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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plusieurs fois vu citée sur vos blogs, il m'a fallu une émission éclairante et passionnante sur Octavia E. Butler sur France Culture pour enfin me décider à découvrir cette autrice emblématique de la SF afro-américaine que j'avais totalement ignorée jusque là. Excellente idée que j'ai car elle m'a retourné la tête !

Octavia E. Butler est une autrice afro-américaine décédée en 2006 à même pas 60 ans qui avait cependant eu le temps auparavant de publier 12 romans et 2 recueils de nouvelles tous très intenses que le Diable Vauvert a entrepris de traduire depuis quelques années. Nous avons ainsi la chance, ici, d'avoir sa dernière trilogie : Xenogenesis, qui semble reprendre énormément de ses obsessions dans une plume assurée de femme au fait de son art.

Ce premier tome, L'Aube, reprend plusieurs tropes de la SF dont je suis particulièrement friande : la rencontre avec une population extraterrestre, des questionnements sur l'eugénisme et le transhumaniste et un huis clos spatial dans un vaisseau « vivant ». A partir de là, il m'était impossible de ne pas adorer ma lecture, surtout quand est venu s'ajouter la patte de l'autrice avec ses questions insidieuses que sont l'esclavagisme et le rapport maître/esclave qu'elle traite avec beaucoup de finesse et d'âpreté ouvrant la porte à beaucoup de questionnement intérieur pour le lecteur.

L'Aube se veut ainsi un récit étrange, presque étouffant et malaisant, où nous sommes sans cesse sur une corde raide aux côtés d'une héroïne qui, elle-même, ne sait pas trop qui elle est, ce qu'elle ressent, ce qui vient d'elle. Lilith se réveille à bord d'un monde étrange où des créatures vont littéralement la transformer pour la mouler à leurs désirs tout en lui faisant miroiter l'espoir de retourner un jour sur la Terre qu'ils ont conquise et qui a bien changé depuis que l'humanité n'y est plus. Nous allons vivre à ses côtés une quête étrange, entêtante, lente et insidieuse où ses nombreux questionnements vont également nous pénétrer et nous fasciner autant que nous mettre mal à l'aise.

Malgré une gestion du tempo parfois un peu trop lente et molle pour moi, Octavia E. Butler imagine ici un récit fascinant et envoûtant où elle donne littéralement corps à une autre civilisation qui entre en contact avec la nôtre par le biais d'une unique représente. C'est étrange, fascinant et incroyable comme l'autrice petit à petit fait vivre cet échange. J'ai beaucoup aimé sa conceptualisation de cette civilisation extraterrestre qui redéfinit les concepts de mâle et femelle mais aussi de couple et de parents. J'ai été glacée et fascinée par leur apparence telle qu'elle la décrit, qui représente à peu près tout ce qui me dégoûte et me met mal à l'aise. Pourtant, en les faisant parler par la voix de Nikanj, « le gardien » de Lilith, elle leur donne corps et vie et les rend presque proche de nous. Une singulière dynamique naît sur laquelle on a envie de calquer notre vision de la relation maître/esclave que la colonisation nous a inculquée mais qui est bien plus fine ici, revisitée et différente du fait de l'étrangeté de cette civilisation, ce fut ainsi fascinant.

L'autrice nous invite alors à vivre cette rencontre, ce lent rapprochement et cette métamorphose forcée de Lilith par son geôlier qui tente de lui faire croire qu'elle le veut. le récit est lent, insidieux, mais l'autrice parvient à le raviver à plusieurs reprises en l'enrichissant d'autres personnalités, qui vont venir complexifier les questionnement sur ce que l'humanité est prête à accepter pour survivre, ou sur son attachement à sa Terre première. Elle va aussi élargir notre horizon, passant d'une cellule à un vaisseau vivant fascinant dans sa relation et façon de fonctionner par le touché uniquement de certains individus modifiés et accordés. Elle va même recréer un monde primitif dans lequel les tensions vont renaître et faire exploser cette petite bulle de tension qui planait au-dessus du groupe, ce qui fait que jamais on ne s'ennuie, toujours on se questionne, et rien n'est acquis.

Octavia E. Butler a su ainsi me fasciner aussi bien par sa SF aux concepts vertigineux que la dimension psychologique, philosophique et historique qu'elle y a introduit insidieusement et qui me pousse à me questionner sur tout ce que je viens de lire. Mon coeur a été touchée par la singulière relation Lilith-Nikanj. Mon âme a frissonné devant les horreurs qu'il m'a semblé décoder derrière. Mon cerveau lui a été fasciné par ce vaisseau-univers mis en scène ici et les descriptions de cette nouvelle race et ses mécanismes de survie. le tout donne un récit positivement fascinant où il me tarde de replonger dans les prochains tomes : L'Initiation qui se passe quelques décennies plus tard et Imago qui semble nous conduire encore plus loin dans les relations entre ces deux espèces en sursit.

