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sur 4747 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Kafka, auteur cafardeux ?

Qui est cet écrivain, l'un des plus connus au monde, aux identités multiples, juif, tchèque, autrichien, germanophone, bisexuel, qui laisse à la postérité cet adjectif “kafkaïen” ?

On peut définir ce terme comme absurde et oppressant, à distinguer de “ubuesque” qui fait plutôt référence à quelque chose de grossier et grotesque, à l'image du personnage d'Alfred Jarry ou encore d'orwellien, bien que la société Kafkaïenne préfigure quelque part le totalitarisme dépeint par Georges Orwell.

“Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde” Milan Kundera.

On entend que Kafka est un “classique” et à mon oreille, classique prend en littérature le contrepied total de son acception commune, moi j'entends disruptif, inédit, actuel et complet.

La lecture de Kafka est malaisante. Son style est aride, et sans doute plus encore dans cette dernière traduction de Jean-Pierre Lefèbvre moins littéraire que celle de Alexandre Vialatte, et l'histoire est assez décousue, ce qui est sans doute voulu pour partie, mais gardons à l'esprit que nous n'avons pas un livre dans sa version finale, publié avec l'aval de l'auteur mais un manuscrit inachevé, dont les chapitres ont été juxtaposés de façon posthume. Enfin, l'atmosphère est véritablement oppressante, les lumières poussiéreuses, le manque d'air, les amphigouris de ses interlocuteurs, on ressent le trouble physiologique du personnage principal. Comme le soulignait Milan Kundera, le personnage est constamment le nez dans le guidon, jamais nous n'accédons à ses souvenirs, à une forme de recul sur sa vie, les évènements en cours sont sa seule préoccupation, son seul stress, un peu comme un animal en cage mono-sujet, ce qui rend aussi pour le lecteur l'expérience éprouvante, contempler l'abime d'un problème auquel nous croyons pouvoir faire face sans savoir comment et ne jamais s'en extraire, même en pensée, c'est une tyrannie insupportable qui nous ferait bientôt rejoindre l'espérance de vie d'une souris de laboratoire !

“L'absurde est partout” Rémy de Gourmont. L'absurde, courant littéraire dont les principaux représentants se situent après la Seconde Guerre mondiale, de Beckett à Camus, est également dans l'ADN de Kafka qui compose certainement son texte autour de 1915. C'est la première pensée qui vient au lecteur, incrédule, à la lecture du Procès. On essaye de rationaliser, on se dit que l'on est dans l'onirique, que c'est juste un cauchemar, et il y a quelques indices en ce sens, des ellipses dans la mémoire du personnage des portes qui s'ouvrent littéralement sur des scènes invraisemblables sans que personne ne s'en émeuve, un érotisme pour le moins insolite…

On entre de manière progressive, d'abord ça étonne, ça prête même à sourire, puis on est un pris d'ennui, ensuite de vertige, et au final on finit par toucher l'absurdité terrifiante et totalitaire de la condition humaine (les grands mots…). On se retrouve balloté, face à une réalité implacable qui n'a aucune considération pour l'individu, la singularité, où rien n'a d'importance. Dans l'ignorance des motifs et des lois, l'arbitraire finit par s'imposer à l'accusé qui lui même en vient à accepter et se résigner à sa condition dans une forme de déterminisme macabre face à la machine d'Etat, au rouleau compresseur de l'administration, monstre sans tête, quelques années seulement avant les horreurs des bureaucraties fascistes, qui doivent encore nous interroger sur nos propres institutions.

A cet égard, la scène au cours de laquelle le peintre explique les principes juridiques du Procès est particulièrement éclairante, révoltante et drôle aussi. Il y a toute une réflexion sur la justice, la loi, et peut-être aussi une conception morale, une forme de parabole de l'intolérance des sociétés, qui produisent des coupables sans crimes, à l'image du racisme, de l'antisémitisme ou de l'homophobie. Quand on est tenu responsable du seul fait d'être soi, alors c'est la dignité humaine qu'on atteint, jusqu'à son paroxysme à la fin du livre.

