Un petit essai qui remet d'aplomb !
Je vous suggère de commencer par l'index page 241 ; sorte de petit check up des maladies du corps et de l'esprit que ce petit livre se propose de soigner. Quand je dis soigner, je veux dire accepter car au fond le seul remède valable pour vivre sa vie c'est comprendre ce que l'on vit et l'assumer. Absurdité de l'existence, amour, bêtise, burn out, culpabilité, deuil, échecs, envie, faire son âge, déception, honte de soi, passion, pauvreté, laideur, vieillesse, solitude, addictions, syndrome du vendredi soir… voici les maux de l'âme et du corps qui enserre toute l'humaine collectivité. Pour l'auteur le choix face à ces situations est de : « désespérer ou être soi » !
Etre soi face à la maladie incurable, face à la mort, face à la souffrance amoureuse, face à des voisins, son banquier… Pas si simple !
Laurence Devillairs propose un remède philosophique : Affronter ce que l'on n'a pas décidé, « toréer, approcher au plus près ce qui pourrait nous écraser » non pas pour en ressortir plus fort comme des milliers de livres de développement personnel le promettent mais simplement pour vivre, droit dans ses bottes. Parfois le remède semble aussi dur que le mal, mais vivre c'est accepter en agissant, secouer l'inertie de la vaine consolation d'ailleurs Devillairs fait un chapitre sur la cruauté de la philosophie qui « appuie pile là où cela fait mal ». Face à la douleur l'auteur propose de faire diversion car on ne la combat pas on ruse avec elle. Concernant la maladie, elle bat en brèche l'idée que ce serait une guerre, la métaphore d'un malaise antérieur qui nous aurait conduit à « nous » rendre malade ; une sorte de double peine pour le malade qui se retrouve responsable de sa maladie et de sa guérison ou pas. La façon la plus saine d'être malade est simplement de vivre avec la maladie de « l'épurer de sa métaphore, de résister à la contamination qui l'accompagne ». Et que dire de l'amour ? « le remède épicurien de Lucrèce n'est pas d'être sans cesse amoureux mais d'apprendre à ne pas ajouter à l'amour le fantasme d'avoir trouvé le seul l'unique ni de croire qu'on ne peut aimer qu'une fois ».
Tout cela demande de la rigueur car il s'agit de passer au tamis les lieux communs, les stratégies faciles, d'être sans concession avec soi-même, de ne jamais simplifier, de raisonner sans cesse, oser entrer en conflit avec le prêt à penser dans lequel nous baignons et cela qu'il s'agisse de la beauté, la santé, les relations sociales, l'argent, la famille etc…
Un livre-médecine qu'il vaut mieux lire deux fois qu'une afin de retenir que « pour bien vivre, il faut (…) apposer le sceau de sa volonté sur chacun des actes que l'on accomplit. Se reconnaître dans les choix que nous faisons même si nous échouons pour éviter les « si j'avais su » les « si au moins » qui font vivre à côté de son existence. "
J'aime l'idée de ne plus se plaindre de son sort, ni de se flatter de ses succès (toujours relatifs) mais simplement de vivre, d'assumer ce qui arrive, faire le dos rond quand c'est dur et se laisser planer quand la vie est en harmonie avec ce que l'on est.