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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est rare de faire la connaissance d'un personnage aussi fort, beau et complexe, que celui de Titus, ex-agent du FBI devenu presque par accident shérif d'un comté rural de Virginie, élu sur un programme progressiste. Premier shérif noir du comté, il évolue dans un no man's land de gris entre des gens qui croient en lui, d'autres qui le considèrent comme un traître à sa communauté et d'autres encore qui le haïssent pour sa couleur de peau.

Lorsque le fils d'enfant est abattu par la police après avoir assassiné un professeur adulé de tous, la suite des événements font cruellement voler en éclat le précaire équilibre qu'il s'était créé pour parvenir à naviguer dans la fange sans y sombrer.

Le point de départ est assez classique, et pourtant, S.A.Cosby est parvenu à construire avec brio une intrigue totalement maîtrisée qui envoie du très lourd avec ses multiples ramifications parfaitement imbriquées qui bouillonnent sous beaucoup de peur, de tension et de sang en fusion : la traque d'un mémorable tueur en série, une histoire sur la persistance du racisme sudiste, une dénonciation sans concession d'un fanatisme religieux favorisant le statu quo, et enfin l'exploration d'un traumatisme intime. le récit crépite à chaque nouvel indice, à chaque nouvel obstacle, à chaque irruption de nouveaux personnages, à chaque nouvelle scène décisive.

Dans ce polar sombre et profond, tout le monde porte un masque. La petite ville semble calme en surface, mais en dessous, il y beaucoup de haine, à commencer par celle des suprémacistes blancs célébrant l'histoire confédérée de la ville avec nostalgie et rage. Comme chez Dennis Lehane ou R.J.Ellory, la réalité des lieux explose de vérité tant ils sont décrits avec beaucoup de grain et de texture.

Ici, dans un comté dont le sol est imbibé du sang et des larmes des crimes racistes du passé, de l'esclavage, de la guerre de Sécession, de la ségrégation, « seuls les noms, les dates et les visages changent – et encore pas nécessairement. Parfois, quand on ferme les yeux, ce sont les mêmes visages qui apparaissent. Les mêmes visages qui vous attendent dans l'obscurité. » le passé ne passe pas et finit toujours par se rappeler de la pire des manières, comme si le racisme était une maladie qui contaminerait jusque dans les tréfonds ce Sud américain. Sur fond de dangereuse religiosité sudiste, les péchés du passé pèsent sur le présent comme un funeste présage.

Si le nombre de morts est élevé et l'action quasi ininterrompue avec ses tournures inattendues, comme dans un thriller, S.A.Cosby laisse exister ses personnages. On est au plus près de leur ressenti et de leurs émotions. Par touches, l'auteur distille les informations importantes qui révèlent leur parcours et leur personnalité, ceux du jeune abattu au début du roman, ceux de ses parents, du père ou du frère de Titus, du tueur, des pasteurs locaux, et bien évidemment ceux de Titus lui-même dont on découvre les secrets qui le tourmentent et le font porter une longue pénitence durant quasiment tout le récit. Jusqu'à la libération apportée par un superbe épilogue qui résonne fort avec tout ce qui a conduit jusqu'à lui.

Ce roman a l'évidence d'un futur classique, à la fois très actuel par ses thèmes et intemporels par ce qu'il dit de la condition humaine, et par la maitrise des codes du polar rural noir que l'auteur se réapproprie brillamment.

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Ayant adoré le précédent roman (« La Colère ») de cet auteur qui a le mérite de figurer sur la « Summer reading list » de Barack Obama depuis deux étés consécutifs, je n'ai pas hésité un seul instant à me jeter sur cette nouvelle petite perle éditée par Sonatine !