L'inertie du sujet, en l'occurrence du personnage de Joseph K. agace, on veut le secouer, sa façon de prendre toutes les péripéties qui lui arrivent comme étant entendues, de ne rien remettre en cause ou si peu, de faire montre d'une telle crédulité et sans pourtant avoir à faire à des gens menaçants ou violents, ni même hauts placés…

Cette docilité est peut-être le fruit des observations sociales de Kafka, l'écrivain a été témoin au cours de sa vie professionnelle d'assureur, de nombre d'accidents du travail. le juriste spécialiste de droit social Alain Supiot rapporte les propos de l'écrivain qui déclarait, stupéfait, à propos des ouvriers blessés : “comme ses hommes-là sont humbles, au lieu de prendre la maison d'assaut et de tout mettre à sac, ils viennent nous solliciter”. Ce “nous” c'est les assureurs qui ne pourront pas grand chose face à l'injustice crasse, les déficiences grossières des employeurs et la mauvaise foi d'une bureaucratie qui fera tout pour ne pas les indemniser.

Alors, face à une telle soumission, est-ce que Kafka n'essaye-il pas justement de réveiller son lecteur de la même manière que le lecteur voudrait réveiller le personnage de K ?

C'est-à-dire, nous dire à nous lecteurs, dans nos vies, ceux et celles qui se dressent devant nous, tentent de nous dominer, ne sont grands que parce que nous sommes petits, ils sont le plus souvent de petits subalternes, comme nous, ils ne peuvent rien nous faire véritablement si nous osons remettre en cause tout ce qui, parce que pompeux, parce qu'institutionnel, semble entendu comme une oppression méritée, mais qui n'en reste pas moins profondément absurde… Les institutions sont les adjuvantes d'un système de domination de l'homme par l'homme, cela malgré les gardes fous, le rapport de force entre un individu et les institutions est profondément inégal. On se retrouve, obéissant chacun à une fiction collective que par notre silence nous renforçons, y compris contre nous-même et finalement on se retrouve dans la déréliction. La liberté n'est pas chose qui s'octroie, on ne peut pas l'attendre, pour les plus infimes choses de nos quotidiens, et à trop vouloir faire “bon genre”, pas se faire remarquer, et être conciliants avec ceux qui ne le sont pas, on se fait écraser, il ne faut pas avoir peur à un moment donner de déplaire, un peu… comme disait l'écrivain suisse Fritz Zorn “Je crois que si la volonté de ne pas déranger est si néfaste, c'est précisément parce qu'il est nécessaire de déranger. Il ne suffit pas d'exister il faut aussi attirer l'attention sur le fait qu'on existe (…) quiconque agit dérange.”

Ainsi, la lecteur de Kafka ne devrait pas nous amener au découragement, à une crédulité de “bonne volonté”, comme écrivait Hannah Arendt à propos de l'auteur tchèque. Mais au contraire, les rouages et engrenages du “pays légal” sont crûment mis à nu, et ce texte peut participer, avec d'autres, à re-motiver intellectuellement les citoyens dans un élan humaniste, démocratique et réformateur d'institutions possiblement cancérigènes, y compris chez nous, en France.

Qu'en pensez-vous ?

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« le procès » à sa lecture provoque un sentiment de malaise, une même sensation indicible que l'on éprouve lorsque l'on fait ce fameux cauchemar de courir sur place sans jamais avancer.

Un beau matin Joseph K., employé de banque est arrêté et accusé pour des faits non évoqués. Resté libre, M.K., ignorant les lois et dépassé par la situation, va chercher à s'innocenter tout en ne sachant pas de quoi il est accusé.

En même temps que le personnage, le lecteur se voit plonger dans une sorte de quatrième dimension, la situation devient complètement irrationnelle et pour le coup, angoissante et inquiétante. Au début frustré de ne pas connaître les accusations, nous finissons par oublier le pourquoi de l'arrestation et suivons l'enquête que mène Joseph pour se faire acquitter. A chaque porte qu'il franchit, il se voit confronter constamment au tribunal, chaque personne qu'il rencontre fait partie du tribunal, au fur et à mesure tout devient imperceptible et incompréhensif, et la fin tragique nous procure étrangement un assez lâche soulagement.

