Les geôliers

Les Geôliers débute comme un thriller, une enquête sur une psychopathe ayant, d'horrible manière, assassiné toute sa famille avant de disparaître dans la nature. Un réalisateur underground entraine son équipe de tournage, y compris sa scénariste, sur les lieux du drame, une ville oublié du monde, pour illustrer ce tragique évènement et produire une sorte de Biopic sur la meurtrière. Les apparences vont vite se révéler trompeuses et, peu à peu, le récit va basculer dans la dimension fantastique et l'irrationnel. Dans une ambiance mystérieuse et anxiogène, l'équipe est confrontée à l‘ambiguïté et une certaine hostilité des habitants qui vivent pratiquement en autarcie, réfractaires à toute modernité. Ils sont les témoins, au fil des jours, de phénomènes étranges et de disparitions inexpliquées dans un climat funeste et de plus en plus délétère. L'intrigue prend, à ce moment de l'histoire, une tournure plutôt déconcertante, plus tortueuse, plus confuse et sombre inopportunément dans le délire le plus total. Serge Brussolo, qu'on a connu beaucoup plus inspiré, s'empêtre dans une multitude de thèmes, des théories du complot au sectarisme, des civilisations extraterrestres aux mutations génétiques… rien ne nous est épargné. On se promène à travers une sorte de synthèse entre « le village des damnés », « la colline a des yeux » en passant par « the descent » le tout, jalonné de rebondissements invraisemblables pour ne pas dire grotesques. Les personnages sont dramatiquement ternes, peu avisés, totalement inconséquents voir à la limite de la caricature. Les dialogues insipides et les fastidieuses introspections, tout comme les piètres explications, aussi laborieuses que peu convaincantes ne sauvent pas l'ensemble du ridicule. le dernier tiers du roman frôle pratiquement le grand n'importe quoi et achève de décrédibiliser cette histoire qui à la base paraissait pourtant intéressante. Les Geôliers ressemble en fait à une parodie sans style, un fourre-tout fantastico-horrifique de seconde zone, sans originalité ni surprise qui souffre d'une exagération aussi gratuite qu'inopportune et d'un total manque de consistance comme de plausibilité.