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EAN : 9782226316745
220 pages
Albin Michel (26/08/2015)
3.6/5   60 notes
Résumé :
« La croissance économique est la religion du monde moderne. Elle est l’élixir qui apaise les conflits, la promesse du progrès indéfini. Elle offre une solution au drame ordinaire de la vie humaine qui est de vouloir ce qu’on n’a pas. Hélas, en Occident du moins, la croissance est devenue intermittente, fugitive... Les krachs succèdent aux booms et les booms aux krachs. Comme les sorciers qui veulent faire venir la pluie, les hommes politiques lèvent les mains vers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
De quoi parle ce livre ? Il est difficile de répondre à cette question tant son champ de réflexion, dans l'espace et dans le temps est large. C'est à une fascinante épopée de l'humanité que l'on est convié et cela sur seulement 200 pages. Il s'agit donc d'une grande synthèse historique (1ère partie), économique (2e partie) et sociale (3e partie). C'est un ouvrage dense et parfois ardu qui a le grand mérite d'être interdisciplinaire. Philosophie, psychanalyse, sociologie ou histoire de la technique s'y mêlent constamment. Le projet est ambitieux, mais l'auteur reste humble. Son texte est hyper-référencé, de très nombreux auteurs sont cités et plusieurs livres ont carrément droit à leur petit chapitre (Sapiens, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, La singularité est proche, Le capital). Quand on cherche une grande histoire des idées et les livres importants qui ont marqué l'évolution de la pensée, on est ravi. On a parfois l'impression de lire les notes de lecture de Daniel Cohen, mais ce dernier a un tel talent pour synthétiser les idées d'un auteur ou d'une époque, parfois en une seule phrase, que c'est vraiment un plaisir.

L'auteur d'Homo Economicus est un progressiste et son dernier ouvrage montre bien l'évolution des préoccupations humaines. Mais il est également plutôt pessimiste car le progrès apporte aussi son lot d'effets pervers. Selon Daniel Cohen, 3 grands « big-bangs » ont secoué l'homme : la révolution néolithique, la révolution industrielle et enfin la croissance forte du revenu par habitant pour les pays les plus peuplés. La révolution agricole a eu pour conséquence une explosion démographique. Mais il semblerait que celle-ci soit désormais sous contrôle grâce à la transition démographique dont la cause serait... la télévision ! En effet la petite lucarne aurait un impact majeur sur les modes de vie. Elle permettrait d'occidentaliser le monde en quelque sorte. Ce qui fût un bienfait quand il s'agissait de faire moins d'enfants risque bien d'être une catastrophe en matière d'écologie... A moins que l'inventivité de l'homme ne permette de trouver une solution à ce problème. Après tout l'agriculture a permis de stocker et d'échanger de la nourriture, l'écriture des connaissances, la monnaie des richesses et l'informatique des données. Peut-être trouverons-nous un moyen technologique pour capter ou juridique pour échanger du carbone. L'auteur propose ainsi des droits de tirages CO2 en plus des droits de tirage sociaux. Il plaide aussi pour le modèle danois, et d'une manière générale pour un changement de mentalité, un grand virage de la quantité vers la qualité.
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Livre brillant et instructif sur les ressorts des échanges économiques dans les sociétés au fil de l'histoire. Daniel Cohen, économiste, s'appuie sur des notions de sociologie, psychologie, voire éthologie pour tenter de dégager les grandes tendances des échanges marchants et non marchants de l'histoire récente et de l'avenir proche. Il explique notamment les différences qu'il y a entre la révolution industrielle passée, accompagnée du passage du monde paysan au monde des ouvriers et d'ingénieurs et la transition post-industrielle en cours, caractérisée par les échanges immatériels. Pourquoi cette dernière ne crée pas d'emplois, voire aggrave le chômage. D.Cohen a pris le parti d'aller rapidement au travers des différentes notions théoriques, idées philosophiques et évènements historiques, ce qui rend le livre facile à lire. J'aurais aimé qu'il aille un peu plus dans le détail dans certains cas. Ce livre échappe à l'écueil qui aurait consisté à jouer les oracles et à prédire l'avenir. Il reste judicieusement dans la description des lignes de forces et insiste sur le fait que les grands évènements de l'histoire de l'économie n'ont jamais été prévus.
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Pour un livre d'économie, facile et agréable à lire. de nombreuses références, des chiffres intéressants. Je regrette cependant que la pensée de l'auteur lui-même se perde souvent, n'est aussi clairement exprimée que je le souhaiterais. Il n'y a au final que peu de mesures concrètes proposées. L'auteur soulève de grandes problématiques, les questionne mais sans vraiment y répondre. C'est peut être aussi ce qui fait la force de l'ouvrage, il nous pousse à réfléchir sur la croissance et le progrès.
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Brillant, accessible, une analyse très pertinente de notre crise de civilisation

L'analyse de Daniel Cohen sur la "religion de la croissance et du progrès" le conduit à analyser comment l'humanité en est arrivée à cette croyance au long de son histoire, et comment la foi dans le progrès s'est substituée aux religions traditionnelles. de même, nos sociétés et nos systèmes économiques sont devenus dépendants de la croissance qui est en économie ce qui traduit le mieux notre conception du progrès.