J'avoue ne pas avoir tout saisi de cette histoire de procès, mais c'est un livre marquant que je ne suis pas prête d'oublier.
J'ai visionné le film « le procès » d'Orson Welles pour en comprendre davantage le sens, l'adaptation est assez conforme au livre et j'ai été éclairée sur certains points mais je n'ai pas ressenti ce malaise constant que j'ai ressenti pendant la lecture « le procès ».
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le Procès nous raconte la grande solitude d'un homme que l'on accuse, sans que l'on sache ce qui lui est reproché. Il est innocent, il n'a commis aucun crime. Pourtant on le poursuit, on le harcèle. Aucune aide ne lui est apportée. Il en ressort une atmosphère oppressante dans cette société où la bureaucratie est étouffante. K suffoque dans le palais de justice, chez le peintre, chez l'avocat, dans son bureau. L'étau de la justice se resserre sur lui. Chaque personnage qui semble lui apporter de l'aide ne fait que l'anéantir un peu plus.

Tout cela parait absurde. Il est accusé mais libre. On lui intente un procès mais il est innocent. Image d'une société totalitaire, où l'individu est oppressé, où il ne peut échapper à une loi dont il ne connait le code. Loi absurde, justice et bureaucratie insensées, inhumanité, peur, contrainte. Qui est le marionnettiste de cette justice qui semble folle? Il semble n'y avoir aucune issue à ce procès, aucun espoir.

Tout ceci fait de ce roman étrange une histoire cauchemardesque. Peut-être une vision d'une société sans pitié, qui accuse sans raison et dont les victimes devraient se justifier, alors qu'elles sont innocentes. Peut-être une allusion à l'antisémitisme. Vision aussi prémonitoire des dictatures communistes, du procès de Prague...
Mais dans ce roman, chacun est libre d'y trouver l'interprétation qui lui convient. C'est frustrant car on aimerait plus d'explications, on aimerait être guidé dans ce labyrinthe cauchemardesque.

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Cette oeuvre majeure de 1925, lue en 1995 en même temps que L'Insoutenable légèreté de l'Etre, est pour moi indissociable de ma rencontre avec la belle Lucia. Lucia, Lucia... si tu me lis, cet été là restera toujours une magnifique, sensuelle et poétique parenthèse dans ma vie... et mon appréciation de ces deux livres, que tu m'as offerts avant de repartir en Italie, t'est donc dédiée...

Le Procès de Kafka, comme le furent nos échappées nocturnes dans les rues lyonnaises, n'a pas de sens unique, est inclassable. le Procès, réaliste dans son écriture, est surréaliste, absurde, existentialiste tout à la fois.

Profondément pessimiste, s'ouvrant sur l'arrestation du condamné, il n'est qu'un long questionnement que l'on sait d'avance voué à l'échec sur les causes de la condamnation. Joseph K. , torturé psychologiquement par un système totalitaire anonyme et par sa recherche d'un sens insaisissable à ce qui lui arrive, glisse doucement vers une résignation, proche de celle du Horla ou du Dernier Jour de Hugo.

Mais Kafka va plus loin. Derrière la critique du système judiciaire, de la bureaucratie, c'est l'absurdité et l'inhumanité de la raison pratique et de systèmes sociaux broyant l'individu surréaliste que dénonce Kafka, ce qui le rapproche de B. Vian, de Sartre, et de Nietzsche.

Face à la sur-rationalisation du monde et à la condamnation de l'Etre par le regard d'autrui -comme dans le Huis Clos sartrien- , le Procès offre un récit décousu, volontairement illogique. K., antihéros dont on ne sait que peu de choses, anonyme porteur de ses doutes et souffrances, se laisse finalement tuer dans un terrain vague, comme un animal.

Derrière la vision pessimiste d'un réel vide perce cependant chez Kafka un côté ésotérique et magique, dans la tradition allemande. Une vie intérieure relevant du fantastique anime, au moins un temps, son personnage, et la résignation se trouve en partie tempérée par une rébellion ricanante face à l'absurde, ce qui me rappelle Ionesco, Vian, et Gabriel Garcia Marquez.

Jolie Lucia, toi qui me guidait dans des soirées sans mesure, et repartit pourtant sagement, toi qui masquait sous la passion d'un masque vénitien une fragilité et de profondes interrogations sur le vide des choses, grand merci donc de m'avoir laissé comme souvenir de toi cette oeuvre majeure et énigmatique. le roman kafkaïen, écheveau venant casser les codes et l'ordonnancement du roman classique comme de la morale des hommes, questionne et interpelle et, à ce titre, reste d'une cruelle actualité en ce début de XXIème siècle.
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La fine limite du réel

Un matin, Joseph K. est arrêté. Qui l'accuse ? de quoi ? Quand aura lieu son procès ? À ces questions, une réponse implacable: "C'est la loi." L'erreur est donc impossible. Ainsi, lentement, au rythme de l'administration, la vie de K. tourne au cauchemar. Avocats désabusés, juges peu scrupuleux, tribunal déserté... la justice n'est plus qu'absurdité, simulacre d'une liberté déjà perdue.

