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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Que faisons nous de notre temps de cerveau disponible ? C'est à cette question que l'auteur essaie de répondre en passant en revue, les évolutions récentes de nos sociétés qui nous ont offert un accroissement significatif de temps libre nous permettant une plus grande sollicitation de nos cerveaux et l'accès à un marché cognitif colossal. L'internet, les réseaux sociaux, les aspirations des citoyens, les médias, les captations de nos habitudes et de nos goûts, les infos, les infox, tout cela est largement développé de façon documentée et avec beaucoup d'exemples par Gérald Bronner. Cet essai est un très belle réflexion sociologique sur nos comportements actuels et notre avenir possible dans une société numérique où les robots et les algorithmes sont omniprésents.
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J'avais écouté Gérald Bronner et j'étais enthousiaste : quel bon vulgarisateur, plein d'anecdotes, pour expliquer combien la tentation est grande de mal utiliser notre temps d'attention disponible, de nous laisser aller aux fictions et aux jeux, de privilégier la satisfaction immédiate, d'oublier l'intérêt général !
Apocalypse cognitive est un livre plein d'anecdotes qui ne va pas beaucoup au-delà de ces mises en garde, tout en envisageant rien moins que l'extinction de notre civilisation.
Une sorte d'hygiène mentale passant par la gestion des émotions et intégrant la nécessité d'instances de régulation gouvernées par la rationalité et l'universalisme. Rien de bien nouveau, rien de bien capable de faire face au complotisme et au populisme, sauf chez ceux qui sont déjà convaincus.
L'auteur est très souriant, amusant et sympathique. Je suis pleinement d'accord avec ce qu'il propose, mais pas du tout certaine que cela suffise.

Gérald Bronner s'attarde peu en particulier sur le fait que le débat contradictoire entre gens de bonne volonté, de même niveau socio-culturel est en passe de devenir impossible. Qui n'a pas vu depuis le début de la pandémie, certains de ses amis défendre des idées irrationnelles ? Qui ne s'est pas censuré sur les réseaux sociaux pour ne pas diffuser une information solide et vérifiée, mais dont il sait qu'elle déclenchera des avalanches d'opinions acerbes et lui fera perdre pas mal d'amis ?

La pandémie a été un révélateur de l'ampleur des fossés qui séparent les gens, où s'affrontent les croyances, les intérêts réels ou supposés. Je ne parle pas ici que de l'hydroxychloroquine ou du professeur Raoult, mais aussi d'Amazon et de la chaîne de valeur du livre et de bien d'autres sujets sur lesquels je me dispense comme vous de donner mon avis.

Plus grave encore me semble-t-il , l'hypothèse selon laquelle les conspirationnistes et autres négationistes de la rationalité gâcheraient leur temps de cerveau disponible en réseaux sociaux, visionnage de séries et autres jeux. C'est mal les connaître pour les plus militants d'entre eux : ils passent leur temps à s'informer pour conforter leur vision du monde et sont très au courant des efforts de L'AFIS, de la Mivuludes et autre Meta de choc (qu'ils considèrent comme le diable) pour contrer leurs idées. Bien plus informés que vous et moi ! Essayez seulement d'engager la conversation avec eux : votre boite mail débordera bientôt de "preuves" que vous avez tort ! Ils se considèrent comme des soldats qui combattent le mal (qui est en vous/que vous a inoculé la société).

Il nous faut d'autres moyens, mais lesquels ?
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J'ai été déçu par cet ouvrage, car je le trouve très réducteur, simpliste dans son analyse et sa conclusion. le grand sociologue est victime, selon moi, des biais qu'il dénonce.

Cela démarre pourtant plutôt bien, puisque dans une démonstration convaincante, selon Gérald Bronner, les êtres humains ont peu changé depuis Homo Sapiens, ils sont gouvernés par le sexe, la violence et la peur. L'auteur explique ensuite que les réseaux sociaux permettent de fluidifier l'offre et la demande et ont ainsi permis la dérégulation du marché cognitif (plus d'intermédiaire ou de « gatekeepers » obligatoire). Les humains sont gratifiés par les outils numériques et répondent plus favorablement aux messages qui véhiculent de la négativité. Selon les mots de Bronner, « l'offre anticipe la demande » (p270). Les médias traditionnels (TV et presse généraliste) fonctionnent aussi sur ce principe.

