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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est un OLNI !!

Je remercie Babelio et les éditions Folio SF pour l'envoi de ce livre suite à la Masse Critique de Mars 2019. C'est la deuxième fois que je le sélectionne car le résumé m'intrigue beaucoup et la couverture est superbe. J'ai reçu cette nouvelle édition en avant-première, sortie prévue pour le 2 Mai 2019, la première édition de ce roman étant chez Denoël.

Le début est plus qu'énigmatique. Qui sont donc ces bibliothécaires ? À quoi servent ces catalogues ? Qui est donc celui qu'ils nomment Père ? le démarrage est assez lent même si on ne suit que Carolyn. La fatigue du boulot n'aidant pas, j'ai avancé difficilement dans ma lecture, 60p en 3 jours, mais l'histoire m'intriguait suffisamment pour que j'essaye d'en lire un peu plus. de temps en temps, nous avons des interludes qui nous racontent des moments du passé des personnages, cela correspond souvent à un détail dans le texte initial qui est ainsi mieux expliqué. Même s'il ne se passe pas grand-chose, l'histoire est restée suffisamment intrigante pour maintenir mon attention. le plus troublant pour moi a été quand on est passé à des narrateurs différents des Bibliothécaires. Par moment, l'histoire me faisait penser à « De bons présages » de Neil Gaiman. Au bout d'un moment, j'ai fini par être totalement dans l'histoire et à réfléchir selon la logique voulue par l'auteur. C'est très bizarre mais en même temps, ça prouve que, malgré ma lenteur de lecture, j'ai retenu les différents détails de cette histoire. La partie que j'ai préféré concerne la lionne chez le vétérinaire, c'était plutôt cocasse comme situation. Plus on avance dans l'histoire, plus on voit les sombres ramifications de celle-ci. Qui a déclenché tout ça ? Carolyn ? David ? Ou un ennemi de Père ? L'auteur a vraiment créé un bouquin hors norme où il nous donne la fin qu'il a imaginé après la découverte du coupable et non, une fin qu'il nous laisse deviner comme dans certains bouquins actuels. Je suis quand même bien contente d'y avoir maintenu mon attention, même si 15 jours pour lire 560p, c'est long. L'histoire est vraiment très spéciale avec une pléiade de personnages tous plus originaux les uns que les autres. le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'aurais jamais imaginé une histoire de ce genre, elle est surprenante de bout en bout et il y a toujours un élément pour éveiller notre curiosité. L'auteur a vraiment un imaginaire complexe et très original. Par contre, comme souvent, je trouve que le résumé de la 4ème de couverture en dit beaucoup trop sur l'histoire. Heureusement que je ne m'en souvenais plus et que je ne l'ai pas relu pendant ma lecture car j'aurais peut-être abandonné ce roman et ça aurait été dommage. Comme d'habitude, je suis hermétique au second degré, du coup, je n'ai pas trouvé ce roman hilarant mais j'en ai bien apprécié l'ambiance et certains des personnages.

Comme vous l'aurez compris, ce n'est pas un coup de coeur mais néanmoins, c'est une excellente découverte de cet auteur, de son style et de son imaginaire. Je suis curieuse de voir ce qu'il pourrait inventer pour son prochain roman, peut-être une suite à celui-ci car la fin semble ouverte. Si vous êtes amateurs de romans fantastiques originaux et complexes, je vous conseille très fortement de le découvrir, c'est d'ailleurs le premier roman de cet auteur. Pour ma part, il s'agit d'un nouvel auteur à suivre. Par contre, gros bémol pour la maison d'édition, il reste des coquilles dont une plus que récurrente (« … des plus ... » l'adjectif n'est jamais mis au pluriel contrairement à la grammaire française), un oubli de lettre (il pour ils), une erreur de prénom et un oubli d'espace dès la première page… Il y a certes noté « épreuves non corrigées » mais n'est-ce pas sensé être une réédition de l'éditeur Denoël ?

