Tombée d'une autre planète

Club N°52 : BD non sélectionnée
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Peu convaincue au début, le parcours, la vie de l'écrivaine trouvent finalement un intérêt à mes yeux, portés par un dessin un peu manga, surprenant mais bienvenu dans cette histoire.

Très beau récit.

Morgane R.
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Un sacré et drôle de titre, n'est-ce pas ? Avec une jeune femme en pantalon qui fume et son chat. D'ailleurs, c'es Spider, sa seule relation qui ne l'a jamais déçu.
Non, nous sommes bien toujours sur Terre, et Patricia Highsmith est une écrivaine au franc-parler, qui n'a pas la langue dans sa proche, et y va un peu fort par moment.
Nous aurons le droit à une préface de l'auteur Grace Ellis pour nous prévenir de son sacré caractère et quelques autres petites choses. Oui, elle a bien existé. Elle a collaboré avec Hannah Templer.
Il sort chez Calmann-Lévy dans la partie graphique.
Le graphisme est agréable, l'histoire se laisse suivre sans souci. Oui, le titre prendra sens aussi. le travail sur le côté écrivain est superbement rendu, nous voyons son imagination s'exercer. Elle est surnommée également Pat ou Patty. Elle écrit des romans à suspens, et fait tout pour faire publier son tout premier roman. En attendant, comme écrire c'est ce qu'elle aime et qu'il lui faut bien un salaire, elle travaille et rédige des scénarios pour les comics, sans que cela ne l'enchante guère, et elle-même semble en avoir une bien mauvaise image.
Mais c'est ce qu'elle renvoi également souvent à force d'être aussi antipathique. Les expressions du visage du Patty sont bien capturées. Elle n'a pas froid aux yeux. Mais elle a ce qu'elle considère alors comme un problème et voit même un psy pour la traiter. Elle est attirée par les femmes. D'ailleurs, nous pourrons voir certains bons moments qu'elle passe, et il y en aura une qui la marquera particulièrement. Pourtant elle essaye ces séances si chères, et même d'être avec un homme, elle pense même au mariage pour la corriger voire guérir. Elle culpabilise sur cette partie là. Mais cela lui donnera également matière pour un roman pour lequel elle se battra pour le faire vivre.
Patty fume, boit, jure, tente de se conformer sans y prendre plaisir, mais elle aime écrire, son chat, et certaines de ses relations féminines.
Elle a de la répartie, elle est cinglante, et pas toujours très bien vu.
Mais c'est intéressant et prenant, puis il y a quand même des choses qui font qu'on peut s'attacher à elle, notamment sa façon de se battre et finalement d'avoir une forme de sincérité et de liberté.

L'envers du décor. L'histoire (à peine) romancée de l'autrice avant que son talent ne soit reconnu. Puis après la publication de « L'inconnu du Nord-Express », son chemin de croix pour faire accepter son roman autobiographique. Et c'est essentiellement sur cette histoire-là qu'on va s'attarder.

Patricia Highsmith vit en avance sur son temps, homosexuelle elle dit qu'elle en a honte, qu'elle culpabilise. Mais pas tant que ça finalement, elle dit ce qu'on veut entendre. Donc elle est en colère, contre les hommes de son entourage qui n'ont pas encore laissé une place aux femmes dans la société, contre les femmes de ne pas prendre cette place et plus encore contre elle-même de ne pas s'assumer. On la trouve agressive, vulgaire, hautaine, je la vois en perpétuelle lutte dans sa tête.

Dans la préface la scénariste nous informe du caractère exécrable de Patricia Highsmith et surtout de toutes les idées odieuses qu'elle trimbalait (antisémitisme, racisme et misogynie). L'histoire déborde de personnes haineuses, les femmes n'en sont pas exclues pas plus que le monde LGBTQIA+, on peut le reconnaitre.
Que faire de ça ? L'éternelle question peut-on séparer l'homme de l'artiste ?
J'aimais ses romans avant de savoir. Est-ce que je ne l'aime plus maintenant que je sais ? Je ne sais même pas répondre à cette question.

Revenons à la BD. L'histoire est bien racontée, le dessin est beau. Beaucoup de très grandes cases, la lecture est fluide. J'ai beaucoup aimé.

Je ne connaissais pas Patricia Highsmith je me suis donc plongée dans cette lecture un peu à l'aveugle. Dans les notes de début d'ouvrage, Grace Ellis prévient "la protagoniste de cette histoire n'est pas une sainte". En effet, Patricia Highsmith était connue pour être antisémite, raciste et misogyne. le roman comporte des exemples de son comportement exécrable et de sa profonde intolérance. Bon déjà là je n'avais plus trop envie de la connaître cette Pat! de la complexité de ce personnage découle paradoxalement une influence notable sur la littérature LGBTQ. Au delà du personnage, on découvre une époque où il fallait consulter un psy pour soigner son homosexualité. Nous suivons Patricia Highsmith dans ses séances lunaires où l'objectif est de la remettre dans le droit chemin. Elle s'inspirera de ses relations cachées avec des femmes pour écrire son roman Carol. Un récit d'amour lesbien qui aura bien du mal à trouver sa place à cause sa fin heureuse ! Même si j'entends qu'il faut parfois réussir à dissocier l'auteur de son oeuvre, cela ne m'a pas particulièrement donné envie de la lire. En revanche, j'ai trouvé ce graphique très intéressant en ce qu'il retrace toute la complexité du personnage et fuit toute vision manichéenne.

J'ai bien aimé ce roman graphique, il m'a donné envie d'en découvrir davantage sur Patricia Highsmith et lire ses romans (j'avoue que je la connaissais juste pour avoir regardé le film 'Carol'). Dans une note, l'autrice Grace Ellis nous dit, très honnêtement, que le but de ce livre n'est pas de cacher les moult défauts de Highsmith : elle était antisémite, raciste, misogyne. Cependant, elle fait d'elle un personnage extrêmement attachant et émouvant, elle sait peindre de façon réaliste ses insécurités qui m'ont sincèrement émue. Les dessins et couleurs sont aussi très adaptés à l'ambiance de l'histoire. Une très belle découverte !

I very much enjoyed thus graphic novel and it made me want to learn and read more of and about Patricia Highsmith. I confess I only knew her from having watched 'Carol'!
Grace Ellis tells us, very candidly, that this book is not about hiding Patricia's many flaws: she was anti-semitic, racist, misogynist. And though the graphic novel is not about these flaws, it does touch them. Nevertheless, Patricia's character is a very fascinating one, her many insecurities moved me. The drawings and colours are also absolutely perfect for the novel's tone.