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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans le Conte de L'Assassin, Benvenuto Gesufal est chargé d'accompagner la délégation ciudalienne jusque dans le duché de Bromael pour apporter la dote conséquente de Clarissima Ducatore et pour l'occasion, il est nommé Grand Argentier. La mission ne lui plait guère car il est toujours en froid avec la donzelle, d'autant que le Podestat lui a expressément demandé de lui passer tous ses caprices et de se réconcilier avec elle. Alors Benvenuto le sait, il va morfler mais ce qu'il ne sait pas, c'est jusqu'à quel point car la délégation va débarquer en plein drame familial. En effet, pour épouser Clarissima, le duc de Bromael a répudié sa femme et l'a exilé dans un couvent, ce qui lui vaut l'animosité de deux de ses fils. Alors que la guerre gronde avec les Ouromands, il doit laver son honneur et prouver sa valeur dans un tournoi l'opposant à ses fils et à ses partisans. Alors quel rôle Benvenuto Gesufal jouera-t-il sur cette scène politique délicate ?

Dans le Conte de L'Assassin, le célèbre personnage de Gagner la Guerre, Benvenuto Gesufal reprend officiellement du service. Aussi, il récupère son rôle de narrateur principal et s'en vient nous conter par le menu sa vision des faits qui se sont déroulés lors du Tournoi des Preux, sans omettre les évènements qui l'ont précédé et suivi. Avec sa réapparition, Jean-Philippe Jaworski casse volontairement l'ambiance chevaleresque de sa saga. En effet, sa gueule cassée et sa gouaille détonnent dans le décor policé d'une cour de gentilshommes et de gentes dames. le but recherché est de renverser les codes et pimenter ainsi le récit. L'objectif est atteint car on en oublie vite les sérénades contées précédemment entre chevaliers et nobles dames pour laisser la place aux meurtres commis à la dérobée et à un certain désordre.

Comme à son accoutumée, Jean-Philippe Jaworski malmène son personnage principal, d'autant qu'il l'envoie en terre inconnue où il est un étranger, autrement dit un homme facilement identifiable qui ne peut donc pas disparaître dans l'ombre. Autant vous dire que cette mission est une vraie chausse-trappe pour notre célèbre assassin qui se retrouve mêlé bien malgré lui à des intrigues initiées par le Podestat en personne mais à la finalité incertaine.

Ainsi, la venue de Benvenuto donne un nouvel éclairage au récit du Tournoi des Preux. La visée de chaque protagoniste est plus clair et le récit, tellement plus captivant. Pour autant, si l'on croit tout savoir de l'issue de cette histoire, notamment à propos de l'affrontement entre Ædan de Vaumacel et Benvenuto Gesufal, la conclusion proposée par Jean-Philippe Jaworski promet d'être surprenante.

Si l'auteur a parsemé sa série de motifs médiévaux tels le conflit de loyauté, les rivalités amoureuses ou l'infâmie, il a su moderniser le genre en y ajoutant sa touche personnelle, à travers son personnage irrévérencieux qui vient secouer les normes et dispenser le grabuge nécessaire aux desseins hégémoniques et machiavéliques de son commanditaire.

En lisant le Chevalier aux Épines, on sent le goût de son auteur pour L Histoire médiévale. L'ambiance et le décor n'en sont que plus immersifs. La richesse de la langue et du vocabulaire sont au rendez-vous pour retenir captifs les lecteurs... suite sur Fantasy à la Carte





