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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voilà donc l'épilogue de cette trilogie, que j'ai trouvé dans la droite lignée des deux précédents opus. En résumé : oui, mais non.
Les répliques en vers des Aventureux du Bois Oiselé, oui.
Les morceaux en vers de la chanson du bel églantier, oui.
Les répliques à couper au couteau entre Vaumacel et la duchesse, puis avec la Lissandière, oui.
Les descriptions parfois grandioses, spectaculaires, et quoi qu'il en soit très évocatrices, oui.
L'incroyable richesse du monde tissé par l'auteur, oui.
Le style évidemment, oui, avec une mention particulière pour le lexique. Jaworski est et restera quoi qu'il arrive un très grand écrivain.
Mais...
Les longueurs, en particulier les longueurs descriptives au cours des voyages, non. La traversée des souterrains de Vayre est interminable, on croit ne jamais en voir la fin. La description de l'incroyable complexité dudit château est assommante, et la visite de tout le lexique architecturomédiéval ne m'a pas permis pour autant de me figurer vraiment la géographie des lieux.
Tous ces personnages riches créés avec tous ces arcs narratifs secondaires, pour finalement ne pas les fermer, et se concentrer sur le destin d'un personnage dont on ne sait même pas vraiment ce qu'il devient, car...
Le dénouement, non. Je ne suis même pas sûr de l'avoir vraiment compris. Tout ça pour ça ?
J'ai lu les trois opus dès leur sortie, les trois en un an date à date, donc. Pour autant, je ne me rappelais déjà plus, malgré le résumé en incipit, de certains événements dont il est fait mention dans ce troisième volume. Je pense donc que pour en saisir toute la substantifique moelle, il faut pour bien faire enchaîner les trois maintenant qu'ils sont tous sortis. Mais pour ça, il faudrait que ce soit un peu plus digeste.
Malgré la virtuosité de l'auteur, j'ose donc prononcer le mot de (demi-) déception.
J'ai commencé ce cycle comme un inconditionnel de Jaworski, j'en sors en étant toujours un admirateur, mais beaucoup moins inconditionnel.
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A l'opposé de la publication pour le moins chaotique de la série « Rois du monde », la dernière trilogie en date de Jean-Philippe Jaworski a bénéficié d'un rythme de parution très confortable pour le lecteur puisque les trois tomes sont sortis en l'espace d'un an. L'heure est donc déjà venue de clôturer cette nouvelle incursion dans le Vieux Royaume, univers de prédilection de l'auteur dans lequel se déroulaient déjà les intrigues de « Gagner la guerre » ainsi qu'une grande partie de ses nouvelles. [Attention, si vous n'avez pas encore eu l'occasion de lire les deux précédents tomes de la série, je vous conseille de passer directement au paragraphe suivant au risque de vous voir SPOILER une partie de l'intrigue.] Après un premier tome reprenant à la lettre les codes du roman courtois et mettant en scène le chevalier de Vaumacel, le deuxième volume avait constitué une rupture pour le moins brutale puisqu'on y basculait plutôt dans le registre de la « crapule fantasy », avec notamment le retour tant attendu de Benvenutto sur le devant de la scène. Une même intrigue, donc, mais deux ambiances et des arcs narratifs différents. le lien entre les deux protagonistes tenait alors aux bouleversements politiques rencontrés par le duché de Bromael, à la fois en proie à une invasion extérieure mais aussi à un début de guerre civile. Deux événements qui trouvent leur origine dans le conflit ayant éclaté au sein de la famille ducale suite à la répudiation de la duchesse Audéarde par son mari sous le prétexte de l'infidélité. Seulement cette dernière dispose de nombreux soutiens parmi la noblesse, à commencer par ses fils prêts à tout pour défendre l'honneur de leur mère (et par là même leurs prétentions sur le duché). de nombreux chevaliers se sont également fait un devoir de rétablir l'honneur de l'ancienne duchesse, à commencer par notre fameux chevalier aux épines, d'autant plus attendu au tournant que c'est avec lui qu'Audéarde est accusée d'avoir été infidèle, et qu'il n'a pas assisté au procès au cours duquel il aurait pu défendre l'honneur de la dame.

Voilà pour une partie du tableau. Mais l'intrigue est loin de se limiter à ces questions de politique et de guerre, puisque, parallèlement à l'évolution du conflit en Bromael, une grande partie du récit est consacré aux agissements de diverses formes surnaturelles oeuvrant plus ou moins dans l'ombre. C'est le cas de la fameuse Lisandière, puissante fée dont Vaumacel s'est attiré les faveurs et qui semble particulièrement apprécier d'aggraver le chaos ambiant et se choisissant des champions dans les différents camps qui s'affrontent. C'est le cas aussi de ce culte du désseché basé sur la nécromancie et qui connaît un regain troublant du côté de Vayre, le fief du fils aîné d'Audéarde. Audéarde qui, après une tentative d'assassinat minutieusement orchestrée, est pourtant parvenue à survire, ce qui ne manque pas d'attirer les soupçons et de remettre de l'huile sur le feu. Enfin, il y a la question de cet étrange narrateur à qui l'on doit notre récit et dont on sait seulement qu'il écrit à posteriori, depuis un endroit dont il ne peut s'échapper et dans lequel il doit garder sous clé une créature redoutable mais dont la nature ne nous est jamais explicitée. Cela fait beaucoup pour une trilogie, et encore plus pour un seul tome puisque ce dernier volume se devait à la fois de résoudre toutes ces questions d'ordre surnaturelles, mais aussi celle de la guerre intérieure et extérieure menée par le duché de Bromael, ainsi que celle de l'évolution de son alliance avec la République de Ciudallia (raison de la présence de Benvenuto). Cela fait en réalité tellement que l'auteur a fait le choix de ne se concentrer que sur une partie de l'intrigue et de mettre au second plan tout le reste, à savoir la résolution des conflits dans lesquels s'est engagé le duché de Bromael. Cela n'est évidemment pas sans susciter chez le lecteur un gros sentiment de frustration puisque de très (trop?) nombreuses questions demeurent en suspens. Alors certes, on se doute bien que, compte tenu du degré de rétention d'informations auquel se livre l'auteur, ce dernier projette dans un futur plus ou moins proche de revenir au Vieux Royaume (enfin j'espère !), il n'en reste pas moins qu'on a un peu en travers de la gorge d'être chassé de l'univers aussi abruptement.