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Récompensé en 2018 par le prix Elbakin du meilleur roman étranger, « La bibliothèque de Mount Char » (paru chez Denoël et réédité ce mois-ci en poche) a fait l'objet de nombreuses chroniques très partagées : certaines enthousiastes, d'autres fortement rebutées par le caractère glauque (voire carrément horrifique) de quelques scènes. C'est la raison pour laquelle j'ai longtemps hésité avant de me lancer dans cette lecture qui m'a finalement laissé un sentiment mitigé, même s'il faut bien reconnaître que la rapidité avec laquelle j'ai dévoré le roman est plutôt révélatrice. Posons d'abord un peu le décor. le lecteur fait connaissance dès le premier chapitre avec une curieuse jeune femme, Carolyn, qui est de toute évidence loin d'être une Américaine ordinaire compte tenu de sa façon de se comporter et surtout d'appréhender le monde. Un sentiment d'étrangeté et de malaise s'empare alors aussitôt du lecteur et ne fait que se renforcer à mesure que l'on fait la connaissance des « frères » et « soeurs » de l'héroïne, de toute évidence eux aussi très perturbés, voire carrément flippants pour la plupart. Entre celui qui parle et vit au milieu des animaux, celle qui semble revenir tout droit du royaume des morts, et celui qui se trimballe avec des trophées morbides en affichant une férocité et une cruauté tout sauf feintes, on se dit qu'on est tombé sur une bande de sacrés timbrés ! Des timbrés qui se trouvent manifestement dans une situation critique : non seulement celui qu'ils appellent « Père » a mystérieusement disparu depuis des jours, mais surtout sa disparition semble avoir créé une sorte de champ de force autour de la maison dans laquelle ils habitaient, la rendant ainsi inaccessible. Cela n'aurait rien de dramatique si la maison en question ne constituait pas en l'unique accès à la Bibliothèque (avec un B majuscule, attention !) et à toutes les connaissances exceptionnelles qu'elle contient. Une Bibliothèque dont l'importance est de toute évidence capitale (quand bien même on peine pour le moment à bien en saisir la raison), et qu'il va manifestement falloir défendre contre les vautours attirés par la disparition du patriarche.

Difficile de rester indifférent à ce roman pour le moins déroutant qui s'amuse à faire régulièrement vaciller les certitudes du lecteur. le récit m'a fait penser par cet aspect à un autre roman fantastique lu récemment, « American Elsewhere », dans lequel on retrouvait la même tension, le même sentiment de malaise diffus : c'est comme si notre instinct nous criait à chaque page que quelque chose cloche sans qu'on puisse pour autant mettre le doigt dessus. le roman est, de ce point de vue, une véritable réussite, dans la mesure où il parvient à installer un climat oppressant de bout en bout. Ce sentiment d'angoisse est souvent contrebalancé par un humour très noir, voire carrément macabre, qui parvient à dédramatiser la situation tout en renforçant paradoxalement le malaise ressenti par le lecteur. C'est ce savoureux mélange entre noirceur et fausse légèreté qui fait tout le sel du récit mais qui peut aussi totalement rebuter une partie de son lectorat : âmes sensibles s'abstenir ! L'autre atout principal de cette histoire vient de sa construction et du suspens savamment entretenu par l'auteur pendant la majeure partie de l'ouvrage concernant la disparition du « Père », et surtout la nature de ses « enfants ». La quête menée par Carolyn et ses semblables pour tenter de comprendre l'absence de leur paternel est évidemment intrigante, et pourtant c'est surtout l'origine et le rôle même de ces personnages qui titille en premier lieu la curiosité du lecteur. Les chapitres « flash-back » au cours desquels l'auteur revient sur l'arrivée des enfants et leurs années de formation dans la Bibliothèque sont ainsi les plus attendus, mais aussi sans doute les plus perturbants car dégageant une espèce de fascination malsaine. Et c'est là que je rejoins une partie des lecteurs qui ont pu être dérangés par la description de plusieurs scènes de tortures physiques et psychologiques subies par Carolyn et ses frères et soeurs pendant la durée de leur formation. Des tortures difficilement soutenables à envisager, et qui mettent le lecteur d'autant plus mal à l'aise qu'elles sont exercées sur des enfants.

