Sept chapitres d'une oeuvre qui nous ramène aux âges les plus reculés de l'humanité.
Sept «tranches de vie» dans l'errance d'un primate abandonné par les siens.
Sept étapes dans l'histoire de l'évolution de l'homme.
Avec
L'âge de raison, l'auteur nous offre à la fois une paléo fiction originale et un pseudo docu-réalité sur notre préhistoire. Dans le rôle principal, un hominidé. Parce que différent, il a été rejeté par sa tribu, harde de primitifs brutaux et frustes. À présent seul, il suit son petit bonhomme de chemin, endurant les saisons dans un univers hostile, violent et cruel. Au gré de plusieurs épisodes, on le suit dans son dangereux quotidien, succession de rencontres, d'expériences, de découvertes ou de luttes élémentaires pour la survie qui vont constituer son parcours initiatique vers l'éveil. Un éveil intellectuel, spirituel et culturel. L'émergence d'émotions, la naissance d'une conscience, des marches qui, sur l'escalier de l'évolution, le mèneront à l'étage supérieur…
La pseudo absence de dialogues (seulement des borborygmes ou onomatopées) conditionnant une lecture plutôt expéditive, cet album semble, au premier abord, manquer de souffle et laisse une certaine impression de vide. En fait, il est d'une incroyable richesse. Une relecture plus posée m'a laissé tout le temps d'en apprécier les détails, les expressions et les subtilités, mais également d'admirer sa beauté toute particulière.
En effet, si les couleurs finissent par charmer, en premier lieu elles (d)étonnent. D'abord par leur choix: des tonalités fortes et contrastées, posées en de grands aplats. Ensuite par leur utilisation à contre-courant: des personnages bleus ou marron, un ciel rouge, de l'herbe jaune, une façon un peu «impressionniste» de renforcer les ambiances et les ressentis (marginalité du héros, rudesse du milieu…). Enfin dans l'économie de moyens: des vignettes à trois, quatre variations au maximum, peut-être pour faire écho au manque de nuances, au côté primaire de cette époque.
J'aime beaucoup le ton légèrement décalé de l'ensemble. La cruauté constante, affichée ou sous-jacente, est contrebalancée par une «philosophie» suggérée et ironique assez savoureuse. Et puis, en dépit de son air mal dégrossi, le héros est vraiment très attachant. Souvent drôle (malgré lui) dans le tragique ou le pathétique des situations, émouvant dans ses irruptions d'humanité ou inquiétant dans ses accès de bestialité.
Je clos par une mention spéciale pour la sympathique mise en abîme. le primate «racontant» ses aventures par l'intermédiaire d'une peinture rupestre et reprenant point par point l'album de M.Bonhomme. Ne serait-il pas là en train de composer la première BD de l'Histoire ?
À lire, relire et lire encore !
Lien :
http://www.bdtheque.com/main..