Suivant son raisonnement, l'analyse de Bronner expliquant le succès des réseaux sociaux est tout à fait pertinente. Ce qui est problématique c'est d'abord l'aspect réducteur de l'analyse. Pourquoi ne s'intéresser qu'au cerveau des individus alors qu'on aurait pu également, par exemple, analyser les comportements humains sur les réseaux sociaux au moins par catégorie sociale. Bronner semble dire – sans les nommer vraiment - que ce sont les couches populaires qui font un usage frénétique des friandises digitales. Il ne leur reproche pas puisque leur cerveau est programmé ainsi. Bref on aurait attendu d'un sociologue un vrai travail pour savoir dans quel cadre les gens sont plus captifs aux réseaux sociaux que d'autres : qui consulte et partage quoi. Car l'auteur dit bien que l'on peut « résister ». Oui mais comment ? Cela n'est pas suffisamment expliqué, c'est seulement dans la conclusion qu'il parle de la promotion de l'égalité des chances.

Le second problème du livre, est que l'auteur ne cherche pas à désigner de responsables. Selon la vision de Bronner – et de son père spirituel le sociologue Raymond Boudon -, l'individu est libre, il n'y a pas de déterminismes sociaux, chacun peut donc consulter ce qui l'intéresse. Si l'on suit le raisonnement de Bronner si l'individu ne consulte pas de contenus appropriés, s'il croit aux fake news ou aux thèses complotistes, implicitement c'est qu'il n'est pas suffisamment formé ou éduqué. La notion d'expert revient souvent dans l'ouvrage. le fait que n'importe qui puisse poster des contenus pose donc problème puisque n'importe quoi peut être publié sans vérification, ce qui était beaucoup moins le cas avant l'apparition des médias sur internet. Les responsables ne sont donc pas les fournisseurs de contenus, GAFAM ou autre Big Tech, ni leurs algorithmes délétères. Pourtant ces algorithmes ne sont pas calibrés pour répondre à nos véritables intérêts (comment les connaîtraient-ils vraiment ?), mais pour que l'on reste un maximum de temps sur les réseaux sociaux, selon nos goûts supposés, mais surtout dans un objectif de maximisation des revenues publicitaires.

L'État n'est pas davantage responsable selon Bronner, même s'il parle dans sa conclusion d'un meilleur encadrement, il ne souhaite absolument pas de mesures liberticides. Sous ce mot fort il ne souhaite pas d'entrave au développement et à l'innovation (même délétère comme c'est le cas) des plateformes, mais prône plutôt l'émancipation des individus. C'est donc une vision néo-libérale que propose Bronner, du laisser faire, avec une grande croyance au progrès, à l'IA, à la technologie et aux voyages interplanétaires. La rationalité revient souvent chez lui et on retrouve cette opposition nature – humanité. La politique a peu de place dans l'ouvrage, pourtant de plus en plus les GAFAM sont sommés de donner des explications aux gouvernements du fait des excès de leur modèle hégémonique transnational à l'audience incomparable. Exemple d'excès : assaut du Capitole sous Trump, paradis fiscaux et optimisation des revenues des sociétés, pages complotistes et fakenews surreprésentés par le biais des algorithmes et des bulles de filtres... La vrai question aurait donc été de s'attaquer à la source de ces excès et de savoir comment limiter la propagation des contenus problématiques (souvenons nous, la peur et la violence font vendre…).

Dans l'ouvrage de David Chavalarias,  Toxic Data (2022) j'ai trouvé davantage de réponses, les thématiques sont proches de l'ouvrage de Bronner, cette fois, appliquées à la démocratie et à la politique sur les réseaux sociaux.

Une précision à propos du titre « apocalypse cognitif », Gérald Bronner prend soin de l'expliquer au milieu du livre (p190), l'apocalypse désignant au niveau étymologique une révélation. J'ai été heureux de l'apprendre ce qui a changé légèrement mon regard sur le titre de l'ouvrage et son contenu en général. C'est donc davantage une révélation sur le fonctionnement de notre cerveau dont Bronner veut nous parler qu'une apocalypse – au sens actuel - de notre humanité lié à l'usage des réseaux sociaux. On l'aura compris Bronner exècre – à raison - les prophètes dont notre époque est remplie. Il prend soin de préciser que son livre sera attaqué sans même avoir été lu c'est pourquoi il fait cette précision au milieu de son ouvrage en gageant qu'il sera incompris et critiqué par des gens qui n'auront pas lu l'ouvrage. Il s'en amuse. J'aurais trouvé moins condescendant de la part de l'auteur qu'il explicite son titre dès l'introduction pour savoir exactement de quoi retournait l'ouvrage. le titre est donc trompeur et ne correspond donc pas ce à quoi on peut s'attendre en lisant le livre (sauf si on a lu un résumé ou si l'on connaît d'avance l'étymologie de ce mot).