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Encore un immense plaisir de lire du Jaworski. Un plaisir doublé car nous quittons le Chevalier aux Épines et sa belle langue pour retrouver le salaud Benvenuto, (anti)héros de Gagner la Guerre, que personnellement j'aime beaucoup comme personnage.
Jaworski nous avait laissé avec un énorme Cliffenger au tome 1, le tome 2 réussi à combler mes attentes. Changeant de narrateur, la façon de parler est très différente, c'est une force de Jaworski qui arrive à donner beaucoup de profondeur à ses personnages rien qu'à leur façon de parler. L'histoire est captivante, j'ai encore eu du mal à sortir de son récit, et même si la fin ne nous laisse pas un aussi gros Cliffenger que le tome précédant, il est évident que nous voulons savoir la suite. Janvier 2024.
J'ai tellement aimé !
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Deuxième volume de la trilogie « le chevalier aux épines » . Comme l'avaient annoncé les dernières lignes du premier tome ,une vieille connaissance revient sur le devant de la scène .Après un prologue assez mystérieux , la narration est reprise par ce cher (très cher) Don Benvenuto l'assassin préféré du podestat de Ciudalia . Devenu un ponte dans la mafia des Chuchoteurs , et chargé de la sécurité et des basses oeuvres du retors Leonide Ducatore .Celui-ci le charge de participer à l'ambassade envoyée au Duc de Bromael.Elle lui apporte la dot de la nouvelle duchesse Clarissima Ducatore. Dire que retrouver la donzelle à qui le lient d'épineux souvenirs ,enchante l'homme au sourire aurifié serait exagéré sans oublier un trajet maritime qui met à mal son estomac et un rôle de gardien de trésor qui lui va comme un tablier à une vache . Partie sous ces heureux auspices , l'expédition va se révéler bien pire. Ce deuxième tome reprend en partie (jusqu'au tournoi de Lyndinas) les évènements du premier mais sous l'angle du parti ducal et dans la langue verte du ruffian ciudalien ce qui donne moins de glamour mais infiniment plus de sel au récit . C'est toujours une intrigue de très haute facture portée par une langue travaillée et animée par des personnages fortement campés.Un régal.
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‌Le prélude nous présente enfin, bien qu'encore auréolé de mystère, le fameux conteur du premier volet qui croise un fameux personnage !
Ensuite, nous sommes très vite immergés dans l'histoire de notre chuchoteur préféré, dans sa tête même, puisqu'il nous la raconte lui-même :
- Il nous plonge dans les intrigues ciudaliennes et bromaloise, qui se ramassent à la pelle et nous montrent un autre visage de ce mik-mak
- Il nous complète une histoire plus vaste, bien au-delà d'une simple rébellion filiale et des petites intrigues de cours autour de ce fameux tournoi
- Comme dessiné en fin de premier tome, mais ici avec un volet supplémentaire impliquant le Patron et laissant apercevoir en quoi les Desséchés sont impliqués
- Il nous manque cependant encore des pièces à ce puzzle, les magiciens et les elfes en particulier pour lesquels les desseins ne sont pas encore très clairs

Nous retrouvons donc et avec un grand plaisir Benvenuto, avec sa gouaille, son esprit vif et retord, toujours fidèle au Patron (il paye bien)
- Contrairement à la fin du 1re volet, où nous étions tentés de le détester, nous revenons à l'apprécier et à le comprendre
- Il reste un peu agaçant qu'il se fasse si facilement contré et même destitué de ses actes de bravoure
- Il nous démontre avec tout cela qu'une situation se doit d'être appréhendée à travers différents prismes et nécessite toujours une pincée d'empathie !

‌Chapitre XI : tiens, un peu de calme !
- Un chapitre de transition entre Lindinas et Vayre, très descriptif
- Tout comme dans le tome 1 avec le trajet jusqu'à Vayre, un passage instructif, sans doute nécessaire pour poser l'histoire, mais un peu long

Et puis, comme toujours avec Benvenuto, ça repart vite en saucisse
- Nous y perdons, non pas un héros de la trilogie, mais un "numéro deux" héroïque et sympathique
- Ce tome deux se termine là encore sur un coup de théâtre
- Mais là la surprise est moins grande, elle l'aurait était plus si tout avait été si simple
- Et puis, nous n'avons pas encore extirpé un début de compréhension sur beaucoup de sujets
- Et puis, toutes ces manigances ne peuvent pas tomber à l'eau si rapidement, il y a un tome trois tout de même !

