Un répertoire assez exhaustif des contradictions sur lesquelles repose notre modèle alimentaire actuel, et qu'il nous faut assumer ; mais aussi de nombreuses pistes d'évolution possible de notre agriculture pour répondre aux défis démographiques, climatiques et environnementaux.
Même si je ne partage pas tout ce qui est écrit, j'ai beaucoup apprécié cet ouvrage, très accessible, qui aborde de façon précise et didactique des questions complexes et souvent techniques ; sur un ton nuancé, qui recherche l'adhésion rationnelle du lecteur à des faits, plutôt qu'à une idéologie, et s'attache à établir des points de consensus pour aller plus loin.
Un récit qui appelle à l'humilité et à se souvenir du passé, tout en étant prêts à remettre en question nos pratiques et nos comportements : ce qui était apparu, à une époque, comme un progrès peut se révéler finalement une impasse, un remède pire que le mal ou une solution non généralisable.
Ce livre, enfin, est un voyage passionnant et plein d'humanité, dont chaque chapitre est une rencontre.
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Plongeons-nous dans la sémantique : la viande cellulaire signifie « viande créée par des cultures cellulaires in vitro de cellules animales ». Dit autrement, de la viande de laboratoire.
Pour fabriquer cette « viande », voici la liste des ingrédients nécessaires : cellules-souches pluripotentes, serum bovin foetal, capuchon télomère, additifs, facteurs de croissance supplémentaires comme des protéines ou des hormones, échafaudages placés dans des bioréacteurs pour permettre le développement et la spécialisation des cellules... Délicieux (!). Mais surtout efîrayant, car de nombreux ingrédients utilisés dans cette recette sont interdits depuis longtemps dans la production de viande naturelle (par exemple les hormones !). Raison pour laquelle la commercialisation de la viande cellulaire est aujourd'hui interdite en Europe.
Connaissez-vous la difference entre un typographe et un typographe ?
Même mot, même orthographe, et pourtant deux significations.
Le premier désigne le métier de technicien spécialisé dans le domaine de l'impression et de la création des caractères (les fameuses « polices »), celui qui fait tourner l'industrie de l'imprimerie. Sans typographe, vous n’auriez pas l'occasion de lire ces pages.
Le second désigne un insecte. Un coléoptère, de petite taille, ligniforme, bien moins charmant que ses cousins le scarabée ou la coccinelle. Ce typographe fait partie de la famille des scolytes, des ravageurs qui s'en prennent à nos forêts.
C'est probablement la plus grande usurpation qu'il soit. Demandez autour de vous : « Qui capte le plus de carbone sur terre ? » On vous répondra avec assurance : « La forêt, grâce à ses arbres. »
La réalité est tout autre. Sur notre planète, l'endroit où nous captons le plus de carbone (là où du carbone de l'atmosphère est capturé et fixé par des organismes), c'est d'abord en mer, grâce au phytoplancton, et ensuite... dans le sol. Les arbres, que nous aimons d'amour, bien sûr, les arbres ne viennent qu'en troisième position. Oui, le sol est notre meilleur allié pour lutter contre le changement climatique, car c'est un véritable puits, d'où l’expression puits de carbone !
C'est pour cela qu'il y a quelques années une formidable initiative, appelée 4 pour 1000, a été lancée par la France (sous l'impulsion de Stéphane Le Foll, alors ministre de l'Agriculture). Le principe est simple : l'augmentation de 0,4 % de carbone par an dans tous les sols, grâce à des pratiques agronomiques fixant la matière organique, permettrait de compenser l'augmentation de CO2 dans l’atmosphère.
Il faut dire que notre relation avec le sol n'a jamais été aussi tendue. Nous ne cessons de lui écraser la tête en y déversant des milliers de tonnes de béton. On parle alors d'artificialisation liée aux usages de l'Homme : habitations, infrastructures, usines. En France, 9,2 % du sol est recouvert (5,1 millions d’hectares). Et cette occupation s'étend. Chaque année, plus de 23 000 hectares sont ainsi repris à la nature, soit 33 000 terrains de football, bien plus que beaucoup de nos voisins européens. Ce sol ne peut plus respirer. Il ne peut plus boire non plus. Conséquences : destruction de la biodiversité, inondation et... nos yeux pour pleurer.
Hélas, l’Europe est parfois lente, y compris face à des situations inacceptables comme celles du poulet bourré aux antibiotiques dont nous vous avons déjà parlé. Puisque depuis des années cette pratique était interdite sur notre Vieux Continent, il allait de soi que l'importation de ces viandes toxiques devait cesser. Question de sécurité alimentaire pour nos concitoyens et de justice pour nos agriculteurs. Les législateurs européens (le Parlement et le Conseil) avaient voté pour qu'une telle clause s’impose avant le 1er janvier 2022. Charge à la Commission européenne de la mettre en œuvre. Mais cette dernière procrasrinait.
Le 31 décembre 2021, toujours rien... Le 1er janvier 2022, non plus...
(…) Comprenons que cette lenteur reflète la réticence profonde des pays européens les plus libéraux (Allemagne, Pays-Bas, pays nordiques...), pour lesquels toute entrave au commerce international représente une menace... pour leurs exportations.
Importer du poulet aux antibiotiques, des cerises au diméthoate ou privilégier nos exportations de voitures et de machines-outils ? Il faut choisir.
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Invités : Julien Denormandie - Ancien ministre de l'Agriculture (2020-2022) et Erik Orsenna - Écrivain & membre de l'Académie française
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