Découverte 100% validée d'une autrice engagée qui sait mettre au service de ses obsessions des tropes fascinants de la SF. Huis clos spatial et rencontre du troisième type en mode Roland Barthes dans L'Empire des signes qui tente de comprendre maladroitement une culture, ici, une civilisation qui lui échappe. C'est étrange, fascinant, malaisant et surtout très cru. Une réflexion tourneboulante sur notre rapport à notre humanité, à l'autre, à notre liberté.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Où on fait connaissance avec les Oankali, des extraterrestres différents.

Une histoire d'invasion extraterrestre originale. Ces extraterrestres veulent le bien de l'humanité, mais leur mode de vie implique une symbiose avec les humains, qu'elle soit acceptée ou non. Une série de trois romans, "Xenogenesis", par la très bonne et originale Octavia Butler. Pour ceux qui aiment les histoires différentes.

Une invasion d'un autre genre, en partie bienveillante, mais qui va marquer l'humanité.

Vraiment intriguant.
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1er tome de la trilogie Xenogenesis.
Plus de 2 siècles après une guerre nucléaire qui a abouti a la disparition quasi complète de l'espèce humaine, une civilisation Extra-terrestre, les Oankalis, ont sauvé quelques humains et après les avoir mis en sommeil durant tous ces siècles, sont prêts à les renvoyer sur Terre mais sous certaines conditions...
La première humaine qui aura un rôle important dans cette mission est Lilith. Réveillée après 250 ans de sommeil, elle découvrent cette civilisation et toutes ses caractéristiques souvent effrayantes mais aux pouvoirs fascinants.
Sa première tâche sera d'éveiller un groupe d'humains et de les préparer en vu de retrouver la terre.
Mais la tâche se révélera très ardue car l'âme humaine peut-être très destructrice fâce à l'inconnu, la différence, et surtout dotée d'un instinct de domination au risque de ne pas survivre.
Ce roman de SF aborde des sujets très marqués par la vie de l'autrice, afroaméricaine qui a vécu dans un ghetto noir de Californie entre ségrégation et exclusion et en même temps très contemporains puisqu'ici on comprend vite que l"Eveil" dont il est souvent question fait appel au wokisme dans son sens premier : Celui d'éveiller les consciences vers une nouvelle organisation sociale et métaphysique.
Les personnages sont complexes et animés de contradictions qui questionnent et bousculent nos réflexions.
Peu d'action dans ce roman, c'est surtout la psychologie des personnages qui est mis en avant ainsi que les relations interpersonnelles et la légitimité des situations. Difficiles de savoir comment apprécier ces extra-terrestres dont le comportement oscille entre domination, manipulation, empathie, bienveillance et sincérité...
Écrit en 1987, la modernité imprégne pourtant bien ce roman, notamment au travers de la définition du genre humain remis en question par la structure familiale des Oankalis.
Cette histoire est vraiment riche et il m'est difficile d'en dire plus tant de sujet sont abordés, percutants et passionnant dans la réflexion qu'elle nous propose.
Je ne connaissais pas cette autrice décédée en 2006, elle laisse une oeuvre ambitieuse où l'imaginaire est au service de l'intelligence. Je compte bien suivre cette aventure dans le tome 2.
A découvrir !
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Une nouvelle fois, un grand merci au Nocherdeslivres grâce à qui je découvre cette auteur.
Un peu matinée de Jack Vance, un peu peut-être de Zelazni, et au-delà de tout cela une voix unique.
J'ai été d'emblée captée par le récit. Octavia E Butler nous plonge sans préambule dans le vécu de Lilith (quel magnifique, emblématique, prophétiquel prénom). Avec elle on s'interroge, on s'inquiète, on se révolte. Pour elle, on tremble. Pas un instant je n'ai décroché. À tel point qu'en cours de lecture je me suis empressée de commander le tome 2, absent de ma médiathèque.
Comme j'ai aimé que rien ne soit simple. Qu'on ne puisse ni haïr les Oankali ni adhérer à leur projet. Et qu'il en soit de même pour les humains. Qui restent si désespérément, si totalement, si absolument humains.
Je n'ai qu'une seule question : quand donc diable les éditions d'Au Diable Vauvert vont faire paraître le troisième et dernier tome ?
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En une mobilisation quasi-totale des motifs de la science-fiction, une formidable fresque politique et philosophique du métissage et de l'impérialisme « bienveillant » – et de ce que s'y joue de nos préjugés.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/06/note-de-lecture-la-trilogie-xenogenesis-octavia-butler/

Pas de note de lecture proprement dite pour « L'Aube », « L'Initiation » et « Imago », les trois ouvrages composant ensemble la trilogie Xenogenesis d'Octavia Butler, publiés en 1987-1989 et traduits chez Au Diable Vauvert par Jessica Shapiro en 2022-2024 (comblant ainsi enfin un manque essentiel dans l'exposition de l'oeuvre de la grande autrice afro-américaine dans notre pays) : ils font en effet l'objet d'un petit article de ma part dans le Monde des Livres daté du vendredi 3 mai 2024 (à lire ici). Comme j'en ai pris l'habitude en pareil cas, ce billet de blog est donc davantage à prendre comme une sorte de note de bas de page de l'article lui-même (et l'occasion de quelques citations des textes, bien sûr).