Plus globalement, il faut retenir quelques petites choses, prendre un peu de recul sur toute cette furia :
- le monde du vieux royaume est dépeint avec plus de précisions, de diversité ethnique, géographique et historique
- Les personnages sont solidement décrits, avec des personnalités riches et variées
- le rythme de l'histoire est soutenu (deux petites pauses tout de même avec le prélude et le voyage) et intègre encore une belle alternance action/description que j'apprécie, mais qui est quand même là en bascule vers plus d'action
- L'écriture et le vocabulaire sont toujours aussi riches et poétiques
- le scénario riche, très riche, haletant, il complète le tome un par superposition et il ménage son comptant de surprises, de suspense et de petits coups de théâtre (plus un gros)

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Ah !!! Deuxième tome des aventures moyenâgeuses du chevalier aux épines. Jean-Philippe Jaworski continue de nous régaler avec une fantasy somptueuse, à l'écriture riche, savoureuse, sensuelle et foisonnante. A conseiller aux amateurs de littérature, de vraie littérature car les textes sont amples et lettrés, une belle occasion d'acquérir du vocabulaire médiéval, architectural, végétal, lyrique et argotique. Un goût d'authenticité, et une vraie immersion dans un univers aussi baroque que fécond.

Un hommage constant à la littérature française, car au long du roman, et selon les narrateurs, on aborde les grands styles de la littérature, sans doute moins ici que dans ses autres ouvrages car le principal narrateur est Don Benvenuto, l'assassin personnel d'un homme politique de Ciudalia, mais il y a quelques morceaux choisis dont un long poème médiéval.
Plus savoureux encore car l'aventure « chevaleresque » du tome 1, présentée à l'avantage du camp de la duchesse répudiée Audéarde, est ici vue par l'autre camp, notamment Don Benvenuto mis au service du duc Ganelon, de sa nouvelle épouse et de sa clique seigneuresque. Changement de langage, choc de culture, toute la culture chevaleresque du tome 1 est à présent vue à travers les yeux d'un étranger condescendant qui la présente comme une partition désaccordée... et pourtant la magie opère : les preux chevaliers déjouent comme par enchantement les affreux complots ourdis contre eux. Pour ce qui est de la magie, on trouve ici des indices lâchés ça et là, différents de ceux présentés dans le tome 1, mais qui restent cryptiques. Comme souvent chez Jaworski, la magie reste à l'appréciation de l'observateur, fantasme ou coïncidence étrange, affabulation ou ésotérisme inaccessible, force fondamentale de l'univers, ou derniers effluves de puissances décaties. La magie au sens propre y est omniprésente mais se dérobe aux sens et aux mots, pour une fois qu'elle n'est pas galvaudée en fantasy !
Dans ce conte sans morale, mais où la grâce littéraire coule à flots, j'ai été happé par la puissance narrative de cette fantasy noire et gouailleuse. La violence faite aux gueux et les malheurs de la guerre y côtoient le faste et les intrigues de cour comme une longue et belle valse, comme les deux facettes d'une monnaie avec laquelle se paient les drames humains. Ah que toute la fantasy ressemble presque à de la littérature enfantine face à ce conte cruel et drôle ciselé avec une plume si féconde.
Se relever la nuit pour finir un roman, ça ne m'avait pas pris depuis longtemps.
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Don Benvenuto est de retour ! Quel plaisir de retrouver sa sale trogne de crapule.

Si le lecteur est tenu en haleine à la fin du tome précédent, le début de ce second volume entretient le suspense. L'histoire commence bien avant les événements du tome 1, avec un Benvenuto au mieux de sa forme, pratiquant son activité favorite... la navigation en grandes eaux. Ce voyou, à l'ironique promotion de grand argentier, se rend en Bromael afin de servir les intérêts du Podestat. Son aventure ne se passera pas sans encombre... en particulier parce qu'il doit renouer contact avec celle avec qui il dit avoir eu une amourette, un terme qui me semble bien mal approprié, son altesse Clarissima Ducatore.

Toujours rédigé du point de vue de Benvenuto, j'ai adoré retrouver son écriture haute en couleur, totalement biaisée et magiquement crue et immersive. Lui qui pensait se la couler douce après ses désastreuses aventures de Gagner la Guerre, se retrouve mêlé à des complots politiques dans un paysage qu'il ne maîtrise pas, entouré de personnes souhaitant, si ce n'est pas sa mort, son malheur. Son oeil, extérieur à cette société, apporte un nouveau regard sur la société bromalloise, qui semble somme toute ridicule à un Ciuladien. Les commentaires de Benvenuto m'ont de nombreuses fois fait sourire, me rappelant les critiques de Molière dans Les Précieuses Ridicules ou celles de Montesquieu dans ses Lettres Persanes.