« le sang des innocents » invite à suivre le quotidien tout sauf paisible de Titus Crown, ex-agent du FBI devenu le premier shérif noir de Charon County. Dans ce comté rural de Virginie où le racisme est quasiment héréditaire, la couleur de peau de ce représentant de la loi ne fait pas vraiment l'unanimité, ni chez les blancs, forcément, mais pas non plus au sein de sa propre communauté, où beaucoup le considèrent comme un traître. du coup, le jour où un professeur de géographie adulé de tous se fait abattre par un élève noir au lycée Jefferson Davis et que le meurtrier est ensuite descendu par les collègues blancs de Titus, il se retrouve subitement avec les deux communautés sur le dos et à la tête d'une enquête particulièrement explosive…

Mais quel talent, ce S.A Cosby ! Sa manière de planter une ambiance sombre et pesante en seulement quelques pages me fait penser à du R.J. Ellory, mais saupoudré d'une bonne petite sauce de « Black Lives Matter ». En situant son polar dans le Sud des États-Unis, l'auteur nous plonge immédiatement dans un endroit où les tensions raciales sont palpables… une partie des États-Unis où le sol est encore imbibé du sang et des larmes des générations précédentes et où l'équilibre entre les différentes communautés s'avère très précaire. de suprémacistes blancs arborant le drapeau confédéré avec nostalgie à l'élection d'un shérif noir, en passant par l'ombre d'un passé mêlant esclavagisme, ségrégation et guerre de Sécession, tous les ingrédients sont présents pour faire exploser cette cocotte-minute dont la pression monte à la moindre altercation.

C'est au coeur de cette atmosphère oppressante que l'auteur dépeint une région gangrenée par le racisme, la violence institutionnelle, le fanatisme religieux et la corruption… et il le fait souvent très habilement, juste une petite phrase teintée de racisme latent ici et là, un sourire en coin qui en dit souvent très long ou un regard de travers un peu trop appuyé… Eh oui, le racisme est quelque chose qui s'entretient malheureusement très facilement…

Et au milieu de cette fange nauséabonde, véritable terreau de haine ancestrale, S.A Cosby dresse le portrait d'un homme charismatique, d'une droiture à toute épreuve, qui tente de redorer le blason d'une police corrompue jusqu'à la moelle, habituée à caresser les blancs dans le sens du poil et à violenter préventivement les autres. Un personnage central foncièrement attachant, dont on découvre les démons intérieurs au fil des pages. Un homme certes tourmenté, mais entier, que l'on quitte avec grand regret une fois l'ouvrage refermé…

Immense coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Les racines de Titus.
Difficile de s'amouracher d'un bonhomme blazé comme un empereur romain (ou un doberman), sauf si on s'appelle Bérénice. Ce n'est pas du tout le sujet du roman de S.A Cosby chaud devant, puisque Titus est le premier sheriff noir élu du comté de Charon en Virginie.
Pour un ancien agent du FBaïe ! natif du coin, le job pourrait ressembler à un placard doré de préretraité mais le patelin est gangréné par des suprémacistes qui n'ont jamais fait le deuil des Consfédérés et du Général Lee (pas la voiture de Sheriff, fais-moi peur hélas !) qui s'opposent à la population noire à l'origine de l'élection du Sheriff.
La situation dégénère quand un professeur blanc et populaire du lycée est tué par un ancien étudiant, noir, abattu lui-même par les adjoints de Titus. Charon est stone (il fallait que je la fasse). N'ayant que son intégrité à opposer aux deux camps qui lui reprochent soit de couvrir une bavure, soit de protéger sa communauté, Titus va fouiner dans le passé pas joli joli du prof assassiné et il va se mettre en chasse d'un tueur en série local avec une population portée à ébullition. La ville est aussi infestée d'églises et de congrégations, mais compte très peu de saints. Comme le thon rouge, surpéchés et surprêche ont fragilisé l'espèce.
J'ai lu ce roman parce qu'il est à l'origine d'une pandémie de critiques sur Babelio et que je suis un garçon finalement très influençable. Dès que je vois une nuée d'étoiles, je suis tenté par une nuit blanche. J'avoue aussi que j'avais aussi vraiment envie de découvrir qui était le gars qui jouait à cache-cache sur la couverture très réussie du roman.
J'ai adoré ce « Country noir », ou polar rural mais je ne veux pas faire l'amalgame avec la série des meurtres à Pétaouchnok, mon Lexomil du Samedi soir. S.A Cosby ne fait ni dans le polar gratuit qui ne vaut que pour son intrigue, ni dans le polar camouflage au service d'une cause identitaire.
Le personnage tourmenté du shériff est attachant, le biotope de ces villes du Sud avec une bible dans une main, un flingue dans l'autre et des opioïdes dans la musette, est décrit de façon magistrale et l'intrigue policière reste captivante.
Chapeau (de cow-boy) aussi à Pierre Szczeciner pour la traduction qui révèle bien la patte de cet auteur américain dont je vais m'empresser de lire les deux premiers romans.
Je termine ce billet en étalant ma culture Wikipediesque. L'Etat de Virginie s'appelle ainsi et non pas Bégonia ou Domitille car il vient de la reine Elisabeth the first d'Angleterre, dite la « reine vierge » (Virgin Queen). Pas étonnant d'y retrouver une telle proportion de culs bénis.
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Le chaos confédéré

