Lors de la première rencontre, les patients expriment
souvent leur souffrance de manière plutôt soft : « Je souffre
au travail » ou, variante plus nuancée, « Je ne vais pas bien au travail » ou plus détachée : « Cela va mal au travail. » Mais pourquoi diable le travail fait-il mal ? D’abord parce que le travail a changé. Dans tous les secteurs d’activité, il s’agit de répondre au plus près possible des variations de la demande. Aussi, les travailleurs doivent s’adapter en permanence. Quant au management, s’il pouvait autrefois s’appuyer sur une connaissance du travail, aujourd’hui il est enseigné à partir de savoirs décontextualisés et d’outils de gestion et il n’est plus besoin de connaître le travail pour le manager. Or, le travail n’est pas seulement un moyen qui permet de gagner sa vie, mais une activité qui favorise le vivre ensemble.
Ainsi, dans chacun des textes présentés, le lecteur entre dans un nouvel univers. Chaque texte apparait comme une enquête qui, démêle la part intime de la part sociétale, manière de souligner que la question de la discrimination liée à la «race» n'est jamais binaire. La plupart de ces patients portent en eux les traces des stéréotypes qu'on leur colle à la peau et certains peuvent croire, malgré eux, à la réalité du classement des humaines suivant une logique de racialisation.