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Critique de sylviedoc


Avec Karine Giebel, je prends goût aux nouvelles ! Désolée, il fallait que je la fasse celle-ci...
Quand je pars en vacances, je me concocte un menu de lectures variées que je savourerai avec délices, du moins je l'espère, et ces nouvelles ont constitué mes amuse-bouche ainsi que mes entre-deux-plats (des trous occitans en quelque sorte, puisque c'est là que j'ai posé mes valises pour trois semaines).
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y avait du relevé, de l'épicé là-dedans !

On commence par une chambre très noire, celle de Martin, dans "Le vieux fusil". On lui accorde bien des piles pour sa lampe de poche de temps à autre, mais il doit être bien sage pour les mériter. Et son menu à lui est plutôt frugal, ces dernières années. Mais peut-être a-t-il mérité d'être puni, le vilain Martin ? de pourrir dans son trou, à la merci de geôliers vengeurs ?
Vous jugerez. J'ai adoré. Je dois être un brin sadique quelquefois...

Changement total de registre avec "L'armée des ombres", où l'on trime comme des forcenés pour nourrir sa famille, j'en ai carrément perdu l'appétit tellement je me suis mise dans la peau de Mathilde, obligée de cumuler plusieurs emplois et qui ne peut même pas s'offrir un logement avec sa fille. Ces ombres, ce sont celles qui font en sorte que votre bureau soit nickel quand vous arrivez à huit heures au boulot, qui se tapent deux heures de métro en pleine nuit et sont parfois obligées d'accepter des missions encore plus dures, encore plus loin selon le bon vouloir du patron.
Le dénouement m'a fait monter des larmes...J'ai du enchaîner avec une lecture très légère avant de continuer le recueil.

"Un monde parfait" m'a fait sourire au début, puisqu'il commence sur la route des vacances : "canicule, embouteillages et képis en embuscade tous les 20 kilomètres", toutes choses que nous n'avons pas vécu cette année lors de notre trajet vers les Pyrénées-Orientales (par contre au retour, c'était une autre histoire !). Mais très vite le sourire devient jaune et la mâchoire se crispe, les vacances d'Axel, Julie et leur petit Dylan ne commencent pas sous les meilleurs augures et le café de l'aire de repos a tout à coup un drôle de goût...un peu acide ! Je vais goûter quelques écrevisses pour faire passer (je vous en reparlerai prochainement d'ailleurs).

Mais voilà qu'il est l'heure de dire "Au revoir les enfants", et c'est Yvonne, pensionnaire de l'Ehpad Les Sapins-blancs qui nous narre son présent, très actuel puisqu'il se déroule pendant le premier confinement, et qui revit son passé de résistante et de déportée, hésitant à écrire ses mémoires depuis sa dernière chambre. Elle m'a profondément émue Yvonne, j'aurais voulu la rencontrer ainsi que son amie Louise. J'aurais voulu pouvoir leur dire "on va s'en sortir, on pourra bientôt redescendre manger ensemble au réfectoire et écouter chanter Madeleine. Et j'aurais enfermé Martyrise, la méchante sorcière de l'établissement dans un cachot du sous-sol, au pain sec et au vinaigre.

Difficile d'enchaîner après ce texte qui touche de si près le vécu récent dans les Ehpad, la plume de Karine Giebel a su me faire ressentir ce qu'on du éprouver les résidents pendant cette affreuse période où ils étaient cloîtrés sans aucun lien avec l'extérieur.

Quatre nouvelles plus courtes et déjà publiées dans d'autres recueils complètent cet opus. J'avais déjà lu celles qui sont parues dans "Treize à table", édité chaque année au profit des Restos du Coeur, et dont Karine Giebel est une fidèle contributrice. Je ne les détaillerai pas ici. Par contre j'ai été bouleversée par "Sentence", l'histoire de jeunes amoureux en Inde, parce que je sais que cette fiction n'en est hélas pas vraiment une, dans certaines régions malheur à celle qui choisit un autre partenaire que celui auquel on la destine. Très court, mais terrifiant.

J'ai picoré ce recueil morceau par morceau, même si j'aurais pu le dévorer d'un seul coup, quand j'aime, je m'en garde "pour après". L'auteure m'a rarement déçue, et elle m'a prouvée qu'elle avait plusieurs cordes à son registre (oui ça ne se dit pas, mais j'avais envie quand même). Bien sûr quand il s'agit de nouvelles il y en a toujours qu'on préfère, pour moi "Le vieux fusil" et "Au revoir les enfants", d'autres qu'on apprécie un peu moins comme "Un monde parfait" ici qui m'a un peu frustrée. C'est l'étoile qui manque, parce qu'il est très difficile d'écrire sur des thèmes aussi différents dans un même livre, d'autres lecteurs n'ont pas eu les mêmes coups de coeurs que moi. Mais une chose est sûre : nous nous reverrons, Madame Giebel !
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