La frustration engendrée par la lecture de ce troisième tome tient également aux choix narratifs réalisés par Jaworski. En effet, le changement de ton et de style entre les deux premiers volumes pouvaient laisser penser que le troisième proposerait une sorte de synthèse des deux, avec certains chapitres consacrés à Vaumacel, et d'autres à Benvenutto. Et bien non. On retrouve en fait totalement et uniquement l'ambiance « roman courtois » du premier tome, sans plus gère de mention à l'assassin qui disparaît complètement des radars. Or, en dépit de l'attrait que l'on peut éprouver pour les aventures du chevalier aux épines, on ne peut s'empêcher d'être légèrement déçu de le voir occuper à nouveau à lui seul le devant de la scène. Ces bémols mis à part, on renoue avec plaisir avec l'univers et la plume de Jaworski qui n'a pas son pareil pour créer des ambiances immersives et des confrontations mémorables portées par des dialogues incroyablement ciselés. Comme dans les tomes précédents (et globalement les romans de l'auteur), l'ouvrage comporte finalement un nombre de scènes plutôt limité, ces dernières s'étirant encore et encore sans pour autant susciter le moindre ennui. Au contraire, l'auteur parvient à entretenir une tension permanente qui pousse à lire toujours plus loin, que ce soit par le biais d'une discussion entre deux personnages importants dont on espère tirer quelques bribes de réponses, ou d'une scène d'action dans laquelle la liste des dangers ne cessent de s'allonger (l'excursion vertigineuse du page de Vaumacel dans les hauteurs du château de Vayre est notamment parvenu à me coller de sacrées sueurs froides !)

Le style de l'auteur est quant à lui toujours aussi maîtrisé : on sent que chaque mot a été pesé et pensé, et on ne peut qu'être admiratif du jeu littéraire auquel Jaworski se livre en multipliant les codes et les références aux romans courtois du XIIe. Outre les fabliaux inventés pour l'occasion et qui se révèlent toujours aussi distrayants, l'auteur se livre également à d'habiles manoeuvres pour à la fois entretenir le mystère sur l'identité du narrateur, tout en appuyant la volonté de ce dernier d'être considéré comme une source fiable des événements qu'il rapporte, n'hésitant ainsi pas à mentionner d'autres auteurs et d'autres oeuvres à la manière d'un historien. Cette question de l'identité du narrateur est d'ailleurs à la fois une source de satisfaction et de frustration. Satisfaction parce qu'on devine la métaphore à laquelle se livre l'auteur par le biais de son personnage et de son action, et que le résultat est des plus réussis. Frustration parce que, quant bien même un léger indice s'est glissé à la toute fin du roman, on enrage d'être laissé en plan sans aucune confirmation ni éléments de réponse pouvant nous permettre de rattacher ce personnage au reste de l'intrigue du chevalier aux épines. Les personnages sont pour leur part toujours aussi convaincants à défaut d'attachants. Il était en effet plus facile de comprendre le cynisme et le pragmatisme de Benvenutto plutôt que tous ces codes qui régissent la vie des chevaliers de Bromael, obnubilés à l'absurde par les questions d'honneur et de service offerts aux dames. Ils nous paraissent ainsi bien éloignés de nous et de nos considérations modernes, ces chevaliers d'un autre temps qui se soumettent à des règles désuètes et qui se pâment pour l'honneur de femmes reléguées (du moins officiellement) au rang de potiches, et c'est la conscience que l'on a de cet écart qui rend les personnages si réussis. Il n'en reste pas moins difficile de s'attacher à la plupart d'entre eux, le chevalier de Vaumacel en tête dans la mesure où ce dernier est dépeint comme la personnification même des valeurs courtoises, bien qu'ici soumises à rude épreuve. Les personnages plus sombres et presque néfastes sont finalement ceux pour lesquels on en vient à éprouver le plus d'affection, qu'il s'agisse de l'ambitieuse duchesse ou encore du retors petit page servant Vaumacel.

« Le débat des dames » met donc un point final à la trilogie du chevalier aux épines entamée il y a un peu plus d'un an et relatant les aventures d'un chevalier entraîné malgré lui au coeur d'un conflit familial impliquant la famille ducale de Bromael et mettant en péril la stabilité même de la région. Si certains arcs narratifs trouvent effectivement ici leur conclusion, de nombreux autres sont toutefois laissés en suspens, ce qui n'est pas sans susciter une grande frustration chez le lecteur. Une frustration qui vient légèrement ternir un ressenti pourtant globalement très positif, Jean-Philippe Jaworski possédant toujours un talent de conteur difficile à égaler, de même que la qualité de sa plume. Ne reste plus maintenant qu'à espérer le voir reprendre cette dernière pour nous éclairer sur l'avenir du Vieux Royaume.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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