Le parti pris par l'auteur est surprenant. On découvre les événements du volume précédent sous l'angle du camp adverse. Si le lecteur connaît déjà l'ensemble des péripéties, cela lui apporte le contexte manquant pour comprendre toute l'histoire. J'avais peur que les répétitions soient ennuyeuses mais la plume de Benvenuto et ses nombreux malheurs rendent le tout attractif et prenant. J'ai même été tiraillée entre les deux camps, souhaitant la réussite d'Yvorin et de Vaumacel tout en espérant que Benvenuto parvienne à ses fins. (Et au vu de la mission qu'il doit effectuer, le succès des deux s'avère compliqué...).

Ai-je pris un malin plaisir face aux malheurs de Benvenuto ? Oui ! Ai-je apprécié la vengeance de Clarissima ? Bien sûr ! C'était grandement mérité. Ai-je mis les rouages de mon cerveau en route pour trouver comment Benvenuto pourrait s'en sortir ? Absolument ! Est-ce que ça l'a aidé ? Pas du tout... Néanmois, j'espère recroiser sa route dans d'autres aventures.
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Presque un an après le premier tome de la trilogie du Chevalier aux épines, je me suis replongé dans le Vieux Royaume en attaquant ce tome 2. Sauf que cette fois-ci je me suis préparé, j'ai relu Gagner la guerre, relu le service des dames, et j'ai relu le tome 1 du Chevalier aux épines (qui m'a beaucoup plu, plus qu'en première lecture).

Et je pense que cela m'a été très bénéfique. J'ai adoré ma lecture. le tome 1 finissait sur un cliffhanger, mais pour avoir le fin mot sur ce qu'il s'est passé, Jaworski nous ramène en arrière pour nous raconter un autre pan de l'histoire déjà déroulée dans le premier tome. Cela pourrait être raté ou redondant, ici cela ne l'est jamais. On retrouve avec plaisir quelques scènes que l'on connaissait déjà, mais ici avec un autre point de vue, et puis on a surtout un tout autre récit, avec un autre protagoniste, et j'ai beaucoup aimé.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler mais c'était une super lecture. Je mets en lien le replay d'un live consacré à la trilogie (cela commence sans spoiler).
Lien : https://youtu.be/R03yRQYMR6s..
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Il nous avait tellement manqué que Jean-Philippe Jaworski a eu pitié de nous et l'a convoqué dans deuxième tome. Benvenuto, notre assassin préféré, de la guilde des Chuchoteurs, est de retour et il ne va pas être ménagé dans ce tome qui se présente comme une vision alternative des événements du premier.
L'auteur a de nouveau rassemblé toutes les qualités qui le caractérise pour ce 2e opus d'une série qui fera date dans l'Heroic Fantasy française. Evidemment, il faut aimer son écriture riche, posée et précise, dans une univers médiéval très réaliste, où le fantastique ne fait qu'effleurer l'action.

Je suis complètement fan et suis ravi d'avoir replongé dans son univers, tout en sachant que le troisième (et dernier) tome du cycle va bientôt pointer le bout de son nez.

Foncez, c'est du lourd et du très bon.
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Drame des d(r)ames !
Voilà que je viens de finir le tome 2 du Chevalier aux Épines.
Le Conte de l'Assassin. Et cela va sans dire, il a eu son compte, cette fois encore, le Grand Argentier.
Mais qu'est-ce qu'on se poile !
Bon, faut suivre. Mais qui suivra, verra.
C'est que même s'ils pètent dans la soir, ils ont quand même tous des noms à coucher dehors.
Et que, force est de constater que, même la façade bien ravalée, notre double-solde adoré est toujours partant pour se jeter dans un guêpier. C'est qu'il a des talents qui auraient fait rougir Léonard de Vinci (excusez du peu.)
Sauf qu'apparemment, il ne pisse pas droit.
Enfin, vivement le 3 !
C'est vrai, l'auteur m'avait prévenue, moi qui me pâmais devant sa syntaxe à m'en faire des colliers, question vocabulaire, ici, j'ai vaguement déchanté. Juste vaguement, parce que bon, voilà quoi. j'ai pris mon pied tout pareil. Sans main, sans dents, sans plus d'aiguillette en barbelé, j'ai pris mon pieds.
Que de douceurs, quand même, dans ces pages. La pie qui chante, quoi.
Chers lecteurs, foncez. Ou vous risquez bien de vous faire gourmander.
PS: Oh oui, Clarissima est là aussi. Et clairement pas pour faire joli. Celle-là, elle est toujours dans les bons coups.
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‘Révérence à la Geste du chevalier aux épines… Mais n'exposez point trop bas votre nuque...'

