueule, on dirait le surnom d'un gangster des années 1930. En fait non, Édouard Louis est né Eddy Bellegueule. Avouez que ça ne démarre pas bien pour lui (ça ne continue pas mieux non plus). Issu d'une famille qu'il décrit comme pauvre, que ce soit au plan monétaire, social ou intellectuel, il est différent et pas une différence que son environnement, qui met en avant la virilité, enfin une certaine forme de virilité, peut accepter.
Au village d'Eddy, les garçons vont travailler à l'usine et les filles deviennent caissières avant de se marier et d'élever leurs enfants.
À plusieurs reprises, le narrateur explique que les villageois n'avaient pas la moindre idée qu'ailleurs, les choses pouvaient être différentes, pas plus qu'il en avait lui-même l'idée. Eddy n'est pas allé vers un lieu qui lui paraissait meilleur, mais il a fui une situation insupportable.
Un livre coup de poing, même si j'ai regretté de jouer les voyeurs malgré moi.

Lien : https://dequoilire.com/en-fi..
Commenter  J’apprécie          560
Hummm... et pas n'importe quel hummm. le hummm perplexe. le hummm du je ne sais que penser de cet ouvrage. 

J'aime ou je n'aime pas n'a pas de réel sens ici car la souffrance et la manière choisie pour l'exprimer est difficilement évaluable. Je me garderai bien de donner un avis sur cette histoire de vie, sur ces traumatismes vécus, mais reviendrai plutôt sur la forme qui me laisse aussi sceptique qu'une fosse.

Chez les Bellegueule et dans tout le village, ça picole, ça bosse pas des masses, ça critique à tout va sans voler bien haut niveau argumentation, ça ne se lave pas, ça bouffe mal, ça aime pas les pédés, ça aime pas les arabes, ça aime pas les bourges, ça aime pas les livres.
Naître et grandir là-dedans, autant dire que ce n'est pas le meilleur départ dans la vie. Manquerait plus être gay, pas trop con et avec un minimum d'ambition, et là on fait tâche à coup sûr dans cette famille de demeurés alcooliques.

Er c'est tout le problème que j'ai eu avec cette lecture : présenter et réduire cette famille et ce village à des demeurés alcooliques, sans le sou et sans cerveau.
Le harcelèment dont fut victime le jeune Edouard Louis, notamment à l'école, est évidemment inexcusable, intolérable et abject, et merci à lui de le dénoncer. Il s'en est sorti, psychologiquement marqué et ravagé par tant de haine. Son parcours est admirable, sa réussite respectable, son écriture prometteuse.

Mais pour ce qui est de la profonde misère sociale et bêtise dans lesquelles baigne la famille Bellegueule, peut-on leur reprocher de manière aussi virulente? Les conditions de vie et d'épanouissement intellectuel sont certes déplorables, pour autant le milieu défavorisé mérite-t-il ce regard aussi cynique, impudique voire obscène? Opposer continuellement le milieu ouvrier à la classe aisée avec tous les clichés habituels m'a gênée, interrogée.
Le village picard se résume ici à bouseux, chômeurs, fainéants, alcooliques, racistes, ignorants, miséreux. A la limite de la caricature. Et surtout, sans aucune nuance.

Pour un auteur qui dénonce l'intolérance et notamment l'homophobie dont il fut l'objet, avouons que le ton péremptoire et tranchant est plutôt étonnant, déroutant. Aucune forme de transigeance.
La haine, la colère et la revanche sur une enfance douloureuse sont palpables du début à la fin.
Etre spectatrice de ce déballage familial, de ce lavage de linge sale et lynchage public m'a donc souvent mise mal à l'aise.

A chacun de se faire sa propre idée. Ce livre mérite d'être lu quoique j'en pense.
Mais hummm... le hummm de je me tâte: lirai-je ou pas le prochain Edouard Louis?
Commenter  J’apprécie          5425




Lecteurs (8364) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez vous bien lu "En finir avec Eddy Bellegeule" ?

Par combien de garçons Eddy se fait-il brutaliser dans les couloirs du collège ?

2
3
4
5
6

10 questions
258 lecteurs ont répondu
Thème : En finir avec Eddy Bellegueule de Édouard LouisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..