Sur une Terre à l'agonie en proie à des périodes de cataclysmes détruisant indistinctement villes, villages et population.
N.K. Jemisin crée un monde post-apocalyptique plutôt atypique et complexe. Au sein de la population humaine a émergé une lignée de mutants capables de manipuler les forces de la Terre. Mis au ban de la société, recueillis par un ordre de Gardiens bien spécifique, ils n'en sont pas moins détestés, pourchassés voire massacrés. La Cinquième Saison apparaît comme une sorte de métaphore relative à la culture, aux catastrophes naturelles, à la résilience de l'humanité, avec un soupçon de fantastique par le biais de ces êtres capables d'interagir avec la nature. L'auteure se penche principalement sur les rapports humains, les luttes de pouvoir entre les peuples, les différences sociétales, culturelles, et même sexuelles, soulevant un flot de questionnement sur le devenir du monde. Toutes ces considérations existentielles sont sans doute louables mais finissent par diluer l'intrigue déjà ténue et prendre le pas sur l'histoire. le prologue mélange les personnages, les époques, les visions du contexte et laisse plutôt perplexe. Les chapitres alternent principalement entre le point de vue de trois femmes que l'absence de repères temporels ne permet, ni de situer précisément dans le récit, ni d'établir une quelconque corrélation entre elles. Elles se montrent peu attachantes, sans grand relief, pas toujours en phase avec la logique et n'affichant pas vraiment de position explicite. Concernant la forme, c'est totalement abscons et dénué de sens. D'emblée l'auteure s'adresse directement au lecteur en le prenant à témoins puis curieusement se complait à jongler avec les modes. On passe inopinément par tous les styles narratifs, d'un personnage à l'autre, d'une situation à une autre, sans continuité ni distinction spatio-temporel. C'est confus et au final, peu compréhensif, d'autant que le récit regorge de termes spécifiques nécessitant de se référer sans cesse au lexique. L'histoire n'a rien de captivant, le style est pontifiant, décousu, plat, sans rythme ni attrait et en conséquence, on s'ennuie fermement. C'est long, plein de noirceur et de violence superflue pour bouleverser le lecteur mais il ne se passe pas grand-chose de concret entre les nombreuses et inutiles digressions, le récit n'avance pas. A côté de ça, certains mystères comme ces étranges créatures que sont les mangeurs de pierres, ou ces cristaux géants possiblement issus d'une antique civilisation, ne sont carrément pas expliqués, mis de coté sans doute pour les volumes suivants. Beaucoup de dialogues et d'artifices narratifs, mais un manque flagrant de cohérence et de descriptions pour dépeindre dans le détail cet univers qui se veut riche et complexe. Si la conclusion amorce quelques bribes de clarification, cette mise en place s'avère beaucoup trop fastidieuse, alambiquée et dogmatique pour éveiller l'envie d'aller plus loin.