Le saule pleureur a vu couler les larmes de sang des innocents enterrés à l'ombre de ses branches ruisselantes.
Titus Crown, ancien agent du FBI et premier shérif noir élu à Charon, un comté rural de la Virginie, contaste avec amertume que la liste des tragédies qui se déroulent sur les terres de son enfance ne fait que s'allonger.
Quelques jours plus tôt, M. Spearman, un professeur très apprécié du lycée, s'est fait tirer dessus par Latrell, un jeune Noir, avant se faire abattre lui-même par la police.
Titus Crown, sous le feu des critiques, se retrouve confronté au chaos. Acte terroriste pour les uns, bavure policière pour les autres. Cette funeste fusillade a mis en lumière une sordide affaire en lien avec la macabre découverte "du saule pleureur". M. Spearman ne serait pas vraiment celui que tout le monde pense être...

S.A Cosby avec ce nouveau thriller confirme tout son talent et s'installe confortablement aux côtés des meilleurs auteurs américains.
Ce roman musclé et d'une densité incroyable nous montre la réalité d'une Amérique chahutée par les fantômes du passé. le Sud, ses suprémacistes, son racisme et ses prêcheurs pas toujours en odeur de sainteté.
Un thriller gros calibre, percutant et qui coche toutes les cases d'un grand roman noir.


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Charon , c'est une ville qui répond à la fameuse règle des trois B :" la baston , la boisson et ..la baise ! " Et , oui , c'est écrit dans le livre alors moi , je ne fais que transcrire ce que j'ai lu , ne m'agressez pas .Bon , la baston , on la voit apparaître dés les premières pages et , croyez - moi , c'est terrible : fusillade dans un lycée , le prof le plus apprécié de l'établissement abattu par le jeune Larell , lui -même " neutralisé " par les hommes du shériff Titus Crown ...
Début de l'enquête , suspension de deux policiers , information des familles , début d'une vraie course à la vérité dans cette ville du Sud " hantée par le Christ ".
Titus Crown , ex agent du FBI , noir , èlu au grand mécontentement de toute la population blanche locale et considéré comme un traitre pour bien d'autre veut découvrir ce qui se cache sous ce drame .Le racisme est , hélas , encore bien présent malgré l'éloignement de la terrible guerre de Sessession .
Voilà pour le contexte général , le reste vous appartient et la qualité du récit qui vous attend n'a pas besoin d'être plus détaillée .Pas ou trés peu de temps morts , un portrait d'un homme complexe de premier ordre , des personnages secondaires bien campés dans leurs rôles , une écriture fluide et des dialogues enrichissants portent ce roman noir qui met en exergue tous les maux d'une société impitoyable , la violence , le racisme , la religion et ses interprétations rigoureuses ou déviantes .Bref , on ne perd pas son temps dans ce roman dont on tourne les pages avec avidité et gourmandise .
C'est le second livre de cet auteur que je découvre cette année , le premier étant " la colère " et même si j'ai préféré celui -ci , j'ai vraiment apprécié cet auteur que je ne connaissais pas . "Les routes oubliées " ne devraient pas tarder à suivre !
Les lecteurs et amateurs de roman noir ne s'y sont pas trompés si j'en crois la note globale sur Babelio ( Je n'ai pas encore lu les critiques ) et je ne puis que m'associer à ce brillant résultat .
Allez , à bientôt les amis et amies .Le week-end s'annonçant morose ...Pourquoi pas ? C'est bien vous qui voyez ...
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Être noir en Virginie « le Sud », est une malédiction. Mot à prendre tout à fait au sérieux. Titus est le premier élu shérif noir de Charon, (devant son adversaire dont le programme se résume à “ harceler les Noirs, les Hispaniques et les démocrates ”.
A Charon, tout parait calme, mais son passé recèle des « horreurs et des abominations », qui pèsent toujours. Après la saison de rires oublieux, commence la saison des larmes.
Charon. le nom même était associé aux ombres et à la mort...À moins qu'ils aient opté pour ce nom parce que la rivière qui traversait leur région pour se jeter dans la baie de Chesapeake leur évoquait Le Styx.