Ceux-ci constituent d'ailleurs une autre source de malaise. Les mécanismes d'auto-préservation adoptés par ces personnages afin d'encaisser les sévices subis sont en effet parfois plus déroutants que les tortures en elles-mêmes, au point que l'effroi en vient parfois à remplacer la pitié. Cela n'empêche pas le lecteur de s'y attacher, même si les plus sensibles d'entre eux sont un peu mis sur la touche et auraient mérité d'être davantage développés. le personnage de Carolyn est pour sa part très ambiguë : d'un côté on ne peut s'empêcher d'admirer son sens de la stratégie, tandis que de l'autre on éprouve un sentiment de révolte à la voir utiliser et surtout se débarrasser aussi froidement de ceux qui lui sont proches. En marge de cette fratrie, on suit également le destin de deux personnages « ordinaires » qui vont voir leur vie bouleversée par leur rencontre avec les « apprentis bibliothécaires » : l'un est un ancien soldat réputé pour son héroïsme sur le champ de bataille et qui supporte mal cette renommée ; le second est un gars un peu paumé, ancien cambrioleur désormais rangé qui va devoir surmonter un sacré paquet d'épreuves suite à sa rencontre avec notre héroïne. Si les premiers chapitres mettant en scène ces différents personnages parviennent à capter immédiatement l'intérêt du lecteur, celui-ci a malheureusement tendance à décliner à mesure que l'intrigue avance et que l'auteur lève le voile sur le mystère de la Bibliothèque. Sans aller jusqu'à parler d'ennui, la seconde moitié du roman suscite en tout cas moins d'enthousiasme que la première, et ce en dépit d'un rythme qui s'accélère et d'une succession d'impressionnantes scènes d'action que ne renierait pas un blockbuster américain. La conclusion offre malgré tout de belles surprises et les réponses apportées aux nombreuses interrogations posées sont suffisamment complètes pour combler la frustration du lecteur.

« La bibliothèque de Mount Char » est un roman à l'ambiance très particulière qui parvient à susciter avec une remarquable efficacité tour à tour la fascination ou le malaise. L'intrigue est construite habilement et permet de maintenir un suspens appréciable pendant la majorité du récit, même si le rythme de la deuxième partie est à mon sens moins maîtrisé. Les personnages sont eux aussi traités de manière soignée, et l'ambiguïté de certains reste sans doute l'une des plus grandes réussites du roman. A lire… à condition d'avoir le coeur bien accroché !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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En résumé : J'avoue, j'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, même si certains aspects m'ont légèrement frustré. L'auteur nous plonge dans un récit complètement barré avec des bibliothécaires contrôlant l'univers. Père a disparu, l'accès à la Bibliothèque est devenue impossible et ses disciples deviennent nerveux et enquête pour essayer de le retrouver. C'est déjanté, sans limites, percutant et bien rythmé ce qui fait qu'on se laisse porter par ce récit. L'univers est l'un des gros point forts de ce livre proposant une mythologie très prenante et pleine de mystères, qui se dévoile efficacement entre révélation, second degré et folie. Il donne clairement envie d'en apprendre plus, même si je trouve que sur la fin il s'adapte un peu trop aux besoins de l'auteur devenant parfois improbable et reposant sur quelques Deus Ex Machina faciles. Les personnages ne manquent pas non plus d'attrait, mélange de folie et de charisme, et plus on avance dans le récit plus on comprend ce qui leur est arrivé, leurs failles, leurs souffrances. Je ne vais pas dire qu'on s'attache et qu'ils nous touchent, mais on les comprend et ils se révèlent assez charismatiques pour nous captiver. Seul Steve, qui pourtant a son importance dans le récit, m'a un peu laissé de marbre. La conclusion s'avère explosive, rythmée, avec de nombreux rebondissements et le voile qui se lève sur les différents mystères présenté, mais voilà je l'avais deviné bien en amont. C'est simple sur les deux grosses révélations j'avais trouvé la première au premier quarte du livre et l'autre entre le premier tiers du livre et la moitié ce qui est frustrant pour un roman qui repose justement sur ses mystères. J'ai aussi trouvé que certaines scènes étaient un peu trop déconnectées du récit ce qui offre quelques longueurs. La plume de l'auteur est simple, efficace et entraînante même si parfois l'auteur en fait un peu trop sur le côté familier ce qui peut s'avérer un peu lourd. Au final ça reste un bon livre, détonnant avec de bonnes idées, dont mon seul regret et d'avoir deviné la fin, mais cela ne m'empêchera de lire d'autres écrits de l'auteur.


