La ligne verte, c'est l'histoire d'une souris et des hommes...
Paul Edgecombe est aujourd'hui centenaire, résident d'une maison de retraite. Il se dépêche de poser les dernières lignes de ce qui ressemble à un journal ou plutôt un fragment de son existence arraché au temps. Il se souvient...
Les dernières lignes, la dernière ligne,
la ligne verte...
La ligne verte, c'est un morceau de lino qui conduit à celle qu'on appelle Miss Cent Mille Volts ou encore la veuve Courant. Nous sommes en octobre 1932, au bloc E, le quartier des condamnés à mort du pénitencier d'État, Cold Mountain, en Louisiane. Paul Edgecombe est le gardien-chef de ce quartier à part. Ici gardiens et détenus cohabitent dans un quotidien presque routinier qui égrène les derniers jours de ces condamnés à mort...
Ici les gardiens ne sont pas là pour juger, la sentence est déjà tombée, ils accompagnent ces derniers jours avec une présence, des mots, du réconfort, dénouer les tensions, faire tomber la peur panique qui pourrait s'inviter de manière ultime, certains le font mieux que d'autres ou plutôt certains le font moins bien que d'autres...
Un jour, un détenu pas comme les autres arrive au bloc E, il s'appelle John Caffey... Cette rencontre sera inoubliable...
Incontestablement,
Stephen King sait nous raconter une histoire. Il a un sens incroyable de la narration avec des phrases qui font mouche.
La ligne verte comporte tous les ingrédients pour faire de ce roman une lecture addictive : une grande intensité dramatique mène le récit de bout en bout, le rythme est haletant, une émotion savamment dosée nous rapproche au plus près des personnages, distille dans les pages une tendresse et une humanité qui ne laissent pas indifférent.
Stephen King réussit ce tour de force de nous faire ressentir de la compassion vis-à-vis de ces prisonniers... Et aussi une tendresse infinie pour une souris qui s'invite dans le paysage de ce huis-clos pénitencier, trottinant entre les cellules et le lino de
la ligne verte, couturant les pages de ce récit d'une once de légèreté irréelle et venant ainsi alléger le fardeau des uns et des autres...
Et je dois vous l'avouer, c'est une histoire ahurissante, pétrie d'une pointe de fantastique, ça fonctionne, je me suis laissé prendre dans l'effet recherché par un procédé bien huilé.
En nous racontant cette histoire,
Stephen King n'a pas son pareil pour dénoncer ici le racisme, l'injustice, la bêtise humaine aussi, mais surtout l'horreur de la peine capitale.
Mais voilà qu'au moment de poser les premières touches de mon ressenti, je me sens comme démuni, Il manque un je ne sais quoi, un presque rien, pour m'emporter dans le vertige attendu.
Peut-être est-ce l'écriture qui manque de souffle ?
Peut-être n'ai-je pas trouvé ce que j'aime rencontrer avant tout dans une lecture qui va me séduire : des personnages suffisamment fouillés pour que je ne les oublie jamais ? Ici j'ai trouvé que ceux-ci manquaient de nuances...
Quelques longueurs aussi rendent le rythme inégal à certains endroits.
L'intrigue judiciaire, si elle a tout son sens et tient en haleine, peut aussi venir perturber le fil conducteur du propos. Car au fond, la peine de mort est une tâche ignoble, un signe de barbarie pour l'humanité en général et dans les sociétés qui la pratiquent encore (aux États-Unis, la peine capitale est légale dans vingt-sept États), quels que soient la nature du crime commis et son horreur, erreur judiciaire ou pas...
Il n'en demeure pas moins un vibrant, douloureux et époustouflant plaidoyer contre la peine de mort et c'est peut-être ce que je retiendrai avant tout de de récit.
« Même une pendule arrêtée donne l'heure exacte deux fois par jour, comme dit le proverbe. »