Titus doit gérer le meurtre d'un enseignant très aimé, commis par Latrell, le fils d'un ses copains… noir, ce dernier abattu par les policiers sans que Titus en ait donné l'ordre.
Latrell avant de mourir maudit un archange, l'Ange de la Mort, l'Ange noir.
Titus affirme, en réponse à l'affirmation d'un tireur : ce ne sont pas des propos terroristes, « des trucs d'islamistes ». Arrêtons les hypothèse foireuses.
Alors que le sentiment de colère anime La colère, c'est la culpabilité de Titus qui en même temps le guide, le fait se méfier de ses intuitions, le pousse à remettre en cause l'usage de la violence qu'il avait pourtant utilisé au FBI, l'aide et l'handicape.

Titus souffre de cet insigne qui tendrait à lui donner pleins pouvoirs.
Pleins pouvoirs que de toute façon il n'a pas, puisque Charon est truffé de confédérés, « les fils de la Confédération » avec leurs drapeaux, leurs uniformes datant d'avant la guerre de Sécession, et surtout, leurs croyances au bien-fondé de l'esclavage, dont la statue de Joe le Rebelle apporte le blanc-seing. (Sans jeu de mots, ou avec)

Et bien entendu, la communauté noire émet des doutes sur son rôle, y compris de la part de ceux qui voté pour lui. Bavure, disent-ils.
De l'autre côté les Blancs, s'il limoge ceux qui ont tiré, peuvent le traiter de raciste.
Titus refuse le manichéisme, ne croit pas que l'humanité se divise en bons et en méchants, et d'ailleurs il est athée : Il est pourtant obligé, au cours de son enquête, de visiter les lieux de culte de Charon : trois des vingt et un lieux de culte s'adressent à des fidèles Noirs, les autres sont gérées et fréquentées par des Blancs.
Quelque soit la couleur de peau, les églises recrutent les anciens drogués et les anciens alcooliques, dont le père de Titus.
Ce sont aussi les lieux, églises ou salons funéraires, « les derniers bastions des vieilles conventions sociales du Sud où l'on continuait à pratiquer la ségrégation volontaire.”
Ces lieux saints rappellent à Titus la malédiction de Canaan, en réalité malédiction de Cham, fils de Noe, dans la Genèse de la Bible, utilisée aux États-Unis pour justifier l'esclavage, alors que la Bible ne spécifiait pas la couleur de la peau : Noe avait condamné Canaan, fils de Cham, à être l'esclave de ses frères, cette malédiction est transposée sur le peuple noir, ainsi qu'une enseignante de Titus le dit ingénument : “les Noirs étaient condamnés à être esclaves parce que c'était écrit dans la Bible”.
Et si je vais plus loin, dans la Bible comme dans « Le sang des innocents », le fils paye pour le péché du père, puisque c'est bien Cham qui a vu Noe ivrogne et nu, et son fils Canaan qui hérite de la malédiction.
Ceci dit, la Bible et les mots aident Titus à entrer dans ce salmigondis de phrases toutes faites et d'appels à la violence.

