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Citations sur L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran (92)

Si l’on voyage, ça n’est pas tant pour s’émerveiller d’autres lieux : c’est pour en revenir avec des yeux différents. Et dilater le temps qui passe : chez soi, les heures nous filent entre les doigts ; en voyage, un seul jour a l’épaisseur d’une semaine, une semaine d’un mois, un mois d’une année, une année d’une vie tout entière.
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Leur silence n’est ni indifférence à l’égard des manifestants, ni approbation à l’endroit du régime : c’est de la peur. Et la peur paralyse. La peur est l’arme la plus sûre du pouvoir.
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Si l'on voyage, ça n'est pas tant pour s'émerveiller d'autres lieux ; c'est pour en revenir avec des yeux différents.
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Est-ce que les dignitaires du régime ont lu 1984 ? En tout cas, ils en ont assimilé la leçon : la mesure la plus efficace pour étouffer les velléités de contestation intérieures, c’est encore de mobiliser sa population contre un ennemi extérieur. Dans la dystopie orwellienne, quand l’Océania n’est pas en guerre contre l’Eurasia, c’est qu’elle est en guerre contre l’Estasia, l’important, c’est d’avoir toujours un combat à mener, un ennemi à honnir. En Iran, l’Irak de Saddam Hussein a tenu ce rôle pendant la décennie 1980 (c’est grâce à l’invasion de l’Iran par l’Irak que Khomeini a pu consolider le régime). Aujourd’hui, le rival dans la région c’est l’Arabie saoudite, et puis bien sûr il y a « le petit Satan » et « le grand Satan », ennemis héréditaires de la République islamique. Et s’il paraît improbable d’imaginer Israël ou les États-Unis engager les hostilités, tout l’enjeu est de le faire croire à la population pour la maintenir dans un état de péril imminent. Résultat : service militaire de dix-huit à vingt-quatre mois, afin d’exacerber la fibre patriotique de la jeunesse iranienne. Obligatoire, sauf exception (si par exemple votre père est mort et que vous avez charge de famille), mais sinon, pas le choix. Ou plutôt, si, vous avez le choix, vous pouvez échapper au service militaire, mais alors vous serez considéré comme déserteur, ce qui veut dire privé d’un certain nombre de droits : celui de voyager à l’étranger (on ne vous délivrera pas de passeport), celui d’acheter une voiture, celui d’acheter une maison, celui de travailler dans la fonction publique, celui de bénéficier d’une assurance maladie, etc. Sauf à vivre en marginal jusqu’à la fin de ses jours, pour un jeune Iranien, remplir ses obligations militaires, ça fait partie des emmerdements auxquels on peut difficilement se soustraire, comme pour une jeune Iranienne le port du voile dans la rue.
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Combien de temps faudra-t-il aux Iraniens pour se débarrasser de la république Islamique ? On peut prendre des paris : un mois, deux mois, avant la fin d’année… On peut se perdre en conjectures. On peut aussi être honnête et dire la vérité. Et la vérité, c’est que personne n’en sait rien. Mais chacun sait une chose : derrière chaque personne qui meurt battent mille cœurs.
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Le papillon : ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur. (Jules Renard)
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Quelle crainte peut bien vous inspire un policier en claquettes ?
- Qui selon vous, va remporter la coupe du monde ?
Tout ce cinéma pour briser le silence avec une question à laquelle vous n''étiez pas préparé. Une heure plus tard, et malgré des points de vue divergents (lui penche pour le Brésil et vous pour la France, évidement pour la France), votre visa est prolongé : vous pouvez rester en Iran, et pour longtemps.
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— Monsieur Désérable ?Je n’ai pas pour habitude de filtrer les appels des numéros inconnus. Il y a, dans l’inconnu, une part de mystère qui demande à être élucidée. Même si le plus souvent le mystère est un démarcheur téléphonique ou un emmerdeur dans le genre, quand sur l’écran de mon téléphone s’affiche un numéro inconnu, je décroche.

— Bonjour, c’est le centre de crise du ministère des Affaires étrangères. Vous avez informé l’ambassade de France d’un projet de voyage en Iran. Je vous le dis tout net : renoncez-y. Il est formellement déconseillé, vous m’entendez, formellement déconseillé de se rendre en Iran. Nous avons placé tout le territoire en zone rouge, il n’y a quasiment plus de Français sur place. Ceux qui y sont encore sont en train de rentrer, et ceux qui ne rentrent pas, c’est qu’ils sont en prison. À l’heure où je vous parle, nous avons plusieurs de nos compatriotes sous les verrous. Le risque d’arrestation et de détention arbitraire est très élevé, vous m’entendez, très, très élevé. S’ils vous arrêtent, ils monteront un dossier de toutes pièces, et ils vous condamneront pour Dieu sait quoi, espionnage, propagande, collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale, ils trouveront un motif – ils trouvent toujours un motif. Vous deviendrez un pion, une monnaie d’échange, on ne pourra pas vous accorder la protection consulaire, on ne pourra pas vous rendre visite en prison, on ne pourra pas faire grand-chose, en somme, et vous y resterez des années : un an, deux ans, dix ans peut-être, allez savoir, vous m’entendez, monsieur Désérable ?

— C’est que…

— L’Iran n’est pas un État de droit, monsieur Désérable. Renoncez à votre voyage.

— J’aimerais bien, mais…Au même moment, dans un haut-parleur, une autre voix grésillait : « Madame, monsieur, bonjour, je suis votre cheffe de cabine. Le commandant de bord et l’ensemble de l’équipage ont le plaisir de vous accueillir à bord de ce vol à destination de Téhéran. Veuillez attacher votre ceinture, éteindre vos appareils électroniques et mettre votre téléphone portable en mode avion… »

— Monsieur Désérable ? Monsieur Désérable ?


(INCIPIT)
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Quand j’arrivai dans la ville en fin d’après-midi, la lune encore une fois prenait l’ascendant sur le soleil. Depuis le temps, le cyprès s’y était habitué ; moi, c’est con, hein, mais un ciel bleu qui s’empourpre derrière un arbre vieux de quatre millénaires, il n’en faut pas beaucoup plus pour m’émerveiller d’être en vie.
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Si l’on est arrêté, se pose aussitôt la question formulée par le poète romain Juvénal : Quis custodiet ipsos custodes ? – « Qui me gardera de mes gardiens ? »
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