La chronique complète sur le blog.
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Un roman de Fantastique lovecraftien / Strossien vraiment, mais alors vraiment pas comme les autres, qui met les bibliothécaires au pouvoir

(lu en VO)

Ce livre de Fantastique, inspiré autant par Lovecraft que par Stross, est vraiment très particulier, dans son ambition et son sense of wonder (une expression qui n'est d'habitude employée qu'en science-fiction mais qui, ici, n'est en rien galvaudée), mais aussi dans le côté horrifique, gore et malsain de certaines scènes. Ce n'est tout de même pas si souvent qu'on voit le maître de la Réalité et de toutes choses à l'oeuvre, formant douze disciples comme autant d'apôtres dévoyés, chacun maîtrisant une partie du pouvoir suprême, chacun étant tour à tour horriblement torturé s'il ne se soumet pas aux volontés de Père. Ces anciens petits américains ont été arrachés, à huit-dix ans, au monde normal, pour être conduits dans la Bibliothèque, celle qui renferme tous les secrets de l'univers (ou presque).

Malgré des scènes très cruelles, un ton souvent très noir, la fin du livre vous réservera bien des surprises (sans compter qu'elle appelle de toute évidence une suite, que je lirai avec plaisir si elle paraît). Les nombreux twists de l'intrigue, les révélations dans les flash-backs, le rythme bien maîtrisé et les cliffhangers typiques des codes du thriller et savamment employés sauront vous tenir en haleine. Globalement, c'est donc un livre recommandable, sachant qu'il ne faut tout de même pas être trop sensible vu l'horreur et le côté glauque et transgressif de certaines scènes. de plus, on peut déplorer un certain manque d'originalité, vu que c'est tout de même extrêmement inspiré par Lovecraft et peut-être surtout Stross.

Toutefois, si ce livre avait un énorme potentiel sur le papier, celui-ci est un peu gâché par un style parfois sur courant alternatif (la scène où Erwin est dans le Bureau Ovale, par exemple, est franchement mauvaise), par de vagues problèmes de cohérence, et par un auteur qui, à quelques reprises, en terme de suspension d'incrédulité, nous en demande beaucoup (on doit toutefois nuancer ces critiques en tenant compte du fait qu'il ne s'agit après tout que d'un premier roman). En revanche, c'est prenant, on lit avec plaisir, il y a de l'imagination, bref c'est assez contrasté, en fait. J'ai envie de dire que si vous avez aimé le volet lovecraftien de l'oeuvre de Stross, vous pouvez y aller, sachant que les qualités d'écriture ne sont pas les mêmes.

Retrouvez la version complète de cette critique sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Père maîtrise l'ensemble des catalogues, mais ne souhaite pas qu'un de ses élèves puissent un jour rivaliser avec lui. Ainsi la moindre tentative est brutalement châtiée. Il génère ainsi la méfiance et un esprit de pré-carré entre les enfants ou la compétition acérée remplace l'idée d'entre-aide. David devient d'une cruauté saisissante s'épanouissant avec la découverte et l'apprentissage de son catalogue. Que peut faire une Carolyn avec les langages mis à part s'endurcir ?…

Ces premiers chapitres furent presque une épreuve, j'ai même été sur le point de refermer le roman dès le premier, ce qui ne m'arrive quasiment jamais.

Cependant, une petite flamme maintenait mon intérêt. Une flamme qui a pris davantage d'ampleur au fur et à mesure.

Déjà le récit alterne entre le présent qui relate la recherche de Père qui a subitement disparu et le passé qui détaille les phases clés de l'éducation. Cette structure d'une fausse simplicité apporte du suspens et renforce la dramaturgie, soulignant habillement chacune des phases. Ainsi, plus le lecteur avance dans le récit, plus se trouve-t-il pris dans la toile de Scott Hawkins.

