De l'épopée de
Gilgamesh à la pensée de 68, en passant par
Platon,
Aristote, Jésus,
Pic de la Mirandole,
Descartes,
Spinoza,
Kant, Hume, Hegel ,
Nietzsche, Marx et bien d'autres,
Luc Ferry nous offre un vaste panorama de la philosophie dans le but d'y puiser les fondements d'un humanisme métaphysique, une spiritualité laïque capable de définir ce qu' est la vie bonne en dehors de la religion. Nous avons en effet besoin aujourd'hui d'une telle spiritualité, et pour cela de retourner aux sources de la philosophie qui n'est pas simplement une morale mais une réflexion spirituelle devant les grands problèmes de la vie : l'amour, la mort, le vieillissement, la banalité.
Le monde grec est hiérarchisé. Chacun doit être à sa place dans l'ordre cosmique. La philosophie est un apprentissage de la vie. Elle va être remplacée par la religion à l'ère chrétienne et perdre ce rôle essentiel.
Pic de la Mirandole va poser les bases de l'humanisme moderne. L'homme, contrairement à l'animal, est libre et façonne son propre destin.
Avec
Descartes on entre dans la modernité : on fait table rase du passé, première étape vers l'humanisme des philosophes, la rupture d'avec la tradition, le combat contre l'obscurantisme, le culte du progrès, la démocratie moderne.
Kant sera le plus grand philosophe des Lumières, rien n'est donné, tout est construit. C'est la rupture d'avec le monde grec. Rousseau et Tocqueville inventent la démocratie moderne. Pour Hegel l'Histoire est en marche vers son accomplissement : la République moderne.
On va assister ensuite au développement d'une philosophie plus pessimiste. Pour
Schopenhauer le monde est souffrance et ennui, la volonté une force aveugle. La philosophie est un remède à la peur de la mort.
Nietzsche nous annonce la mort de Dieu et le monde de la technique, monde désenchanté soumis à la domination de l'homme, à
la volonté de puissance, dont Heiddegger établira le constat. Marx fait une analyse de la notion de crise, qui reste essentielle pour comprendre les crises actuelles alors que
Freud explore notre inconscient et nos refoulements. Avec
Sartre, pas de nature humaine, l'homme est libre de son destin. La contingence du monde lui donne
la nausée. La pensée de
Sartre aura une forte influence au 20ème siècle.
Mai 68 est à la fois aboutissement et rupture : déconstruction, antihumanisme, critique de la philosophie des Lumières considérée comme un idéologie bourgeoise, dissolution de l'idéal républicain. La pensée de 68 a en fait servi le capitalisme triomphant, faisant sauter les dernières barrières à l'hyperconsommation de masse.
Nous arrivons aujourd'hui à une nouvelle étape : nous avons besoin d'une spiritualité qui s'inspire de la naissance de la famille moderne, basée sur l'amour. Cette notion va de pair avec la naissance de l'humanitaire, la question du monde que nous allons laisser à nos enfants, l'écologie, le respect de la nature, des animaux. Ces préoccupations nouvelles doivent être le fondement de la définition de la vie bonne qui nous préoccupe aujourd'hui.
Un livre passionnant qui retrace l'histoire de la philosophie et des grandes spiritualités, expliquées de façon claire mais sans volonté de vulgariser.
Luc Ferry nous apporte une abondante matière à réflexion même si l'on n'est pas forcément d'accord avec toutes ses analyses et nous propose quelques pistes pour une philosophie nouvelle. Même si elle peut nous laisser sceptiques - l'amour a t-il encore une place dans notre monde ? - elle vaut la peine qu'on y réfléchisse.