Le premier tome aura ravi l'âme des amateurs de récit de chevalerie les plus exigeants (des joueurs de Pendragon, aux adorateurs de Chrétien de Troyes…). Véritable tour de force stylistique et romanesque, on y aura assisté à une synthèse et une réécriture du récit de chevalerie… Plongé à froid dans l'encre intriguante et narquoisement anti-manichéenne dont l'auteur a le secret… Reforgé par une grande maîtrise épique poétique… et saupoudré d'une dose finement murie de merveilleux.

Ce second tome m'est d'abord apparu comme un cadeau inattendu et jouissif aux idolâtres de « Gagner la guerre », dont je suis. Avec le déplacement focal sur le personnage de Gesufal, le tortueux et le machiavélique s'immisce comme une ombre tentaculaire dans le cycle, porté par cette tournure d'esprit et ce phrasé salement caustique qui nous avaient tant manqué. On y retrouve cette capacité, au nom de l'authenticité du récit et sous couvert du pragmatisme misanthrope du personnage principal, à piétiner toute morale, sans épargner au lecteur la crudité crasse de la violence et l'écoeurement qui va avec… On reste fasciné par cet effort presque blasphématoire de dénigrement et de piétinement des codes si habilement mis en musique par l'auteur dans le premier tome, comme un peintre (on ne dira pas lequel) maculant une magnifique toile coupable de soi-disant niaiserie. Mais cette surimpression ne se fait pas sans dommage pour un Gesufal qu'on sent peut-être un peu vieillissant… le côté joueur, provocateur et truculent du personnage ne suffit plus ici pour « faire passer » le caractère profondément malsain de ses pensées et de ses actes. On pourrait presque croire que ses aventures et leur conclusion sonnent comme une sorte d'exorcisme d'un auteur envers un personnage qui aurait dépassé les bornes… ou comme un point final à une oeuvre maîtresse bien envahissante. de là à y voir un retour à une forme de morale, ce serait, à mon avis, mal connaître JP Jaworski

Cette opposition Tome I / Tome II ou Vaumacel / Gesufal ne doit rien au hasard ou à un simple rêglement de compte de l'auteur avec ce dernier. S'y dessine aussi un véritable choc de fond et de style entre un récit de chevalerie remodernisé et poétique d'un côté et de l'autre une errance ‘dark-low-fantasy' anti-héroïque, frisant la parodie. Vaumacel, malchanceux dans la droiture et l'honneur, voit son destin intimement lié au merveilleux tel un chevalier de la table ronde, alors que Gesufal l'acharné calculateur, moqueur et cynique y est aussi réfractaire qu'aveugle. On y retrouve, disjoint par les tomes, et rassemblé par le cycle, un ensemble de dichotomies qui latéralisent originellement la fantasy : le merveilleux et le rationnel, le croyant et l'incroyant, l'humaniste et l'amoral, le manichéen et l'opportuniste, le noble et le bouffon, le béni et le maudit... Plongés dans une même obscurité, unis par un commun mystère et condamnés aux turpitudes d'un hasard probablement pipé, les récits en apparence antagonistes des deux premiers tomes semblent paradoxalement dessiner une tentative d'interpénétration, comme si de leur collision dût émerger une forme de collusion.

Jaworski l'alchimiste a longuement travaillé la langue de ses maîtres jusqu'à en tisser ses propres formules qu'il sait affuter à la perfection. A cette étape du cycle on pressent le mélange syncrétique bouillonner dans un grand chaudron de son cru et on a bien hâte d'assister au feu d'artifice.
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