Carolyn happe le lecteur. Elle exerce une forme de fascination entre cette vulnérabilité initiale, un sentiment de petite chose fragile, et l'intuition qu'elle possède une force et une détermination incommensurables. Elle est si paradoxale, si énigmatique dans ses forces et faiblesses qu'elle éveille une grande curiosité. En tant que lecteur, j'ai navigué entre l'empathie et la répulsion…

Répulsion, oui car aucun de ces enfants/adultes ne provoque la sympathie ou l'attachement tant ils sont tarés, barrés, flingués du cerveau, barbares du coeur. La compassion nous en éprouvons, mais elle est systématiquement douchée par un acte ou un comportement dérangeants. Seuls les protagonistes secondaires comme Steve et Erwin, pleinement humains nous raccrochent à une certaine « rationalité ». Ou les animaux (Naga, la lionne).

Outre son originalité, cette fantasy urbaine est marquée par cette folie qui imprégne la psychologie des personnages, le cadre démesuré de la Bibliothèque, la démence de certains comportements,… Mais les motivations demeurent rationnelles, tout comme la trame qui ne sombre jamais dans le délire. D'ailleurs cela peut paraître paradoxal car sous ce parfum timbré, nous sentons bien que Scott Hawkin mène son histoire et que jamais il ne se laisse déborder par les lubies ou l'extravagance de ses personnages. Tout à un but, ici.
A la suite ce cette lecture, vous verrez les bibliothécaires d'un oeil nouveau et peut-être admiratif. La Bibliothèque de Mount Char se paie le luxe de l'extravagance et cela fonctionne, exerçant une fascination sur son lectorat grâce à une imagination débordante, des personnages solides et une histoire qui donne dans la démesure.

Critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2017/1..
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On ne s'ennuie pas un instant à la lecture de cet étrange roman. Pas une faute de goût, pas une longueur, pas une vulgarité, qui sont la rançon à payer quand on se plonge dans la littérature d'imagination. On ne peut guère prendre ce livre pour un roman de SF, malgré ce que la couverture indique, et il n'y a rien de ce qui rend la SF actuelle si mortellement ennuyeuse : les bons sentiments et le politiquement correct. La "bibliothèque" du titre pourrait faire penser à Borges et à un certain fantastique intellectuel, mais le récit, plein d'aventures, de rebondissements et de surprises, dissipe vite cette illusion. Ici, nulle méditation littéraire sur la littérature. D'ailleurs, la bibliothèque du roman est remplie d'ouvrages "utiles", plus que de fiction et d'art : comment ressusciter un mort, parler aux animaux, recettes de cuisine vieilles de soixante mille ans, poésies complètes des ouragans et autres tempêtes dans leur langue, arts de la guerre sous toutes leurs formes, etc... Sur elle règne une sorte de figure presque divine et féroce, Père, qui a recruté ou kidnappé des enfants dont les études vont se spécialiser dans chacune des branches du savoir officiel et officieux ; mais l'éducation de ces enfants est subtilement, cruellement, atrocement menée, et l'intrigue du livre relate leurs relations et leurs aventures. Parvenu à la fin de ce roman haletant, on est forcé d'admirer tout l'art de la composition qui est ici à l'oeuvre, et par lequel le romancier guide le lecteur où il veut. C'est une vraie réussite.
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Comme chaque été, je relève le défi du pavé de l'été de Sur Mes Brizées ! Après un pavé très décevant l'an dernier, j'ai choisi avec soin celui de cet année et me suis lancé dans le très intriguant "La bibliothèque de Mount Char".

Premier roman de Scott Hawkins, le livre est une excellente surprise. Loin de nous prendre par la main, l'auteur nous emporte dans un récit mystérieux, ampli d'une mythologie propre, parallèle à notre monde. On prend une histoire en cours, on rencontre une dizaine de personnages différents et cherchons un sens, un but, à tout cela. L'auteur rattache le tout petit à petit, de façon astucieuse, pour nous offrir une vision limpide pour son dernier tiers.

Plus qu'une histoire prenante et intéressante, les personnages qui peuplent le roman sont tous très bien écrits et intéressants. On a envie de suivre Carolyn, Steve, Erwin et l'ensemble de la fratrie, malgré la maladresse et la cruauté de certains.

