AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330189532
192 pages
Actes Sud (06/03/2024)
3/5   4 notes
Résumé :

Vieillir peut être une aventure féconde et positive quand les bons choix sont faits au bon moment. Voilà ce que Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, spécialiste du bien vieillir et pionnière des soins palliatifs en France, sait transmettre mieux que personne. Dans ces entretiens avec le journaliste Olivier Le Naire, elle revient sur son parcours hors norme, ses rencontres, et se confie pour la première fois de manière intime sur ses choix de vie, ses ... >Voir plus
Que lire après L'Éclaireuse: Entretiens avec Marie de HennezelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Marie de Hennezel se confie comme jamais, à soixante-dix-sept ans, au seuil du cinquième âge et ça déménage !
J'ai lu des pages inoubliables. Tellement nourrissantes que je ne sais pas où donner de la tête. Je vais donc privilégier quelques idées-force.
Son itinéraire de femme engagée m'a enthousiasmé.
Elle bouscule les tabous de la mort, de l'invisible, du vieillir. Elle préfère Jung à Freud, à rebours de la mode lacanienne. L'anticonformiste de nature se fie à son intuition, un peu chamane, un peu médium, dira François Mitterrand, approché puis connu dans la foulée d'un rêve in-spir-é et d'une lettre au sphynx. Elle consacre des pages surprenantes à leur relation purement spirituelle, cultivée sur onze années, jusqu'à la mort différée du président. Lorsqu'il accède à l'Élysée en 1981, les médecins lui prédisent entre trois mois et à trois ans d'espérance de vie. Il mourra en 1995.
Elle se forme à haptonomie alors qu'elle commence à accompagner les mourants. Elle apprend la manière de toucher une personne afin qu'elle retrouve confiance et sente le « bon » en elle. L'accompagnante s'assied sur le lit du patient, lui permettant de s'enrouler en position foetale autours du corps de l'écoutante. La peau renoue ainsi avec sa sécurité de base, celle ressentie, nourrisson dans le ventre de sa mère.
« Dans le tact, il y a une écoute, un respect, de la tendresse. »

Marie de Hennezel aime ce qu'elle fait, les rencontres qui en découlent, aime la vie et ses surprises. Difficile de la faire entrer dans une case. Rebelle dans l'âme, elle pourfend le suicide assisté, récuse la légifération de la fin de vie. Elle propose plutôt d'aider le mourant à trouver ce qui lui procure de la joie, de l'aider à redonner du goût à la vie.
Elle préconise l'anorexie finale décidée en toute lucidité et en connaissance de cause. La personne cesse de boire et de manger et s'en va doucement. Les unités de soins palliatifs savent parfaitement encadrer ce départ assumé. La contestataire pense qu'une loi arrange beaucoup de monde. Une injection létale et hop ! Une personne bien aidée en fin de vie coûte cher à la collectivité.
Des alternatives existent à l'EHPAD, les béguinages et habitats solidaires, par exemple. le propos prend un tour politique pour fustiger une classe dirigeante aveugle à la nécessité de penser et de financer le soin d'une longévité accrue. de nombreuses initiatives individuelles attestent l'existence d'une solidarité intergénérationnelle. Mais l'implication des politiques est indispensable, bientôt aux prises bientôt avec une situation explosive, au vu de la croissance du peuple des anciens.

Parler de la fin. La parole délivre, allège.
Dire ce que l'on veut, ce qu'on ne veut plus.
Se mettre au clair avec la mort.
Confier ses directives à une personne de confiance, futur porte-parole éventuel.
Anticiper ses derniers jours, pour mieux vivre la mort.
Dialoguer assez tôt avec une équipe de soins palliatifs.

Cette femme exceptionnelle, psychologue atypique, répond avec franchise au journaliste, venu recueillir son témoignage durant quelques jours dans sa belle maison de l'île d'Yeu. Son itinéraire de femme engagée m'a passionné et nourri, récit d'anecdotes, de moments-clés, de rencontres touchantes, d'opinions tranchées.
Toutefois, ce qui m'a fort impressionné, c'est sa relation avec l'invisible. Ses patients attendaient qu'elle les rejoigne dans cet espace intérieur qu'est l'âme, ou en tout cas qu'elle s'en approche, « car l'âme est ce qu'il y a de secret, de mystérieux, d'énigmatique en tout être humain ».
Accueillir les signes de l'invisible surtout quand ils font du bien, sans chercher à les interpréter. Et de raconter une merveilleuse histoire de papillon, manifestation d'un disparu. Chaque être possède sa longueur d'onde propre. Rien n'interdit de penser qu'elle puisse subsister après la mort. Plus tard, nous serons peut-être des ondes, informatrices d'un corps dont nous n'avons aucune idée.
Renversant, détonnant, pourtant naturel chez la confidente du dernier souffle de centaines de personnes :
« Je n'en ai pas vu une seule - je dis bien pas une seule ! qui croie au néant".