Dans une deuxième partie l'auteur nous montre comment ces mécanismes de croissance sont nécessairement contraints à s'enrayer, a fortiori dans une société qui a évolué de l'industriel vers le tertiaire et qui maintenant connait une révolution technologique qui n'est pas créatrice de richesses.

Les solutions proposées par l'auteur sont limpides : restaurer la confiance entre les individus et les structures sociales, remplacer la course à la quantité par la recherche de qualité pour réinventer un monde plus solidaire. Il s'appuie sur une comparaison claire et limpide entre les modèles danois, français et américain.

C'est remarquable parce que c'est non seulement une analyse intelligence, mais qui débouche sur une réflexion qui peut entraîner chacun d'entre nous. Psychologie, sociologie, philosophie sont convoquées au secours de l'économie et permettent à l'auteur d'arriver à une analyse humaniste autant que brillante.
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Le regretté Daniel Cohen décrit en 2015 l'impasse dans laquelle se trouve l'humanité et le chemin pour en sortir.
Notre humanité est propulsée dans une immense prospérité jamais ressentie dans toute son histoire passée.
Prospérité créée par le développement des sciences et de la technique et leur mise en oeuvre effrenée par l'industrie.
Prospérité problématique parce qu'elle se fait au prix d'une destruction de notre environnement et d'une mise en péril de la possibilité pour les générations futures de vivre dans un bien-être comparable à celui qui est le nôtre, en Occident, dans les classes les plus chanceuses.
Usant de la pensée de Georges Bataille, Sigmund Freud, René Girard et Pierre Legendre notamment, Daniel Cohen trace la voie d'une humanité appaisée qui abandonnerait la "religion de la croissance" au profit d'une culture de la solidarité, qui ne chercherait plus la quantité mais la qualité.
Voilà un discours qui s'entend de plus en plus clairement à tous les niveaux de notre société, même au niveau politique, pourtant si épris de cette religion de la croissance, qui semble être un remède à notre angoisse de manquer.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
travaux fondateurs de Daniel Kahneman et Amos Tversky, deux psychologues dont l'influence en économie a été considérable. Ils ont montré que les décisions humaines se faisaient toujours relativement à un point de référence, lequel évolue sous l'influence du milieux où on vit. On n'est pas riche ou pauvre dans l'absolu, mais par rapport à une attente. Quelle que soit la situation où nous nous trouvons, dans le chaud ou le froid, dans le bien-être ou le malheur, la réalité du monde qui nous héberge finit par s'imposer comme nouvelle référence. Je suis heureux ou malheureux relativement au point que je considère comme normal, lequel finit toujours par devenir celui où je me trouve... La stabilité moyenne du bien-être a conduit à comparer la recherche du bonheur à une marche sur un tapis de course (hedonic treadmill). Malgré nos efforts, nous restons toujours au même point du départ.
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Elle fait penser à une légende rappelée par Kurzweil, concernant l'invention du jeu d'échecs, dans l'Inde du VIe siècle, sous le règne d'un empereur gupta. Pour le féliciter, celui-ci demande à l'inventeur quelle récompense il désire. Ce dernier lui répond qu'il souhaite qu'on recouvre l'échiquier de grains de riz en mettant un grain sur le premier carré, deux sur le deuxième, quatre sur le troisième (en termes mathématiques, le résultat est 2 puissance 64 -1 grains de riz, soit 1.84 x 10 puissance 19...).
Comme Kurzweil le signale, l'effort demandé reste raisonnable jusqu'à la moitié de l'échiquier : au trente-deuxième carré, l'empereur a donné quatre milliards de grains de riz, une valeur correspondant à la production d'un champ ordinaire.... C'est à la seconde moitié que l'empereur comprend sa défaite : il est ruiné, aucune puissance humaine ne peut honorer sa promesse. Selon certaines versions de l'histoire, l'inventeur a été décapité !
......nous entrons à notre tour sur la seconde moitié de l'échiquier, dans un monde aux potentialités infinies et dont nous ne mesurons pas davantage le portée que l'empereur parvenu à mi-course.
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La croissance industrielle conçue comme la production indéfinie d'objets n'a certes pas disparu, il suffit de mesurer la hausse permanente des déchets que la société postindustrielle continue de générer. Mais elle est davantage l'écho d'un monde en voie de disparition que la promesse d'un avenir radieux.
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Dans le monde d'aujourd'hui, ce ne sont plus les machines qui tombent en panne, ce sont les hommes eux-mêmes.
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L'idéal de progrès semble se vider lorsque la croissance disparaît. La vie vaut- elle d'être vécue si elle est privée de l' espérance divine, se demandaient nos aieux ?
Aujourd'hui la question est devenue : nos vies seront- elles tristes et rugueuses si la promesse du progrès matériel nous est enlevée ?
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