Aussi drôle, décalé, que terrifiant, "La Bibliothèque de Mount Char" est un pavé captivant que je ne peux que conseiller fortement. Je découvrirai avec grand plaisir les prochains romans de Scott Hawkins !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Attention OVNI ! Difficile de parler de ce roman qui en rappelle beaucoup d'autres mais qui ne ressemble à aucun… Pour donner quelques pistes et une idée de ce à quoi peut s'attendre le lecteur, comment ne pas penser à "American Gods" de Neil Gaiman – que pour ma part je n'avais pas du tout aimé – et à la série "Les princes d'Ambre" de Roger Zelazny – que j'ai appréciée mais au milieu de laquelle je suis restée bloquée par manque de temps.

A travers le destin de ces enfants, l'auteur s'en donne à coeur joie : clin d'oeil à la littérature du genre, mondes parallèles, chaos organisé, batailles mémorables, personnages déjantés… les clichés sont légions mais dans une sorte de frénésie jubilatoire qui laisse le lecteur essoufflé, hagard mais tellement heureux au bord de la route. Entre le thriller fantastique où la magie côtoie la religion et le mystique et le grand guignol sanglant et violent, on sent que l'auteur se régale à noyer les pistes et à nous présenter ses personnages tous plus tordus les uns que les autres. Pas vraiment de normalité dans ce roman, la normalité ressemble plutôt à des scènes tirées du film The Truman Show. Entre humour et galerie de portraits atypique et bizarre on se retrouve entre Freaks et les Monty Pythons mais quel bonheur !

Rien de nouveau dans la thématique, puisque l'on est dans la relation entre les Dieux et les hommes mais la façon dont l'auteur nous entraîne dans son délire est époustouflante. du début à la fin, le lecteur se retrouve embringué, presque malgré lui dans cette course de près de 500 pages où la violence la plus crue se confronte à l'humour le plus noir et grinçant. On peut se sentir perdu par moment, dérouté, énervé de se faire mener par le bout du nez mais au final, cela fait vraiment du bien de se faire bousculer dans sa lecture et rares sont les romans qui font vraiment cet effet.

J'ai mis du temps à faire cette chronique car je dois avouer que je ne savais pas trop par quel bout la prendre… tant ce roman est surprenant, inclassable, ne ressemble à aucun autre. Je suis consciente que certains détesteront, d'autres seront bluffés. Pour ma part je n'ai qu'un conseil : lisez-le, faites-vous votre propre avis !

A lire sur le blog :
Lien : http://bidules16.canalblog.c..
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Extrait de ma chronique :

"Comme dans le fameux montage des attractions d'Eisenstein ou le théâtre épique de Brecht, les épisodes semblent en effet avoir été choisis plus pour leur impact sur le lecteur ou la lectrice que pour leur intégration dans une trame d'ensemble (voir notamment le chapitre 5, le seul à ne pas adopter le point de vue d'un des trois protagonistes principaux) ; mais bien sûr, comme dans les meilleurs Harry Potter, ces éléments en apparence gratuits prendront tout leur sens ultérieurement...


Cette apparente disparité, qui contribue à l'aspect comics de l'oeuvre, trouve très certainement sa source dans la méthode d'écriture de Scott Hawkins, qui fait partie des "back-to-front and inside-out writers" (suivant la typologie de Diana Wynne Jones dans Reflections, page 136) : comme il l'explique rapidement dans cet entretien, et plus en détail dans cet autre, Scott Hawkins "passe basiquement les N premiers mois d'écriture à jeter au hasard des scènes sur une page", avant de "voir émerger une ligne directrice quelconque de la fange"."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Après quelques difficultés à entrer dans ce roman (pendant les vingt premières pages), j'ai été agréablement surpris. L'univers décrit par l'auteur avec l'éducation des enfants de Père est assez dérangeant et en même temps envoûtant. Pourtant, les différents personnages ne déclenchent pas d'empathie. J'ai suivi avec attention l'évolution de Carolyn, même si je me suis rapidement douté de certaines choses, qui se sont confirmées ensuite.
[...]
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