Les convictions et les certitudes abdiquent face au mystère de l'au-delà.
Marie de Hennezel évoque sa propre fin dans un épilogue serein, déterminée à continuer sa mission ici-bas.
« Je constate que l'énergie m'est donnée dès lors que je suis dans mon axe de vie. »
Ces paroles sincères aident grandement à finaliser une belle dernière ligne droite.







Commenter  J’apprécie          113

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Cela amuse mes amis lorsque je leur demande "Comment va ton âme ?" au lieu du banal "comment vas-tu ?". Ils savent ainsi que je me mets à l'écoute de l'intime en eux, et qu'ils peuvent me faire confiance s'ils veulent m'en dire quelque chose. Alors je suis tentée de terminer nos entretiens sur cette phrase que j'aime beaucoup de François Cheng : "A la fin, il reste l'âme. En chaque être, le corps peut connaître la déchéance et l'esprit la déficience. Demeure cette entité irréductible, palpitante, là depuis toujours, qui est la marque de son unicité".
Commenter  J’apprécie          102
On peut donc proposer très tôt à un enfant d'assister à des funérailles à condition de lui expliquer de quoi il s'agit, comment se déroulera la cérémonie et d'employer les bons mots, les vrais mots. Il ne faut pas lui dire :"il est parti au ciel", mais "il est mort", sinon vous pouvez susciter - et je l'ai souvent constaté en tant que psy - une phobie de l'avion. On ne doit pas dire non plus : "il s'est endormi pour toujours", car vous vous retrouverez ensuite avec un enfant qui souffre d'insomnies. De même, dire à un petit :"cette personne est partie" peut l'amener à ne plus supporter la moindre séparation. Il s'agit tout simplement d'employer les mots justes qui, en l'occurrence, sont : "il est mort". Mais même confronté à la réalité, aussi brutale soit-elle, avant l'âge de huit ans un enfant ne comprend pas que la mort est radicale, définitive.
Commenter  J’apprécie          50
En 2030, un Français sur trois aura plus de soixante ans. Notre pays comptera donc - c'est une lapalissade ! - de plus en plus de vieux dont il faudra malgré tout s'occuper, et de moins en moins de jeunes pour prendre soin d'eux, ou pour accepter de payer afin que d'autres le fassent à leur place. Inutile de vous dire que dans ces conditions, nous allons droit vers une situation explosive Explosive humainement, explosive socialement, explosive économiquement, explosive politiquement. Je ne vois pas, à part le dérèglement climatique, une guerre ou une catastrophe nucléaire, pire bombe à retardement pour une société développée comme la nôtre.
Commenter  J’apprécie          41
Quand il se rend avec ses parents à un enterrement, l'enfant reçoit un double message. D'abord celui-ci : oui, la mort existe et elle fait partie de la vie. Puis celui-là : si la mort provoque du chagrin, elle génère aussi de la solidarité. Les personnes se prennent dans les bras, se consolent mutuellement, l'événement réunit les familles et les amis. Plus on écarte un enfant de tout cela au motif de le préserver, plus il se sent exclu, laisse filer son imagination, et plus il est angoissé.
Commenter  J’apprécie          40
Méditer tôt sur sa finitude au lieu de se figer en tremblant dans le déni a deux avantages. D'abord apaiser les peurs en les verbalisant, ensuite inciter à aimer la vie et à la respecter.
Commenter  J’apprécie          180

Videos de Marie de Hennezel (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie de Hennezel
Marie de Hennezel, figure éminente de la psychologie clinique et du bien vieillir, offre une vision audacieuse et profonde sur le vieillissement dans ses entretiens avec le journaliste Olivier le Naire dans son nouvel ouvrage "L'éclaireuse" aux éditions Actes Sud. Au-delà de son parcours hors norme, elle partage intimement ses choix de vie, ses convictions et ses engagements, offrant un éclairage unique sur la troisième partie de nos vies.
Refusant la résignation face au traitement réservé aux personnes âgées, elle propose des solutions novatrices pour donner un sens à cette phase de l'existence. Son plaidoyer contre l'inaction de l'État en faveur des nouvelles formes de solidarité résonne avec force. Elle met en garde contre les risques de l'“aide active à mourir”, soulignant des alternatives méconnues pour une fin de vie digne et apaisée.
Alors que la population vieillit, ses réflexions prennent une importance cruciale. Son témoignage inspire une réflexion individuelle et collective sur nos aspirations futures. En 2030, un Français sur trois aura plus de soixante ans, un changement sociétal majeur qui appelle à une révision de nos politiques et de nos mentalités. En nous invitant à penser avec lucidité et sérénité, Marie de Hennezel nous guide vers un nouvel horizon de compréhension et d'action face au défi du vieillissement.
+ Lire la suite
autres livres classés : vieillirVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}