Les arbres aussi, comme la statue, rappellent le passé confédéré : “Combien avaient soutenu le poids d'hommes noirs pendus à leurs branches au cours des années qui avaient suivi la grande rébellion ratée menée par des propriétaires terriens du Sud ”
Le Willow Tree et le Strange fruit de Billie Holiday se retrouvent dans un saule pleureur qui nous fait pleurer.
Dans cette enquête sans un seul moment de répit, dans ces découvertes de ce que l'humain peut comprendre, toujours, d'horrible et d'angélique, dans la difficulté qu'a Titus à assumer son insigne de shérif, dans ses doutes et sa culpabilité croissante à ne pas réussir à éradiquer les crimes, dans l'amour qu'il voue à son père, dans les tourbillons incontrôlables dans lesquels il nous entraine, dans l'humour poivré de son ex : “ces menottes que tu as à la ceinture, ça fait partie de ton équipement de travail ou tu les as prises dans ta table de nuit ? ”, dans tout cela, S A Cosby se surpasse.
Chef d'oeuvre.
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Bonjour,
Aujourd'hui je vous propose : « Le sang des innocents » de S. A. Cosby. J'ai adoré ce roman magistral qui a pour décor le Sud des États-Unis. Nous suivons Titus Crown premier shérif noir à Charon County en Virginie, chargé d'une enquête complexe et bouleversante suite à l'assassinat d'un professeur de lycée par un jeune noir. le personnage principal, charismatique, attachant, tourmenté et prisonnier d'un passé douloureux est dépeint avec justesse et précision. Sa psychologie est finement analysée. L'atmosphère sombre et oppressante nous happe au fil des pages. Les émotions des personnages, leurs troubles, leurs angoisses donnent le tempo du récit qui décrit avec réalisme l'horreur et les abominations ainsi que la haine profonde véhiculée par le racisme. L'auteur dénonce habilement ce sentiment profond et viscéral, la tension entre communautés, les violences et assassinats dans les écoles et le poids de la religion et ses dérives fanatiques. Voici un troisième roman extrêmement dur, impressionnant de réalisme, à l'intrigue brillante, au rythme intense et à l'écriture superbe. Un gros coup de coeur !
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Attirée par toutes les belles critiques concernant cet auteur, je n'ai pas pu résister, ça aurait été vraiment dommage de passer.

Le Sang des innocents de S. A. Cosby, est un policier fort, marquant et terriblement prenant. J'ai eu beaucoup d'empathie pour Titus, le shérif de Charon. Premier noir à être élu sur la terre où il est né. Bien sur les suprémacistes blancs sont contre lui, ceux de sa couleur pensent qu'il est à la solde des oppresseurs, vraiment pas facile pour lui, pourtant il essaie de mener à bien ses fonctions et d'être juste.

Beaucoup de crimes racistes ont eu lieu dans cette petite ville, les souvenirs sont vivaces. Titus, un homme fort et droit, jongle entre les problèmes de drogue, les bagarres entre blancs et noirs. C'est une ville mystique, vingt et une congrégations religieuses se côtoient, pas facile à gérer. Jusqu'au jour où Latrell, un jeune Noir, le fils de son meilleur ami, tire sur le prof préféré du lycée, M. Spearman et se fait à son tour tuer par les collègues blancs de Titus.

Personne ne veut regarder la vérité en face, la police aurait pu éviter encore une bavure, les autres pensent à un fou. Ce calme de façade, explose de nouveau dans ce Sud toujours aussi raciste. L'enquête nous conduira vers une histoire terrible. de la première à la dernière page, on est tenu en haleine, le suspense s'intensifie à chaque page.

Un très bon roman noir qui met en évidence tous les problèmes d'une société féroce, impitoyable, la violence, le racisme, la religion et ses dérives. Pour ceux qui ne l'ont pas lu n'hésitez pas. de mon côté je lirais avec plaisir ses deux autres livres.
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Titus Crown a fort à faire à l'approche de la Foire d'automne. L'élection de l'ex-agent du FBI comme shérif du bien-nommé comté de Charon galvanise les suprémacistes locaux qui ne se remettent pas qu'un homme noir occupe ce poste. En face, au contraire, les contre-manifestants comptent sur lui pour endiguer les violences racistes – y compris celles qui émanent des « forces de l'ordre ». Sans compter les prêcheurs illuminés qui manipulent des serpents… Dans ce contexte chauffé à blanc, la fusillade qui se déclare au lycée pourrait bien mettre le feu aux poudres.

Auteur noir natif de l'État de la Virginie, S.A. Cosby développe une intrigue policière à rebonds multiples sur fond de violences sudistes. le sang coule, les policiers doivent recouper les éléments le plus vite possible et la tension ne faiblit pas.

« Violence et chaos, sang et larmes, amour et haine… Autant de pierres sur lesquelles s'était bâti le Sud, autant de fondations sur lesquelles se dressait désormais le comté de Charon. »

En toile de fond, un comté marqué par deux siècles de violences qui semblent impossibles à surmonter. Il suffirait à peine de souffler un peu sur les cendres du passé pour tout embraser. S.A. Cosby choisit de braquer son projecteur sur les marginalisés de la société et de la littérature – ceux qui se brisent le corps à travailler, ceux qui doivent supporter cinquante nuances de racisme ou les violences d'un patriarche.