En lisant ce résumé, nous sommes tout de suite portés à penser qu'il s'agit d'un roman policier. Ce classique chef-d'oeuvre n'en est pas un. Nous pourrions même le classer comme roman psychologique puisqu'il nous met constamment en réflexion face à nous-mêmes. Il s'agit donc d'introspection grâce à un bouquin qui tend vers le fantastique.

Qu'est-ce que la liberté et la loi? Qui sont véritablement les juges de notre société ? Ne sont-ils pas partout ? Ne sont-ils pas nos voisins et amis ? Car, un jugement est définitif. Nous sommes tous juges ainsi que victimes.

Franz Kafka écrit d'une plume très accessible et navigue entre le réel et l'imaginaire d'une façon de maître. L'acteur principal ouvre une porte située dans une chambre, il est immédiatement dans les bureaux d'administration de la justice. Ne voilà t-il pas une forte image que la justice est partout ? Peut-elle être oppressante et omniprésente à ce point ?

Nous sentons dans ces lignes une angoisse profonde, une douleur interne par l'écrivain. Un cercle qui gravite infiniment. Plus l'action avance, plus nous nous retrouvons au point de départ. Ce sentiment est figé dans le livre. Plus K. (le héros) tente de se sortir du pétrin, plus il s'engouffre.

Ce bouquin est inachevé. Il n'aurait même pas dû être publié, selon les désirs de Kafka. Par chance, Max Brod, son ami, ne l'a pas écouté. Un pur délice pour l'intellect.

Point négatif ? Il vous faudra mettre de côté les notions de romans ayant une structure intro-intrigue-dénouement. Ici, c'est tout autre chose. Pas accessible à qui veut, mais vaut la peine que vous tentiez l'expérience.

Ma note: 4 étoiles sur 5

James W. Pack 
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Le Procès relate les mésaventures de Joseph K. qui se réveille un matin et, pour une raison obscure, est arrêté et soumis aux rigueurs de la justice.

Ce roman met en lumière diverses thématiques : l'absurdité du monde, la contingence de l'existence, le cauchemar de l'intersubjectivité, l'oppression politique.

"A première vue, le Procès est une critique du système judiciaire, cette machine anonyme à broyer les individus. L'ensemble du système, du juge à l'avocat en passant par les policiers, est considéré comme gangrené par la corruption et la bureaucratie."

"K. est un antihéros. Accusé, à tort sans doute, il finit par abdiquer, il se persuade qu'il est coupable. Alors qu'il pourrait s'échapper, fuir le tribunal, K., comme l'homme moderne, préfère se laisser tuer, il a abandonné toute volonté de vivre. Il est abattu « comme un chien » car il se laisse dominer par cette société qui l'a fixé, objectivé, rivé dans sa culpabilité. On reconnaît ici des thèses développées par Nietzsche sur le dernier homme ou celles de Sartre sur la mauvaise foi."

Roman très interessant et très bien écrit mais j'ai trouvé l'atmosphère un peu trop oppressante. J'ai préféré la lecture de “La Métamorphose” qui était plus légère et fluide et je suis curieuse de découvrir le roman "Le Château" du même auteur.



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K ne comprend pas . Au lever, il est assailli par deux subalternes de la justice qui lui notifient son arrestation. Sans motif , en tous les cas sans les expliciter.
K ne comprend pas et va tenter de se défendre du mieux possible pour gagner son procès.


C'est toujours difficile d'écrire un billet sur un livre connu de tous, au moins de nom. Un livre qui compte , un livre qui aura marqué le XXème siècle et fait de Kafka un nom mondialement connu.