Je me suis reconnu dans la catégorie d'individu que l'auteur appel « l'homme dénaturé », c'est à dire dans ceux qui pensent que les problèmes ne viennent pas seulement des individus mais de causes extérieures (« système », capitalisme, GAFAM, algorithmes etc). Dans cette catégorie l'auteur intègre rien de moins que des gens comme Bourdieu, Guy Debord, Marx, Chomsky, mais aussi les écologistes... Selon moi, l'individu à sa part de responsabilité, mais la politique a aussi la sienne. Sans État, pas d'école publique. C'est à l'État de protéger les plus fragiles mais aussi de les éduquer correctement. Ce serait aussi le rôle des États de limiter les excès des GAFAM dont le rôle transnational contribue largement à la mondialisation et à ses dérives.

Concernant l'analyse qu'il fait de l'autre catégorie, les « néo-populistes », concernant l'usage des réseaux sociaux, je suis entièrement d'accord. Les populistes scandent leur démagogie sur les réseaux sociaux pour arriver à leur fin, en utilisant, dans leur intérêt, l'audience et les biais de ces plateformes.
L'auteur, qui se situe lui même dans la catégorie des « rationnels » (comme il le dit « entre le marteau et l'enclume ») propose dans sa conclusion une nouvelle éditorialisation du monde, de nouveaux récits, l'idée est salutaire mais il n'est pas parvenu à me convaincre au vu de ses propositions. Comment favoriser des contenus plus qualitatifs si on est en concurrence avec des géants numériques que les politiques peinent à encadrer, limiter voir à démanteler ?

C'est un livre qui avait une grande ambition au départ, nous révéler d'où provient le cambriolage de notre attention. A force de réduction et de biais dans son analyse il y répond très partiellement, sans proposer de solutions ni de responsables en dehors de l'individu lui-même. L'auteur reproche les biais d'autres auteurs ainsi que le « cherry picking », pourtant tout le long de l'ouvrage c'est ce qu'il fait, il nous oriente vers une direction et choisi les études – de nombreux auteurs sont cités, dans des disciplines variées, mathématicien, anthropologue, sociologue... - selon où il veut arriver. Dommage car cela démarrait plutôt bien, d'où ma déception.
Lien : http://www.romary.fr
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Apocalypse cognitive de Gerald Bronner se lit avec facilité : propos clairs appuyés par des études sociologiques et statistiques, idée que la réalité est plus complexe que ce que les idéologues nous renvoient. Toutefois le titre choisi prête à confusion : il ne s'agit pas de déclinisme cognitif mais cambriolage de notre temps de cerveau disponible essentiellement par les écrans et les réseaux sociaux. le déferlement d'informations diverses aurait un effet addictif sur notre "cerveau ancestral" avide de plaisir immédiat dans un contexte de concurrence généralisée des objets de contemplation mentale.... La lutte pour la saine alimentation de notre temps de cerveau ne fait que commencer. Neurones de tous cerveaux, libérez-vous !
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Well well well… Voilà mon temps d'attention siphonné par les citations extraites de ce livre et les critiques des autres utilisateurs de cette application… Suis je en train de dilapider mon précieux capital ? le fait que je donne mon avis sur un livre sur ce site sans être critique professionnel met il en danger qui que ce soit ?
Toutes ces questions pourraient jaillir suite à la lecture de cet essai.
J'ai été très enthousiaste dans les deux premiers tiers du livre, apprenant par ci par là des anecdotes amusantes ou étonnantes. le fond de la question m'était connu, ayant déjà lu d'autres ouvrages et articles sur le sujet. J'ai ensuite eu un gros passage à vide jusque vers la fin de l'ouvrage. Je ne sais si ce n'est une moindre concentration ou une répétition du propos qui m'a un peu perdue.
Toujours est-il que l'écriture est claire, abordable et que l'auteur expose parfaitement sa thèse. Je me suis demandée à un moment de quel bord Bronner était exactement… étant assez fan de Chomsky, j'ai été un peu surprise qu'il s'en prenne plein les dents… idem pour les Pinson-Charlot (bien que là, je concède que les dernières années n'ont pas été les plus lucides)… mais en y repensant, sa position me semble relativement neutre : il dresse un constat, chacun en fera ce qu'il voudra.
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Un roman très riche en informations, chiffres et graphiques.
J'ai lu des chapitres un peu tous les jours pour ne pas être submergée.
C'est extrêmement intéressant (et quelque peu effrayant..). Je conseille d'écouter l'auteur dans les interviews qu'il a fait à la radio, car il est passionnant.
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