L'intrigue et la fresque sociale sont portées par un protagoniste magnifique et complexe qui se révèle à petites touches : Titus Crown en impose par sa clairvoyance et sa ténacité, il intrigue et émeut surtout par les fêlures que l'on devine sous sa carrure impressionnante. La part de mystère qui entoure l'enquêteur vient encore titiller notre curiosité et je vous mets au défi de ne pas vous attacher à sa famille cabossée mais qui s'aime envers et contre tout.

Ainsi, S.A. Cosby sait donner du rythme, mais parvient aussi à traduire l'émotion et à restituer les violences sudistes. David Joy a raison, en prologue, de souligner que le Sang des innocents n'est pas qu'un roman policier mais « un roman de poids ». Captivant jusqu'au (magnifique) dénouement.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Quand le polar devient la quintessence du roman social (dixit Megan Abbott)

Voilà un auteur qui, faute d'être né dans une famille aisée, s'est tracé son propre chemin et s'est auto-cultivé, auto-formé, auto-instruit. Elevé dans une caravane dans une famille très pauvre, S.A. Cosby, né Shawn A. Cosby, a vécu dans l'ancienne capitale de la Confédération sudiste en Virginie et nous livre ici le fruit d'un parcours méritant. A 50 ans, il sait de quoi il parle, il y a été plongé jusqu'au coup depuis sa naissance. Et ça se sent pour chacun des thèmes qu'il aborde.
Pour l'instant je n'ai lu que ce polar, ce ne serait que le troisième traduit en français ; les deux autres ont atterri directos dans ma PAL. Pourquoi ? Parce qu'il a su attirer mon attention sur cette vieille épine dans le pied des « blancs » : le racisme noir. Ces dernières années, l'islamisme et le djihadisme ont pollué d'autres injustices dont celle du « blanc » ennemi du « noir » ou du « noir" contre le « blanc ». Je me permets de le formuler ainsi puisque Cosby le présente ainsi…pourvu qu'il ne lui arrive pas ce qui est arrivé aux « Dix petits nègres » d'Agatha Christie. Je ne l'espère pas et me dis, qu'au fond, l'auteur a judicieusement résumé l'ambiance de la région en écrivant qu'ils sont « tous soit descendants d'esclaves, soit descendants d'esclavagistes ».

Autant qu'un thriller, ‘'Le Sang des Innocents'' est aussi une étude sociologique, celle du Sud des Etats-Unis. Au travers de la double attaque que subi le personnage principal Titus Crown, à savoir celle d'une grand partie de la population blanche mais aussi celle des noirs qui le considèrent comme un traite, l'auteur rapporte l'atmosphère pesante et persistante aux States. 1 siècle 1/2 après les quatre années de la guerre de Sécession, rien n'aurait donc changé ? A croire que non.

Une fusillade perpétrée devant un lycée par Latrell, un jeune noir immédiatement abattu par la police, va mettre le shérif Crown, ancien agent du FBI, dans une très mauvaise posture. S'agit-il d'un acte de fanatisme terroriste ? D'une nouvelle bavure policière ? Il faudra qu'il dénoue rapidement le vrai du faux.

Le lieu : Charon, petite ville de Virginie qui a pour signification ‘' fondé dans le sang et l'obscurité ‘'. Elle va soudainement devenir un authentique nid de guêpes. On y côtoiera des suprémacistes blancs, des nationalistes chrétiens, des milicien patriotes qui, sans scrupules, vont démonter cette affaire à tel point que Titus Crown va devoir boucler au plus vite son enquête. Ce personnage est une lumière à lui tout seul ; il est beau, complexe, ce qui en fait une personnage rare et intemporel.
S'en suit un polar, dont David Joy dit dans la préface, que dans ce « roman de poids » on ne trouve « pas de sentimentalisme ni de lyrisme malvenu ».

La traduction par Pierre Szczeciner est à signaler comme participant à la réussite de ce polar, tant le texte est fluide et ferait presque penser que Cosby l'a rédigé en français. Il faudra que je pense à lire le ‘' Dictionnaire amoureux de la traduction ''.

La perfection faite du thriller américain ou un futur classique qu'on étudiera un jour en classe en raison de l'excellence du sujet traité à savoir celle de la condition humaine ? Va savoir. Pourquoi pas les deux.
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