Je ne suis absolument pas la personne la plus apte à dire si un livre est brillant ou à jeter, je vais juste me contenter donc de l'impression laissée sur moi par ce roman.
L'auteur tout d'abord arrive de façon tout à fait subreptice à instaurer un climat lourd, dérangeant, en partant d'un fait anodin . L'étau se resserre autour de K, à chaque page, à chaque rencontre. Il perd ses qualités au travail , les femmes se détournent de lui , il est épié , et finalement ne maîtrise plus rien.
Plane également un sentiment d'absurdité tout au long du roman. L'issue du procès ne semble plus être le problème . K doit porter son fardeau, l'assumer , vivre avec . Accepter le regard des autres , chercher des aides,se battre juste pour se maintenir. Sa libération paraît utopique, il a le choix entre "l'acquittement apparent" et " l'atermoiement perpétuel", deux issues dépeignant la justice corrompue, et l'impossibilité de prouver à long terme sa bonne foie.
L'écriture est précise et instaure remarquablement le climat suscité.

Est ce que cela fait à mes yeux un livre qui restera ? Je ne sais pas . Qu'est ce qui fait que le procès est passé à la postérité ? Mon manque de culture littéraire m'empêche de répondre et j'ai toujours ce sentiment face 'aux chefs d'oeuvres' de passer à côté de l'essentiel. Au delà du texte , il faut je présume, prendre en compte le contexte d'écriture et notamment l'époque.
Je me contenterai donc de saluer la force du texte et son pouvoir hypnotique sur le lecteur , cette descente aux enfers tout en douceur pour K, si bien explicitée ici.
L'enquête de Philippe Claudel , ne passera pas à la postérité. Pourtant , il y a des similitudes, notamment cette incapacité du "héros" à s'en sortir face à l'absurdité de la situation. J'ai adoré l'enquête . Comme quoi...
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Un matin, Josef K. est arrêté par deux hommes de main : on lui fait savoir qu'il y a désormais un procès. 300 pages plus loin, Josef K. est exécuté par deux autres hommes de main. Que s'est-il passé entre temps ? À vrai dire rien, si ce n'est des rencontres.
Dans la vie normale, le crime cherche le châtiment (cf. Dostoïevski), ici le châtiment (l'arrestation) cherche désespérément le crime, si bien que K. n'oppose aucune résistance à son exécution. Pourquoi ?
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De Kafka, Walter Benjamin écrivit :

« Comme les Aggadah du Talmud, les livres de Kafka offrent des récits qui sont toujours laissés en suspens, qui s'attardent dans les descriptions les plus minutieuses, comme s'ils espéraient et, simultanément, redoutaient que le précepte et la formule de la Halaknah, de la doctrine, puissent les surprendre en cours de route. »

Comprenne qui pourra...
Dans ce livre, qui rivalise en puissance mystérieuse avec "Le château", Kafka élabore une intrigue qui nous donne l'impression d'avoir le fin mot de l'histoire sur le bout de la langue. Rien de psychologique et pourtant, on a l'impression que Kafka ne fait que de parler des tourments intérieurs. La structure est insaisissable mais ses effets ne le sont pas.
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Joseph K…, un cadre bancaire voit débarquer chez lui, un beau matin, deux mystérieux agents, qui lui signifient qu'il est en état d'arrestation et qu'il sera jugé…Qui l'accuse, lui qui se prétend innocent ? …mais innocent de quoi, quand aucun motif n'est stipulé ? Quand aura lieu son procès ?
Autant de questions dénuées de sens que se pose Joseph K… En vain…puisque derrière et surtout au dessus de tout cela se trouve « La Loi »…

Un ouvrage inachevé à la mort de Frantz Kafka, qui en avait interdit la publication. Un grand merci à Max Brod , ami et exécuteur testamentaire de l'auteur, de n'en avoir eu cure…

Un texte dérangeant, oppressant, même, dans la mesure où il pose une question fondamentale : « Peut-on être innocent dans l'absolu ? » ; et que cette question nous concerne tous.
Innocent, c'est ce que croit être Joseph K…, alors que de son aveu même, il ne connaît pas La Loi… Il finira par admettre sa culpabilité devant La Loi et tentera de se faire acquitter…

Publié en 1925, « le procès » reste également, à mes yeux, un texte prémonitoire décrivant avant l'heure les méthodes de destruction mentale en usage dans les geôles communistes : absence de chef d'inculpation, mise à l'isolement, déclarations contradictoires ...et au final, acceptation d'une culpabilité sans accusation, autocritique... On connaît la suite.
Il n'est que de relire « le zéro et l'infini » d'Arthur Koestler pour s'en convaincre…

Dérangeant, oppressant, mais remarquable !
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