⏰ Il aura fallu quasiment trente-cinq ans pour que cette série pourtant fondamentale d'une autrice qui ne l'est pas moins soit enfin traduite en français. Saluons donc ici le travail opiniâtre des éditions Au Diable Vauvert qui, depuis qu'elles s'affairent autour de l'oeuvre d'Octavia Butler, avec la publication en 2003 de « La parabole du semeur » (1993), sont bien en voie de mettre fin à des décennies d'un ahurissant mélange de silence et de n'importe quoi éditorial (ouvrages parus dans un joyeux désordre, traductions incomplètes ou fautives, omissions de certains tomes au sein de cycles en plusieurs volumes, etc.) qui avait longtemps caractérisé leurs prédécesseurs.

🧑‍🧑‍🧒‍🧒 Cette trilogie est fondamentale pour saisir la puissance heuristique du métissage et de l'hybridation, au sens génétique cher à la science-fiction d'abord, mais encore davantage au sens philosophique et historique qui fait pousser de si nets cris d'orfraie à tous les tenants des « chocs des civilisations » et autres lectures à sens unique de l'Histoire – et de ce qu'on peut en déduire. Cet aspect étant celui que je souligne le plus dans l'article du Monde des Livres sus-cité, je ne l'évoquerai pas davantage ici.

🫥 Octavia Butler est sans aucun doute l'une des inspiratrices voire des « fondatrices » (si le mot avait vraiment un sens en la matière) de ce mouvement littéraire et extra-littéraire que l'on appelle aujourd'hui l'afrofuturisme. Toutefois, si des textes tels que « Liens de sang » (1979) ou « Novice » (2005), ou naturellement ceux des deux « Paraboles », celle du « Semeur » (1993) et celle des « Talents » (1998), reflètent très directement le pas de côté afro-américain qui peut être introduit pour notre plus grand bénéfice collectif dans notre compréhension de ce qui se joue aujourd'hui entre passé et futur, la trilogie « Xenogenesis » – comme, d'une autre manière, celle du « Patternist » (1976-1984) qui la précédait en écriture – est plus indirecte dans ce domaine, projetant la métaphore de la domination esclavagiste à un haut degré philosophique d'universalité englobante, et d'une puissance à mon sens accrue, si elle est sans doute moins immédiatement spectaculaire.

🇺🇳 Si la trilogie « Xenogenesis » mobilise de manière intense les ressources de la psychologie humaine individuelle et collective (au long cours : l'étagement réalisé en la matière par les trois volumes est tout à fait spectaculaire), tout particulièrement lorsqu'elle est confrontée rationnellement comme irrationnellement à la notion même d'humanité, ainsi que celles de la philosophie (avec une étonnante touche spinoziste d'intellection de la nécessité qui se fait jour à plusieurs reprises dans l'évolution de la relation entre survivants humains et « envahisseurs-sauveteurs » oankali), c'est certainement dans son approche en profondeur de l'impérialisme bienveillant qu'elle exprime toute sa puissante saveur. On pourra ainsi la lire avec vif intérêt en parallèle et/ou en comparaison du cycle de l'Élévation de David Brin, du cycle de la Culture de Iain M. Banks et du cycle « Canopus dans Argo : Archives » de Doris Lessing, par exemple.

👽 La trilogie « Xenogenesis » est sans doute l'une des oeuvres de science-fiction qui mobilise de la manière la plus exhaustive l'ensemble ou presque des motifs « traditionnels » de la science-fiction pour composer – c'est bien de circonstance – un rarissime melting pot : space opera, post-apocalyptique, transmissions dynastiques, premier contact extra-terrestre, guerre entre communautés, exploration du système solaire,… Excusez du peu ! Elle illustre ainsi avec éclat – comme tant d'autres oeuvres majeures (songez ne serait-ce qu'au « Cycle du Nouveau Soleil » de Gene Wolfe , au « Orbitor » de Mircea Cǎrtǎrescu – et peut-être plus encore à son « Solénoïde » -, à l'« Abattoir 5 » de Kurt Vonnegut ou à l'ensemble du post-exotisme d'Antoine Volodine et de ses hétéronymes) la vanité fréquente des micro-classifications en genres, sous-genres et sous-sous-genres à l'intérieur du vaste ensemble des littératures de l'imaginaire (ce qui n'enlève rien, notons-le, aux précieuses qualités d'un ouvrage tel que le « Guide des genres et sous-genres de l'imaginaire » d'Apophis, un peu paradoxalement).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Jusqu'à quel point êtes-vous prêts à sacrifier votre humanité ?
Voici un livre de SF qui interpelle et nous pousse à la réflexion sur une rencontre extraterrestre.
Entre paranoïa, psychologie, résignation (?) assimilation (?), laissez vous emporter par ces « échanges »
L'action est mise de côté au profit d'une réflexion progressive sur ce que pourrait être cette rencontre.
Comment en est-on arrivé là ? Peut importe ici, pas d'invasion ni de rencontre du 3ème type, l'histoire commence après…
Loin des spaces opéra, on s'identifie rapidement à l'héroïne et à ce que l'on aurait fait à sa place.
Auriez-vous réagi comme elle ?
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